Le captif de Mabrouka
150 pages
Français

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Le captif de Mabrouka , livre ebook

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150 pages
Français

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Description

Avec l'âge, il est des êtres qui deviennent plus sensibles à la question de leurs racines. Pour Richard, cette obsession se transforme presque en besoin. A cinquante ans, malgré la résistance de sa femme Colette, il débarque dans la petite ville du sud marocain où il a vu le jour. Là, le vieux Charjane lui révèle le secret de Mabrouka, Richard découvre les mystères du Maroc dont il a toujours rêvé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 155
EAN13 9782296936232
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Captif de Mabrouka
Lettres du monde arabe
Collection dirigée par Maguy Albet
et Emmanuelle Moysan


Wajih RAYYAN, De Jordanie en Flandre. Ombres et lumières d’une vie ailleurs, 2010.
Mustapha KHARMOUDI, La Saison des Figues, 2010.
Haytam ANDALOUSSY, Le pain de l’amertume, 2010.
Halima BEN HADDOU, L’Orgueil du père, 2010.
Amir TAGELSIR, Le Parfum français, 2010.
Ahmed ISMAÏLI, Dialogue au bout de la nuit, 2010.
Mohamed BOUKACI, Le Transfuge, 2009.
Hocéïn FARAJ, Les dauphins jouent et gagnent, 2009.
Mohammed TALBI, Rêves brûlés, 2009.
Karim JAAFAR, Le calame et l’esprit, 2009.
Mustapha KHARMOUDI, Ô Besançon. Une jeunesse 70, 2009.
Abubaker BAGADER, Par-delà les dunes, 2009.
Mounir FERRAM, Les Racines de l’espoir, 2009.


Dernières parutions dans la collection écritures arabes


N° 232 El Hassane AÏT MOH, Le thé n’aplus la même saveur , 2009.
N° 231 Falih Mahdi, Embrasser les fleurs de l’enfer , 2008.
N° 230 Bouthaïna AZAMI, Fiction d’un deuil , 2008.
N° 229 Mohamed LAZGHAB, Le Bâton de Moïse , 2008.
N° 228 Walik RAOUF, Le prophète muet , 2008.
N° 227 Yanna DIMANE, La vallée des braves , 2008.
N° 226 Dahri HAMDAOUI, Si mon pays m’était conté, 2008.
N° 225 Falih MAHDI, Exode de lumière , 2007.
N° 224 Antonio ABAD, Quebdani , 2007.
N° 223 Raja SAKKA, La réunion de Famille , 2007.
El Hassane AÏT MOH


Le Captif de Mabrouka

Roman
Du même auteur

Le thé n’a plus la même saveur , L’Harmattan, 2009.


© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12655-8
EAN : 9782296126558

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Et je sais les prestiges et le pouvoir sournois de ce pays, la façon dont il retient ceux qui s’y attardent, dont il les immobilise, les prive d’abord de questions et les endort…

