La Guerre des coûtons
47 pages
Français

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La Guerre des coûtons , livre ebook

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Description

Vieux politiciens au rancart, Bersoin, Fried et Ranger tournent comme des lions en cage dans leur hospice doré. Ces octos bien sonnés partagent une égale passion pour les campagnes électorales. Alors, quand s’annonce la présidentielle, monopolisée par des trentenaires proprets, ils n’y tiennent plus. Ils doivent repartir. En campagne. « Et les mômes, on en fait quoi ? On les bute ? » Ce n’est pas vraiment une question, plutôt une suggestion.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 septembre 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782359301021
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

D ANS LA M ME COLLECTION
La chute de la maison Lehman - Panique la banque - Livre 1 L. Gordon - Olivier Marbot - 2014.
La guerre des cro tons - G rard Streiff - 2014
La guerre des cro tons
Collection
• Point de rencontre •
La Guerre des Cro tons
ISBN : 978-2-35930-102-1
Les points sur les i
16 Boulevard Saint-Germain
75005 Paris
www.i-editions.com
G rard Streiff
La guerre des cro tons
D U M ME AUTEUR
Le cas GB, Baleine/Seuil, 2001
La guerre des cro tons, Baleine/Seuil, 2002
Les caves de la Goutte d Or, Baleine/Seuil, 2003
Les yeux de L nine, Le Passage/Seuil, 2005
Le putsch, Toucan noir (2008), Krakoen (2011)
La collection, L cailler, 2009
Le tr sor de Staline, Krakoen, 2010
Les marques du fouet, La manufacture du livre, 2011
Entourlooping, Krakoen, 2013
E N JEUNESSE :
La guerre des petits soldats, Castor Poche / Flammarion, 2003
T te de serpent, L atelier de presse, 2008
L inconnu du BLB, ERES
La Joconde de Cro-Magnon, Edition du bout de la rue, 2010
L espion qui a vaincu Hitler. Richard Sorge. Oska Edition, 2011
Mort en coulisse, Edition du bout de la rue, 2011
Le bouclier de Gergovie, Gulfstream, 2011
Un soldat allemand dans la R sistance fran aise, Oskar Editions, 2011
La mer disparue, Editions du bout de la rue, 2013
Chronos ch tra son p re et d vora ses enfants : sa jeunesse tait ce prix.
-
Il y a trois avantages Alzheimer :
1, t as pas de mauvais souvenirs ;
2, tu vois que des t tes nouvelles ;
3, t as pas de mauvais souvenirs.
Guy Bedos
1. LA CAMPAGNE
- Coupez ! Putain, c est nul ! Ils sont nuls ! pesta le pensionnaire. Coinc dans un fauteuil trop troit pour sa longue carcasse, l a eul se tr moussait sur son si ge. Il tait en col re, le poil h riss , les sourcils en bataille. Il tapa rageusement sur l accoudoir, faisant valser son pilulier. Une flop e de m dicaments multicolores s parpilla sur son jogging bleu nuit. D un revers de main, il les envoya balader sur le sol carrel . Ses deux voisins, belles figures d cr pites, grogn rent. Manifestement ils partageaient son irritation.
La salle commune tait peu pr s d serte. Seul, au premier rang, un t l spectateur avait le nez coll sur le petit cran. Sa t te tremblotait l g rement, de haut en bas, comme s il opinait perp tuellement.
- Silence ! chevrota-t-il.
Ce soir-l , Consensus, passait le premier des grands d bats entre les trois principaux candidats l lection pr sidentielle, toute proche maintenant. Selon la presse, ces missions allaient constituer l v nement de la campagne. S y affrontaient ces fameux trentenaires qui avaient tant d fray la chronique ces derniers mois. Ces jeunes gens en effet, comme s ils s taient concert s, avaient, quelques semaines pr s, pris le pouvoir dans leurs partis respectifs. " La lisse g n ration au pays des vermeils , avait alors titr Le Canard .
Ils avaient l allure d ternels tudiants en sciences politiques, le visage poupin, la tenue l gante et la langue rabot e. Mondains, ils s appelaient par leur pr nom et semblaient pour les non-initi s parfaitement interchangeables. Ils affichaient une bonne volont de boy-scouts qui faisait plaisir voir.
" On s coute ! On s entend ! On se respecte ! Tel tait leur leitmotiv.
L un se voulait r formiste, le second r formateur ; le troisi me se revendiquait r formaliste. Ce soir-l le premier des candidats brodait sur l ins curit . " Incivilit , osait nuancer l autre. " Incivisme , se permettait de pr ciser le dernier. Tour tour, ils voulaient en finir avec l " utopie , ou bien le " r ve , ou encore la " marginalit . Ils en appelaient au " r el , la " r alit , au " r alisme .
S ils se chamaillaient sur les virgules, ils partageaient un m me slogan : une seule solution, l euph misation !
Ils n en finissaient pas d arrondir, d att nuer, de pond rer. Experts en litote, ils parlaient " propre . Mais le d bat ronronnait dur.
Au fond de la salle commune, en revanche, a piaffait, a grondait, a ructait. Critique implacable, le trio de spectateurs r agissait tout bout de champ.
Le p p du premier rang r p ta simplement :
- Silence !
- S nile ! lui r pondit l cho.
- J vais le dire au surveillant ! r pliqua l apostroph , qui avait l ou e fine. Il se d plia p niblement et mit un temps certain pour atteindre la porte, abandonnant le salon la tro ka agit e.
