Le médecin de Maurevers
339 pages
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Le médecin de Maurevers , livre ebook

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Description

Clément Laforge et Mélina Vaxévanélis évitent au village de Maurevers une crise sans précédents : le premier assure la relève du docteur Wolf qui a atteint l'âge de la retraite , la seconde remplace au pied levé l'infirmière désormais incapable d'exercer son métier.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 66
EAN13 9782812916298
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Passionné par l’écriture depuis son adolescence,Roger Royerd’abord fait carrière a dans le commerce international avant de revenir à ses premières amours. Il est déjà l’auteur de cinq romans, publiés aux éditions De Borée tels que La Colombièreet La Colline des Maures, dans lesquels il s’inspire de sa région natale et de son patrimoine.
LEMEDECIN DE MAUREVERS
L’Envol du Choucas L’Or de Justin La Colline des Maures La Colombière La Dame de la Callune
Du même auteur
Aux éditions De Borée
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20 rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
©
, 2009
ROGERROYER
LE MEDECIN DEMAUREVERS
I
Urgence
REINTE, Wolf posa sa mallette de cuir fauve sur son bureau et se laissa É choir dans son fauteuil. Il était 22 h 30. Sa femme , Madeleine, était partie seule à Morez afin de participer à une petite fête d’anniversaire donnée par des amis. Ce n’était pas la première fois qu’il lui fai sait involontairement faux bond. Il activa la serrure du rabat qui sauta avec un «clac» sonore dans la maison vide, retira le dossier du patient qu’il venait de visite r aussi tardivement et le classa. Il savait qu’il n’aurait pas à le reprendre, sinon pou r y mettre le double de l’autorisation d’inhumer. Le vieux Gustave était à la fin. Le médecin souleva ses lunettes et se pinça le haut de l’os nasal, puis, é cartant les doigts, il souligna ses paupières fatiguées. Le téléphone sonna. Il décroch a, c’était son épouse: «Tu devais me rappeler. Je viens juste de rentrer. Oui, ça va? Il ne manque que toi. Je te passe Marie-Louise. Oui, oui, désolé, Marie. Je ne pouvais pas faire au trement. Amusez-vous bien. Ici, il neigeote, je préférerais que Madelein e dorme chez vous. D’accord. Bonne nuit. Bon anniversaire à René. Merci, Philippe, je transmets.» Wolf recula son fauteuil et mit les pieds sur la ta ble après avoir pris soin de se déchausser. La silhouette de Gustave Baret s’inscri vit au fond de ses globes oculaires. Gustave avait été un de ses premiers pat ients lorsqu’il avait ouvert son cabinet à Maurevers. Il y avait trente-cinq ans de cela presque jour pour jour. Gustave était le cadet d’une famille de paysans for estiers. Son frère aîné, qui avait suivi une formation d’imprimeur, était parti en apprentissage à Saint-Claude, puis s’y était installé définitivement. Sa sœur cadette, Adèle, eut un parcours spirituel et entra dans l’ordre des carmél ites. C’était à lui de reprendre la ferme et cela lui convenait. Wolf avait suivi le déclin du fermier. Il avait eu le temps de le voir changer, de voir sa carcasse s’épa issir, son teint se couperoser, ses cheveux grisonner, sa démarche s’appesantir. Pu is la maladie n’avait pas eu besoin de plus de trois ans pour l’achever. Ils ava ient dix ans d’écart. C’était jeune pour mourir mais il s’était donné du mal pour devancer l’appel. La boisson l’avait détruit avant l’heure, encore qu’une consti tution hors du commun lui eût permis de tenir le coup jusqu’à soixante et onze an s. Le vieux fermier n’entretenait plus aucun troupeau. Il avait bazardé ses montbéliardes depuis belle lurette et il lui arrivait de les regretter. Il possédait des bois et vivait de ses coupes. Cette génération de Baret était restée faro uchement célibataire. Le frère aîné étant mort quelques années plus tôt, il ne res tait plus qu’Adèle, que le docteur avait prévenue de l’irrémédiable situation quelques jours plus tôt. Adèle était venue de Lyon avec sœur Thérèse, une am ie carmélite. Elles veilleraient son frère. Adèle avait refusé que le d octeur reste auprès d’elles pour la nuit. Elles allaient prier. «C’est déjà bien gentil d’être venu, docteur.» Wolf avait embrassé ses joues, une chair un peu mol le et étrangement soyeuse, pressé les mains de sa compagne, pour ensu ite rejoindre sa voiture.
