Le menu sable jaune
176 pages
Français

Le menu sable jaune , livre ebook

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176 pages
Français

Description

La plupart des récits présentés ici ont été écrits depuis la seconde moitié des années 1990. Sensible à l'histoire contemporaine de son pays, Vasile Bikau, à qui il a été dévolu le rôle de "conscience de la nation" au lendemain de 1991, fait le récit des événements fatals et trop souvent occultés qui s'y sont succédés. Dans les interstices de ses récits, s'élabore l'histoire d'un pays modelé par les régimes autoritaires, la Biélorussie, que Vasil Bykau n'hésite pas à condamner.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2003
Nombre de lectures 37
EAN13 9782296330030
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le menu sable jaune
et autres nouvelles...Collection Biélorussie
Dirigée par Virginie Symaniec
La collection Biélorussie entend faire connaître les
problématiques relatives à un pays qu'on comprend mal, car
très peu d'informations ou trop de stéréotypes sont encore
diffusés à son sujet. La Biélorussie, comme toute société, est
une entité complexe dont les enjeux méritent aussi d'être
discutés. Cette collection a donc pour objectif de
promouvoir des recherches originales dans tous les domaines
pour mettre en présence différents points de vue. Elle
s'intéresse aux chercheurs qui travaillent sur le sujet
"Biélorussie", y compris dans ce pays. Elle est aussi l'occasion de
créer un espace de débats, d'échanges et de dialogues, dont
la visée, dans un environnement où ces principes sont
encore trop souvent remis en question, est d'apprendre et de
comprendre.
Ouvrages déjà parus
-Lalkoù (lhar), Aperçu de l'histoire politique du grand-duché
de Lithuanie, 2000.
-Goujon (Alexandra), Lallemand Oean-Charles), Symaniec
(Virginie) (Sous la direction de), Chroniques sur la
Biélorussie contemporaine, 2001.
-Lapatniova (Alena), Biélorussie: les mises en scène du
pouvoir, 2001.
-Jolif (Annie), L'équipée biélorussienne, 2001.
-Drweski (Bruno), Le petit Parlement biélorussien. Les
Biélorussiens au Parlement polonais entre 1922 et 1930, 2002.
-Le Foil (Claire), L'école artistique de Vitebsk (1897-1923).
Eveil et rayonnement autour de Pen, Chagall et Malévitch,
2002.
-Kuszelewicz Ooseph), Unjuif de Biélorussie de Lida à
Karaganda, 2002.
-Symaniec (Virginie), Le théâtre en (fin du XIXème
siècle - années 1920),2003.
-Symaniec (Virginie), Mikola Piniguine. Mises en scène d'un
exi~ 2003.Vasil Bykaù
Le menu sable jaune
et autres nouvelles...
Traduction dirigée et préfacée par Eve Sorin
L'Harmattan L'Harmattan L'Harmattan
5-7, rue de Hongrie Ital ia
Hargita u. 3 Via Bava, 37l'Ecole
10214 TorinoPolytechnique 1 026 Budapest
75005 Paris - Hongrie Italie
FrancePhoto de première de couverture:
Vasil Bykov, Roumanie, 1944
Copyright L'Harmattan, 2003
ISBN: 2-7475-4848-1Préface
Né en 1924 dans une famille paysanne des environs de
Vitebsk en Biélorussie, Vasil Bykaù demeure l'un des écrivains
les plus représentatifs de sa génération, une génération de
déshérités dont la guerre a profondément creusé les rangs. Son
existence fut tissée de luttes incessantes pour survivre aux
tourmentes de l'histoire et se frayer un chemin dans ses
malheurs successifs. Vasil Bykaù était l'une de ces rares
personnalités sur le qui-vive, un de ces hommes exceptionnels à la
stature de nobelisable, mais aussi un écrivain passionnant et
singulièrement attachant, venu des marges orientales de
l'Europe qui nous sont encore si peu familières. Nous nous
proposons ici de lui rendre hommage à travers un choix de récits
qui disent tous, à leur façon, quelque chose de ce pays encore
relativement peu connu qu'est la Biélorussie.
L'itinéraire de l'homme de lettres porte-parole d'une
conscience collective
Les années de jeunesse de l'écrivain sont marquées par
la collectivisation des campagnes et l'impératif industriel du
"Grand Tournant" stalinien, ainsi que par la guerre. Lui-même
est mobilisé à dix-sept ans, après avoir interrompu des études
de sculpture à la célèbre école d'art de Vitebsk où Chagall et
Soutine ont fait leurs armes. De son propre aveu, il n'est jamais
vraiment revenu du front puisque, si l'on en revient vivant, on
n'en revient jamais vainqueur... Grièvement blessé, il doit, à
