Les Chroniques de Tanger
216 pages
Français

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Les Chroniques de Tanger , livre ebook

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Description

Ce recueil est constitué de la cinquantaine de chroniques, consacrées à l’actualité algérienne et mondiale, régulièrement données par Rachid Mimouni sur Radio Midi I à Tanger, durant la dernière année de sa vie.

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Publié par
Nombre de lectures 256
EAN13 9789947872963
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0038€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chroniques de Tanger Janvier 1994 - Janvier 1995
DU MÊME AUTEUR
LE PRinTEMPsnEnsERAqUEPLUsbEAU, snED,1978; EnAL,1988; sTock,1995; PockET,1997; séDiA,2014. LEFLEUvEDéToURné, RobERTLAFFonT,1982; PockET,1991; sTock,2000; séDiA,2007. ToMbézA, RobERTLAFFonT,1984; PockET,1996; sTock,2000; séDiA,2007. L’HonnEURDELATRibU, RobERTLAFFonT,1989; sTock, 1999; séDiA,2008. LAcEinTUREDELogREssE, sEgHERs,1990; sTock,1999. UnEPEinEàvivRE, sTock,1991; séDiA,2014.DELAbARbARiEEngénéRALETDELinTégRisMEEnPARTicULiER, LEPRéAUxcLERcs,1992; PockET1993. LAMALéDicTion, sTock,1993; PockET,1995. UnEPAixàvivRE, EnAL,1983; sTock,1995; séDiA,2016.
Rachid Mimouni
Chroniques de Tanger Janvier 1994 - Janvier 1995
ÉDiTionsSéDiA Alger
© Sédia, 2016. Tous droits réservés pour le Maghreb.
ISBN: 978-9947-872-96-3
Il arrivait vers midi chaque jeudi, démarche dandinante et mine débonnaire. Il prenait son courrier, puisque la radio lui servait de poste restante. Par souci de discrétion lors de son arrivée à Tanger, début 1994 - et peut-être aussi par prudence -, il avait refusé de communiquer son adresse et son téléphone. C’était vite devenu un secret de polichinelle pour ses amis, mais l’habitude de lui servir de boîte aux lettres était restée, par commodité… L’enregistrement de sa chronique donnait lieu toujours au même cérémonial : il s’asseyait dans mon bureau, allumait la cigarette qui, un peu plus tard, lui couperait le soufe au micro, au grand dam du réalisateur. Et il posait l’immuable question : « Alors, quoi de neuf ? » Il fallait en quelques mots faire le tour de la planète. Et, en échange, il livrait, en exclusivité, le thème du papier qu’il allait lire, son « point de vue » du jeudi. Un détail parfois, et
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Chroniques de Tanger
on le sentait vibrer : la chronique était en train de naître. Je me souviens de l’adoption au Parlement européen de lois sur les pigeons voyageurs… Un entrelet dans un journal jusqu’à ce qu’il les compare aux immigrants - et c’est devenu une histoire. S’il disait à peine bonjour, il partait sur la pointe des pieds, sans doute pour ne pas déranger… Les derniers temps, chez lui, les stigmates de la maladie avaient profondément creusé ses traits. Il voulait se faire oublier, il était gêné d’être souffrant et jamais n’a réclamé quoi que ce soit pour hâter des soins qu’il aurait dû commencer plusieurs semaines auparavant. Que dire de cette négligence ou de ce fatalisme chez un homme qui s’était arraché de son pays avec femme, enfants et tristesse, et avait débarqué un soir de Saint-Sylvestre à Tanger. Tanger pour la nouvelle année, pour une autre vie, mais avec une casbah, des murs chaulés de blanc, la mer et Medi 1 qui parle à l’Algérie... Pour ne pas oublier les racines ou chambouler l’horizon. Il avait choisi de poursuivre chez nous son œuvre d’écrivain mais par petites touches et donc, chaque semaine, de nous offrir son regard porté sur l’actualité…
Rachid Mimouni s’est tu, et jeudi à 18 h 45, il n’y aura plus de point de vue.
Daniel FERIN Rédacteur en chef de Medi 1 Tanger, dimanche 12 février 1995
Jeudi 13 janvier 1994
C’est une habitude bien établie : à chaque nouvelle année, on se couvre de vœux de bonheur. En réalité, les hommes ne cessent de se chamailler, y compris à propos du temps. Car si l’année se termine le 31 décembre à minuit, il faut préciser que c’est selon le calendrier grégorien. Nous, musulmans, nous ne célébrerons notre nouvelle année que le 10 juin. Les juifs ont changé d’année le 16 septembre. Mesurer le temps est un vrai casse-tête. La nature, en multipliant les possibilités, a fourni aux humains un beau sujet de discorde, comme s’ils en manquaient. Que choisir ? Rotation de la lune autour de la terre, ou rotation de la terre autour du soleil ? Le nombre de jours que compte l’année en sera bien différent. Et ce méridien de Greenwich, qui est censé fournir l’heure universelle ? Même l’Angleterre a décidé de l’abandonner au prot d’une heure dite européenne, qui change selon
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Chroniques de Tanger
qu’on est en hiver ou en été. Et les jours de repos hebdomadaire : vendredi, samedi ou dimanche ? Les avions d’El Al restent cloués au sol le jour où, en Algérie, commence la semaine de travail. Et les fêtes nationales et religieuses ? Si le 11 novembre est férié en France, les Allemands estiment peu nécessaire de célébrer la date anniversaire de l’armistice, qui est en fait celle de leur capitulation. Que voilà un beau désordre ! Les scientiques, c’est connu, aiment la rigueur. Ils ont donc déni le temps à leur manière. Pour eux ; la seconde est la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la tran-sition entre les deux niveaux hyperns de l’état fondamental de l’atome de césium 133. C’est ce qui s’appelle être précis... Pourquoi se débarrasser ainsi de nos deux pla-nètes et de notre astre, après qu’ils ont si long-temps servi ? C’est que ces savants hommes ont découvert une chose effarante. An de ne pas nous angoisser, ils n’en ont fait état que dans un langage hermétique aux profanes. En termes simples, ils ont constaté que la rotation de la lune et celle de la terre n’ont rien de régulier. Elles peuvent aller plus vite ou plus lentement. Elles peuvent se com-porter, de manière imprévue, au mépris de ces lois de la gravitation que les potaches ont tant de mal à apprendre. En somme, elles sont capables de sautes d’humeur, tout comme les humains. Et si soudain, comme prises de folie, ces deux planètes se mettaient à tourner plus rapidement ? Nous aurions alors l’hiver en été, et l’automne au
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