La carrosserie était saupoudrée d’une neige fine, t rès froide. Le docteur avait dégagé son pare-brise en deux allers-retours d’essu ie-glace et démarré. Il faisait trop froid pour une chute de neige conséquente. Il savait qu’il n’aurait aucun problème pour rentrer par cette départementale acci dentée. Tout au plus, une attention particulière serait requise pour regagner la grand-route. La pente était raide par endroits. Les sept à huit mille kilomètre s qu’il parcourait annuellement lui avaient permis de connaître toutes les routes d e la zone dans un rayon de trente kilomètres, avec leurs pièges hivernaux, les passages de ponts verglacés, les mauvais virages, les secteurs où la traverse, l e vent dominant ici, accumulait la neige avec une rapidité stupéfiante. Dans la quiétude de son cabinet, il se serait endormi dans son fauteuil si celui-ci avait eu un appui-tête, mais très vite ses cervi cales maltraitées se rappelèrent à lui. Il reprit une position normale, puis se leva pesamment, jeta un coup d’œil sur le miroir suspendu au fond de la pièce. «T’as u ne sale gueule», murmura-t-il. La fatigue n’arrange pas l’action du temps. Pou rtant le docteur était encore bel homme. Il ne se faisait pas plus d’illusion qu’un a utre, il savait que l’on pouvait donner le change les soixante-dix ans passés, mais qu’après, ça allait très vite, la décrépitude s’accélérait. Quelquefois la dégring olade pouvait être vertigineuse, et rien pour se raccrocher aux branch es. De rares éléments résistaient plus que d’autres. Il avait soigné plus d’un paysan qui avait couru les bois au-delà de leurs quatre-vingts ans. Des vailla nts et des entêtés qui avaient décidé de tenir tête à la camarde. C’était réconfor tant. Ces souvenirs déclenchèrent un sourire rassuré. Il balaya le bure au du regard et remarqua un Post-it collé sur le boîtier de son répertoire télé phonique, écrit de la main de sa femme:Loie maire a appelé, il désire te voir. Tu sais pourqu ? Ça, pour savoir, il savait. Alexandre Deschaumois, ancien directeur d’une petite fabrique de pipes à Saint-Claude, le relança it pour la énième fois depuis des mois au sujet de sa succession. En retraite ant icipée, natif de Maurevers, il était revenu au bourg après une très longue absence avec la ferme intention de briguer la mairie. Fort de son passé industriel, il était arrivé auréolé d’un certain prestige. Les anciens balayèrent le fait qu’il fût parti, apprécièrent qu’il soit revenu à ses origines. Appuyé par le maire sortant, il avait réussi son coup, n’ayant eu à affronter qu’une opposition faible et désorganisée. Sa belle stature et ses relations supposées avaient fait l’effet esc ompté sur les électeurs et guidé leur main. La date des prochaines municipales se ra pprochant, il craignait que son mandat fût entaché si le bourg ne réussissait p as à se doter d’un nouveau médecin. Ce n’était pas vraiment son affaire, mais dans les petites municipalités, on chargeait allégrement le maire de tous les probl èmes. Ce n’étaient pas les travaux de voirie, la modernisation de l’éclairage public et le prolongement des conduites d’eau potables jusqu’aux fermes isolées q ui rétabliraient un équilibre favorable face à une telle pénurie. Philippe Wolf émit un soupir d’impuissance: à deux doigts de la retraite, il n’avait pas l’intention de faire du «rab». Il frois sa le rectangle de papier orange et le jeta dans sa corbeille. Puis il grimpa à l’ét age et se coucha. Il eut une pensée fugitive pour le vieux Baret qui, en ce mome nt, puisait dans ses dernières forces, puis songea à cette jeune femme à huit jours d’accoucher qu’il avait vue le matin même. Cela le réconforta. Depuis quelque temps, Wolf ne s’endormait jamais sa ns que son esprit ne s’évade un instant vers son futur et hypothétique r emplaçant, et il ressassait les
