La Joconde dans le maquis
251 pages
Français

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La Joconde dans le maquis , livre ebook

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Français

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Description

Le pays des griottes a accueilli les tableaux du musée du Louvre dans quelques châteaux du Lot afin de les soustraire aux nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale. C'est dans un de ces châteaux que la narratrice a séjourné durant des semaines, entourée de ces prestigieuses oeuvres d'art. Elle raconte également, avec une pointe d'humour, ses aventures comme agent de liaison.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2005
Nombre de lectures 348
EAN13 9782336265438
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rue des Ecoles
Cette collection accueille des essais, d’un intérêt éditorial certain mais ne pouvant supporter de gros tirages et une diffusion large, celle-ci se faisant principalement par le biais des réseaux de l’auteur.

La collection Rue des Ecoles a pour principe l’édition de tous travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc.
Déjà parus
Anne PASSOT, La vie ordinaire ou quand le destin s’emmêle , 2005.
Oumar ABA TRAORÉ, Mon combat pour le Mali, 2005.
NKANSA’S Nenthor, Lettre à un ami au Congo, 2005.
Michel RUBIN, L’effet madeleine. Petits croquis d’époque autour de mots yiddish, 2005.
Paul DELCAMPE, Jacob, Mohamed et moi Romain, 2005.
Georges AMAR, L’Inde danse , 2005.
Marcel FAKHOURY, Les derniers anges d’Alexandrie. Roman , 2005.
Christiane DELLAC , Marie-Anne Collot, 2005.
SOLVEIG, Linad et les loups , 2005.
Philippe MOLLE, Mémoires d’autre mers , 2005.
Hugues LETHIERRY (dir.), La mort n’est pas au programme , 2005.
Micheline CANONNE BEDRINE, Mimi dans la tourmente , 2005.
SOLVEIG, Mots pour maux, 2005.
Lucie CHARTREUX, Derrière le soleil , 2005.
Janine FOURRIER DROUILHET , Brocante, 2005
Delia MONDART, Les miettes de la diplomatie , 2005.
Michel LECLERC, L’astre et la mer , 2005.
La Joconde dans le maquis

Janine Andieu
www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747593212
EAN : 9782747593212
Sommaire
Rue des Ecoles Déjà parus Page de titre Page de Copyright Epigraphe PREMIÈRE PARTIE
L’enfance de Marie-Anne - Les années 1930 L’eau en Quercy
DEUXIÈME PARTIE
La rue et ses dangers Mes parents Les colonies de vacances
TROISIÈME PARTIE
La mort de ma mère Mon père s’éteint Les restrictions et la guerre
QUATRIÈME PARTIE CINQUIÈME PARTIE
La Résistance Le maquis Une autre mission La vie de château La radio du maquis
SIXIÈME PARTIE
La rencontre Départ pour Paris Le mariage
SEPTIÈME PARTIE
En Yougoslavie Coup de tonnerre
HUITIÈME PARTIE
En Roumanie À Yalta Retour à Bucarest Dans les Carpates Le poêle à bois Le retour
J’aimais hier, et j’aime encore Je ne me dérobe à rien Mon passé m’est fidèle Le temps court dans mes veines
Paul Eluard (1939)
PREMIÈRE PARTIE
En ce mois de juin 2003, dans le Lot, département de mes origines familiales, je me sens très seule.
Je pense que l’écriture va m’aider à passer ces quelques mois d’été.
Il n’y a plus d’herbe à couper, même les ronces renoncent à allonger leurs tentacules. Le tracteur et la tondeuse sont au chômage. Les branches des arbres supplient le ciel de leur envoyer un peu d’eau. En l’occurrence, le ciel, c’est moi, avec mon petit tuyau, la nuit, qui procure à mes préférés de quoi survivre. Hélas, je dois faire un choix douloureux, certains sont déjà en train de mourir.
Il règne une chaleur accablante. J’aime les rayons ardents du soleil sur ma peau. Cette sensation de brûlure lorsque je fais des travaux au dehors m’indique que ma peau est encore vivante, qu’elle peut encore percevoir des caresses, ne serait-ce que celles du soleil.
La torpeur qui se dégage du village en sieste, les volets fermés, les animaux terrassés couchés à l’ombre, peu de bruit, même les feuilles n’osent bouger.

Cette atmosphère me fait toujours penser au film de Marguerite Duras India Song dans lequel la chaleur est oppressante, les personnages immobiles, toujours dans la pénombre, les dialogues presque inexistants. Il ne se passe rien dans le film, mais tout du long un piano égrène quelques notes lancinantes, toujours les mêmes. J’adore cette musique, coupée parfois par le cri d’une femme, au loin, qui traverse la nuit. De tout cela transpire une sensualité qui n’a besoin ni de mots, ni de gestes. Le film dégage sur moi une fascination qui s’explique peut-être, outre sa beauté particulière, parce qu’il évoque, à chaque fois, l’atmosphère des étés brûlants du Lot.
L’enfance de Marie-Anne
Les années 1930
Elle a quatre ans.
Elle guette pendant des heures la fenêtre qui lui fait face, de l’autre côté de la rue du Château-des-Rentiers à Paris. Parfois, et c’est la joie, elle aperçoit une fillette de son âge, dont elle devine le visage, qui lui montre tour à tour des poupées et d’autres objets qu’elle n’arrive pas à identifier.
Elles ne se sont jamais rencontrées.

