La vengeance des terres rares
192 pages
Français

La vengeance des terres rares , livre ebook

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192 pages
Français

Description

Revenu en visite chez lui au Kivu, cette province particulièrement troublée du Congo, un géologue apprend de curieuses choses sur une importante concession minière chinoise au fonctionnement très inquiétant. Le pays bruisse de rumeurs à propose de l'eistence d'un véritable camp de travail, sécurisé au moyen d'une milice redoutablement efficace. Que se passe-t-il donc réellement dans cette véritable forteresse dont on sait seulement qu'elle abrite un gisement très important de ces dix-sept métaux nommés terres rares et dont les nouvelles technologies sont si friandes?

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Publié par
Date de parution 01 novembre 2011
Nombre de lectures 55
EAN13 9782296472419
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La vengeance des terres rares
Marcel Cassou
La vengeance des terres rares
au cœur d’unemystérieuse concession chinoise au Congo
L±Harmattan
© L’HARMATTAN, 2011 5-7, rue de lÉcole-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56601-9 EAN : 9782296566019
Lecteurs, si vous croyezàlavenir de lHomme, rappelez vous
MaoTsetoung, qui créa un régime politique implacable, mais pas infaillible,
Mobutu Sese Sekoet ses successeurs, qui pillèrent leur pays sans vergogne,
mais continuezàespérer.
Du même auteur :
Le Transsaharien, léchec sanglant des missions Flatters, LHarmattan, 2005
Yellow Cake,Société des écrivains, 2006
Feu nucléaire sur lIran,LHarmattan, 2008
Nuclear fire over Iran,Booksurge (USA), 2009
Denise, Paul, Suzanne et les autres,Editions Pétrarque, 2009
Sur les routes de la faim, comment survivre au Sahel ? LHarmattan, 2011
Otages au Mali(réédition deYellow Cake),Sté des écrivains, 2011
Chapitre 1
Hu Zheng avait cinquante ans. Il était grand, assez corpulent. Ses pommettes légèrement rebondies étaient bronzées, comme souvent pour les personnes originaires de la Province du Hubei. Il était né dans les faubourgs de Wuhan qui,àlépoque, nétait pas encore la grande ville industrielle quelle était devenue depuis. Mais en fait il avait grandiàPékin, oùil avait effectué toutes ses études. Assisàlarrière de sa voiture de fonction, il regardait dun air distrait les immeubles du Pékin moderne, quil naimait absolument pas. Il avait pensé quaprès les jeux Olympiques de 2008, voilàdonc deux ans, le développement de la ville aurait marqué une pause, mais il nen avait rien été. Oùdonc était le temps où, avec son père, professeur de géologie, il allait se promener le dimanche dans Wangfujing, la grande artère commerçIl ne restait rienante ? des boutiques dalors, toutes remplacées par de superbes magasins des plus grandes marques mondiales de la mode. Quon était loin du monde de son enfance ! Hu était lun des dirigeants les plus respectés de la China Mining Corporation (CMC). De brillantes études secondaires, puis supérieures en géologie, lavaient amenéàmarcher sur les traces de son père. Mais autant ce dernier ne jurait que par la Chine éternelle et lardente obligation de respecter et faire vivre le communisme qui, selon lui, avait libéré le peuple, autant son fils, tout en respectant ces principes, y avait ajouté une touche internationale. Le monde hors de la Chine lintéressait aussi. Il sétait donc passionné pour les langues étrangères et parlait couramment le japonais, langlais et un peu le français. Il était«exportable » et, sans se porter volontaire, ce qui eût été mal vu et critiquable, il avait accepté toutes les missionsàlétranger qui lui avaient été proposées. Les rapports quil avait écrits étaient des modèles danalyse, de précision et douverture, car il savait toujours, avec des mots bien choisis, souligner les intérêts quaurait la Chineàdévelopper déventuelles coopérations avec les pays quil avait visités. Sa réputation, son dévouement au système, sa conduite intransigeante avaient des contreparties. Il ne réclamait pas grand-chose, mais ses demandes étaient généralement satisfaites. Il avait pu ainsi conserver lappartement de ses parents situé au sud de la place Tien An Men. Limmeuble, construit dans les années 60, nétait guère beau. Il ny avait même pas dascenseur et lélectricité navait été installée dans
