Les contes de Demmbayal-L Hyène et Bodiel-Le-Lièvre
97 pages
Français

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Les contes de Demmbayal-L'Hyène et Bodiel-Le-Lièvre , livre ebook

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Description

Symbole de la fourberie et de la bêtise, Demmbayal-L'Hyène tient le mauvais rôle face à un Bodiel-Le-Lièvre dont la ruse et les tours pendables n'épargnent aucun habitant de la forêt et de la savane où les animaux, à l'image des hommes, évoluent cahin-caha. Hier comme aujourd'hui - et sûrement demain -, l'animal ne serait, de par sa nature et son comportement, qu'un humain attardé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 80
EAN13 9782296714083
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Conte s
de Demmbayal-L’Hyène et Bodiel-Le-Lièvr e
Encres Noire s
Collection dirigée par Maguy Albet et Emmanuelle Moysan

Dernières parutions

N°338, Honorine NGOU, Afép, l’étrangleur-séducteur, 2010.
N°337, Katia MOUNTHAULT, Le cri du fleuve , 2010.
N°336, Hilaire SIKOUNMO, Au poteau, 2010.
N°335, Léonard MESSI, Minta, 2010.
N°334, Lottin WEKAPE, Je ne sifflerai pas deux fois, 2010.
N°333, Aboubacar Eros SISSOKO, Suicide collectif. Roman, 2010.
N°332, Aristote KAVUNGU, Une petite saison au Congo, 2009.
N°331, François BINGONO BINGONO, Evu sorcier. Nouvelles, 2009.
N°330, Sa’ah François GUIMATSIA, Maghegha’a Temi ou le tourbillon sans fin , 2009.
N°329, Georges MAVOUBA-SOKATE, De la bouche de ma mère, 2009.
N°328, Sadjina NADJIADOUM Athanase, Djass, le destin unique, 2009.
N°327, Brice Patrick NGABELLET, Le totem du roi, 2009.
N°326, Myriam TADESSÉ, L’instant d’un regard, 2009.
N 325, Masegabio NZANZU, Le jour de l’éternel. Chants et méditations , 2009.
N°324, Marcel NOUAGO NJEUKAM, Poto-poto phénix , 2009.
N°323, Abdi Ismaïl ABDI, Vents et semelles de sang, 2009.
N°322, Marcel MANGWANDA, Le porte-parole du président, 2009.
N°321, Matondo KUBU Turé, Vous êtes bien de ce pays. Un conte fou , 2009.
N°320, Oumou Cathy BEYE, Dakar des insurgés, 2009.
N°319, Kolyang Dina TAÏWE, Wanré le ressuscité, 2008.
N°318, Auguy MAKEY, Gabao news. Nouvelles, 2008.
N°317, Aurore COSTA, Perles de verre et cauris brisés, 2008.
N°316, Ouaga-Ballé DANAÏ, Pour qui souffle le Moutouki, 2008.
N°315, Rachid HACHI, La couronne de Négus, 2008.
N°314 Daniel MENGARA, Le chant des chimpanzés, 2008.
N°313 Chehem WATTA, Amours nomades. Bruxelles, Brumes et Brouillards, 2008.
N°312 Gabriel DANZI, Le bal des vampires, 2008.
N°311, AHOMF, Les impostures, 2008.
N°310, Issiaka DIAKITE-KABA, Sisyphe… l’Africain , 2008.
N 309, S.-P. MOUSSOUNDA, L’Ombre des tropiques, 2008.
Harouna-Rachid Ly


Les Contes
de Demmbayal-L’Hyène et Bodiel-Le-Lièvre


Illustrés par Abdoul B a
Du même auteur
1989, Gendarme en Mauritanie, Editions Cultures Croisées,
Roissy-en-Brie, 2007
Le trésor des Houya-Houya, Editions Le Manuscrit, Paris, 2002
Que le diable t’emporte ! , Nouakchott, avril 2000
Le Réveil agité, L’Harmattan « Encres noires », Paris, 1997


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Pari s

http://www. librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13608-3
EAN : 782296136083

