La Femme de Sath
85 pages
Français

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Description

Au cours des dernières années, les écrits d’Andrée A. Michaud sont parvenus à se forger une place bien à part dans notre littérature. Déjà, en 1987, avec la publication de La Femme de Sath, l’auteure posait les jalons de ce qui allait devenir les traits caractéristiques de son œuvre. Elle revisite aujourd’hui ce premier roman, un suspense psychologique qui avait suscité les éloges de la critique.À travers une écriture sobre et évocatrice, La Femme de Sath dévoile un lieu gorgé de secrets et de mystères. Les mots transportent le lecteur dans ce petit village où il devient presque impossible de distinguer le vrai du faux. De toute façon, la vérité est si insaisissableUne nuit d’automne, à Sath, une petite ville au bord de la mer, descendent du train un homme et deux femmes. À la fenêtre d’une chambre d’hôtel, une vieille dame épie le va-et-vient de ces étrangers qui semblent liés par un étrange destin. Les villageois aussi observent et propagent quelques commérages sur les nouveaux venus, jusqu’au jour où ils découvrent le corps d’une femme rejetée par la marée. Une vingtaine d’années plus tard, quelqu’un découvre, sur le pas de sa porte, un mystérieux carnet, vraisemblablement les notes d’observation de la dame à la fenêtre. Il s’en suivra une enquête pour tenter de faire la lumière sur cette histoire qui a laissé des traces indélébiles dans la mémoire des gens de Sath...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 octobre 2012
Nombre de lectures 1
EAN13 9782764423301
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la même auteure

Rivière Tremblante, Montréal, Québec Amérique, 2011.
Lazy Bird, Montréal, Québec Amérique, 2009.
Mirror Lake, Montréal, Québec Amérique, 2006.
• Prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec.
Le Pendu de Trempes, Montréal, Québec Amérique, 2004.
Projections (en collaboration avec la photographe Angela Grauerholz), coll. « L’image amie », Québec, J’ai vu, 2003.
Le Ravissement, Québec, L’instant même, 2001.
• Prix littéraire du Gouverneur général 2001, catégorie « romans et nouvelles ».
• Prix littéraire des collégiennes et des collégiens 2002 (collège de Sherbrooke).
Les Derniers Jours de Noah Eisenbaum, Québec, L’instant même, 1998.
Alias Charlie, Montréal, Leméac, 1994.
Portraits d’après modèles, Montréal, Leméac, 1991.
La Femme de Sath, Montréal, Québec Amérique, 1987.
La Femme de Sath
Crédits

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Michaud, Andrée A.
La femme de Sath
Nouv. éd.
(Collection QA Compact)
Éd. originale : Montréal : Québec Amérique, c1987.
Publ. à l’origine dans la coll. : Collection Littérature d’Amérique.
ISBN 978-2-7644-2199-4 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2329-5 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2330-1 (EPUB)
I. Titre.
PS8576.I217F45 2012 C843’.54 C2012-941186-8
PS9576.I217F45 2012



Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
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Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Dépôt légal : 4 e trimestre 2012
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

Révision linguistique : Diane-Monique Daviau
Conception graphique : Isabelle Lépine
Adaptation de la grille graphique : Célia Provencher-Galarneau
Montage : Karine Raymond
En couverture : © Flügelfrei / photocase.com
Conversion au format ePub : Studio C1C4

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© 2012 Éditions Québec Amérique inc. et Andrée A. Michaud
www.quebec-amerique.com
Andrée A. Michaud

La Femme de Sath
Nouvelle édition revue et corrigée par l’auteure.
À ma mère,
et à celui…
Mais non, ce n’est pas une femme
qui dans la pénombre se promène sur le rivage,
c’est une ombre qui glisse le long de l’eau.

