Le buveur d'aube rouge

Max Moreau

Description

Paul Plante, Luc de son nom de guerre, fut à la fois un grand pilote de l'Armée de l'Air française, une puissante figure de la Résistance, un organisateur du contre-espionnage au BCRA (Bureau Central de Renseignement et d'Action) à Londres pendant la Deuxième Guerre mondiale, et un explorateur des Missions Polaires Paul-Emile Victor. Baroudeur impénitent, risque-tout permanent, il fut de toutes les opérations clandestines de parachutage... Laissez-vous emporter par ce récit, qui mêle exploits guerriers, sensualité, satire, entrechoc des pouvoirs, ainsi que pièges, peine et douleur.

Sujets

• Romans
• Littérature
• Nouvelles
• Harmattan Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 février 2010
• Nombre de lectures: 48
• EAN13: 9782296932395
• Langue: Français

Extrait

Le buveur d’aube rouge
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
[e-mail]
[e-mail]

ISBN : 978-2-296-11109-7
EAN : 9782296111097

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
MAX MOREAU


Le buveur d’aube rouge

Roman
DU MÊME AUTEUR


Le management pratique de l’entreprise , Editions Economica.
Prix du meilleur ouvrage économique. FFF 79

La maîtrise de l’énergie, Editions Economica.

L’économie de la Polyénergie, Editions Economica. Prix Sadi-Carnot, prix de l’Energie. Energie : Guide Pratique en cent questions, Editions Economica.

L’Embauchoir . Cent vingt réponses au plein emploi , Editions L’Harmattan.

La mousse bleue, Roman, Editions Le Luy de France.

Télescopages, Essai, Editions Atlantica.

Une brassée de roses-thé, roman, Editions Atlantica.

L’audace écarlate, roman, Editions du Compas.

Le révolté de Blagnac, roman. Editions Atlantica

Sixième B, roman. Editions Atlantica

Les choux de Bruxelles, roman. Editions Atlantica.

Le clandestin du Mato Grosso, roman, Editions L’Harmattan.

L’économie hybride pratique , Editions L’Harmattan

Chroniques
La Gestion prévisionnelle de l’entreprise. C.J.P.
La Productivité du bâtiment. Batibat. F.N.B.
Un Manager efficace pour une entreprise performante.
La Maîtrise du Temps, source de performance.
La Formation de la maintenance dans l’Hôtellerie.
Le Marketing des Economies d’énergie.
Incendies : l’Expert spécialiste ou généraliste ?
Internet : moteur ou frein au Management performant ?
Les enjeux économiques français à l’aube du millénaire.
Réceptions Académie Béam Thierry Moulonguet, Jean Poulit.

Nouvelles
Gazon pervers. Golf européen.
Mirages. Escales d’auteurs. ACCOR.
Avertissement
Que la famille de Luc aux coutumes matriarcales, que Jeanne et Geneviève, douces compagnes gardiennes de mémoire, amies bienfaisantes des regains de lassitude et de mélancolie, me pardonnent certaines libertés romanesques prises avec l’Histoire de la Résistance.

Sans détrousser les secrets du passé, ni cambrioler leurs vies couturées d’aventures, j’ai voulu humblement rendre hommage à la vertu et au courage héroïques de deux clandestins du BCRA*, qui, bannissant l’oppression en doublant le cap du danger, nous offrirent la liberté.
Distinguer leurs trajectoires, c’est en somme les unir dans la Résistance. Ils m’honoraient de leur confiance et de leur amitié.

BCRA. : Bureau Central de Renseignements et d’Action, c’est-à-dire les Services secrets français à Londres.
Avertissement au lecteur


En dehors de personnages publics de pure convention, il est possible que des personnes actuellement vivantes soient confondues, à tort, avec des héros du récit.
Ces ressemblances sont hasard ou coïncidences et ne sauraient en aucun cas engager la responsabilité de l’auteur qui a voulu faire oeuvre d’imagination…
Personnages du roman Le buveur d’aube rouge
Pierre ALAMAND. Mosca, ami de collège de Luc.
Georges ARON. Alias Georges AMELIN, Georgy, Résistant des Forces Françaises Combattantes.
Julien BAREILLE. Négociant, ami de jeunesse de Paul.
Francis BARRE. Chef de la base Port-aux-Français.
John CADWELL. Scientifique australien.
Jean CARAYON. Cartographe.
Alister CARLING. Directeur de l’Intelligence Service.
Sven CHRISTENSEN. Cartographe danois.
Elisabeth de RICHECOURT. Secrétaire de Georgy au BCRA
Maureen FOX. Auxiliaire britannique.
Ashley GLOSE. Correspondant de l’intelligence Service.
Patrice LABAT. Ami d’enfance de Luc.
Alexis LABORDE. Alias Antoine LHERMINE, le résistant.
Daisy MAC DOWELL. Auxiliaire britannique.
Père Jean MENU. Aumônier de la Mission polaire.
André MIGOT. Médecin biologiste de la Mission polaire.
Père BIE. Instituteur de Luc.
LUC PELTIER, alias Paul PLANTE, explorateur, résistant, ami de l’auteur.
Jean POUMAREDE. Inspecteur des Impôts, résistant.
Jacques SHAMBER. Jeune résistant alsacien.
Julien TOUZET. Député, ami d’enfance de Paul.
Paul-Emile VICTOR. Explorateur, chef des Missions polaires françaises.
1. Iles de la désolation
« C’était au cours d’un long hivernage… »


