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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 septembre 2010 |
Nombre de lectures | 148 |
EAN13 | 9782296707030 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Le manuscrit de Humboldt
Roman historique
Collection dirigée par Maguy Albet
Dernières parutions
Jean DE BOISSEL, Les écrivains russes dans la tourmente des années 1880, 2010.
Dominique PIERSON, Sargon. La chair et le sang, 2010.
René LENOIR, Orages désirés, 2010.
Philippe CASASSUS, Philippe, le roi amoureux, 2010.
Jean-Claude FAUVEAU, Joséphine, l’impératrice créole, 2009.
Roger BOUCHAUD, L’homme du Sahel, 2009.
Tristan CHALON, L’homme-oiseau de l’île de Pâques, 2009.
Danièle ROTH, Marie Roland, Sophie Grandchamp : deux femmes sous la Révolution, 2009.
Luce STIERS, En route vers le Nouveau Monde. Histoire d’une colonie à New York au 17°siècle, 2009.
Michel FRANÇOIS-THIVIND, Agnès de France. Impératrice de Constantinople , 2009.
Petru ANTONI, Corse : de la Pax Romana à Pascal Paoli , 2009.
Christophe CHABBERT, La Belle Clotilde. Le crime du comte de Montlédier , 2009.
Michèle CAZANOVE, La Geste noire I, La Chanson de Dendera, 2009.
Tristan CHALON, Sous le regard d’Amon-Rê, 2009.
Yves CREHALET, L’Inconnu de Tian’Anmen, 2009.
Jean-Eudes HASDENTEUFEL, Chercheur d’or en Patagonie, 2009.
Jacques JAUBERT, Moi, Caroline, « marraine » de Musset, 2009.
Alexandre PAILLARD, La Diomédée , 2009.
Bernard JOUVE, La Dame du Mont-Liban , 2009.
Bernard BACHELOT, Raison d’État, 2009.
Marie-Hélène COTONI, Les Marionnettes de Sans-Souci , 2009.
Aloïs de SAINT-SAUVEUR, Philibert Vitry. Un bandit bressan au XVIII e siècle , 2009.
Tristan CHALON, Une esclave songhaï ou Gao, l’empire perdu, 2009.
OLOSUNTA, Le bataillon maudit , 2009.
Jean-Noël AZE, Cœur de chouan, 2008.
Jean-Christophe PARISOT, Ce mystérieux Monsieur Chopin, 2008.
Paule BECQUAERT, Troubles. Le labyrinthe des âmes , 2008.
Jean-François LE TEXIER, La dernière charge , 2008.
Robert DELAVAULT, Une destinée hors du commun. Marie-Anne Lavoisier (1758-1806), 2008.
A lain C outurier
Le manuscrit de Humboldt
Roman
Du même auteur
Les saisons d’un pêcheur, Éditions Publibook, 2005
Le Gouverneur et son miroir (Marcel de Coppet), L’Harmattan, 2006
Venezuela : An I de la Révolution, Éditions Publibook, 2008
Couverture : Alexander von Humboldt et Aimé Bonpland au pied du volcan Chimborazo, Friedrich Georg Weitsch
© BPK, distribué en France par la RMN
© L’H armattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12821-7
EAN : 9782296128217
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À Jacqueline
1.
Monsieur le professeur Jorge Rios
Quinta Roraima
Calle Libertador – El Paraiso
Caracas – Venezuela
Paris, le 10 juin 1950
Cher collègue,
Je veux que vous trouviez à votre arrivée au Venezuela ce mot vous disant à quel point notre rencontre m’a marqué. Vous ne pouvez pas imaginer l’état d’agitation intérieure et d’effervescence intellectuelle dans lequel je vis depuis votre départ de Paris. Que cette recherche, qui représente tant pour moi, soit devenue également vôtre en si peu de temps est proprement incroyable. Que votre disponibilité permette d’envisager qu’elle puisse aboutir relève du miracle. Je suis tout occupé par la pensée que l’enquête, longtemps paralysée, va maintenant repartir. Et que, grâce à vous, une vieille chimère a une chance de devenir réalité.
