Le cimetière des immigrants subsahariens
138 pages
Français

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Le cimetière des immigrants subsahariens , livre ebook

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Français

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Description

L'Europe est devenue une quasi-obsession pour les jeunes africains car une légende bien entretenue soutient qu'en Europe les richesses inondent les rues et il suffit d'y être pour les ramasser. C'est ainsi que Zameyo, fonctionnnaire aigri et crédule, est embarqué, contre son gré, dans une aventure périlleuse à travers le désert du Sahara, puis dans le détroit de Gilbratar. L'expédition tourne au drame...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 33
EAN13 9782296470507
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le cimetière
des immigrants subsahariens
Écrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen

Dernières parutions

Nacrita LEP-BIBOM, Tourbillons d’émotions , 2011.
Eric DIBAS-FRANCK, Destins maudits , 2011.
Zounga BONGOLO, L’arbre aux mille feuilles , 2011.
Otitié Kiri, Comme il était au commencement , 2011.
Mamadou SY TOUNKARA, Trouble à l’ordre public , 2011.
Liss KIHINDOU, L’expression du métissage dans la littérature africaine. Cheikh Hamidou Kane, Henri Lopes et Ahmadou Kourouma , 2011.
Jacques ATANGANA ATANGANA, Les fourberies d’Essomba , 2011.
Frédéric TRAORE, La guerre des pauvres et le destin de Hassan Guibrilou. La dent de l’aïeule, tome III , 2011.
Frédéric TRAORE, Les affres de l’enfer. La dent de l’aïeule, tome II , 2011.
Frédéric TRAORE, Chassé-croisé sur Fadougou. La dent de l’aïeule, tome I , 2011.
Lulla Alain ILUNGA, La gestion du pouvoir , 2011.
Esther GAUBERT, Brukina, rose du désert , 2011.
Marcel KING JO 1 er , Tina ou le drame de l’espèce humaine , 2011.
Aboubacar Eros SISSOKO, La Tourmente. Les aventures d’un circoncis , 2011.
Robert DUSSEY, Une comédie sous les tropiques , 2011.
Alexis KALUNGA, Vivre l’asile , 2011.
Nenay QUANSOI, Souvenir d’un jeune Africain en Guinée et en Tunisie , 2011.
Nadine BARI et Laby CAMARA, L’Enfant de Xéno , 2011.
Aboubacar Eros SISSOKO, Une mort temporaire , 2011.
Édouard Elvis BVOUMA, L’amère patrie. Nouvelles , 2011.
Roger FODJO, Les Poubelles du palais , 2011.
Jean FROGER, La Targuia , 2011.
Pierre LACROIX, Au chevet de l’Afrique des éléphants. Fable , 2010.
Jeanne-Louise DJANGA, Le gâteau au foufou , 2010.
André-Hubert Onana Mfege


Le cimetière
des immigrants subsahariens


L’Harmattan
Du même auteur

Aux Editions L’Harmattan


Les Camerounais et le général de Gaulle,
2006.

Mon village, c’est le monde,
2005.

Le Cameroun et ses frontières.
Une dynamique géopolitique complexe,
2005.


© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55374-3
EAN : 9782296553743