arguments à sa disposition. Pour lui, si fier d’êtr e franc-comtois, le pays parlait de lui-même. Qui pouvait être insensible aux somptu eux tableaux qui s’offraient où qu’on tournât son regard? Il était amoureux de c ette nature rude et généreuse qui avait forgé une race d’hommes solides , indépendants. Il y tenait, à cette notion d’indépendance régionale, bien qu’au sein d’un État structuré, bordé de toutes parts et égalitaire, cela ne voulai t plus dire grand-chose. L’esprit cependant conservait sa liberté. Après soixante ans de vie, il n’était pas encore rassasié de sa région, et parfois, lorsqu’il avait le temps au cours de ses tournées, il s’arrêtait sur le bord de la route pou r se gorger de ces paysages montagnards aux reliefs doux, ondulés. Ici et là, d es fermes plantées dans les herbages, les sombres forêts de sapins et d’épicéas , les prés-bois, les zones 1 humides, cesberbouilletsen hiver, asséchées par le gel et lorsque la avec neige ne les recouvrait pas encore, les perruques h irsutes et rigolotes des carex. À tout cela s’ajoutaient, pour compléter ce tableau idyllique, les nombreux lacs abandonnés ici et là, il y a onze mille ans, par la fonte des derniers glaciers. C’était, entre autres choses, ce qu’il aimait ici, la lecture aisée du passé de la terre, la puissance phénoménale de ces rabots gigan tesques qui avait, dans le Grandvaux, le val de Saine et le val de Mouthe, scu lpté, usé et adouci le relief pour le rendre aussi disposé aux caresses du regard que le corps d’une femme. Pour Wolf, c’était là la prime à l’installation. Un cadeau non chiffrable, démesuré, qu’il pouvait offrir à un jeune médecin, homme ou f emme, assez généreux pour venir à Maurevers, suffisamment détaché du conventi onnel pour accepter un exercice de sa mission dénué de mondanité, rustique . Rentabilité médiocre pour un travail souvent harassant. À l’instar des vétéri naires, Wolf chaussait souvent les bottes de caoutchouc, accessoire qui ne quittai t pas le coffre de sa voiture et lui permettait de traverser, en hiver, des cours bo ueuses de fermes ou d’escalader les tombées de neige glissant des toitu res. Wolf ne faisait pas de chichis, une égalité avec les fermiers qui abolissa it bien des obstacles, forgeait la confiance. Maurevers, logé dans une petite dépression, étirait ses maisons le long de la route départementale avec, au centre, le renflement d’une belle place d’où partaient quelques ruelles débouchant vite sur les jardins ou les pâtures qui remontaient sur le haut des terres. Une église à bu lbe dans la tradition franc-comtoise, une mairie modeste, une école maternelle et primaire, une poste étriquée, quelques commerces et, à proximité, une f ruitière campée sur le territoire de la commune voisine. Les maisons étaie nt, sur les faces exposées au vent dominant, bardées de tavaillons, bardeaux d’ép icéa éclaté, ou de plus en plus fréquemment par des plaques d’acier zingué ins ensibles aux incendies. Pour l’instant, Maurevers conservait sa petite brig ade de gendarmerie et sa 2 poste. Pour ce qui était des douanes, la Suisse éta it à deux pas, lesgapians, les gabelous n’avaient pas de bureau dans la zone, se contentant de patrouilles 3 épisodiques, labricottelesayant fait long feu. Cependant un trafic de drogue occupait. Il n’y avait plus d’endroit assez reculé en zone rurale pour être indemne du fléau. Il disait: «prime à l’installation». Si l’argument n’avait pas le poids espéré, que pouvait-il invoquer? Pour un médecin, Maurevers, c’ était beaucoup de travail, un dévouement permanent pour ainsi dire, sans éclat, s ans lustre, un anonymat professionnel hors des limites cantonales impossibl e à dissimuler. Que pouvait-il promettre qui pût surprendre un candidat? Il était hasardeux, voire malhonnête,
