LA GUEULE DU LOUP
88 pages
Français

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Description

Ils se sont connus par la toile de l'Internet. Ils ne se sont jamais vus. Elle l'a imaginé comme un homme mature, un grand sage romantique aux mots troublants qui ont éveillé en elle des désirs insoupçonnés. Il la voit comme une jeune femme sublime, douce et aimante. Au fil des correspondances et du temps, le besoin de se voir et de s'étreindre tendrement est devenu pressant, même insoutenable. Il faut calmer cette soif qu'ils ont l'un de l'autre, assouvir enfin l'incroyable passion qui les lie depuis trop longtemps. Mais elle habite le Québec et lui, la Belgique._x000D_
N'en pouvant plus d'être séparé, il la fait venir jusqu'à lui, à Bruxelles. À peine est-elle arrivée de l'autre côté de l'océan que c'est le choc. L'homme qui vient à sa rencontre a une mauvaise gueule, la gueule d'un loup solitaire, abandonné par sa meute._x000D_
Ma folle candeur venait de s'étrangler rudement comme un chien fou au bout de sa corde. La réalité me ramenait à l'ordre. Ma fiction ne passait pas les frontières._x000D_
Et si la Belle s’avérait plus monstrueuse que la Bête?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 août 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782894556122
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DANS LA MÊME COLLECTION

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Gosselin, Nadia, 1970-
La gueule du loup
ISBN 978-2-89 455-294-0
I. Titre.
PS8613.O771G83 2008  C843’.6  C2008-941 378-4
PS9613.O771G83 2008
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’Aide au Développement de l’Industrie de l’Édition (PADIÉ) ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition. Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC

© Guy Saint-Jean Éditeur Inc. 2008
Conception graphique : Christiane Séguin
Révision : Hélène Bard
Photographie de la page couverture : Getty Images

Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2008
ISBN : 978-2-89 455-294-0
ISBN EPUB : 978-2-89 455-612-2

Distribution et diffusion
Amérique : Prologue
France : Volumen
Belgique : La Caravelle S.A.
Suisse : Transat S.A.

Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

Guy Saint-Jean Éditeur inc.
3154, boul. Industriel, Laval (Québec) Canada. H7L 4P7. (450) 663-1777.
Courriel : info@saint-jeanediteur.com • Web : www.saint-jeanediteur.com

