Le goût de la main dans l Oeuvre-Valéry
66 pages
Français

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Le goût de la main dans l'Oeuvre-Valéry , livre ebook

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Description

Dans cet essai, il sera question de l'idée de la main dans « l'Œuvre-Valéry », mais aussi de Madame Nicole Celeyrette-Piétri. Beaucoup la connaissent pour la finesse de ses analyses et elle reste l'une des principales figures et animatrices de la scène valéryenne. Mais surtout, avec ferveur et passion, elle a été la principale inspiratrice de l'édition intégrale des Cahiers 1894-1914 de Paul Valéry. L'auteur de cet essai, quant à lui, est avant tout un lecteur passionné de Paul Valéry qui propose une lecture, peut-être plus perspectiviste, plus variée, sur l'idée de la main dans l'Œuvre-Valéry.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782336795614
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Jean-Philippe B IEHLER





Le goût de la main dans l’Œuvre-Valéry

(Études et essais )



Préface de William Marx
écrivain, critique, professeur de littératures comparées à l’université Paris Nanterre, lauréat de l’Académie française


Illustrations : Olivier Unfer
Copyright





































© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-79561-4
Dédicace


C’est un hommage, trop peu, à Madame Nicole Celeyrette-Piétri, à la principale responsable de l’ Édition intégrale des Cahiers 1894-1914 de Paul Valéry (édition à ce jour achevée), et à l’amie, plus que chère, plus qu’aimée…
P RÉFACE LES TROIS MAINS
Les trois mains : tel est le titre d’une pièce pour clavecin de Jean-Philippe Rameau. Il n’y en a que deux, bien entendu, pour courir sur le clavier : celles du claveciniste solitaire assis sur son tabouret. Mais le morceau est conçu de telle façon qu’il donne l’illusion d’une troisième main venant s’intercaler entre les deux autres pour filer sa propre broderie autour des lignes mélodiques de la main droite et de la main gauche.
Les trois mains : ce pourrait être également le titre du présent livre, le cinquième que Jean-Philippe Biehler consacre à Valéry. Les trois mains comme « les trois corps », selon la célèbre formule de l’auteur des « Réflexions simples sur le corps », qui distingue entre le corps que je me connais (« Mon-Corps » ), celui que me voient les autres de l’extérieur, et enfin celui que connaissent les savants, analytique, découpé en tranches, examiné au microscope, organisé en un complexe système de nerfs, de fibres et de vaisseaux entremêlés.
L’analogie s’arrête ici : les trois mains de notre livre sont trois mains véritables, de même nature, mais appartenant à des possesseurs différents. Il y a d’abord la main de Jean-Philippe – non point Rameau, quoiqu’il en pût être le neveu – mais Biehler, philosophe français installé au Brésil, nourri depuis de nombreuses années par les écrits et la pensée de Valéry, sur lequel il a écrit certains des livres les plus beaux et les plus inspirés de ces dernières années.
Sa série de Tête-à-tête , en particulier, nous introduit dans son compagnonnage quotidien avec les Cahiers, l’œuvre monumentale du maître, dont il se révèle un lecteur attentif, scrupuleux et à l’admiration toujours renouvelée et ô combien légitime. Si un texte n’existe qu’en acte, comme ne cesse de le répéter Valéry, c’est-à-dire dans l’acte même de la lecture, que de vie alors en ces Cahiers lus et relus inlassablement par Biehler, ruminés et remémorés à toute occasion, à chaque rencontre, à chaque événement de la vie intérieure ! Les livres de Biehler proposent l’une des meilleures introductions possibles au monument valéryen, à son insondable richesse et à sa diversité, et ils le font d’une manière à la fois légère et émouvante, par la rencontre toujours inattendue d’une circonstance et d’une pensée. Biehler est philosophe, mais il est aussi poète : les mots lui répondent comme de vieux amis fréquentés de longue date, dans une sorte de familiarité acquise au fil de longues années. On gagne toujours à accompagner les amis des mots.
On aura compris que la deuxième main convoquée par Biehler est celle de Valéry lui-même, qui est le sujet de ce livre : Valéry écrivain et Valéry penseur. Ce n’est pas exactement la même main dans chaque cas. La main de l’écrivain tient la plume : chaque matin, elle se met au travail et court sur la page. Biehler cite abondamment les lignes qui en sortent, toujours merveilleuses.