d’hypothéquer son avenir par de vagues promesses? N on! Il fallait que l’appât, aussi peu alléchant soit-il, fût à son goût. Que le postulant morde sans qu’un artifice l’y pousse. Souvent il se reprochait de ne penser qu’au masculin, Un docteur au féminin ça aurait bien fait. Une petite défection possible de la clientèle masculine, sans nul doute compensée par u ne confiance accrue des femmes de Maurevers. Le lendemain, le docteur Wolf quitta son cabinet ju ste avant midi, dès le dernier patient parti. Une neige fraîche avait reco uvert la dernière tombée d’il y avait huit jours. Les grosses chutes étaient à veni r, mais le froid mordant allait saisir les lacs. Il avait prévenu le maire de sa vi site. Deschaumois l’attendait dans la salle du conseil, penché sur deux registres cadastraux ouverts sur la longue table. De belle corpulence, le visage légère ment empâté, coupe de cheveux en brosse clairsemée, le maire avait l’œil inquisiteur. Un petit air d’inspecteur Bourrel, le feuilleton télé, le Maigre t des années soixante-dix. Direct, il attaquait régulièrement par une question qu’il s emblait avoir en réserve quel que soit l’individu qu’il rencontrait et le problèm e en cours. Pour l’heure, il planchait sur une prochaine modification du plan d’ occupation des sols, envisagée, en partie sur des terres communales, le reste sur des parcelles privées, qu’il faudrait négocier avec les propriéta ires. Il avait réussi, après une âpre bataille, à faire accepter par le conseil cett e idée de lotissement car ce n’était pas ce qu’il y avait de plus indispensable à la commune. Et puis les Maureversois se trouvaient bien entre eux. Mais Des chaumois voulait laisser une trace pour la postérité. La rue traversant le f utur lotissement porterait peut-être son nom? Le curé, qui ne manquait jamais de pl acer avec à-propos des locutions latines ou grecques, aurait dit: «Vanitas vanitatum et omnia vanitas. Vanité des vanités, tout est vanité.» En un peu moi ns pessimiste, Wolf n’était pas loin de partager la vision de l’Ecclésiaste, le livre de la Bible, sur la futilité des actions humaines, caduques, illusoires et vaine s. «Ah! alors, docteur, du nouveau? lança le maire en se redressant. Rien. Mais ces jeunes dont vous m’aviez parlé? Aucun signe de vie. Je ne peux pas les harceler, co mprenez-moi. Bien sûr, bien sûr. J’ai appris, lors d’une réunion préfectorale, que des municipalités étaient disposées à payer pour avoir un médecin, rendez-vous compte! Où allons-nous? Le conseil municipal sera d errière moi pour fournir gratuitement un local et prendre en charge les frai s de réhabilitation et d’installation, faites-le savoir aux candidats. J’en prends note, monsieur le maire, mais je crains que le problème soit ailleurs. La campagne leur fait peur. Remarquez, je les comprends. Dans leur esprit, ça relève un peu du sacerdoce et peut-être que l’appel des hommes est moins fort que celui de Dieu. Ah! au fait, Gustave Baret est mort ce matin à 4h12. Adèle l’a veillé avec sœur Thérèse, une amie de sa congrégation. Elle est passée au cabinet tout à l’heure. Je vais établir l e permis d’inhumer. Je remonte chez eux en début d’après-midi.» Le maire ne répondit pas et alla coller son nez con tre la fenêtre. Les mains derrière le dos il dit comme pour lui-même: «Une propriété de plus à l’abandon. Sa sœur Adèle va vendre? Il y a de fortes chances. Peut-être en fera-t-elle cadeau à sa congrégation, qui vendra.
