La demoiselle du Lac de Côme
55 pages
Français

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La demoiselle du Lac de Côme , livre ebook

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Description

Qui est vraiment la demoiselle du Lac de Côme, d’où vient-elle et quelle est sa véritable histoire ? L’auteur laisse planer un doute, s’agit-il de l’histoire de sa propre famille, celle d’une famille amie rencontrée au bord du chemin où par une métaphore engagée celle du peuple européen d’Algérie dans son ensemble toujours partagé entre les bonheurs de l’espérance et les chagrins du désenchantement. Venus de France, d’Italie, et d’ailleurs, voici les pionniers découvrant une terre aride qui deviendra à force de labeur et d’amour le coquet petit village de Tassin aux alentours de Sidi-Bel-Abbès. Puis la famille subissant l’attraction de la grande ville se retrouve à Alger et enfin à El-Biar, y connaît des joies des plages ensoleillées, les bonheurs des mariages et des naissances mais aussi les douleurs dues aux disparitions que génère le temps qui passe. La tragédie du 26 mars 1962 atteint au plus profond d’elle-même la famille de la demoiselle du Lac de Côme. C’est alors le départ de cette terre d’Algérie tant aimée mais parfois si ingrate et parenthèse refermée de l’histoire familiale, la vie continuera sur d’autres rives de la Méditerranée. Ce récit attachant tient le lecteur sous le charme d’une douce nostalgie qui demeure lorsque les pages se referment.

Informations

Publié par
Date de parution 28 mars 2012
Nombre de lectures 3
EAN13 9782312006857
Langue Français

Extrait

La demoiselle du Lac de Côme
Catherine Séguin
La demoiselle du Lac de Côme










Les éditions du net 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
A mes deux grands-mères,
Qui ont fait de moi hier,
Ce que aujourd’hui,
Je suis devenue…
CS






