Port-aux-Français, octobre 1952.
Clignant des yeux, Paul scruta l’horizon. Assailli par une brusque tempête, le ciel azur blêmit. Un rideau d’étain brumeux obstrua les lignes paisibles du panorama qui, soudain, s’agita comme ballotté par un souffle impétueux. Les larges échancrures triangulaires des fjords bistre et cireux qui mordaient la côte, le rivage torturé de la Baie du Morbihan baigné d’une laiteuse clarté, s’estompèrent dans les gris noirs de l’ouragan.
Fardé de neige, le cône volcanique du Wyville Thomson, qui évoquait le Fuji-Yama, se fondit dans le brouillard givrant des Kerguelen. L’océan Indien rugissait au fond du golfe, déchirant les tympans de grondements arythmiques.
Les tôles d’acier des baraquements préfabriqués grinçaient aigrement, les abris en bois tremblaient et gémissaient, les pylônes, les poulies et les câbles électriques de la station de Port-aux-Français piaulaient, chuintaient et sifflaient.

Paul inspirait les odeurs d’iode et les parfums de varech et son esprit voyageait dans les fumeries d’opium qu’il avait connues au Vietnam. Soudain, un rideau de flocons laiteux masqua l’horizon et poudra la base d’un linceul glacé. Le fougueux vent marin se déchaînait, écumait la mer, bramait, rugissait, hurlait, blessant l’ouïe, submergeant tout sur son passage : un vibrato endiablé qui chatouillait ses tympans. L’ouragan soufflait sans interruption, grondant un brouhaha dissonant qui, par ses combinaisons musicales, faisait vibrer sa troisième oreille, celle de l’intérieur, au tréfonds de lui-même.
Quel cochon de temps, grogna Paul. Et dire que chez moi l’été bleuté de la Saint-Martin rouille les forêts.

Ces brusques caprices climatiques qui acculaient à la claustration et à l’inactivité n’affectaient nullement la sensibilité de Paul Plante, solide Gascon météorologiste de la base scientifique permanente, un garçon qui avait révoqué pessimisme ou nostalgie et saisissait cette stagnation pour ressentir un immense désir de solitude. Brûlé d’ardeur pour tromper son impatience qui surgissait du magma, affranchi de l’influence hiérarchique, solitaire, libre, indépendant pour accomplir sa mission qui consistait à ériger une station météorologique dans les cinquantièmes hurlants au profit de la ligne Le Cap – Melbourne, il goûtait cette douceur rustique.
Aux antipodes de l’agitation stérile, dans l’immobilité, l’isolement de l’absence et de l’exil propice à la solitude de l’esprit, il rêvait éveillé parmi les remous de la vie où rayonnait l’indulgence. C’était un tête-à-tête avec lui-même, une retraite de l’âme, un repli hors du temps dans ses compartiments intimes, une introspection attentive, une descente en lui-même pour recueillir des images qui flottaient, des chimères à peine écloses, des liserés d’écumes de rêveries. Sollicité par une foultitude de questions, assailli de souvenirs qui jaillissaient de l’oubli, il répondait par un sourire en haussant les épaules. Flegmatique, résigné à une retraite austère, il s’affranchissait des vicissitudes de la vie dans cette thébaïde de solitude.
C’était l’extase de l’ermite, la possession charnelle des mystères de l’existence. Jeunesse portée en bandoulière, son âme lumineuse éclaircissait les flots noirâtres et son cœur s’y dissolvait dans un embrasement des sens.
Entre deux gros nuages laiteux qui s’effilochaient en charpie, la lune inclinait sa face blafarde et son pinceau lumineux caressait l’Anse aux Baleines. Des myriades d’étoiles vacillaient. Paul tendit l’oreille : pas le moindre murmure, le plus infime écho témoin du fracas initial, dans la nuit étale où le calme régnait à nouveau. Son regard glissait sur le zodiaque, l’univers dilaté, les spirales de galaxies elliptiques ou hélicoïdales, l’expansion de l’espace-temps, les explosions stellaires, les dispersions incandescentes, les tourbillons cosmiques engloutis par les trous noirs, à la quête de ce grand vacarme inintelligible.
Prospecter ces mystérieuses sources de vie à des millions d’années-lumière, était-ce bien le destin dominateur des hommes ? Régénérer les races, était-ce aussi celui de la mer rédempt