Les Âmes mortes - Tome I
278 pages
Français

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Les Âmes mortes - Tome I , livre ebook

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Description

Le résumé de l'intrigue est des plus simple. Tous les cinq ans, l'Empire russe procédait à un recensement de tous les serfs possédés par chaque propriétaire, afin de déterminer les taxes qu'ils devraient payer. Or, pendant ce laps de temps, il y avait de nombreux changements, morts et naissances. Administrativement, les serfs qui étaient décédés étaient considérés comme des «âmes fiscalement vivantes». Notre héros, l'ex fonctionnaire Tchitchikof, va sillonner la Russie profonde pour racheter à leurs propriétaires ces âmes mortes. Nous vous laissons découvrir le mystérieux but qu'il poursuit avec cette démarche pour le moins inhabituelle...L'intérêt principal de ce très grand roman, classé parmi les cent meilleures oeuvres littéraires de tous les temps par un jury de 54 écrivains, est la magnifique galerie de portaits que Gogol nous présente. Il faut reconnaître qu'ils ne sont pas très beaux, tous ces personnages que Tchitchikof rencontrent pour conclure ses marchés, acheter ses fameuses âmes mortes. Et lui-même est loin d'être un modèle de perfection... Mais je soupçonne Gogol d'éprouver une compassion, une tendresse cachée, pour ces russes si «typiques», jusque dans leurs défauts. Épopée comique, picaresque, virulente, souvent irrésistible, cette oeuvre est aussi une méditation sur la Russie, sur l'Homme, sur la mort.Livre sans cesse remanié par son auteur, il brûlera le manuscrit de la seconde partie le 7 février 1852, alors qu'il habite chez le comte Alexis Tolstoï

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2011
Nombre de lectures 263
EAN13 9782820605771
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les mes mortes - Tome I
Nikola Vassilievitch Gogol
1842
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-0577-1
Partie 1
Chapitre 1 Le chef-lieu de gouvernement