© Les Éditions du Net, 2012 ISBN : 978-2-312-00685-7
Partie I Cernobbio
« Il faut aimer et être malheureux, pour jouir
Pleinement de la beauté du Lac de Côme. »
Stendhal
Chapitre N° 1
Gabrielle Fabre descendait lentement le long des ruelles de Cernobbio. Son ombrelle de guipure blanche dansait au gré de ses pas. Son fin visage à la peau laiteuse, encadré de boucles blondes révélait toutefois la détermination qui animait ses pensées. Elle était arrivée quelques jours auparavant dans la grande villa bourgeoise, qui surplombait le lac de Côme. Gabrielle devait s’occuper tout l’été des cinq enfants de Constance et Henri de la Sauleraie. Henri était tombé dès les premiers assauts sur le « Chemin des Dames ». Sa jeune épouse n’avait pas survécu à la naissance de leur petite dernière quelques semaines plus tard…
Des lors, les grands-parents maternels n’avaient eu d’autres priorité, que de protéger de leur mieux les enfants de leur fille unique. Chaque été, ils quittaient leur demeure parisienne et venaient s’installer dans cette longue bâtisse, entourée de la luxuriante végétation, propre à cette région aimable du nord de l’Italie. Les cinq bambins sautillaient autour de la jeune femme, heureux de pouvoir échapper un instant à la surveillance de leur grand-mère. Ils étaient ravis de la venue de Gabrielle, qui déjà l’année précédente avait contribué par sa jeunesse et son dynamisme à la réussite de leurs vacances. Pour eux, elle avait organisé ballades sur le lac, pique-nique au fond du parc, et, même obtenu l’autorisation que chaque jour le jeune Nino, fils de Gina la cuisinière, puisse venir leur donner des leçons de poney, dans la clairière qui jouxtait la propriété. Sur les conseils de la jeune femme, Monsieur de Reynie, grand-père des enfants, avait fait l’acquisition de trois shetlands qui faisaient la joie des petits. Clélia, la plus jeune, à peine âgée de quatre ans se contentait de leur apporter chaque matin une carotte bien fraîche et un quignon de pain que Gina lui confiait dans un petit panier d’osier. Les jumeaux Etienne et Jeanne, de deux ans plus vieux, aimaient s’installer sur la rambarde de bois vieilli, pendant que les deux plus grands, Julien et Valentine, prenaient leur leçon, sous les yeux vigilants et attentifs de leur jeune gouvernante. Ce matin encore ils avaient profité des bienfaits apportés par, Cerise, Cigalon, et Chocolat, les trois poneys qui gambadaient maintenant dans le pré. Puis après la séance, et un bon lait agrémenté de grenadine, Gabrielle avait proposé de les conduire du coté de l’embarcadère. Là, ils attendraient, le vaporetto qui devait amener leur oncle Paul, venu passer quelques temps auprès d’eux.
Dans sa jolie robe de dentelle blanche, ses nattes enroulées sur la tête, à la manière d’une petite princesse russe, Clélia, accrochée à la main gantée de Gabrielle, tentait désespérément, d’attirer l’attention. Elle venait d’apercevoir son oncle sur le pont du bateau et comme ses frères et sœurs, elle tenait à manifester ainsi sa joie de retrouver le jeune homme.
Nous étions fin juin, un chaud soleil inondait le ciel d’une pureté sans faille. Paul de Reynie rejoignit le petit groupe sur le quai. D’un geste discret de la main il salua la jeune femme puis se baissa vers ses neveux pour les embrasser tour à tour. Son canotier de paille d’Italie dans une main, il empoigna de l’autre sa valise de cuir noir et tendit à Valentine, l’ainée des petites filles, une mallette de papier bouillie qu’il avait pris la précaution de remplir de confiseries. Monsieur et Madame de Reynie attendaient le plus jeune de leur fils dans la roseraie. Paul s’inclina respectueusement devant sa mère puis, la prenant dans ses bras, il l’embrassa tendrement. Enfin il se tourna vers son père, lui tendit une main vigoureuse, mais cependant chargée d’affection.
Chapitre N° 2
Langoureusement allongée dans l’herbe fraiche coupée du matin, Gabrielle regardait avec tendresse, Etienne et Jeanne qui jouaient bruyamment à saute-mouton à côté d’elle. Valentine, plongée dans un roman de la Comtesse de Ségur ne se laissait pas distraire par les jeux de ses cadets. La plus jeune était restée avec sa grand-mère, dans la verrière ombragée de la grande bâtisse, pour un moment de repos. Julien, lui, à califourchon sur la rambarde de bois vermoulue, qui entourait l’enclos des poneys, tentait d’attirer « Chocolat » avec une badine d’osier trouvée dans la clairière. Au loin une cloche tinta, annonçant que le goûter serait servi sur la pelouse devant la maison. Gabrielle se leva avec grâce, et les enfants arrêtèrent prestement leurs occupations. Ils coururent vers Gina qui déjà, apportait la chocolatière fumante remplie d’un délicieux breuvage et quelques madeleines encore tièdes, qu’elle avait préparées pour contenter les jumeaux, Etienne et Jeanne qui en raffolaient. Madame de Reynie, rejoignit le petit groupe, tenant par la main, Clélia, les yeux encore gonflés de sommeil et serrant dans ses bras son petit ours de peluche que son Papa avait acheté pour elle, juste avant de partir pour le Front. Il ne savait pas à ce moment là, que ce premier cadeau, commandé aux États-Unis, serait aussi malheureusement, le dernier. A sa naissance, Constance l’avait posé dans son berceau, et depuis il ne la quittait plus.
La dernière bouchée avalée, les cinq enfants voulurent rejoindre leur jeune oncle, pour lui proposer une ballade au bord du lac. Celui-ci s’entretenait depuis la fin du repas avec son Père, dans le bureau contigu au petit salon. Les murs, chargés d’étagères de chêne brun, servaient d’écrin à une multitude de livres reliés de cuirs. Sur une table de bridge, quelques revues trainaient, dont le dernier numéro de l’Illustration. Les deux hommes conversaient sur les actions à tenir pour gérer au mieux les intérêts de la manufacture de soie. Elle appartenait depuis plusieurs décennies à la famille, et déjà, feu le père de Monsieur de Reynie la tenait de son oncle. Celle-ci avait prospéré, faisant la fortune de la famille jusqu’à la veille de la Grande Guerre, mais avait soudainement périclité. Les vêtements de soie et les tentures d’ameublement n’étant pas la préoccupation majeure des citoyens français en ces années troublées d’après-guerre. Monsieur de Reynie et ses deux fils continuaient à veiller à la bonne marche de l’entreprise et le jeune Paul avait à cœur de transmettre à son père, les dernières nouvelles de la Société. Son frère Pierre, de trois ans son ainé, passait son temps à Lyon où il avait la tâche de la manufacture et de ses trois cents ouvriers, tandis que Paul et son père géraient à Paris la partie commerciale. Pierre revenait de la guerre. Comme tant d’autres, il avait souffert dans les tranchées. Il était revenu, anéanti par la mort de sa jeune sœur Constance et d’Henri son ami d’enfance. Il lui avait fallu de nombreux mois pour surmonter son chagrin et les horreurs de la guerre. Puis peu à peu, il s’était remis au travail, trouvant dans cette tâche ardue, un réconfort. Il avait noué à Lyon de nouvelles amitiés et semblait enfin, en ce début des années vingt, reprendre petit à petit goût à la vie. Paul sortit enfin du bureau. Il rejoignit Gabrielle et les enfants sur la pelouse. Il leur proposa une partie de croquet, ce qui mit en joie les cinq petits qui s’empressèrent d’aller chercher les petits arceaux de fer pour les disposer en quinconce. Gabrielle sourit, et ramena les clubs de bois. Une partie endiablée commença. Elle se poursuivit jusqu’au moment où Gina arriva, appelant les plus jeunes pour leur toilette du soir.
Tandis que la cuisinière entrainait derrière elle les cinq petits, Paul proposa à Gabrielle une courte promenade le long des berges, pour profiter des derniers rayons du soleil se noyant dans les eaux argentés du lac. Les jeunes gens descendirent sur le chemin de dalles plates qui sillonnait à travers la pelouse et rejoignirent à petits pas l’allée ombragée, embaumant dans l’air du soir de mille parfums envoutants. Avec de grands gestes, plutôt cocasses, pour un jeune homme de sa classe, Paul enchantait Gabrielle de tous les petits potins qu’il rapportait de Paris. Il lui racontait tel spectacle qu’il avait particulièrement apprécié, ou encore rapportait telle anecdote, soufflée par certains de ses amis. D’un balancement raffiné

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