Guy Saint-Jean Éditeur France
48, rue des Ponts, 78 290 Croissy-sur-Seine, France. (1) 39.76.99.43.
Courriel : gsj.editeur@free.fr
À cet homme-loup,
dont le hurlement de tristesse
retentit encore aujourd’hui
dans ma mémoire.
Chapitre 1
J e venais d’atterrir au plat pays.
Il pleuvait sur la ville, comme c’est l’habitude en cette saison, et je ne savais pas encore que cette image bruineuse et terne resterait à jamais gravée dans ma mémoire lorsque Bruxelles reviendrait hanter mes songes.
Mes pas empressés claquaient sur le parquet ciré de l’aéroport, marquant les battements précipités de mon cœur et comptant à rebours chacune des fractions de seconde qui me séparaient encore de lui. Là, si près du nirvana que j’anticipais, le temps paraissait encore trop long.
Je rayonnais d’allégresse. Un sourire dessiné sur les lèvres et le cœur gonflé comme un aérostat, je me sentais encore légère, portée par la douce et exquise folie qui m’avait menée au ciel.
Je n’avais jusque-là accordé aucune attention à l’eau ruisselant sur les hublots de l’avion et les vitres de l’aéroport ni à ces éclairs qui se mirent à lézarder le ciel de leurs feux éclatants, non plus à ces lugubres roulements de tambours qui annoncèrent mon arrivée ; des signes de mauvais augure que j’aurais pourtant dû remarquer. Mais le sinistre cérémonial passa inaperçu à mes yeux. J’étais trop occupée à me projeter avec fébrilité dans les instants qui allaient suivre pour être dans le moment présent en toute conscience.
Bagages en main, je passai la grande porte de l’aéroport de Zaventem qui conduit à l’accueil des visiteurs. J’avais le cœur battant et plein d’espoir. Nous devions nous reconnaître au premier regard, malgré la foule ; c’était convenu.
Lorsque mes yeux croisèrent les siens, d’un bleu livide, qui s’embrasèrent instantanément, je crois que je baissai les paupières quelques secondes pour m’efforcer de garder le sourire. Je passai derrière une immense colonne de béton qui nous coupait l’un de l’autre et qui m’offrit l’occasion de me ressaisir.
J’eus un vertige.
Je m’adossai au mur.
Je fermai les yeux pour ne plus rien apercevoir, mais dans la pénombre de mes paupières brûlantes, je ne distinguai plus que ce visage émacié par l’âge et ce regard terne, ceinturé de ridules, sur un nid de cernes creux.
Ma folle candeur venait de s’étrangler rudement comme un chien fou au bout de sa corde.
La réalité me ramenait à l’ordre.
Ma fiction ne passait pas les frontières.
J’eus voulu fuir, m’épargner la pénible suite des événements. Sortir illico la gomme à effacer, raturer les dernières pages de mon roman fleur bleue qui sombrait maintenant dans l’horreur. Quitter le monde réel. Retourner dans mes naïves fantaisies, là où mon imagination avait jusque-là régné en maître et où chaque détail, quel qu’il soit, était encore soumis à mes moindres désirs.
Je sentis cependant la puissante main invisible du destin, qui m’avait si âprement strangulée en m’empoignant par l’encolure pour mieux me secouer les idées, me pousser maintenant, avec autant de brusquerie, à entrer en scène, encore titubante, et à m’en remettre à une autre plume que la mienne pour écrire les prochains chapitres.
Maintenant que je me trouvais là, à quelques mètres de lui seulement, quelle autre solution s’offrait à moi ?
Avec une hardiesse improvisée, je sortis des coulisses.
— Bonjour ! lançai-je d’un air faussement heureux, en m’avançant vers lui.
— Allô, Loulou ! s’exclama-t-il en ouvrant les bras. Eh bien ! Tu ne m’embrasses pas ?
Je le laissai me faire la bise sur les joues et fis semblant de lui rendre la pareille en baisant l’air.
Mille fois, ensemble, nous avions scénarisé l’ultime instant de notre rencontre ; incommensurablement heureux de nous trouver enfin dans les bras l’un de l’autre, nous nous embrassions avec ferveur, au milieu de la foule, envahis par cette folle passion qui nous consumait tous les deux et nous avait conduits jusqu’à ce moment tant espéré.
Je goûtais enfin, pour la première fois, à la douce tiédeur de ses lèvres. J’avais le cœur, l’âme et le corps exaltés par sa seule présence.
Sa main se posait fermement sur mes reins pour me plaquer contre lui. Il m’embrassait avec plus d’ardeur encore. Ses lèvres dévoraient les miennes.
Feignant d’être raisonnables, nous avions pourtant tenté de considérer d’autres scénarios plus réalistes et moins romantiques. Nous avions imaginé, sans vouloir y croire toutefois — espérant pour nous le meilleur — qu’il fut possible que ce passage dans le réel nous réserve quelques déceptions de part et d’autre. Nous convenions qu’il était probable qu’advenant la révélation d’une incompatibilité, jusque-là insoupçonnable, notre relation puisse se solder bizarrement par une forme originale d’amitié que nous pensions alors pouvoir préserver avec beaucoup d’attachement pour ce qu’elle comporterait d’inusité.
Pourtant, malgré tant de précautions hypothétiques, aucune scène, parmi celles envisagées, ne ressemblait à celle-ci.
Tout, autour de moi, prenait des airs de deuil.
Qu’étais-je donc venue faire ici, si loin de chez moi, dans ce pays bruineux, avec un homme que je jugeai froidement, dès l’instant où je l’aperçus pour la première fois, comme un vieillard valétudinaire et dupe de sa condition ?
Quel canular…
Se rendait-il compte, lui qui m’avait pourtant toujours semblé si lucide, que mon sourire et mon contentement étaient faux ?
Il m’aida à porter mes bagages.
Nous nous arrêtâmes en chemin pour prendre un café à un petit restaurant de l’aéroport.
C’est à peine si j’humectai mes lèvres.
Tout était maintenant si fade.
Rien ne me faisait plus envie.
J’observai furtivement les hommes autour de nous en me demandant pourquoi Edy n’était pas celui-là ou cet autre à qui, même pour un petit rien, j’inventais un charme inexistant. En tout cas, celui qui était devant moi ne trouvait définitivement pas grâce à mes yeux. Néanmoins, à mon grand désarroi, on l’avait vraisemblablement affecté au rôle principal de mon intrigue.
Je lui laissai l’embarras d’entret

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