Je n’en ai pas pour autant perdu de vue les aspects pratiques de l’affaire. Vous trouverez en annexe à cette lettre, les pièces complémentaires du dossier que nous avons étudié à Paris. Je suis impatient de connaître vos commentaires les concernant et vos propositions quant à la manière de procéder à partir de maintenant. Dans cette attente je reste, fidèlement vôtre,
Jean Vidal
*
Journal de Jorge Rios
A bord du vol Paris Caracas du 12 juin 1950
Tout a commencé il y a une semaine à Paris, dans l’appartement musée du docteur Hubert plus connu comme expert en art sud américain que comme médecin. Comme je l’avais déjà fait occasionnellement je lui apportais, à sa demande, de nouvelles pièces yekuanas pour sa collection. Après m’avoir remercié et montré ses dernières acquisitions, de son ton jovial il me dit :
J’ai invité à dîner avec nous Jean Vidal qui m’aide de temps à autre dans mes recherches de collectionneur. Comme vous il est professeur d’histoire à l’université. J’ai pensé que vous pourriez être intéressés l’un et l’autre par cette rencontre.
Au cours du repas la conversation avait principalement tourné autour de la collection du docteur Hubert. Du salon attenant parvenaient de temps à autre les exclamations de Mme Hubert et des ses amies réunies autour d’une table de bridge : la collection d’art sud américain est une affaire d’hommes ! Les choses en seraient restées là si, dans la voiture, alors que Vidal me raccompagnait à mon hôtel et que nous évoquions chacun nos domaines de prédilection, le nom de Humboldt n’avait pas été prononcé.
Depuis que je suis à la retraite c’est un personnage qui m’intéresse beaucoup, lui dis-je.
Pour moi c’est une passion qui dure depuis plus de quarante ans, grommela-t-il dans un soupir.
Puis, au moment de nous séparer, après un instant d’hésitation, il lâcha :
Puisque vous restez encore quelques jours à Paris je serais heureux de parler de Humboldt avec vous.
Le lendemain je me rendis chez Jean Vidal. Il habite un immeuble Haussmannien comme on en voit beaucoup au quartier latin. C’est lui-même qui vint m’ouvrir la porte. Il me sembla plus grand, plus voûté, plus maigre encore dans son costume sombre et démodé. Mais ses yeux avaient la même fixité – un regard d’oiseau de nuit – dans un long visage osseux, blafard, marqué de profondes rides.
Entrez je vous prie. Veuillez excuser le désordre, c’est le jour de congé de la femme de ménage.
Un peu plus tard, au cours de la rapide collation qu’il avait préparée, il précisa qu’il vivait seul depuis la mort de sa femme, « il y a très longtemps de cela ». Pas d’enfants non plus. Dès le vestibule on respirait une indéfinissable atmosphère, celle que le hasard nous avait fait trouver un jour chez quelque veuf âgé ou chez un malade chronique. D’un pas maladroit et hésitant il me conduisit par un long couloir à son bureau, une grande pièce claire donnant sur l’avenue par de vastes portesfenêtres. Au milieu d’un invraisemblable capharnaüm trônait un bureau massif, tarabiscoté, submergé de papiers, cerné de piles de dossiers amoncelés à même le sol. Tout autour de la pièce des rayonnages de bibliothèque menaçant de s’effondrer sous la surcharge.
C’est là que je vis quand je ne suis pas à la Sorbonne ou à la Bibliothèque Nationale. Comme vous vous en doutez, le responsable de tout ce désordre apparent est Humboldt ! Laissez-moi vous expliquer.
Le soir était venu quand nous nous sommes séparés. Rendez-vous fut pris pour continuer la discussion le lendemain matin. Vidal me raccompagna à la porte. Ses traits étaient tirés, ses orbites plus creusées encore que ce matin. Visiblement il était très fatigué par cette journée.
Il en fut ainsi trois jours durant : matinée de travail, frugal repas froid rapidement ingurgité dans une petite salle à manger attenante au bureau, travail à nouveau jusqu’à la nuit. Car notre discussion prit rapidement l’allure d’une étude scientifique passionnée dès lors que Vidal, stimulé sans doute par l’engouement grandissant qu’il devinait en moi, se mit en tête de reconstituer, devant un témoin impartial, le cheminement qui l’avait amené à sa découverte. Pendant les rares poses nous avons procédé, pour la forme car l’essentiel était ailleurs, à une sorte de rapide présentation. Il sait de moi que je suis le descendant unique d’un officier de la marine vénézuélienne, invisible la plupart du temps, et d’une mère québécoise avec qui je ne parlais que le français. Il sait aussi que je suis devenu un rat de bibliothèque sorti de l’Université Centrale de Caracas pour y revenir comme professeur d’Histoire, un célibataire sédentaire et sans contraintes, menant une vie un peu monotone mais somme toute relativement heureuse jusqu’à la retraite prise il y a trois ans. Depuis, une paisible routine occupée par les livres à lire et à écrire (une biographie d