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
« Je réalise maintenant à quel point la pauvreté peut corrompre l’homme, et à quel point le nanti a peur de sombrer. Depuis des siècles, l’homme est victime de la cupidité de ses semblables. Ah ! Cette terre des hommes ! L’histoire, comme un espion furtif, nous épie discrètement pour rendre compte fidèlement à la postérité. »
A.H. Onana Mfege, Les Impostures.
I.
Après une journée exténuante à la cellule agricole, Zameyo savourait tranquillement un mets de maïs croustillant sous la véranda de la maison familiale. De temps à autre, son regard s’arrêtait sur la concession voisine, où deux frères résidant à Madrid venaient d’entrer pour voir leurs parents.
Tous les habitants du quartier accoururent, pour les voir, et surtout célébrer leur réussite en Europe. Ils furent accueillis en triomphe. L’on se bousculait pour leur serrer la main, leur parler ou recevoir un peu d’argent.
L’aîné, Mola Sarkafa, qui avait désormais l’allure bourgeoise derrière ses petites lunettes au cadre doré, baladait sa main gauche truffée de bijoux dans une foule exaltée, tandis que son cadet, Mola Tandi, versait des pièces de monnaie et des billets de faible valeur.
Les griots vantaient allègrement leurs mérites et présageaient leur ascension vers les plus hautes sphères du monde. L’orchestre de la ville avait composé une chanson spéciale pour ces enfants prodigues que la nature ne voulait pas à un destin aussi éminent.
Nul n’avait imaginé, quelques années plus tôt, que les frères Mola pouvaient faire foule, organiser des orgies, émouvoir des âmes sensibles, provoquer des transes populaires, recevoir des éloges et la bénédiction de la collectivité.
« Le monde est formidable ! » susurra Zameyo en essuyant sa bouche du revers de la main, signe que son repas était terminé, et qu’il marquait son indifférence pour cette cérémonie, les événements et leurs acteurs.
Et pour cause, les deux frères Mola demeuraient, dans sa mémoire, des marginaux réhabilités par des réseaux occultes. Quatre années plus tôt, ils constituaient encore la racaille de la société. C’était des délinquants précoces, appréhendés à maintes reprises, incarcérés, puis remis en liberté, soit par le jeu des interventions, soit par des mécanismes d’une justice partiale.
Mola Sarkafa était, pour tout dire, un débile mental qui, au cours élémentaire, confondait toujours les chiffres et les lettres, les consonnes et les voyelles, l’addition et la soustraction. Plus encore, il confondait le dialecte local et la langue française.
S’il est vrai qu’il n’avait pas de tête, il avait néanmoins des bras et des jambes dont il se servait à bon escient, pour cambrioler des maisons ou échapper aux forces de l’ordre dans ses escapades.
Excellent pugiliste, haltérophile, il excellait dans les tâches requérant l’usage de la force physique. Toutefois il était paresseux et indolent. Plutôt que de travailler pour gagner honnêtement sa vie, il préférait passer ses journées à somnoler sur une natte, en fumant du cannabis. A la tombée de la nuit, le jeune homme nonchalant se transformait en véritable monstre sanguinaire. Il cambriolait, pillait, violait et tuait sans pitié.
Son cadet, Tandi, en revanche, était travailleur et intrépide. Mais il n’arrivait jamais à vaincre son inclination à la cleptomanie. Bon mathématicien, élève moyen, il abandonna prématurément ses études en cinquième pour faire équipe avec son frère puîné.
Aux intervalles de leurs forfaits, et dans le but d’échapper à la garde régionale, ils allaient se réfugier dans une grotte dissimulée dans la forêt sempervirente, à quelques jets de pierres du village de leurs grands-parents. Lorsque la tempête passait, ils resurgissaient avec plus de détermination.
Ils avaient même poussé très loin leur audace en réussissant un braquage chez le chef de la garde régionale, qui était alors le fonctionnaire le plus influent de la ville. Ils emportèrent des objets de valeur et une importante somme d’argent. Le haut fonctionnaire, très furieux de cette humiliation, jura d’en découdre avec ces terribles bandits.
Dans leur cavale presque sans issue, les deux frères se retrouvèrent mystérieusement à Madrid, alors que les médias avaient annoncé leur fusillade près de leur refuge habituel. Cela se passait, il y avait exactement quatre années.
Et voilà que les enfants terribles revenaient triomphalement au pays natal, affables comme des anges, riches et blanchis de cette triste renommée. A la vérité, leur réussite faisait rêver et leur parcours, pour le moins atypique, réveilla, en Zameyo, un vieux projet longtemps abandonné, celui d’aller faire fortune en Europe. Comme une fièvre subite et violente, cette idée se mit à bouillonner dans sa tête. Dans son entourage, les gens affirmaient qu’en Europe, il y avait tellement d’argent qu’il inondait les banques. Il était facile de devenir millionnaire, comme par enchantement. On respirait l’air conditionné au parfum divin. C’était presque l’antichambre du paradis où il n’y avait ni pauvreté, ni injustice, ni souffrance et ni aigreur. Et ce soir-là, Zameyo prit la ferme résolution d’aller en Europe coûte que coûte.
« Dans quelques années, je serai moi aussi accueilli comme un roi » se dit-il en esquissant enfin un sourire.
Ses yeux se mirent aussitôt à scintiller de félicité, car il se projetait déjà, comme bon nombre de concitoyens, sortis des ghettos tropicaux, juché sur un immeuble à Barça, Madrid ou Porto, en nageant dans l’euphorie matérielle, comme dans un conte de fées. Barça ou l’Europe tout court, à force d’y songer, les plaies du passé commençaient à se cicatriser les unes après les autres.
Durant leur séjour au pays, les frères Mola passaient l’essentiel de leur temps dans les safaris ou menaient des excursions orgiaques en montagnes. Aussi, fréquentaient-ils les milieux les plus huppés de la ville.
Leurs cousins, amis et même des hauts fonctionnaires les courtisaient. Leur dispositif de sécurité atteignait une dizaine d’individus armés et très nerveux. Certains traînaient de grosses serviettes qui, disait-on, contenaient des sommes faramineuses, des lingots d’or et de diamant, tandis que d

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