Le LE LEGS D’EVA
119 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le LE LEGS D’EVA , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
119 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

«Elle regarda autour et remarqua qu’ils étaient au fond de la ruelle. Dehors, dans la rue, la lueur des réverbères peignait la neige fraîche d’un orange de cantaloup. C’était à une certaine distance et elle ne se rappelait pas être venue si loin. Elle tourna son regard vers Mark et vit seulement la faible lueur orange sur le côté gauche de son visage. Soudain, elle sentit sa bouche ouverte, mouillée autour de la sienne, tandis que Mark lui écrasait le dos contre le mur. Sa force lui coupa le souffle et elle ne pouvait pas respirer. Elle ne pouvait pas crier, et elle se débattait pour mettre ses bras entre eux quand elle le sentit fourrer sa main entre ses jambes. Son cœur battait à tout rompre et la panique la reprit. Mais c’était une panique beaucoup plus intense et épouvantable.
Son instinct la fit lui donner un coup de genou dans les couilles. C’était le coup le
plus fort qu’elle ait jamais donné. […]
Fucking indienne! cria-t-il en lui cognant d’un poing puissant la joue gauche.»

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mai 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782895976226
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE LEGS D’EVA
DU MÊME AUTEUR

Legacy Penticton, Theytus Books, 2014.

Midnight Sweatlodge Penticton, Theytus Books, 2011.
Waubgeshig Rice
Le legs d’Eva
ROMAN
(Titre original Legacy ) Traduit par Marie-Jo Gonny
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Rice, Waubgeshig, 1979- [Legacy. Français] Le legs d’Eva / Waubgeshig Rice ; traduit par Marie-Jo Gonny.
(Indociles) Traduction de : Legacy. Publié en formats imprimé(s) et électronique(s). ISBN 978-2-89597-593-9 (couverture souple). — ISBN 978-2-89597-621-9 (PDF). — ISBN 978-2-89597-622-6 (EPUB)
I. Gonny, Marie-Jo, traducteur II. Titre. III. Title : Legacy. Français IV. Collection : Indociles
PS8635.I246L4414 2017 C813’.6 C2017-902053-6 C2017-902054-4

Les Éditions David 335-B, rue Cumberland, Ottawa (Ontario) K1N 7J3 Téléphone : 613-695-3339 | Télécopieur : 613-695-3334 info@editionsdavid.com | www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 2 e trimestre 2017