Albert Camus
1 Terre natale
Au loin, sur les bords de la route déserte s’agitait fébrilement une silhouette vague. Quelle est cette étrange forme noire aux contours indéfinissables ? marmonnai-je en essuyant du dos de la main quelques gouttelettes de sueur formées sur mon front. Colette me considéra d’un regard faussement naïf, ajusta ses lu nettes puis scruta longuement le point noir ondulant comme une menace à l’horizon. Ses yeux exorbités me troublèrent. Et sans dire un mot, elle continua machinalement à éplucher son Guide du routard. Et lorsque Colette ne disait mot, lorsqu’elle se contentait seulement d’un regard comme celui-là même qu’elle venait de me lancer c’est qu’elle m’en voulait. D’habitude la signification dont étaient chargés ces regards persécuteurs demeura pour moi obscure jusqu’à ce qu’elle se décidât enfin à leur donner sens avec des mots éclairants.
Depuis que nous avions quitté cette maudite ville de Zagora où, pour des raisons futiles, nous eûmes des échanges à la limite de l’incivilité, aucun événement qui méritait d’être relaté n’advint. La route sur laquelle avançait lentement notre Logan de location était monotone et poussiéreuse. Hormis les flots de sable qui l’envahissaient par endroits, elle ne présentait aucun signe de vie.
Nos vacances dans ce lieu perdu n’étaient pas vraiment des vacances au sens commun du terme. « C’est une folie », répétait sans cesse Colette qui se demandait dans quel pétrin j’allais encore la conduire.
Au loin s’agitait toujours le point noir. Elle ne le quittait plus des yeux. Ce fut son nouveau centre d’intérêt. Et tandis qu’elle débitait savamment les mêmes remarques, moi j’étais plongé dans mes rêveries incessantes. Toute ma vie, l’idée de retrouver ma terre natale me hantait. Elle devenait avec l’âge presque une obsession mais le passage à l’acte a toujours été contrarié, non seulement par les vicissitudes de la vie, mais surtout par la phobie du voyage qui envenimait la vie de Colette et dont elle n’a jamais pu se débarrasser.
A l’horizon, se dressaient à travers un léger voile brumeux les montagnes de l’Atlas.
C’est là apparemment, lançai-je à Colette à moitié endormie, quelque part derrière ces sommets arides.
J’appréhendais un peu cette rencontre avec ce lieu. Mais c’était une idée qui a depuis longtemps germé dans ma tête et dont je n’ai jamais pu me défaire. Depuis que j’ai commencé à prendre conscience du parcours accidenté de ma vie, l’idée de me rendre dans cet endroit-là ne me quittait plus et j’ai vécu avec la conviction qu’un jour je partirais. Plus qu’un désir, c’était presque un besoin qui grandissait en moi à mesure que j’avançais dans l’âge. A présent, j’ai dépassé la cinquantaine, et c’est l’âge où la conscience aiguë de la brièveté de la vie commençait à devenir persistante avec ce sentiment accablant d’être mortel. Et avant de partir, on aimerait voir se réaliser une envie comme un dernier vœu avec cette illusion qu’on pourra enfin mourir tranquillement sans regrets ni remords.
Qu’est-ce qui se profile à l’horizon, lançai-je indifférent à Colette, est-ce une personne ?
C’est une personne, dit-elle, un homme certainement.
Le soleil en maître absolu des lieux déversait ses rayons brûlants sur la vallée noyée dans son silence éternel. J’eus l’impression de remonter le temps, de retomber dans mon enfance. Comme si soudain mes cinquante années de vie s’évaporaient devant ce lieu que je n’avais jamais connu et qui était pourtant le point de départ de mon existence. J’étais sur le point de découvrir le passé préhistorique de ma vie en m’approchant de ce lieu devenu presque mythique.
De plus en plus, la silhouette se précisait à travers l’épais nuage d’une tempête de sable. C’était un vieil homme engoncé dans sa djellaba noire, courbé sous le poids d’un sac qu’il portait sur son dos. De temps en temps, il titubait à force d’agiter sa main en direction de la voiture. Mû par un vague sentiment de pitié envers l’homme, je ralentis la voiture, je m’apprêtai à m’arrêter quand soudain, contrarié par l’opposition de ma femme, je repris ma vitesse normale préférant continuer la route faute de consensus avec Colette prise de panique.
Et si on tombait sur un criminel, hurla-t-elle. Hein ? Oui un criminel qui se fait passer pour un vieil homme fatigué et pitoyable ?
Quelques mètres plus loin, j’ai arrêté la voiture. Comment pourrais-je laisser ce pauvre vieil homme seul dans ce coin perdu ?
Tu vois bien, dis-je à Colette, que c’est un vieil homme incapable de faire du mal à une mouche.
A une mouche, oui, répondit-elle narquoise, mais à des humains comme nous, je n’en suis pas si sûre…
Aie pitié, regarde cet énorme sac qu’il porte sur son dos. Il doit être fatigué le pauvre, arguai-je.
C’est peut être un piège…
Tu ne connais peut-être pas les hommes de ces montagnes. Ce sont des gens pieux qui respectent encore à la lettre les enseignements des livres sacrés, leurs esprits sont vierges de toute corruption.
Richard, dit-elle en prolongeant excessivement le a de mon prénom pour marquer sa désapprobation. Rêveur tu es, rêveur tu resteras… Ce qui est écrit dans les livres n’est pas forcément ce que sont ceux qui s’en réclament.
Non mais c’est la vérité, tentai-je de justifier, les gens d’ici sont encore gouvernés par l’autorité morale que nous autres Occidentaux avions perdue. Elle les empêche de faire du mal à leurs semblables. Ce sont de bons religieux.
Lorsque Colette ne répondait plus, c’est que j’ai encore remporté une bataille. Mais ce n’était souvent que partie remise.
Je fis marche arrière. L’homme incrédule, agitait encore ses bras, se baissa, et d’une voix enrouée il grommela quelques mots incompréhensibles. J’ai compris qu’il se plaignait de la longue attente dans ce lieu perdu, puis il me demanda si nous pouvions l’amener jusqu’à Ouarzazate. Il peinait à garder son équilibre. Il titubait comme s’il était ivre. Je descendis aussitôt et lui ouvrit la portière. L’homme dont le visage se dissimulait dans une immense barbe noire s’affala sur la banquette arrière et se mura longtemps dans un silence profond. Le flamboiement du soleil couchant inondait son visage crispé d’où partaient des regards perçants qu’il promenait dans les recoins de la voiture. Peut-être a-t-il longtemps erré dans la montagne, car une forte odeur de chèvre et de thym écrasé se dégageait de sa djellaba en haillon.
Je sentis soudain une chaleur derrière

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