Arthur Schnitzler, La Pénombre des âmes
LA PREMIÈRE FEMME
Il fait froid. On dirait l’automne. Nous sommes pourtant en juin. Les gens d’ici parlent de la marée folle. Les gens d’ici… les gens de Sath. Elle reviendrait tous les cinq ans. Elle : le vent, le froid, la bise glaciale. Inexorablement. Quand on n’attend plus que l’été, qu’on ne veut plus du froid.
Elle serait arrivée sur les côtes l’autre nuit, en même temps que le train. À moins que ce ne soit la nuit qui précéda, ou celle d’après. Il vient un train tous les mardis à Sath. Avant, c’était chaque jour. Avant… on ne sait plus très bien ce que cela veut dire. Avant l’ennui peut-être, la désolation.
Cette nuit-là, la nuit où la marée folle s’est déchaînée, deux femmes sont descendues du train, des femmes que l’on n’attendait pas à Sath, et puis un homme, que personne n’a vu, personne.
La première femme s’est dirigée vers l’est. On ne sait pas où elle est allée, pas encore. Certains ont cru qu’elle montait vers le village, rentrait tout droit à son hôtel. C’est possible, mais il se peut aussi qu’elle ait connu quelqu’un à Sath et soit allée rejoindre cette personne. L’homme, par exemple, celui qui a quitté le train peu de temps après elle et que personne n’a remarqué. Ils ont pu se rencontrer à bord du train et se donner rendez-vous quelque part près des rochers. Ou alors se croiser dans un couloir, simplement, et comprendre qu’ils devaient se suivre.
On ne sait pas. On saurait mieux si on avait vu l’homme, sa silhouette noire au bout du train, mais on fixait intensément la femme, son corps frêle et peureux, et la peau blanche du visage, comme une tache dans la nuit.
La deuxième femme, celle qui a sauté du train juste avant qu’il ne reparte, a pris la route vers la mer. Malgré le froid. Elle s’est promenée près des quais, dit-on, avec des souliers de ville, dans la boue. On a pu voir ses pistes le matin suivant. Puis on a dit que cette femme ne devait pas venir à Sath, qu’elle se rendait plutôt à Noth, à quelques kilomètres au nord-ouest, d’où elle devait prendre un bateau pour l’autre continent. On a retrouvé son billet déchiqueté près des pistes. On a aussi trouvé un long morceau d’étoffe déchirée pendu au bout d’un quai. On pense que cette étoffe peut lui avoir appartenu.
Au matin, cette femme se serait éloignée des quais. On dit au matin, mais cela peut s’être produit avant. Pas après, on l’aurait vue. Et puis elle a marché vers l’est en suivant un sentier où ses pistes se perdent. On ignore ce qu’elle a fait près des quais, si elle a simplement regardé la mer ou si elle s’est assise, couchée quelque part, de même qu’on ignore si elle avait l’intention de déchirer son billet en partance de Noth quand elle est descendue là-bas, son passeport pour l’outre-mer, ou si c’est seulement là qu’elle a eu cette idée, près de la mer.
On croit que cette femme ne quittera jamais Sath. L’autre peut-être, pas elle.
Quant à l’homme, celui qui est passé sans se faire voir, il a suivi la première femme. Il a d’abord attendu que le train soit reparti, a regardé autour de lui, puis s’est mis à marcher d’un pas rapide vers le petit coteau, celui derrière lequel elle avait disparu. Son ombre s’est perdue au même endroit que la sienne. Après, la place est demeurée calme jusqu’au matin. Calme, c’est-à-dire vide, car le vent déjà s’était mis à souffler.
Malgré ce calme, des ombres jusqu’à l’aube apparurent aux fenêtres de Sath, des silhouettes pâles éveillées par le vent, des visages anxieux qu’une faible lueur reconduisait bientôt vers les chambres humides. De toute la nuit, pourtant, aucun des veilleurs n’aperçut l’homme. Seules les deux femmes furent vues des gens de Sath.
C’est ce qu’on a dit, mais on peut supposer que tous ces gens aient préféré se taire, garder pour eux ce qu’ils avaient pu voir. Il y a un grand silence, à Sath, qui se faufile à travers les rumeurs, épouse les détours du vent.
Depuis cette nuit, toutefois, la femme qu’on avait vue descendre la première semble avoir disparu. Quant à l’homme, on ne sait encore rien de sa présence à Sath.
La deuxième femme, elle, vient de réapparaître. C’était prévu. Elle s’est rendue à l’hôtel, le seul qui reste à Sath, où elle a demandé une chambre avec vue sur la mer. Ses cheveux étaient mouillés, dit-on, et son manteau déchiré, là, juste au-dessus de la jambe. Par décence, on n’a pas osé regarder la jambe, mais il est probable que les bas aient été déchirés aussi, et que sous ces bas effilochés, la peau ait porté la marque d’une quelconque blessure.
On a tout de suite pensé qu’elle s’était blessée en essayant de grimper sur les rocs ou en sautant du train, la nuit d’avant. À moins qu’elle se soit écorchée aux buissons qui bordent la route, quand on remonte vers le village. Personne n’a parlé des quais, c’est pourtant là qu’elle est allée. Peut-être à cause du morceau d’étoffe qu’on a trouvé là-bas, parce qu’il ne correspondrait pas au tissu du manteau ou à la forme de la déchirure.
Il se pourrait aussi que ce

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