plusieurs reprises, regarder la mort en face. Seul le courage
d'un camarade de combat, qui stoppe un panzer allemand, le
sauve in extremis, après que l'engin a enfoncé dans la neige les
pans de sa capote. En 1944, sa mère reçoit un télégramme et le
tient pour mort - le faire-part lui annonce que son Vasil serait
tombé au front près de Kirovograd. Le nom du lieutenant Bykaù
figure d'ailleurs, aujourd'hui encore, sur un monument érigé
audessus d'une fosse commune quelque part en Ukraine occidentale.
5C'est à l'heure du dégel relatif, mesuré et surveillé, au
lendemain du XXème Congrès du PCUS1de février 1956, qu'il
fait ses débuts littéraires, après avoir composé quelques récits
satiriques pour un journal de Grodno où il est consultant. En
1966, le retentissement suscité par la publication d'un roman
atypique, Les Morts n'ont plus ma/, est immense. D'emblée, la
Pravda juge l'approche de l'auteur séditieuse et Bykaù est
soumis à toutes sortes d'intimidations, de tracasseries, ainsi qu'à des
"entretiens prophylactiques" au KGB.On s'attend alors à ce qu'il
fasse son autocritique, mais il préfère camper sur ses positions.
On lui propose de quitter l'URSS, mais il refuse. "On n'abat pas
un ancien combattant" - commentera son compatriote et ami
Ales Adamovitch. Rétrospectivement, on oserait presque dire
que ces infortunes initiales avaient quelque chose de
prémonitoire et prophétisaient déjà le malheur qui serait celui de
l'écrivain dans ses relations avec les régimes ultérieurs...
Au cours des années 1970, Bykaù est élu député du
Soviet Suprême de la République Socialiste Soviétique de
Biélorussie. Il enchaÎne les publications dans les revues russe Novy
Mir (sous le patronage d'Alexandre Tvardovski) et
biélorussienne Malados ts, considérées à l'époque comme plus
progressistes. Mais les reproches ne cessent de fuser. On stigmatise
"l'étroitesse de l'angle de vue" de l'écrivain, ses "considérations
éthiques et morales douteuses".
Dans les années 1980, à l'aube de la perestroïka, paraÎt
Le Signe du malheur. Pour la première fois, il n'est pas fait
obstacle à la publication d'un recueil d'œuvres de Bykaù. En
outre, il se voit décerner les titres "d'écrivain du peuple", de
"héros du travail socialiste", ainsi que le prix Lénine - la plus
haute distinction soviétique - en 1986. Maisde tels honneurs sont
trop connotés pour que le Prix Nobel puisse lui échoir dans le
climat de défiance qui est celui de la Guerre Froide. "Ma vie a été
dans une certaine mesure - du reste, considérable -
conditionnée par la réalité totalitaire soviétique [.. .]. Ceci m'a permis
de développer naturellement une sorte de système immunitaire
humain"2, nous rappelle-t-il.
A partir des années 1980, Vasil Bykaù semble d'ailleurs
se résoudre à troquer sa table de travail contre une tribune
politique et à faire de sa responsabilité d'homme public un
destin, "par acquit de conscience". Attentif à la vie politique,
Bykaù, qui n'a pas quitté le front, se fait le soldat de la
perestroïka et rejoint bientôt le clan des "écrivains-députés". En effet,
dès mars 1989, il est unanimement élu député du peuple de l'URSS,
fût-ce contre son propre gré, sans doute par un de ces étranges
paradoxes qui veulent que nombre de contestataires, tout en
refu6sant la politique, finissent par y participer à leur corps défendant -
que ne fait-on pas pour la liberté? Bykaù envisage d'ailleurs son
engagement comme la seule réponse possible à la situation
imposée par le régime. Il en va de sa responsabilité à laquelle il
refuse de se soustraire.
Dans ses interventions publiques, il ne tarde pas à
formuler le programme culturel de la perestroika en Biélorussie et
cherche à ébranler un système fossilisé. De ce combat
"prépolitique" dont il prend la charge (avec des accents et une
rigueur éthique qui ne sont pas sans rappeler un Vaclav Havel), il
fait sa profession de foi et la trame de son œuvre.
Artisan de la perestroika, il se tourne de plus en plus
vers la polémique et le débat d'idées, rédigeant, pour ce faire,
des cycles d'essais, d'articles frondeurs, de paraboles épurées.
Dès les années 1990, il devient véritablement l'épicentre de la
lutte démocratique et du combat national de son pays

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