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les cages descalier que depuis une dizaine dannées. Mais il avait été élevé làet en conservait de tels souvenirs quil avait tenuàle garder. Il avait aménagé la salle de séjour en un grand bureau, avec une immense bibliothèque oùse côtoyaient livres sur la Chine, rapports scientifiques et études sur certains pays. Quand il était envoyé en missionàlétranger, il étudiait toujours soigneusement le pays de destination. Certains de ses collègues se laissaient prendre complètement en charge et se concentraient entièrement sur les aspects techniques et scientifiques de la mission, mais Hu en voulait davantage : il avait besoin de connaître, au moins dans ses grandes lignes, lhistoire passée et récente du pays. Une fois sur place il nhésitait pasàsortir dans les villes ou villages pour«renifler » le pays, emmagasiner des images, lier conversation avec les autochtones. Il se disait :«Je menrichis ». Arrivé au pied de son immeuble, il se fit aider par son chauffeur pour monter deux cartons emplis de documents. Il les déposa dans un coin de son bureau.«Viens me chercher après-demainà» lui dit-il avant de10 heures refermer la porte de lappartement. Il ouvrit les cartons et en sortit plusieurs livres et classeurs, quil posa sur une table dans un ordre précis. Son appartement était ancien mais il lavait équipé de manière moderne : télé grand écran, ordinateur avec connexion internet haut débit, réfrigérateur américain, cuisineàla mode. Cétait sa thébaïde. Quand il devait partir en mission, il sy retirait pour parfaire sa connaissance du pays de destination. Il laissait son épouse, professeur de géographie spécialiste de lAfrique, et leurs deux enfants (elle et lui, enfants uniques, avaient été autorisés légalementàavoir deux enfants) dans leur appartement officiel situé au nord de Pékin, près de la Porte du Tambour. Il se concentrait alors sur son travail, ne marquant des pauses que pour boire du thé au jasmin tout en regardant un CD de hockey sur glace, sport quil avait pratiqué avec fougue dans sa jeunesse. Il jeta un coup d’œil rapide sur ses prochaines lectures : un panorama aussi complet que possible sur la République Démocratique du Congo avec son histoire, ses richesses minières, ses guerres inter-ethniesToute cette documentation avait été rassemblée par son épouse, aidée par plusieurs étudiants. Une partie importante était consacréeàla province du Kivu et aux relations de celle-ci avec les pays voisins : Ouganda, Rwanda et Burundi. Cest au Kivu quil devait bientôt se rendre pour créer, puis diriger une très importante exploitation minière concédéeàla Chine pour trente ans minimum par le gouvernement congolais.
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Chapitre 2
Lhistoire du Congo ne lui était pas totalement inconnue car, durant la préparation du projet KMC (Kivu Mining Corporation), il avait déjàappris beaucoup de choses. Mais son esprit, froid et méthodique, exigeait que tout soit bien mis en ordre. Il se connaissait et savait que tout ce quil lirait, calmement, resterait gravé pour longtemps en lui. Cest pour cela quil était venu senfermer dans son appartement-bureau-retraite. Il prit délicatement le premier classeur : Histoire de la République Démocratique du Congo. La couverture verte était-elle le symbole de la forêt vierge oùil était destinéàvivre plusieurs années ? Le document commençait par un rappel de la découverte du pays et donc de la vie et desœuvres de David Livingstone. Enfant pauvre, né en 1813, ses excellents résultats scolaires lui permirent dobtenir une bourse qui finança, àlUniversité de Glasgow, ses études de théologie et de médecine. Médecin et missionnaire, il fut envoyé en 1840 dans la région du Cap, en Afrique du Sud. Il se lança