Le legs d’Eva a été publié originalement en anglais sous le titre Legacy par les éditions Theytus Books (2014).
Les Éditions David remercient le Conseil des arts du Canada, le Bureau des arts francophones du Conseil des arts de l’Ontario, la Ville d’Ottawa et le gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme national de traduction pour l’édition du livre, une initiative de la Feuille de route pour les langues officielles du Canada 2013-2018 : éducation, immigration, communautés , pour nos activités de traduction.
EVA
Hiver 1989
La neige de début mars tombait, constante et silencieuse, sur les rues du centre-ville de Toronto. D’épais flocons blancs et froids virevoltaient des nuages bas et recouvraient doucement les trottoirs et la chaussée. Voitures, camions, bus et tramways vrombissaient le long de l’avenue Spadina, ignorés des passants qui ne pouvaient cependant faire l’impasse sur ces précipitations hivernales. Leurs pas se faisaient plus lents et plus petits à mesure qu’ils avançaient sur le sol gelé, glissant et imprévisible. Des jeunes femmes marchaient vers le sud depuis l’Université de Toronto et tiraient écharpes et capuches sur leurs cheveux permanentés tandis que la neige continuait de tomber. Elles ramenaient sur elles leur parka fourré aux couleurs vives et remontaient leur fermeture éclair. Mais l’une d’elles, aux longs cheveux noirs raides, se distinguait, même dans ce défilé multiculturel de la jeunesse urbaine moderne. Un sourire se dessina sur son visage légèrement cuivré tandis que les gros flocons s’accumulaient sur ses cheveux.
Les fortes chutes de neige rappelaient à Eva Gibson son foyer. Elle avait grandi dans la réserve indienne de Birchbark 1 sur la rive nord du lac Huron, presque à mi-chemin entre Sudbury et Sault-Sainte-Marie, en Ontario. Chaque hiver, sa communauté connaissait de nombreuses tempêtes de neige d’effet de lac 2 qui tombait en cascade avec cette même densité quand il ne faisait pas de vent, comme un drap propre secoué à deux mains qu’on laisse tomber doucement et uniformément sur un matelas nu. Il ne neigeait pas aussi souvent dans la grande ville mais, pour Eva, chaque fois que cela arrivait, la neige semblait adoucir nombre des aspects les plus durs de la vie en ville chez les Blancs. Tandis qu’elle descendait la rue sans se presser, elle leva les yeux vers le ciel et inspira profondément par le nez, en essayant de ne pas sentir la légère odeur de gaz d’échappement des dizaines de voitures qui passaient à toute vitesse toutes les deux à trois secondes.
Eva était étrangère à ces rues. Bien que des gens comme ses ancêtres aient, pendant des milliers d’années, navigué sur les rivières et les cours d’eau et parcouru les collines autour de ce qui vint à être connu comme le lac Ontario, elle était toujours mal à l’aise et ne se sentait pas à sa place dans la ville. Pourtant, six mois après le début de sa première année universitaire, elle se sentait mieux. Elle s’était habituée au métro et au tramway. Les sirènes stridentes ne la réveillaient plus au milieu de la nuit. Elle commençait à marcher d’un pas assuré, la tête haute, dans les rues de la ville. Elle s’était fait plusieurs amis, autant autochtones qu’allochtones 3 . Parfois, sa famille lui manquait, mais sa réserve n’était qu’à quatre heures d’autocar vers le nord. Toute sa fratrie, ses oncles et tantes, et des dizaines de cousins y vivaient encore. Dans deux petits mois, elle y retournerait pour l’été et elle attendait déjà avec impatience le jour où ses frères viendraient la chercher.
Ses souvenirs, ses aspirations et la neige la distrayaient brièvement de sa très lourde charge de travail d’étudiante pendant qu’elle retournait à pied à sa résidence. Avant l’assaut des examens finaux, il fallait rendre un tas de travaux de session, que ce soit en économie, en sciences politiques ou en études canadiennes. Elle était inscrite au baccalauréat général ès arts à l’Université de Toronto et elle n’avait pas encore décidé de sa spécialisation. Mais une chose était claire : aussitôt qu’elle obtiendrait son bac, elle était déterminée à aller à la Faculté de droit. Elle avait décidé à l’école secondaire qu’elle serait avocate. Elle étudierait le droit et, un jour, elle retournerait dans sa communauté afin de travailler pour elle. Elle ne savait pas trop comment, mais elle mettrait ses compétences à son service. Personne dans sa famille n’avait jamais obtenu de diplôme d’enseignement supérieur et elle était résolue à obtenir les documents qui attesteraient de sa réussite.
Eva continuait de marcher sur le trottoir plein de gens, l’esprit submergé de sujets de dissertation et d’échéances. La neige qui s’était accumulée dans la rue devenait déjà brune et grise, rejetée en tas sur le bord du trottoir par les voitures et les camions qui passaient en trombe. Comme elle se rapprochait de la rue College, les véhicules et les piétons se faisaient plus nombreux avec la ruée du lunch. Des camionnettes et des minifourgonnettes, du marron foncé au jaune, passaient en flèche, tandis que des hommes moustachus et portant la coupe mulet, en costume ajusté gris pâle ou bleu, s’avançaient sur le trottoir. C’était pour elle le signe qu’elle devait quitter l’avenue Spadina et se diriger vers l’est dans l’une des petites rues tranquilles qui menaient à sa résidence.
En quelques instants, elle grimpait quatre à quatre les marches en ciment de son bâtiment. C’était une résidence universitaire en briques rouges de trois étages avec de grandes fenêtres, située à la périphérie du campus et qui hébergeait un peu plus d’une centaine d’étudiantes de première année. Contrairement à d’autres résidences plus vieilles et mieux établies, elle n’avait pas de lierre 4 qui grimpait sur les murs ni aucun autre signe de prestige. Elle était bien plus modeste, mais ça convenait très bien à Eva. Elle ouvrit la lourde porte en bois, entra et secoua ses bottes noires fourrées sur le paillasson. Elle fit glisser son sac à dos de son bras, l’ouvrit et fouilla dedans pour trouver son portefeuille. Elle le sortit, l’ouvrit et montra rapidement sa carte d’étudiante au gardien à la réception. Il hocha la tête et elle passa devant lui, puis monta les escaliers jusqu’au troisième étage.
Alors qu’Eva montait les escaliers recouverts de tapis jusqu’à sa chambre, elle songeait à ce qu’elle allait étudier ce jour-là. On était mercredi, et tandis que la plupart de ses pairs de la résidence se réjouissaient déjà de leurs projets de fête pour la fin de semaine, elle était déterminée à finir un de ses travaux et à ne s’amuser qu’après. Il était tard dans l’après-midi, presque l’heure du souper, et elle espérait que sa camarade de chambre Mélissa ne serait pas là. Si tard dans la journée, celle-ci pouvait avoir une mauvaise influence sur elle et lui forcer la main pour une distraction quelconque, comme aller au cinéma ou jouer au billard. Comme Eva, elle était étudiante en lettres et venait d’une réserve ojibwée du Nord. Parce qu’elles étaient les deux seules Autochtones de la résidence, l’administration les avait mises ensemble selon le principe que, ayant les mêmes origines, ce serait plus facile pour elles de s’habituer ensemble à la vie urbaine. Même si elles se lièrent d’amitié, le fait d’être dans la même chambre les avait surtout isolées des étudiants qui n’étaient pas autochtones. Elles s’entendaient toujours bien avec les autres en résidence comme en classe, mais des ponts entre les cultures n’étaient pas véritablement en const

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents