La trajectoire de Léopold Sédar Senghor
311 pages
Français

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La trajectoire de Léopold Sédar Senghor , livre ebook

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Description

Cet ouvrage porte sur la vie et l'oeuvre, à la fois poétique et théorique, de Léopold Sédar Senghor. Par une approche descriptive et analytique, Baïdy Dioum interroge la trajectoire de Senghor et révèle toutes les strates culturelles génératrices de son génie poétique et de sa pensée philosophique.
Au moment où la plupart des Etats africains célèbrent le cinquantenaire de leur indépendance sur fond de rumination du passé colonial et de tension avec la France colonisatrice, un retour à Senghor, médiateur entre l'Afrique et la France et précurseur d'une mondialité pacifique, est plus que nécessaire, il est salutaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 30
EAN13 9782336276199
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La trajectoire de Léopold Sédar Senghor

Baïdy Dioum
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296120525
À la mémoire de ma sœur Racky Dioum qui repose à Sessène.
Je dédie ce livre à toutes les filles et à tous les fils de ma Diourbel natale dont Pierre Loti chantait la beauté des jardins et où le vénéré Cheikh Amadou Bamba a passé quinze années de sa sainte vie.
REMERCIEMENTS
I L ME PLAÎT de remercier vivement tous ceux qui, par leur appui, leurs suggestions et leurs encouragements, ont contribué à la réalisation de cet ouvrage. Je pense d’abord à ma famille, à mes parents et à mes amis, pour leur patience et leurs sacrifices.
Toute ma reconnaissance à toutes les personnes dont le soutien a facilité la parution de ce livre et sa mise à la disposition du public.
Je voudrais aussi remercier particulièrement mon ami et professeur Amadou Falilou Ndiaye, mon directeur de thèse, le professeur Amadou LY de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et M. Amady Aly DIENG, homme de grande lecture et figure emblématique de l’intelligentsia africaine dont je m’honore de porter le nom du père. Il a généreusement mis à ma disposition l’essentiel des documents nécessaires à la réalisation de cet ouvrage.
Mes remerciements vont aussi à mes amis et collègues Pascal Bacuez de l’université de Sanaa et Mwamba Cabakulu de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, pour ces belles pages qui donnent plus de relief à ce livre et en rehaussent la qualité.
Que Pap Bâ, directeur artistique d’Édit’Art, y trouve toute ma gratitude pour avoir mis gracieusement à ma disposition la photo de cette route de Joal utilisée comme illustration de couverture.
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace REMERCIEMENTS PRÉFACE AVANT-PROPOS INTRODUCTION GÉNÉRALE PREMIÈRE PARTIE - GENÈSE DE L’IMAGINAIRE MÉTIS DE SENGHOR
I - LE TERROIR NATAL II - L’ANCRAGE HISTORIQUE III - LA TRAJECTOIRE BIOGRAPHIQUE DE SENGHOR
DEUXIÈME PARTIE - LA PROBLÉMATIQUE DE L’IDENTITÉ CHEZ SENGHOR
I - LA MISE EN QUESTION DE L’ETHNOCENTRISME EUROPÉEN II - LA REVENDICATION DE L’IDENTITÉ NÈGRE III - L’ENGAGEMENT FRANCOPHONE DE SENGHOR
TROISIÈME PARTIE - LE PROJET UNIVERSALISTE DE SENGHOR
I - LE SENS DE LA TRAJECTOIRE SENGHORIENNE II - L’UNIVERSALISME SENGHORIEN : SES FONDEMENTS THÉORIQUES III - DE L’ACTUALITÉ DE LA VISION MONDIALISTE DE SENGHOR
CONCLUSION GÉNÉRALE POSTFACE BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE INDEX NOMINUM INDEX RERUM LEXIQUE
PRÉFACE
Y ÉMEN ! Je me rappelle cette matinée passée avec Baïdy dans l’antichambre du rectorat de l’université de Sanaa où nous enseignions l’un et l’autre. Nous voulions rencontrer le recteur, c’était important, mais nous savions que notre démarche était sujette à bien des inconvénients. Aucun rendez-vous n’avait été pris, le bureau était vide et nous étions à la veille d’un long week-end. Conscients d’être tributaires des coutumes du pays où nous vivions, il nous fallut patienter, patienter encore, avant qu’un secrétaire interposât ses bons offices en notre faveur.
Alors que nous étions confortablement carrés dans le salon de ce petit bureau, l’attente aurait pu nous sembler interminable si, à l’instar du voyageur de La Fontaine, nous ne nous étions munis contre les mauvais temps. Baïdy, ce jour-là, convoqua les violons de Verlaine et les fit chanter. Nous étions peut-être prisonniers dans cette enceinte rectorale, mais nous étions libres, libres de faire la nique aux absents, libres de tout accaparement et de toute passivité. J’écoutai Baïdy réciter ce poème merveilleux et lui donnai en retour celui que j’aimais plus que tout :

« Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches, Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous, Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches, Et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux... »
Le rendez-vous procédurier laissait la place au « rendez-vous du donner et du recevoir ». Don de soi, de l’amitié et du rapprochement des êtres, quelles que soient leurs origines.
Senghor eût apprécié ce petit colloque singulier dans un monde que tout lyrisme semble aujourd’hui avoir déserté. La poésie était pour lui liberté et c’est à ce titre qu’il convient de la célébrer. Liberté de ne pas être de son temps, de rompre avec l’actualité la plus aliénante, et de disposer de ce que l’on subit. Liberté de ne pas souffrir ses propres inclinations ni celles des autres. Soucieux de respecter cette exigence primordiale, Baïdy Dioum ne se livre pas ici à une herméneutique de l’œuvre senghorienne. Il ne cherche pas à nous donner la clef d’accès, le code ou la formule pour comprendre ce qui doit rester dans une zone d’ombre, une ambivalence. On ne descend pas dans les entrailles d’un poète aussi mutiné que Senghor et qui a, toute sa vie durant, lutté contre tous les démons. Soyons reconnaissants à l’auteur de nous rappeler que la poésie est un art suprême et qu’à ce titre, il est impossible d’en forcer le secret. C’est parce qu’elle est anachronique et inactuelle que la poésie nous donne à sentir notre monde et qu’elle éveille en nous un désir. Senghor n’eut de cesse d’insister sur ce fait. Il y voyait un aspect essentiel de la négritude : intuition plutôt que raison.
Lire la poésie de ce grand poète n’est pas facile. Il convient d’abord de se désencombrer d’une conception un peu potache de la poésie. Une tradition scolaire nous a habitués à y voir un lyrisme un peu désuet, composé d’images falotes, de sentiments douceâtres ou d’allégories grandioses ; égrener la note vague, l’évocation nébuleuse, le pianissimo émotif, comme s’il suffisait de se frapper le cœur pour faire jaillir le chant des Muses. La poésie de Senghor n’est rien de tout cela. Ce qui la caractérise, c’est le combat pugnace, le potlatch de mots, l’agôn du guerrier qui martèle le sol de sa lance. Elle n’est pas, comme la poésie de Mallarmé ou de Rimbaud, une propédeutique à l’incrédulité (se déprendre de la croyance du sens), elle n’est pas non plus évocation d’un monde perdu (la mélancolie de René), mais rétablissement des mythes fondateurs. Elle nous dit que nous avons perdu ce que nous n’avons jamais possédé et nous donne à voir ce que nous n’avons jamais entraperçu. La parole ordinaire est naturellement empêchée : il lui fallait une préface, c’est-à-dire une incantation, une épiphanie.
Chez Senghor, tout est cadencé et sous tension. Tout se passe comme si son œuvre s’était nourrie d’une cadence plagale, d’un rythme qui retarde la résolution pour la laisser se gonfler des notes sensibles qui, à la faveur d’un mouvement mélodique d’attraction, aboutiront à la tonique finale. À la tension succède la détente. Musicale, sa poésie procède à des renversements et des dissonances qui éveillent notre attention et nous tirent de notre léthargie en brisant les conventions du langage ordinaire ; elle disqualifie notre conception irréfléchie du langage et, en se jouant de nos attentes, nous désaccoutume. Avec Senghor, nous évaguons comme des convulsionnaires dans le bois des djinns, comme si nous venions de participer à un rite de désenvoûtement du sens du monde. Flânerie active dans le marigot des signes, la poésie est, dans le monde de Senghor, une transe, une activité transformante. L’opéra brousse du Nègre.
Toute œuvre lyrique, fût-elle jouée à l’ombre des caïlcédrats et des jacarandas, gronde d’une tragédie qui sourd. Senghor aimait son pays. Soucieux de réhabiliter l’image des sociétés africaines alors dépréciées et méprisées, il lui fallut trouver des armes. C’est paradoxalement l’ethnologie française qui lui donnera l’impulsion première. Pour Delafosse et Rivet, deux ethnologues que Senghor admirait, le ressenti, la sensation, l’instinct et l’intuition font encore partie de la saisie ethnographique. Lorsque Delafosse s’intéresse à l’âme nègre, il ne pense pas seulement aux Dogon ou aux Malinke, irrémédiablement courbés dans la glèbe, à retourner la terre de leurs ancêtres, brûlant sacrifices et vers

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