dans une vaste exploration du sud de lAfrique. En 1855, tentant la traversée Ouest-Est de ce continent, il découvrit les chutes du Zambèze, quil baptisa Chutes Victoria, du nom de sa reine. Il atteignit lOcéan Indien en mai 1856. Reçu en hérosàLondres, il y publia le compte-rendu de ses pérégrinations (Missionary Travels and Researches in South Africa) puis repartit poursuivre ses explorations. Sa femme, qui lavait accompagné plusieurs fois, y mourut de la malaria en 1862. Arrivé à ce point, Hu prend un petit carnetàcouverture rouge oùil note lessentiel des questionsàétudier ou résoudre avant son départ et il y inscrit ;: maladies tropicales vérifier ce qui a été envisagé ; contrôler la pharmacie de bord. Livingstone se mit alors en quête des sources du Nil mais, maladeàson tour, abandonné par ses porteurs, il se retira sur les bords du lac Tanganyika. On nentendit plus parler de lui. Sétait-il perdu ? ou même était-il mort ?
Cest alors quentra en jeu John Rowlands. Enfant naturel né en 1841, il embarquaà17 ans pour les Etats-Unis. Adopté par un commerçant de la Nouvelle Orléans nommé Stanley, il en adopta le nom pour sappeler Henry Morton Stanley. Pendant six ans il mena une existence de soldat et de journaliste. Informateur de plusieurs journaux, il rédigea des articles enflammés, parfois sur des batailles imaginaires. Il se fit ainsi remarquer par James Gordon Bennett, 9
éditeur du journalàsensations New York Herald, qui le recruta comme Grand Reporter. Envoyé en Abyssinie, en Egypte, il se trouvait en Espagne quand il reçut (légende ? vérité ?) un télégramme de Gordon Bennett lui disant :«Tirez mille livres, et quand vous les aurez dépensées, tirez-en mille autres, et quand il nen restera rien, tirez-en encore mille de plus, et ainsi de suite, mais trouvez Livingstone ! » A la tête dune expédition de 190 hommes, Stanley quitta Zanzibar en janvier 1871 pour gagner le lac Tanganyika, dernière destination connue de David Livingstone. A-t-il été aidé, comme le suggèrent certaines sources, par Tippo Tipo, commerçant qui connaissait bien cette partie dAfrique mais aussi marchand desclaves ? Peu importe puisque le 10 novembre 1871 Stanley retrouva LivingstoneàUjiji et lanecdote (réelle ? inventée ?) de leur rencontre est restée célèbre :«Doctor Livingstone, I presume ? »«Yes, that is my name. » Stanley rentra ensuiteàLondres oùson livre«Comment jai retrouvé Livingstone » devint rapidement un best-seller. Livingstone préféra rester sur place.Épuisé par la dysenterie, il y er mourut le 1 mai 1873. Stanley, après ses succès londoniens, poursuivit ses explorations. Il quitta Zanzibar en novembre 1874 pour tenter la traversée Est-Ouest du bassin du Congo, quil mit trois ansàréussir. A son retour en Europe, il fut contactéàMarseille par des émissaires du Roi des Belges, Léopold II, qui lui demandèrent son aide pour créer un Etat sur le bassin du Congo. Il accepta et sy consacra jusqu’àla Conférence de Berlin de 1885, qui définit les règles de la colonisation et partagea lAfrique entre les grandes puissances de lépoque, Léopold II recevant le bassin du Congo. Anobli en 1899, il mourut en 1904. Hu connaissait déjàcette histoire dans ses grandes lignes. Aurait-il eu le courage de saventurer seul, avec quelques porteurs dont il ne pratiquait pas la langue, dans une jungle hostile pour découvrir un monde inconnu ? Sa réponse intime était non. Eduqué dans une société rigide oùtout était codifié dans le respect des paroles du Grand Timonier Mao, puis de ses successeurs, il naurait pas su dominer lincertitude de chaque instant, de chaque pas en avant pour découvrir, analyser, puis maîtriser et, disons le, coloniser une région inconnue. Pour lui, ce fut la supériorité des Blancs dy parvenir. Mais il leur avait fallu deux cents ans pour y parvenir avant que tout ne sécroule rapidement. Les temps avaient changé. La Chine, aujourdhui, pouvait assurer un leadership mondial, non par les armes et le sang, mais par la science et lindustrie. 10
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