Le décadentisme grec, une esthétique de la déformation
192 pages
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Le décadentisme grec, une esthétique de la déformation , livre ebook

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Description

LE DÉCADENTISME GREC, UNE ESTHÉTIQUE DE LA DÉFORMATION O L'Harmattan , 1997 ISBN : 2-7384-5319-8 Renée-Paule Debaisieux LE DÉCADENTISME GREC, UNE ESTHÉTIQUE DE LA DÉFORMATION Editions L'Harmattan L'Harmattan INC 5-7 rue de 1'Ecole Polytechnique 55, rue Saint Jacques 75005 Paris Montréal (Qc) Canada H2Y Du même auteur, chez le même éditeur : Le soupçon et l'amertume dans le roman grec moderne (1880-1922), 1992. Le Décadentisme grec dans les oeuvres en prose (1894-1912), Collection "Etudes grecques", 1995. Avertissement La présente étude sur l'esthétique décadente complète le précédent ouvrage, Le Décadentisme grec (1894-1912), axé sur la thématique de ce courant littéraire. Comme dans ce dernier, et pour la commodité du lecteur non helléniste, les titres des ouvrages et les citations ont été traduits par l'auteur et figurent en français dans le texte. Exception faite en effet pour le roman de Kazandzakis, Serpent et lys, pour celui de Théotokis, Apelle, et pour Le Livre de l'impératrice Elisabeth de Christomanos (traduit de l'allemand en 1900, sous le titre Elizabeth de Bavière, impératrice d'Autriche), aucun texte du décadentisme grec n'a fait l'objet d'une publication en français. Le lecteur trouvera néanmoins, à la fin du volume, le texte grec des citations figurant dans les chapitres du présent ouvrage, ainsi que, dans la bibliographie, les titres originaux des oeuvres en regard des titres traduits.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1997
Nombre de lectures 28
EAN13 9782296338753
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE DÉCADENTISME GREC,
UNE ESTHÉTIQUE DE LA
DÉFORMATION O L'Harmattan , 1997
ISBN : 2-7384-5319-8