La main du penseur, quant à elle, s’agite sous le regard curieux de son propriétaire, qui ne cesse de lui trouver des qualités et des fonctions nouvelles. Elle lui semble elle-même nouvelle, comme si elle venait par quelque miracle de la nature de se rattacher à son bras et qu’il ne l’eût encore jamais vue remuer : étonnement du philosophe. Elle se laisse complaisamment observer, décrire et dessiner sous tous les angles, elle expérimente, questionne, crée de la pensée. Elle est pensée , aux deux sens du terme : participe et substantif.
Valéry écrivit beaucoup de belles choses sur la main, il en dessina encore davantage, mais aucun livre n’avait encore été consacré à cet objet fondamental de l’interrogation valéryenne : Biehler entreprend de combler ce manque, comme il combla un autre manque dans un ouvrage précédent traitant de la présence souterraine d’Héraclite chez l’écrivain français.
Or, la main de Biehler n’atteint pas toute seule celle de Valéry : une autre main facilite l’échange et le contact, une main déjà présente, quoique de façon moins visible, dans les livres antérieurs du philosophe. Main amie, qui guide souverainement l’auteur dans les méandres de la pensée valéryenne, parce qu’elle en a une connaissance parfaite. Nicole Celeyrette-Pietri est la dédicataire de ce livre. Elle en est aussi l’inspiratrice, celle qui en a soufflé l’idée, celle qui l’anime de sa présence et de son savoir au fil des nombreux dialogues semés dans l’ouvrage, qui raconte lui-même sa propre genèse. Nicole Celeyrette-Pietri est la Diotime de ce Banquet brésilien, conduisant Socrate-Biehler au seuil des mystères non pas de l’amour (quoique…), mais de la main.
Nombre de ces dialogues maïeutiques ont lieu sur la plage, avant ou après la baignade : on perçoit aux alentours les cris des baigneurs, on fredonne The Girl of Ipanema , on hume les effluves mêlés du sel, du sable et de l’onguent solaire. Ces dialogues ont un goût de vacances, vacances du corps et de l’esprit, quand loisir est donné à la libre réflexion et au vagabondage intellectuel. L’atmosphère est pourtant moins celle de Copacabana que de L’Idée fixe ou deux hommes à la mer , ou d’ Eupalinos ou l’architecte , lorsque Socrate raconte sa découverte d’un objet improbable abandonné par les flots : le modèle valéryen émerge partout parmi ces pages. Le truchement féminin lui-même évoque un autre dialogue, L’Âme et la danse , où la danseuse Athikté concentre sur elle tous les regards.
Il faut savoir gré à Jean-Philippe Biehler d’avoir rendu un si vibrant hommage à Nicole Celeyrette-Pietri, qui anima pendant plus de trente ans la recherche française sur Valéry et lui donna certaines de ses réalisations les plus impressionnantes. C’est elle qui, au début des années 1980, avec la collaboration initiale de Judith Robinson-Valéry, lança le projet d’une édition enfin intégrale des Cahiers , dans l’intention de rendre à cette œuvre la complexité que les chercheurs n’avaient que trop tendance à vouloir réduire pour la faire entrer dans des cases commodes.
Il s’agissait – la préface du premier tome de cette édition était fort claire à ce sujet – de dater précisément la rédaction des Cahiers , d’en proposer une chronologie, de transcrire tous les passages sans exception, même les plus difficiles à déchiffrer, même ceux qui avaient été omis soit par mégarde soit à dessein par le fac-similé, de conserver et d’identifier les calculs mathématiques qui abondent en particulier dans les premiers Cahiers , de reproduire et d’interpréter les nombreux dessins et schémas qui les illustrent, de proposer un appareil critique complet, de tracer des liens entre les Cahiers et les œuvres publiées, de mettre en lumière les sources souvent dissimulées de la réflexion, d’éditer des documents inédits complémentaires – manuscrits d’œuvres inachevées, carnets intimes, agendas –, d’éclairer les passages et les allusions les plus obscurs, de proposer une mise en page et une présentation typographique la plus proche possible de la disposition de la page manuscrite.
Ce contrat ambitieux passé avec les lecteurs fut intégralement respecté et, durant la trentaine d’années qui s’écoulèrent depuis le lancement du p

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