Les enfants de la Guerre
94 pages
Français

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Les enfants de la Guerre , livre ebook

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Description

C'est le récit, sans fioriture du parcours d'un jeune garçon, pris entre la joie de vivre en milieu rural et le conflit de 1939-1945. Séparé avec son frère de ses parents au moment de l'exode, il a vécu l'occupation allemande et les bombardements, de la campagne à la ville, d'école en école... pour revenir après la libération dans son village natal, heureux de retrouver sa joie de vivre !

Informations

Publié par
Date de parution 27 décembre 2011
Nombre de lectures 15
EAN13 9782312006123
Langue Français

Extrait

Les enfants de la Guerre
Marcel Mansart



Les enfants de la Guerre
Autobiographie des années de guerre











LES É DITIONS DU NET
70, Quai Dion Bouton – 92800 Puteaux
© Les Editions du Net 2011
ISBN : 978-2-312-00612-3







Je dédie ce récit à mon frère Claude, qui,
j’en suis sûr, aurait aimé le faire à ma place.
J’ai écrit ce texte sans fioriture,
aussi simplement que nos âmes d’enfants
ont ressenti les événements,
et que des milliers d’enfants ont subi.
Nous sommes des enfants de la guerre.
Prologue
Venette est un petit village de l’Oise, près de Compiègne, dont les habitants sont essentiellement des hommes et des femmes de la terre. Les petites fermes animées nourrissent tout le village et donnent du travail à tous. Ici se tient la ferme Meunier, dont l’important cheptel en fait l’une des plus prospères. Elle est campée au pied de la grande église gothique dont la flèche, droite comme un i, s’élance vers le ciel et domine le village. Un peu plus loin, se tient la ferme Estrat, de moindre importance mais tout aussi active avec ses quinze vaches laitières, dirigée de main de maître par Madame Estrat veuve, supplée par son fils Jean. Puis vient une succession de petites exploitations dont les attelages animent les rues chaque matin en martelant le sol, ils sont menés par les charretiers qui partent dans les champs. Ce sont le blé, l’avoine, l’orge, les betteraves, et autres pommes de terre qui constituent les principales ressources nourricières des hommes. Pour le fourrage des animaux, on cultive le maïs, l’herbe, la luzerne… à chaque saison sa culture. Les travaux des champs occupent une multitude d’hommes et de femmes connaissant parfaitement les tâches à effectuer. Dans les fermes, bouviers et vachers s’activent autour des vaches, chevaux et autres animaux, à cornes ou non. Ils sont chargés de la traite, de l’entretien des écuries et étables, de nourrir les bêtes…
Dans le village paraît souvent Monsieur le curé. Il sort de la cure, drapé dans une soutane noire qui fait dire à Grand-père « On dirait un corbeau », il traverse la rue, entre dans l’église, s’accroche à la longue corde qui monte vers les cintres du clocher, tire avec un han ! d’effort qui le soulève de deux mètres, puis il redescend alors que là-haut les cloches se mettent à sonner. Pendu au bout de sa corde, il monte et descend, sa soutane virevoltant au rythme imprimé par les lourds carillons de bronze, effort nécessaire pour rappeler les ouailles à leurs devoirs. Monsieur le curé, c’est aussi celui que l’on voit, de temps en temps, traversant le village encadré par les enfants de chœur vêtus de longues toges rouges recouvertes d’un camail blanc brodé sur les bords, l’un porte l’ostensoir, l’autre une croix, le prêtre le seau d’eau bénite. Ces jours-là, tous suivent un corbillard couvert de fleurs disposées en couronnes ou en simples bouquets. Trois chevaux recouverts de draps noirs tirent le convoi mortuaire d’une marche lente, transportant un fidèle vers sa dernière demeure, accompagné par une foule triste et silencieuse. Sur son passage, les gens se signent, la peur sans doute de recevoir un mauvais sort.
Venette, c’est aussi Martine la voisine qui chaque matin passe devant la maison de mes grands-parents, brouette en mains, faux bien calée entre les brancards pour aller faucher la luzerne de ses lapins. Tandis que la bistrotière, Madame Jean, sert un dernier café bien chaud à ceux qui partent pour une dure journée de labeur dans les champs. Dès le matin, c’est un monde disparate qui anime ainsi le village, qu’importe le temps, qu’il pleuve, vente, neige ou grêle il y a toujours une tâche à accomplir, immuablement.

