La révolte de Zanguè l ancien combattant
150 pages
Français

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La révolte de Zanguè l'ancien combattant , livre ebook

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Description

Bardés de médailles et auréolés de gloire, les anciens combattants attendaient beaucoup de l'accession de leur pays à l'indépendance. Ils furent pourtant les grands oubliés de l'Afrique des indépendances. Dans ce récit, les anciens combattants de Diabougou se sont sentis abandonnés et humiliés parce que leurs pensions ne sont pas reversées. Ils décident de reprendre les armes et d'investir la ville. Zanguè et ses compagnons sont plein d'assurance: les devins leur ont prédit la victoire.

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Informations

Publié par
Date de parution 02 avril 2010
Nombre de lectures 52
EAN13 9782336276250
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© La Sahélienne , tous droits réservés.
Siège social : Bako Djikoroni Ouest, Bamako (Mali) E-mail : sahelienneedition@yahoo.fr Tél. : + 223 66 79 24 40
9782296119611
Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Mali, 2010.
Conception graphique de couverture : © OIVO• Sandra Derichs
© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11961-1 EAN : 9782296119611
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Du même auteur Dedicace 50 voix PRÉFACE CHAPITRE 1 CHAPITRE 2 CHAPITRE 3 CHAPITRE 4 CHAPITRE 5 CHAPITRE 6 CHAPITRE 7 CHAPITRE 8 CHAPITRE 9 CHAPITRE 10 CHAPITRE 11 CHAPITRE 12 50 VOIX
La révolte de Zanguè l'ancien combattant

Fodé Moussa Sidibe
Du même auteur
Univers des chants de chasseurs du Mali
EDIS, Bamako, 2007
A ma mère, Mariam Diarra
50 voix
À l’heure du cinquantenaire des indépendances africaines, certains esprits sont en train de tenter de capturer l’énergie des sociétés civiles et des moindres groupes organisés pour les engager dans une “année de festivités”. Nous proposons de laisser la fête là où elle est. De sortir la tête de la fête. Pour nous interroger, débattre, capitaliser, regarder l’Afrique droit dans ...ses réalités, construire des projets de société portés par le livre et l’écrit !
« 50 voix » est une collection pour les textes littéraires, les comptes rendus de travaux de recherches, les témoignages, les biographies, la réflexion critique et la protestation citoyenne.