Une assez jolie petite britchka [1] à ressortsentra dans la porte cochère d’une hôtellerie du chef-lieu dugouvernement de N… C’était un de ces légers équipages de coupenationale, à l’usage des hommes qui font profession de resterlongtemps célibataires, tels que adjudants-colonels en retraite,capitaines en second, propriétaires possédant un patrimoine d’unepauvre centaine d’âmes, en un mot, tous les menus gentillâtres ethobereaux, qu’en Russie on nomme nobles de troisième main. De labritchka descendit sans précipitation un monsieur d’un extérieur nibeau ni laid, d’une taille ni épaisse ni svelte, ni roide nisouple ; on ne pouvait dire que le voyageur fût vieux, on nepouvait non plus le prendre pour un jeune homme. Ajoutons que sonentrée dans la ville n’excita l’attention de personne, ne fitaucune sensation particulière ; seulement deux paysans russes,qui se tenaient à la porte d’un cabaret établi vis-à-vis del’hôtellerie, se communiquèrent leurs observations. Ces remarquesse rapportaient plutôt à l’équipage qui venait de s’arrêter qu’à lapersonne qu’ils voyaient descendre. « Tiens ; regarde, disaitl’un de ces rustres, regarde cette roue ; qu’enpenses-tu ? Voyons, irait-elle au besoin jusqu’à Moscou, ounon, dis ? – Elle irait, dit l’autre. – Et jusqu’àKazan ? – Je crois qu’elle ne tiendrait pas. – Jusqu’àKazan ? Oh ! non, dit l’autre, non ; elle resteraiten route. » Et la conversation s’arrêta là. Un moment auparavant,quand la britchka encore en mouvement était sur le point des’arrêter devant l’entrée extérieure de l’auberge, elle croisa unjeune homme vêtu d’un pantalon de basin blanc, très étroit et trèscourt, et d’un habit qui avait de grandes prétentions à la mode,sous lequel on voyait se gonfler une chemisette empesée, fermée parune épingle du Toula [2] en fer defonte et cuivre doré, figurant un petit pistolet d’arçon. Le jeunehomme se retourna, regarda l’équipage en bloc, retint de la main sacasquette que le vent menaçait d’emporter, et passa son chemin.Quand la britchka fut entrée dans la cour, le voyageur fut reçu àune porte d’escalier intérieur par un garçon d’auberge si ingambe,si vif, si mobile, qu’à peine on pouvait saisir le moment de voirson visage. Il se précipita dans la cour, une serviette à la main,en très long surtout de demi-coton, dont la taille avait été faitejuste au niveau des aisselles ; il secoua agilement sonépaisse chevelure taillée net en rond d’un bout de l’oreille àl’autre, et conduisit lestement le monsieur dans les chambres dupremier et unique étage, par une galerie en bois annexée au mur depierres, jusqu’à l’appartement qu’il plaisait à Dieu [3] de lui départir sur sa route. C’était unappartement d’auberge du genre national, d’une auberge russe faitecomme le sont toutes les auberges russes des chefs-lieux degouvernement ; un appartement où, pour deux roubles parjour [4] , le voyageur est mis en possession d’unechambre tranquille, où il jouit du spectacle des évolutions quefont, dans tous les coins et recoins et sur le seuil de la chambrevoisine, les blattes, les grillons et les gros cafards noirs, quifont à l’œil distrait l’effet de pruneaux, et de pruneaux engoguette. Là on sait que la porte du voisin est toujours barricadéeau moyen d’une commode, et le voisin de chambre, toujours un hommesilencieux, morose, mais très curieux, très empressé à épier ducoin de l’œil le nouvel arrivant et à questionner les garçons et lepremier venu sur son compte, malgré la presque certitude de ne rienapprendre sur eux ou d’apprendre fort peu de chose. La façade del’auberge répondait parfaitement à l’intérieur ; elle étaitlongue et à deux étages [5] , dontl’inférieur ou rez-de-chaussée, dépourvu de tout enduit, étaitresté dans son simple déshabillé de briques inégalement brunes,mais toutes également hâlées par l’action du temps et des brusqueschangements de l’atmosphère, fort sales en général et moisies enquelques endroits, à cause de l’état délabré de tous les conduits.L’étage avait reçu un enduit que recouvrait le badigeon sacramentelà l’ocre jaune. Au rez-de-chaussée étaient des boutiques de selles,licous, brides, fouets, de cordes à puits et de touloupes. Àl’arrière-coin était une porte de boutique, ou plutôt une fenêtre àtabatière faisant devanture à une espèce de loge ou de niche, où setenait un marchand de coco au miel tout chaud, tout bouillant, avecson samovar [6] en cuivre rouge ; l’homme lui-mêmeconstamment rouge comme sa bouilloire, de sorte que, de loin, oneût dit deux samovars sur la fenêtre ouverte, s’il n’y avait eu àl’un deux une barbe noire qui gâtait l’illusion. Pendant que levoyageur faisait l’examen de la chambre et des meubles, on luiapporta ses effets, et, avant tous, une valise de peau blanche,hâlée, déprimée, éraillée, et montrant à ces signes qu’elle nevoyageait pas pour la première fois. Elle fut déposée sur deuxchaises rapprochées avec le pied l’une vis-à-vis de l’autre contrela paroi par le cocher Séliphane, petit homme trapu, affublé d’untouloupe écourté, et par son camarade le laquais Pétrouchka, garçond’environ trente ans, à gros nez, grosses lèvres et physionomierude, accoutré d’une vieille redingote de son maître. Après lavalise on apporta une petite caisse en bois d’acajou, àcompartiments superposés en simple bouleau du Nord, puis desembouchoirs à bottes, et une poule rôtie enveloppée d’un papierbleuâtre. Quand les bagages, le manteau et les coussins eurent étérentrés, le cocher Séliphane alla à ses chevaux, et le laquaisPétrouchka s’installa dans une petite antichambre très sombre, unvrai chenil, en y apportant un gros manteau de drap de Frise, et enmême temps une sorte d’odeur qui lui était toute particulière,odeur qui s’était communiquée à un sac de différentes nippes à sonusage ; il affermit contre le mur un lit fort étroit auquel ilmanquait un pied qu’il suppléa par une bûche ; il couvrit cebois de lit d’une façon de matelas aplati, mince comme un beignetet non moins gras qu’un beignet fait de la veille, que l’aubergistevoulut bien laisser à sa disposition. Pendant que les domestiquesde l’inconnu faisaient leurs arrangements, leur maître passa dansla salle commune. Ce que c’est que les salles communes dans nosauberges, tout voyageur le sait à fond en une fois ; ce sontpartout les mêmes parois peintes à l’huile, noircies en haut par lafumée, salies en bas par la chevelure des pratiques, encrasséesimmédiatement au-dessous par le dos de tous les voyageurs, etsurtout par les bons gros marchands de la province ; carceux-ci, les jours de foire et de marché, viennent là prendre leurportion de thé, dont ils se font sept ou huit verres, jusqu’à cequ’il ne sorte plus de la théière que l’eau bouillante à l’étatnaturel, qu’ils y versent, à mesure, d’une autre théière plusgrande. C’est partout le même plafond enfumé et le même lustrepoudreux à carcasse de cuivre et pendeloques de verre innombrables,qui ressautent et cliquettent chaque fois que le garçon d’aubergecourt sur une vieille pièce de toile cirée, en balançant hardiment,à hauteur d’épaules, un plateau portant un régiment de tasses qu’onprendrait pour une volée d’oiseaux assemblés sur une planche bercéepar la houle du rivage ; partout les mêmes tableaux appendusaux murs, peintures à l’huile la plupart, s’il vous plaît, etimpayables… et ce qu’on voit enfin en toute auberge ;seulement ici il y avait à remarquer une nymphe gratifiée d’unepoitrine si haute, que personne, je crois, n’aura jamais vu dans lanature un pareil luxe de carnation. Je me trompe : on peut, il estvrai, citer quelques exemples analogues dans certains tableauxd’histoire ou de mythologie, qui ont été, on ne sait quand, ni où,ni par qui, importés en Russie, à moins que ce ne soit par nosgrands seigneurs, touristes de distinction et amateurs passionnésdes beaux-a

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