Eug ne Fried, l allure sportive, prit ses amis t moin.
- On se fait chier, non ?
Le cr ne oblong et chauve, Aym Bersoin, son voisin de droite, tait hi ratique sur son si ge. Aussi gris que son gilet, il manipulait un jeu de cartes sur le plaid qui lui recouvrait les genoux. Vieil enfant sage, il zozota :
- Votre ton, mon ami ! Comme vous y allez fort !
" Mais je dois reconna tre que vous n avez pas tort.
Bersoin faisait dans l alexandrin. Au d but, cela avait t une manie de retrait . Puis c tait devenu chez lui une seconde nature.
Jack Ranger coutait discr tement leur change. Barbu, de taille moyenne, il portait un ternel costume de velours et une chemise carreaux. Le sourire sardonique, il avait un il sur un catalogue d suet de lingerie fine et l autre sur la t l .
- Il ne s am liore pas, le Duhamel !
Le pr sentateur en effet semblait avoir du mal dynamiser l mission. Il relan a le d bat en interrogeant les candidats sur les figures qui les avaient pr c d s ce poste, et sur leurs a n s en g n ral. Il usa d une longue m taphore sur les jeunes loups et les vieux lions. Sauf le respect qu il leur devait, dit-il avec son ton de premier communiant, il trouvait que les lions en question la jouaient g teux sur la fin. Il est vrai qu ils taient tout de m me rest s, eux et leurs proches, pr s de quarante ans en place. Fried rugit :
- coutez-moi ce cumulard ! Pas g n ! Il pourrait tre mon p re !
Les jeunes d batteurs charg rent, quoique prudemment, les anciens. Ils les trouv rent, respectivement, " un peu sectaires , " un tantinet autistes , ou encore " un chouia m galos . Disant cela, on les voyait rosir d motion, comme s ils disaient des gros mots.
Dans la salle, le trio tait d cha n . Il gloussait chaque sortie des candidats et ricanait la moindre intervention de l animateur.
Fried, Ranger et Bersoin taient des pros de la politique. Des d cennies durant, ils avaient t non seulement des d put s ind boulonnables, mais encore les porte-parole flamboyants de leur groupe parlementaire respectif, de la gauche, du centre et de la droite. Tonitruants, h bleurs, ils taient devenus des figures embl matiques de leur parti. Mis au rancart, au lendemain de la derni re pr sidentielle, ils vivaient mal leur long exil int rieur. Ces vieux lions de la chose publique n en finissaient plus de tourner en rond dans leur cage en rugissant.
Emport s par leur lan, dans un barouf de tous les diables, les anc tres finirent par se quereller. Fried s adressa Bersoin en montrant du doigt le jeune conservateur qui occupait l cran :
- Votre candidat est transparent !
Bersoin r pliqua illico :
- Vous tes mal plac pour me faire la le on
" Car votre radical est un sinistre con.
Le sportif pr parait d j avec gourmandise sa r plique. Car si les comp res s entendaient sur deux ou trois principes, et notamment sur une m me d testation des autres vieux du centre, ils n arr taient pas pour autant de s engueuler entre eux. Ces trois-l demeuraient d une agressivit qu aucun bromure ne calmait durablement.
Ranger cependant leur coupa les ailes :
- Vous engueulez pas, ils sont nuls tous les trois.
Il parlait des candidats.
Un instant, ils se turent. Mais, piqu s au vif par le d bat, ils se remirent r ler. Jusqu ce qu Eug ne, exc d , se saisisse du fil lectrique qui tait sa port e et retire brusquement la prise, d branchant le poste. D sinvolte, Ranger lui lan a :
- Vous savez qu il y a des moyens plus modernes pour arr ter une t l .
Ils avaient l air accabl s. Bersoin reprit la parole, toujours aussi solennel :
- Voulez-vous que je vous dise ? Je les trouve d primants.
" Ils avaient de l allure, nos d bats d l phants !
Ils le regard rent, r sign s. Ranger soupira :
- " Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.
Fried avait l air de se parler lui-m me :
- De notre temps, on s empoignait autrement, non ?!
- Pardon ?
- Je veux dire que nos d bats nous avaient un peu plus de punch que tous les salamalecs de ces m mes.
Bersoin semblait dubitatif :
- Les v tres asticotaient mais c t conviction
" Les miens vous crasaient, sans contestation.
Ranger tiqua :
- Vantard ! Z aviez plus grand-chose dire, les derniers temps !
Fried, lui, r vait :
- N emp che ! Qu est-ce que je ne donnerais pas pour une bonne castagne !... Si j avais vingt ans de moins
- M me dix ! rench rit Ranger.
Ils gard rent le silence. Un ange passa. Puis un autre. Tout un troupeau. Ils semblaient pr sent tous les trois habit s par un m me songe. En v rit , ils partageaient une gale passion secr te : ils adoraient les campagnes lectorales ! Ces deux mots magiques voquaient pour eux l appel aux militants, les meetings houleux, le tour des march s et les vir es en province, les affiches poisseuses, les tracts abondants, les tr teaux improvis s et les affrontements partisans, la tourn e des m dias et les changes de gnons, les coups bas, les altercations, le stress des soir es de scrutin Et ils avaient un faible tout particulier pour la reine des campagnes : la PRÉSIDENTIELLE ! a, c tait la Rolls des batailles politiques, le top des jout

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