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Description
Sujets
Informations
Publié par | Le Lys Bleu Éditions |
Date de parution | 12 juillet 2019 |
Nombre de lectures | 58 |
EAN13 | 9782851135933 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Hamda Ouakel
Le sacrifice se conjugue au féminin
d’Aïcha à Khadija, bêtes noires d’Allah
© Lys Bleu Éditions – Hamda Ouakel
ISBN : 978-2-85113-593-3
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À ma petite-fille Namoussa
Sans la volonté de Christine et son minutieux travail, ce livre n’aurait pas existé. Alors pour la remercier et, ne sachant pas quoi dire, je lui avais écrit :
« Chère Christine,
L’ingénuité et moi, nous avons rompu, depuis des temps lointains. Les rares fréquentations qui nous réunissaient pendant les nuits tempétueuses qui faisaient tanguer mes esprits n’habitent même plus mes souvenirs.
Depuis quelques jours, vous êtes entrée dans ma vie comme par effraction. Et pourtant ! Et pourtant, je ne constate aucune résistance de ma part. Aujourd’hui, en voulant vous répondre, je me suis trouvé désemparé, un peu perdu. Une situation étrange pour moi. Bêtement, vous remercier ? Quelle banalité ! Vous demandez vos motivations ? Quel manque d’élégance ! Me dire que votre présence sur ma route en ce moment n’est qu’un pur hasard et ce n’était qu’une récompense divine pour mes belles pensées humanistes ? Quel blasphème à mon esprit qui s’est aguerri à lutter contre les tempêtes et les nuits sombres !
Je veux penser que notre rencontre est une conséquence logique du désordre naturel et universel. Aussi, je reconnais que cela est dénué de toute dimension poétique. C’est là, la force de la vérité.
Sans toi, rien de ce qui suit n’aura été possible.»
Mes remerciements vont aussi à Deniz Basgoren de Turquie pour sa contribution bénévole et spontanée dans la réalisation des trois cartes géographiques du conte Mythe ou Racines.
Pris dans les filets de l’urgence matérielle. Pris dans le tourbillon de l’absolue nécessité de réussir, dans une société occidentale où tout se définit et se mesure par rapport à l’argent. C’est ainsi que, pour gagner, j’allais perdre le sens de la vie.
Contaminé par une médiocrité mercantile et poussé par un orgueil démesuré et sans limites, tête baissée, je continuais à lutter vainement contre tous les éléments. Au fond de moi, je ne croyais plus, j’avais perdu tout espoir, mais je ne voulais pas rendre les armes. Je voulais mourir debout. Avec le temps, je ne faisais que plier et m’enfoncer chaque jour un peu plus.
À cause de mes basses préoccupations, je suis devenu une proie de choix pour un prédateur qui rôdait autour de moi en m’enveloppant d’une toile qu’il tissait discrètement, mais sûrement : la cruelle solitude. Elle m’a arraché à mes proches. Hormis ma petite-fille Namoussa, la solitude m’interdisait de passer un peu de temps en leur compagnie, de partager quelques moments de complicité, d’échanger quelques mots, des instants de bonheur, à défaut, de bons moments tout simplement. Je n’avais plus le temps de penser aux autres, ni en bien ni en mal. Je n’avais plus le temps d’aller les voir. Comme s’ils n’existaient pas. Les plus téméraires d’entre eux osaient, de temps à autre, venir troubler notre intimité et notre tranquillité, ma solitude et moi. Je les recevais avec beaucoup de diplomatie, mais sans doute avec peu de réjouissances. Comme, ils n’étaient pas dupes non plus, ils s’en rendaient bien compte évidemment, mais, à leur tour, avec énormément de subtilité, ils faisaient mine de ne rien sentir. Moi, je faisais tout pour limiter leur présence, pour qu’ils ne s’attardent pas trop. Je les poussais dehors avec un extraordinaire savoir-faire, pensais-je. Je ne voulais pas me mettre à nu devant eux, raconter mes déboires et mes problèmes, qui me pesaient violemment, je ne voulais pas que mes proches aient pitié de moi. J’avais honte. Et puis, seule ma solitude avait réussi à m’apprivoiser. Très jalouse, elle se mettait en beauté pour moi, elle ne s’absentait que pour me surprendre quelques instants plus tard. À chacune de ses fréquentes apparitions, j’accourais vers elle comme un animal de compagnie bien dressé. Je lui faisais la cour, je lui racontais mes cauchemars. Elle m’écoutait avec attention, elle me donnait de bons conseils. En bonne maîtresse, elle m’interdisait de jouer au rêveur. Par contre, les tourments, elle en raffolait. Pour lui faire plaisir, j’en inventais de toutes pièces, au point de devenir un grand spécialiste. Je transformais tout en cauchemars, même les brindilles de rêves.
Parmi les proches téméraires, il y a une personne, plus que d’autres, elle habite à quelques lieues de chez moi. De temps à autre, elle venait me voir par surprise. Quelles étaient ses motivations profondes, conscientes ou inconscientes ? Noyé dans un verre d’eau, je ne me posais pas la question. Tellement préoccupé par ma situation, que je n’accordais aucune importance à celle des autres. Pour détourner son attention et camoufler mes camouflets, je l’évitais. Je ne lui posais pas de questions non plus, ou alors des questions futiles qui concernaient essentiellement son chien.
Je faisais comme si elle était condamnée au bonheur, comme si elle ne traversait pas le même fleuve de la vie que tout le monde, avec ses crues et décrues, comme si elle vivait dans une tour d’ivoire. Quand soudain, j’apprends qu’elle mène un combat d’une autre nature et d’une autre intensité contre un cancer qui la ronge de l’intérieur depuis quelques mois déjà. J’ai cru que le ciel me tombait sur la tête, je n’ai rien vu de son malheur. Comment ai-je excellé à ce point dans l’art de l’aveuglement ?
Avec du recul, avant de partir en expédition pour venir me voir, je l’imagine faire ses emplettes, un gros panier de sourires, un autre d’oubli de ses propres malheurs, un autre de mots gentils et d’encouragements, un autre de petites attentions, etc. Toutes ses provisions, qui lui auraient manqué, elle les prenait sur elle. En partie dans son cœur et en partie sur son visage. Elle me les offrait pour me soutenir, pour me redonner goût à la vie. Alors que la sienne était suspendue au verdict des médecins et qu’elle était prise en otage par ce salaud de cancer.
Depuis ce jour, j’ai décidé de m’affranchir de ma solitude, de lui fausser compagnie. Mieux, avec force et assurance, je lui ai fermé la porte au nez, je l’ai renvoyée. Dehors. Je lui ai interdit de prendre quartier aux alentours. J’ai allumé mon ordinateur, et avec mon cœur et mon âme, j’ai tapoté sur le clavier un premier message, auquel cette personne a répondu tout de suite et avec enthousiasme et plaisir. Ainsi, j’ai continué, un deuxième, puis un troisième, etc.
À part des mots, je n’avais rien d’autre à lui offrir pour la soutenir dans sa lutte pour la vie. Alors, j’ai essayé de m’appliquer dans le choix et l’ordonnancement de ceux-ci. Aussi, je me suis employé