Renée-Paule Debaisieux
LE DÉCADENTISME GREC,
UNE ESTHÉTIQUE
DE LA DÉFORMATION
Editions L'Harmattan L'Harmattan INC
5-7 rue de 1'Ecole Polytechnique 55, rue Saint Jacques
75005 Paris Montréal (Qc) Canada H2Y Du même auteur, chez le même éditeur :
Le soupçon et l'amertume dans le roman grec moderne (1880-1922),
1992.
Le Décadentisme grec dans les oeuvres en prose (1894-1912),
Collection "Etudes grecques", 1995. Avertissement
La présente étude sur l'esthétique décadente complète
le précédent ouvrage, Le Décadentisme grec (1894-1912),
axé sur la thématique de ce courant littéraire.
Comme dans ce dernier, et pour la commodité du
lecteur non helléniste, les titres des ouvrages et les citations
ont été traduits par l'auteur et figurent en français dans le
texte. Exception faite en effet pour le roman de Kazandzakis,
Serpent et lys, pour celui de Théotokis, Apelle, et pour Le
Livre de l'impératrice Elisabeth de Christomanos (traduit de
l'allemand en 1900, sous le titre Elizabeth de Bavière,
impératrice d'Autriche), aucun texte du décadentisme grec
n'a fait l'objet d'une publication en français. Le lecteur
trouvera néanmoins, à la fin du volume, le texte grec des
citations figurant dans les chapitres du présent ouvrage, ainsi
que, dans la bibliographie, les titres originaux des oeuvres en
regard des titres traduits. Il trouvera également, répartis à la
fin de chaque chapitre, en guise d'illustration, quelques brefs
extraits d'oeuvres, sous une présentation bilingue, qui lui
permettront d'approcher plus directement cette littérature
encore méconnue. Introduction
Le courant décadent (1894-1912) et le courant réaliste
(1880-1922) sont, en Grèce, en partie contemporains :
cependant que des écrivains comme Karkavitsas, Kondylakis
ou Papadiamandis continuent à produire une oeuvre sans
conteste réaliste, d'autres, dès 1894 avec Episkopopoulos,
apparaissent sur le devant de la scène littéraire avec des
oeuvres "décadentes", en rupture nette avec ce courant. Pour
ne parler que des oeuvres majeures de cette période, Le
Mendiant de Karkavitsas paraît en 1896, la plupart des
nouvelles de Papadiamandis entre 1890 et 1907, tandis que
Cantique des Cantiques d'Episkopopoulos est publié en
1900, Serpent et lys de Kazandzakis en 1906, Le Livre de
l'impératrice Elisabeth de Christomanos en 1908. D'autre
part, si le décadentisme s'éteint aux alentours de 1912 2, le
courant réaliste se perpétue, tout en se transformant, avec les
romans de Chatzopoulos et de Théotokis, la critique sociale
se doublant alors d'une mise en question des valeurs et d'une
interrogation existentielle 3 .
1. Les Grecs parlent d'Esthétisme pour nommer ce courant. Nous parlerons
quant à nous de "Décadentisme", à l'instar du courant correspondant
français.
2. On peut penser que cette extinction, due en partie à la disparition de
certains écrivains, est également causée par des facteurs événementiels :
après 1912, la gravité de la situation politique ramenait les écrivains à
prendre en compte le réel.
3. Voir R.P. Debaisieux, Le soupçon et l'amertume dans le roman grec
Paris, L'Harmattan, 1992. Sur l'évolution du genre moderne (1880-1922),
Histoire de la romanesque, on pourra aussi consulter, de Mario Vitti,
littérature grecque moderne, Paris, Hatier-Confluences, 1989, et de Henri Le décadentisme marque, nous l'avons dit, une rupture
dans la production littéraire de l'époque. Ses intentions sont
en effet en total désaccord avec les objectifs de l'idéologie
politique de la Grande Idée, dont les répercussions sur la
création littéraire trouvent leur plus claire expression dans les
mots d'ordre du concours de nouvelles lancé par la revue
Estia en 1883, mots d'ordre suivis par la plupart des
romanciers du réalisme naissant : faire du roman le chantre
des vertus de la nation grecque, décrite dans son histoire, ses
traditions et ses coutumes.
A quelques exceptions près 4, les romanciers réalistes
jusqu'en 1910 prennent pour sujet la vie des campagnes
(celle de la ville par la suite) et l'étude des mœurs 5 : si les
premiers — dans les années 80 — se livrent à la description
idyllique de la vie champêtre, les suivants — une dizaine
d'années plus tard — se penchent sur le sort des villageois,
soumis à l'aliénation des préjugés et des coutumes, dans le
but de dénoncer les injustices et d'éveiller les consciences à la
condition des opprimés. Le fossé est donc énorme entre les
aspirations des réalistes qui veulent faire du roman
l'instrument privilégié de cette dénonciation, et les objectifs
d'ordre esthétique des décadents, uniquement préoccupés de
l'exposé des vicissitudes de leur moi. Dans son article "Le
Néo-idéalisme en art", Kaklamanos oppose le décadentisme
(qu'il appelle "Néo-idéalisme") au réalisme, mis du côté du
positivisme et du matérialisme : «Si les réalistes peignent la
vie contemporaine, vivante, pittoresque, mouvante, les
néoidéalistes représentent nos propres émotions, sensations,
Histoire du roman grec, des origines à 1960, Paris, L'Harmattan, Tonnet,
1996.
4. On peut ainsi signaler La Poupée de cire, roman de Christomanos publié
en 1908 et quelques nouvelles de Papadiamandis (où l'action se passe à la
ville), ainsi que les nouvelles de Vizyinos, qui ne mettent pas en scène de
villageois.
5. Le nom d'"ithografia", qui renvoie à l'étude de moeurs, a d'ailleurs été
donné à ce courant réaliste.
10 visions, rêves» 6. Les objectifs se contredisent, d'un côté la
littérature comme peinture sociale, de l'autre la littérature
comme expression du moi. Kaklamanos prend le parti des
"néo-idéalistes" au nom de la vie de l'esprit :
«Le réalisme n'était pas capable d'être l'expression stable
de l'ensemble de la vie contemporaine. [...] L'école de Zola, qui
recherchait partout le signe de la réalité, n'a représenté qu'un
aspect de la vie : sa nudité, le manque de poésie,
l'industrialisation ravageant la société moderne, la dureté du
combat pour l'existence, la tyrannie du grand nombre — "le rude
souffle plébéien qui remplit le monde". Mais les héros de cette
école [...] n'ont pas pensé à pénétrer jusqu'aux tréfonds de ces
âmes pour peindre et représenter la vie complexe de la pensée.» 7
Derrière la condamnation feutrée, et en partie erronée,
des naturalistes qui «n'ont pas pensé à pénétrer jusqu'aux
tréfonds de ces âmes», se manifeste l'indifférence du critique
à l'égard des conditions de vie du peuple, voire un certain
mépris décelable dans les propos «le rude souffle plébéien
qui remplit le peuple». De toute évidence, le seul objet digne
d'intérêt pour Kaklamanos — et pour les écrivains du
décadentisme — est cette réalité supérieure que constitue la vie
de l'esprit. Quittant le ton mesuré de l'analyse, il se livre à
l'éloge dithyrambique des "néo-idéalistes" : «Ils sèment sur le
monde les fleurs secrètes d'une flore imaginaire. Ils y
répandent les plus subtils parfums de joie. Ils le recréent
plein de charme, de rêve, de beauté, de passion» 8 . Le réel est
donc haïssable, s'il n'est pas transfiguré par l'art. Nirvanas
abonde dans ce sens, dans le différend qui l'a opposé, en
1908, dans les colonnes de la revue Noumas, à
Chatzopouplos sur la finalité de l'art. Chatzopoulos défend la
thèse de la littérature comme arme dans le combat social,
6. Kaklamanos, "Le Néo-idéalisme en art", Panathinéa, 30 avril 1901.
7. Ibid.
8. Ibid.
11 tandis que Nirvanas refuse l'argument de «l'art comme
instrument au service de la société et [de] l'artiste comme
ap&

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