Appel à manuscrits
Si vous avez un projet de ce type à soumettre aux éditions La Sahélienne, envoyez nous un court descriptif par e-mail à l’adresse suivante: collection50voix@yahoo.fr
Si vous avez des difficultés pour passer au stade de l’écriture, demandez-nous conseil, rejoignez notre atelier d’écriture. Vous pourrez enregistrer vos témoignages oraux et les structurer avec l’appui de professionnels.
Pour plus d’information, contactez-nous à cette même adresse email ou consultez la page Face book de La Sahélienne (onglet « Articles »).
PRÉFACE
C’est une histoire de révolte. La révolte d’anciens combattants issus de l’armée coloniale, nostalgiques d’un passé guerrier où ils avaient cru sacrifier la meilleure partie de leur vie pour le salut de leur patrie et même de l’humanité et qui sont devenus des laissés pour compte d’autant plus marginaux qu’ils ne parviennent même plus à “toucher leurs pensions”. Le vent des indépendances et des régimes politiques nouveaux à la lisière du totalitarisme était passé par là.
Dans cette quête d’un nouveau positionnement dans la nouvelle société, les “anciens” vont sauter sur le motif de l’incompétence des pouvoirs locaux pour retrouver leur dignité bafouée.
Dans un langage fleuri, l’auteur, en véritable initié de la confrérie des chasseurs, s’emploie à rétablir le pont entre les connaissances anciennes et l’expertise acquise par les “anciens” dans l’armée coloniale pour relever un défi qui paraissait hors de portée.
C’est tout simplement un message de syncrétisme culturel à l’endroit de tous ceux qui sont écrasés par les errances déculturées d’un présent incertain.
Salut à toi, Maître chasseur- donso  ! I dansoko  !
Pr. Abdou Traoré, dit Diop.
CHAPITRE 1
Tonga était recouvert du manteau de la nuit. Et dans le village bamanan, des événements improbables survenaient à la faveur de la nuit. Des rivalités de toutes sortes opposaient les habitants ; les riches entre eux ; les pauvres entre eux ; les riches aux pauvres. Des rancunes têtues couraient dans les cœurs. Des jalousies et des méchancetés diverses attendaient, au détour d’un sentier, le moment propice pour se faire jour. Comment pouvait-il en être autrement dans un village où l’équilibre précaire entre animistes et musulmans était rompu par des conversions spectaculaires et par des profanations outrageantes. Tonga était à la croisée des chemins. La famille maraboutique, celle de l’imamat, qui vivait auparavant en parfaite harmonie avec les autochtones, animistes et féticheurs, devenait de plus en plus agressive. En seulement vingt ans de présence au village, son crédit ne cessait de s’étendre surtout avec l’avènement de Seydou comme guide des musulmans. Les adeptes et disciples, les “garibou”, venaient de partout. Certaines familles autochtones commençaient également à envoyer, sans conviction certes, leurs enfants chez Seydou pour apprendre la parole d’Allah. Ce regain de vitalité de la nouvelle religion n’était pas pour plaire au prêtre du célèbre fétiche boliba, héritage de l’ancêtre fondateur du village. A présent, les anciens de Tonga qui avaient jusque-là toléré la nouvelle religion se posaient des questions. Mais une seule conviction les rassurait, boliba et les ancêtres ne permettront jamais d’être évincés sur la terre de Tonga. Cependant, la menace était réelle et les abandons multiples de fétiches la confirmaient année après année.
Depuis combien de temps Zanguè s’était-il couché ? Il n’en avait aucune idée ; pas d’indice pour se situer dans le temps. Une case noire dans la nuit noire, un village étonnamment silencieux. Toute la concession, était plongée dans un calme angoissant ; pas de cris d’oiseau ni d’aboiements de chien. Pas de cris d’enfant. Quelques tam-tams qui crépitaient au loin s’étaient tus. Rien ne bougeait. L’air semblait manquer. Et ce sommeil qui ne venait pas. Zanguè, en pareilles occasions, avait son remède : chercher à se dépenser physiquement en regardant du côté de sa compagne de nuit. Il tâta dans le noir et sa main toucha une croupe creuse. Dommage ! Ce soir-là, il se trouvait avec sa première épouse à laquelle ces choses-là ne disaient plus grand chose. Après tant de maternités, une douzaine, que pouvait-on chercher encore chez un mâle ? Une verge dressée n’avait pas plus d’intérêt pour elle qu’une bague en or pour un lépreux. Et pourtant, elle était là, portant en tout et pour tout un petit pagne d’un demi mètre. Docile comme le point à l’allongée du bras ; elle sacrifiait à la tradition. Depuis une trentaine d’années, depuis qu’elle était la seule à jouir de son homme, depuis que ses seins étaient bien fermes et galbés à souhait, chaque nuit que cela était possible, elle était là, à côté de son époux, à la même place. Avait-elle une fois manqué au rendez-vous ? Non, sauf quand elle avait ses menstrues, “la main dans l’eau”, ou durant les quarante jours qui suivaient chacun de ses nombreux accouchements.
Un grondement sourd retentit dans la nuit. Le maître de la brousse, le plus vieux lion de la contrée allait-il à la chasse ? Un frisson désagréable parcourut tout le corps du vieil homme. Comment ne pas reconnaître les rugissements des lions affamés qui lui avaient coûté plusieurs nuits de sommeil ? Les longues heures d’attente dans la brousse défilèrent sous ses yeux. Il se vit saisi d’angoisse et d’inquiétude comme à l’affût de la bête. Il se rappela d’une nuit où, sans l’avoir vraiment cherché, il se retrouva en face du vieux lion, jara. La bête était si majestueuse que Zanguè faillit perdre ses moyens. Ce jour-là, il se retrouva comme pris dans un piège. Le lion, le roi de la brousse et des espaces était là, à portée de balles de fusil ! Plus question d’entamer une course éhontée à travers ces hautes herbes. Il n’irait pas loin. En quelques foulées, jara le rejoindrait. Mais comment un chasseur émérite comme lui s’était-il laissé surprendre par le maître de la brousse, d’habitude si facile à éviter ? Instinctivement, Zanguè porta la main à sa taille pour se rendre compte que sa grosse ceinture n’avait pas bougé. D’habitude, pour l’avertir d’un danger imminent, cette ceinture lui serrait si fortement la taille qu’il s’accroupissait pour scruter les alentours. C’était donc rassurant. Ce lion ne représentait pas un danger pour Zanguè, père Diarra, mère Diarra et époux de deux femmes Diarra. Remis de sa surprise, le maître chasseur- donso, descendant des plus illustres Diarra bamanan, se mit à genou. Il déposa tout doucement son fusil de chasse et s’adressa au lion qui s’était arrêté et le regardait fixement :
“Ne benba, i dansoko, i ni ko  ! honneur à toi, mon ancêtre ! Je suis Zanguè, le fils des Diarra de Tonga. Je suis ton fils, ton petit fils, ton arrière petit fils. Je me suis trouvé sur ton terrain de chasse par mégarde et non par défiance. Epargne-

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