Marie-Anne — c’était moi — savait à peu près lire et écrire. La preuve ? Difficile à évoquer tant d’années après. Je fréquentais la maternelle dans la rue du même nom. Mes parents furent convoqués par la directrice. On avait trouvé dans la poche de ma voisine de classe un bout de papier griffonné. Après une brève enquête, il s’avéra que j’en étais l’auteur. Il y était écrit dans le désordre: tétés, nénés... et peut-être un verbe qui sans doute dévoilait ce qu’on était censé en faire pour des enfants de quatre ans... Le scandale!
Personne n’a pu m’arracher le moindre aveu, j’ai toujours nié...et ressens toujours une grande honte à cette évocation. Mes parents ont toujours pensé que j’avais été injustement accusée...

La honte, ce n’est pas d’avoir nié, les tout petits n’ont que ce moyen de défense ; c’est d’avoir pu écrire ces deux ou trois mots, à priori anodins, qui révélaient sans doute déjà un esprit pervers ou analysé comme tel par la directrice de l’école. Je l’avoue, la honte a été de moins en moins lourde à porter.

Venait le temps des vacances dans le Lot. Le train... Le bonheur...
Lors des voyages de nuit, mes parents se tenaient assis sur le rebord de la banquette, puis m’allongeaient derrière eux pour que je puisse dormir... Le roulis du train me berçait ; leur chaleur, l’odeur de la moleskine... le paradis.
Lors des voyages de jour, Châteauroux approchant, mon père ouvrait le panier de victuailles, bien rempli. L’odeur envahissait le compartiment. Parfois, d’autres voyageurs faisaient de même. L’odeur du saucisson, du poulet froid et le moment rituel de l’ouverture de la bouteille de vin... provoqueraient, de nos jours, soit des mines de dégoût (quelle vulgarité !!), soit des ricanements. Ne rêvons pas, cela ne risque plus de se reproduire. Ce rituel est remplacé de nos jours par les sandwichs polyphosphatés que la SNCF propose à ses usagers.
L’arrivée à Anglars-Nozac, une petite station près de Gourdon. On y arrivait par un omnibus partant de Brive.
La maison de ma grand-mère paternelle se trouvait près de la gare. Elle y vivait seule depuis le décès de mon grand-père, près de la voie ferrée Paris-Toulouse. C’est dire qu’il y avait un gros trafic.
Bien qu’arrivée à destination, je continuais à être bercée par le bruit et les vibrations des trains qui se succédaient. Ces nuisances faisaient partie intégrante de mon atmosphère de vacances et de ce fait ne m’étaient pas désagréables.
Il fallait seulement, quand un train passait à grande vitesse, s’arrêter de parler. Le bruit perçu, venant du train qui s’éloignait, surtout la nuit, bien que ce soit difficile à imaginer, un vrai moment de poésie...
Ma grand-mère était petite, toute ridée, d’un âge avancé, de petits yeux malicieux. Elle parlait la langue du pays, c’est-à-dire l’occitan (à l’époque, il n’était question que de patois, moins élégant), comme je le comprenais heureusement et qu’elle comprenait elle-même un peu de français, nous nous entendions parfaitement. Nous riions souvent ensemble. Mais elle n’avait aucune autorité sur moi et je faisais à peu près tout ce dont j’avais envie. C’est pourquoi mes parents ne me laissaient seule avec elle que le moins souvent possible.
Il y avait ses soupes délicieuses, cuites sur le feu de la cheminée, dans l’ « oule », une marmite toute noircie par les flammes. Préparées pour midi, ce qu’il en restait était versé dans une soupière déposée sous l’édredon de plumes d’oie recouvrant le lit. Le soir venu, le repas était prêt, la soupe encore chaude, les tranches de pain bien qu’humectées par le bouillon restaient fermes.
Le « chabrol » était de rigueur. C’est-à-dire le vin versé, une fois le pain trempé consommé, dans le bouillon que l’on buvait à même l’assiette. Ce bouillon chaud avait alors un petit goût aigrelet, un peu spécial, que l’on adoptait très vite, trop vite me concernant...
Charmante coutume qui a laissé sans voix ma mère revenue de Paris me chercher. On mange la soupe... puis, peu après, d’un air décidé, du haut de mes quatre ans, je prends à deux mains la bouteille de

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