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre

A
C’était il n’y a pas longtemps : au temps où les bêtes parlaient. Où l’harmattan, vent sec venu des hauteurs sablonneuses du désert, tannait la peau, asséchait la gorge et brûlait les yeux. Des tourbillons descendus du Sahara, où les dunes moutonnaient à l’infini, allaient à l’assaut du Sahel rabougri, de la savane herbeuse et des forêts aux lianes enroulées autour des troncs centenaires des arbres dont les racines s’enfonçaient dans les escarpements dénudés des rigoles et du fleuve.
De Bounndou Bodol à Tezzaalé, de Jaliwoor à Diéri Lommbiri , les saisons se succédaient, immuables. La brousse de Diéri Guêmé étendait sa verdeur jusqu’à Thiennguélel , contournant les plaines alluviales de Lobaadé et de Bourloondé pour se transformer en forêt à la pointe sud-est de la gigantesque mare de Widim {1} .
Sur ce territoire où le mil ne manquait guère et où le lait coulait à flots ; ce royaume d’abondance où les habitants ailés d’ en-haut cohabitaient sans heurt ni haine avec les citoyens rampants et ceux à quatre pattes d’en bas, régnait sa Magnificence Taktakiri-3-Le-Griffu, 57 ème de la dynastie, qui avait succédé à son père, décédé la semaine d’avant, non pas par une décharge d’arme automatique consécutive à une révolution de palais, mais par vieillesse. Aimé de ses sujets, la disparition de ce monarque-lion donna lieu à un deuil de 7 jours et 7 nuits au cours desquels le peuple pleura le souverain et loua sa magnanimité.
Des pleureurs professionnels de la tribu de Mbabba-L’âne, triés sur le volet, animèrent la cérémonie au son de la flûte de Ngori-Le-Coq, accompagné au tambour par PaaBaa- Le-Crapaud sous les applaudissements rythmiques de Nguirdia-Le-Phacochère et sa famille.
Au-dessus de toute cette douleur « cavalcadante », Foondu-Le-Pigeon, suppléé par Kaathia Le-Héron {2} et les siens, apportait un froufrou triste et une complainte des grands jours.

Des profondeurs des forêts, des bosquets, des savanes et des montagnes, était venu tout ce que le royaume comptait de sujets. De Haayré-Ngaal {3} , de Eêlêga {4} , de Gawdal Kooli ou de Jamwely, le peuple de Boï-Le-Chacal, Gniiwa-L’Eléphant, Nooro-Le-Caïman, Mbato-Le- Margouillat, Cewngu-La-Panthère, Demmbayal-L’Hyène, Bodiel-Le-Lièvre, Goundo-La-Gueule-Tapée, tous étaient venus verser une larme sur le tombeau sacré du Grand-Disparu ; tous étaient venus se rincer la gorge après une nuit de pleurs et de recueillement.
Dans de grandes marmites, où mijotait une sauce épaisse qui embaumait l’air jusqu’à la plaine de Galo Koly {5} , flottaient des cuisses de poulets, des foies de bœufs et des cotes de moutons. Du miel, de l’eau parfumée au « nana Boghé » {6} , des bols remplis de zrig {7} au lait de vache étaient disposés sur toutes les rues, les ruelles, les trous, les escarpements, les nids et sous l’ombre des grands arbres de Goural-Saaré, la capitale du royaume…
Aujourd’hui, Taktakiri-3, longtemps prince de la 57 ème dynastie léonine, succède donc, officiellement, à son père. Fini donc le deuil, le temps est aux réjouissances. Le peuple doit danser, se restaurer, festoyer car sous ces horizons où on raisonne par la panse et convainc par la griffe ou le sabot, la mort ne pouvait pas être le prélude à la fin du monde. Honneur au disparu ! Vive le mort par la grâce de qui le ventre se remplit.
Ripaille ! Sonnez le clairon du banquet ! Faites résonner le tambour du festin ! Hip ! Hip ! Hourrah pour le disparu ! Que la terre sur laquelle il avait fait régner sa terreur lui soit lourde pour que plus jamais il ne vienne perturber le repos des rongeurs, des carnassiers et des herbivores des bords des mares. Gloire au nouveau roi !
Que son règne soit aussi court que le plus ras des poils de sa queue !
Une troupe, constituée des plus agiles danseurs de l’orchestre national, évolua, toute la soirée, sous la conduite de Waandou-Le-Singe, sa femme et son cousin Ndinka-Le-Gorille. Des nuages de poussière soulevée par le pas des artistes couvraient les étoiles et la lune descendues de leur demeure céleste pour témoigner devant l’histoire combien le nouveau roi était aimé de son peuple…
Retranché dans un terrier décoré aux couleurs rouge-sang du royaume par Hébêbé -Le-Mange-Mil, Bodiel -Le-Lièvre avait le regard rivé sur les rondeurs de sa compagne dont le pantalon-fuseau moulant ses formes parfaites et son « diombokh-out » {8} acquis à prix d’or dans un marché aux puces de Guinaw-Raay {9} faisait d’elle l’objet de toutes les convoitises. Cette superbe femelle, avant d’échoir entre les petites pattes de Bodiel, avait fait tourner la tête – et la queue ! – à toute la faune de la brousse et quelques mâles de la gent animalière domestique au rang desquels on pouvait citer Bongbonguêrou-Le-Chat, Ndamndi-Le-Bouc, Haldou-Le-Chien et même Kankalêwal -Le-Canard…
Mais de tous ces soupirants, tous ces prétendants, la belle demoiselle avait préféré se rabattre sur son cousin, le tout doux Bodiel au poil chatoyant et à la moustache rare. Solidarité dans l’épreuve mais surtout solidarité familiale, chez les Lapins et les Lièvres on se marie – de Bodial Baari l’ancêtre au dernier-né de la tribu – entre cousins pour préserver la pureté des oreilles et la rapidité à la course. « Kouf. wooré koum wooré {10} ! Dieu nous préserve d’une parenté de sang avec les lourdauds ! », était l’exclamation qu’on apprenait dès leur naissance aux rejetons des « longues oreilles » pour dissuader toute dérive contre nature. Sage recommandati

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