La maison de mes grands-parents se situe à l’entrée nord du village, au 17 Rue de Corbeaulieu, juste dans le virage et en bas de la descente de cette très longue route qui mène dans la campagne dont les cultures changeantes au gré des saisons s’étendent à perte de vue. L’habitation est une ancienne ferme dont la cour est ceinte d’un mur de moellons disparates et fermée par une grande porte de bois dans laquelle se trouve un petit portillon. Une fois le portillon franchi nous sommes dans une grande cour avec, à gauche une première bâtisse composée d’une pièce unique au rez-de-chaussée et d’un grenier à l’étage. C’est dans cette pièce principale que se déroule l’essentiel de la vie de la maison : les repas, les discussions, les toilettes en hiver, les veillées. La cheminée n’est plus utilisée, un poêle à bois la remplace, il a un réservoir d’eau incorporé, ce qui donne de l’eau chaude en permanence que l’on tire d’un petit robinet situé sur la partie basse de la cuisinière. Des chaises de bois en cannage sont disposées tout autour de la grande table ; contre le mur se dresse un buffet dans lequel on trouve la vaisselle légère : assiettes, verres, soupière, saladiers, etc. et un grand placard garni d’étagères sur lesquelles est bien rangé l’indispensable pour la préparation des repas : casseroles, fait-tout, cocotte de fonte noire, boîtes de sel, sucre, farine, quelques torchons pour la vaisselle. Un garde-manger, c’est-à-dire une grande caisse en bois grillagée d’une fine toile métallique transparente, est suspendu au plafond. Les ouvertures de la pièce donnent un éclairage suffisant en plein jour : la porte qui est en partie vitrée et deux fenêtres, l’une ouvrant sur la cour, l’autre sur la rue. Pour l’éclairage de nuit, une lampe à pétrole est posée sur le rebord de la cheminée, son réservoir qui sert de socle est surmonté d’un long tube en verre dans lequel sort une large mèche dont une grande partie trempe dans le réservoir. C’est dans cette pièce chauffée que Maman m’a mis au monde avec l’aide d’une sage-femme. C’est ici aussi que mes parents dorment, dans un lit-cage (un lit en fer que l’on déplie à la demande).
Au-dessus de cette pièce, sous le toit de tuiles rouges, s’étend le grenier, véritable réserve à légumes secs. Sur son sol, bien alignés, les oignons à pelures jaunes gros comme le poing, accrochés aux solives du toit des sacs en jute marron dans lesquels se trouvent tête en bas des pieds de haricots secs. Quelques pommes délicatement posées sur des journaux à même le sol attendent d’être cuites au four.
Il faut sortir de cette pièce unique et retourner dans la cour pour accéder aux autres bâtiments : à droite de cette première bâtisse, une autre, plus imposante, à laquelle est accolée une grange qui donne accès au grenier. Un peu plus loin, un escalier monumental conduit dans l’habitation composée de trois grandes pièces : les chambres. Dans la première mon lit et celui de Mémère. Dans une autre, le couchage de Pépère avec sa table de nuit et son armoire. La troisième est réservée aux invités, c’est-à-dire essentiellement mes tantes et oncles et mes parents qui y dorment depuis ma naissance.
Au pied de l’escalier et à l’extérieur, une construction en pierres de taille : le puits, unique point d’eau de la maison.
De l’autre côté de la cour, sur la gauche, la bergerie qui abrite une chèvre, le bouc et deux cabris. Un peu plus loin, une porte derrière laquelle un escalier permet de descendre, dans l’obscurité totale, dans une cave profonde : c’est la réserve où sont stockées pommes de terre et viandes conservées dans de grandes jarres de grés.
À une dizaine de mètres de la cave s’élève une barrière suffisamment haute pour empêcher les volatiles de s’échapper et derrière laquelle se trouve le poulailler abritant quelque trente poules et coqs s’alignant la nuit sur des perchoirs juxtaposés. Le jour, ils sont en liberté dans une cour, en retrait de l’habitation, où l’on trouve le clapier. Les lapins bien au sec dans des cages spacieuses s’ébattent et mangent selon leurs envies. Tout près un espace a été creusé pour les déjections des bêtes, en particulier les pailles souillées : cet endroit est le trou à fumier.
À quelques pas de là, une petite cabane au toit de tuiles rouges : les commodités ou W .- C . à la turque, un lieu simple, sans eau, muni d’une fosse profonde et d’une simple porte de bois qui en ferme l’accès.
Au-delà vient un grand bâtiment : la grange aux fourrages, dont l’étage est accessible par une échelle, et où attendent, empilées les unes sur les autres, bien ordonnées, les balles de foin dans un coin, les bottes de paille dans un autre.
Tout à côté une remise : c’est la réserve à bois où les bûches sont entassées jusqu’au toit. Un tas de bois coupé, prêt à être utilisé dans la cuisinière, occupe tout un coin. À cet endroit commence le jardinet protégé par une clôture de gri

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