de la demande. Pour lesJe ne tire pas peine, la ferme est belle et il y a terres, il faudrait qu’elle s’accorde avec ses vois ins… Tiens, j’ai reçu des plaintes au sujet des lynx. Y en aurait de trop, y bouffent tous les lièvres et font des ponctions dans la population de chevreuils. Sacré n om d’un chien! voilà que j’ai les chasseurs aux basques! Et dire que je n’ai jama is réussi à voir la queue d’un de ces félins. audal ridicule.Vous cherchez la difficulté, ils ont un appendice c iez en parler au coursÀ propos des terres et des bois Baret, si vous pouv de vos visites… Autant que ce soit des gens de chez nous qui rachètent. Pour la 4 ferme, si c’est desratraits, qu’importe, mais pour les terres!» Deschaumois avait cette habitude de distribuer les rôles. Toi, tu fais ceci, et toi, cela. Des choses qu’il aurait très bien pu fai re lui-même. C’étaient les restes d’une autorité directoriale diversement appréciée. Certains y voyaient pourtant la volonté de déléguer et se montraient flattés, d’aut res, au contraire, haïssaient ce comportement, qu’ils qualifiaient de féodal. Un Nor mand y aurait vu un peu des deux. Les Francs-Comtois y étaient moins enclins et préféraient trancher. Wolf quitta le maire sans dévoiler au responsable m unicipal, sur le point de partir en vacances, qu’il pourrait bien avoir une s econde épine dans le pied. En effet, Josette Rijoux, l’infirmière de Maurevers, p récieuse entre tous, une pièce maîtresse, allait devoir suspendre son activité, vi ctime d’une coxarthrose de la hanche droite. Prothèse inévitable. Si la gauche ét ait atteinte à un degré moindre, cela ne lui éviterait pas, à terme, une se conde intervention. L’opération serait délicate, car l’ostéoporose dont elle souffr ait en ordre parallèle était un facteur aggravant. Et puis, à soixante-deux ans, Jo sette Rijoux était fatiguée. Elle payait son dévouement aux habitants de la comm une. Ah! çà, elle n’avait pas compté sa peine, Josie, personne n’avait plus q u’elle parcouru les routes et les chemins, à Mobylette ou à pied, et lorsqu’en hi ver, dans son jeune temps, la neige condamnait les voies d’accès aux fermes isolé es, elle n’hésitait pas à 5 chausser lescerclesLa voiture, ça aurait bien fait, mais el  d’épicéa. le avait finalement renoncé à passer son permis de conduire après six essais infructueux et quelques frayeurs du moniteur de Grandvaux. Wolf, qui la suivait depuis le début, l’avait préve nue: «Une chute serait grave, Josie, va falloir que vous abandonniez votre engin, réduire votre activité, ne plus faire que le villag e.» Cette recommandation datait de deux ans. Depuis, le mal avait gagné et l’affaissement général de son squelette prenait une tournure dramatique. Josie marchait avec des déhanchements de canard. Charitable, Wolf lui laissait un espoir, tout en sa chant qu’elle conserverait une mobilité réduite excluant une reprise de son travai l. Josette Rijoux ne pouvait se résoudre à partager d’aussi anciennes responsabilit és. C’eût été déchoir que de confier sa clientèle la plus éloignée ou la plus fr agile à une collègue. Hélas! elle était au pied du mur. Wolf avait contacté Élisabeth Bouvet, une infirmière résidant vers les Eaux Rouges, un lieu-dit du canto n voisin, mais elle était saturée. Elle accepta cependant de prendre en charg e quelques malades pour un temps limité, Wolf se chargeant de ceux du villa ge. Il dut réaménager les heures d’ouverture du cabinet qu’il fixa de 7h30 à 10h30. Il était exclu que ce surcroît de travail se maintînt longtemps. Là aussi , il était donc urgent de trouver une remplaçante. La chance lui sourit quelques jour s plus tard. Grâce aux relations de Martine Ducroz, la pharmacienne, une j eune femme se présenta au
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