Le Jasmin

Sabine Sellam

Description

Belle et lumineuse, animée par un insatiable appétit de l'existence et de ses richesses, la jeune Hira est une Tunisienne qui se sent à l'étroit dans sa famille et sa société. Sa splendeur et sa soif de vie, elle les paie toutefois en subissant l'indicible et en devant confier le fruit de l'ignominie à ses proches... Détruite peut-être, Hira n'en cherche toujours pas moins à s'affranchir, et c'est ainsi que grandit en elle le désir de s'expatrier en France... Là où naîtra une brûlante passion entre elle et Havy, fils de la famille juive qui l'a accueillie. Il est des héroïnes qui sont comme des flammes que l'on ne peut étouffer et qui consument tout sur leur passage. À l'instar d'Hira, figure de proue du "Jasmin", que l'on accompagne dans les méandres d'une existence qui ne veut jamais renoncer. S. Sellam retrace ainsi à travers ces pages une trajectoire féminine incandescente... sans néanmoins omettre ces thèmes phares que sont la liberté féminine, les violences qui leur sont infligées par les hommes ou les relations interconfessionnelles.

Sujets

• Voyage

Informations

• Publié par: publibook
• Date de parution: 11 octobre 2012
• Nombre de lectures: 28
• EAN13: 9782748393415
• Langue: Français

Extrait

Le Jasmin

Sabine Sellam Le Jasmin Nouvelle parfumée

Publibook

Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : [phone] IDDN.FR.010.0117797.000.R.P.2012.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2012

« Un livre est le produit d’un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices. »

Proust,Contre Sainte-Beuve

I L’histoire de nos parents nous passionne. Nous voulons à tout prix la connaître, elle nous permet de percer les se- crets de notre nature profonde. Celle que je vais te raconter s’inscrit dans la longue li- gnée des amours interdites, celles qui dépassent le poids des conventions sociales et religieuses par le bouleverse- ment et l’intensité qu’elles engendrent chez ceux qui la vivent. Mais cette histoire n’est pas issue des nombreux contes et légendes que tu as pu lire, tu te rappelles, celles qui t’ont fait rêver et peut-être sortir de ton quotidien insi- pide, elle est réelle. Alors installe-toi confortablement et laisse ton esprit pénétrer dans la vie de deux de tes semblables. Imagine-toi être une de ces ravissantes filles, une de celles capables de subjuguer n’importe quel mâle norma- lement constitué, nées comme par une erreur du destin, dans une famille d’employés tunisiens. Elle n’avait aucun moyen d’être connue, respectée, comprise et souffrait sans cesse de cette injustice. Raffinée et élégante, elle se sentait née pour tous les luxes et toutes les attentions. Mais elle n’avait rien de tout cela. Chaque fois, elle s’indignait de l’univers misérable dans lequel vivait sa famille. Malgré la propreté du loge- ment, une odeur d’oignon cuit empoisonnait l’air chaud.

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Elle, qui avait le port d’une princesse, la chevelure et les yeux d’une déesse égyptienne ne méritait pas ce sort. Elle se surprenait souvent à rêver de fastes et d’éclats. Et chaque matin lorsqu’elle se réveillait et qu’elle contem- plait la table du petit-déjeuner recouverte de plats lourds et huileux, elle songeait aux soucoupes en cristal, aux mets fins et délicatement présentés, elle rêvait de rubans rosés, de fleurs parfumées, de vêtements élégants et recherchés. Au lieu de cela, ses parents l’avaient destinée à porter de vieilles guenilles abîmées et malodorantes. À quoi lui au- raient servi de belles parures pour accomplir les taches auxquelles on l’avait destinée : la vaisselle, la lessive, les lits, toutes ces taches ingrates qui font d’une jeune femme une bonne épouse ? Il fallait apprendre à servir les hom- mes de la maison pour pouvoir un jour, comme par mimétisme, bien servir celui qui partagera son quotidien fétide et sans éclats, sûrement un homme de 20 ou 15 ans son aîné, le marchand d’épices du coin ou avec un peu de chance le propriétaire d’une sandwicherie de La Marsa. D’un naturel curieux, elle avait l’intelligence de l’instinct faute d’avoir celle de la culture et de l’analyse qui se forgent au sein même de l’école. Cette privation était pour elle la plus cruelle de son existence. Elle devrait apprendre à évoluer dans un univers hostile sans aucune échappée possible en se passant de la lecture et de l’écriture, en n’ayant comme seul recours son imagination.

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