Les grenouilles auront-elles toujours peur des crocodiles
206 pages
Français

Les grenouilles auront-elles toujours peur des crocodiles , livre ebook

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206 pages
Français

Description

Issu d'une bourgeoisie très aisée, Antoine a choisi de s'éloigner de l'entreprise familiale afin de devenir médecin. Jeune interne, il découvre les rouages, les difficultés, les rapports humains et hiérarchiques qui peuvent prévaloir au sein d'un groupe hospitalo-universitaire. Les problèmes ne semblent pas l'atteindre réellement, jusqu'au jour où l'un de ses meilleurs amis est pris dans la tourmente. Il va alors tout tenter pour lui venir en aide jusqu'à défier une hiérarchie toute-puissante, enfermée dans son silence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mars 2019
Nombre de lectures 8
EAN13 9782140116957
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pierre Le Blay
Les grenouilles aurontelles toujours peur des crocodiles ?
Roman
Rue des Écoles / Littérature
Les grenouilles auront-elles toujours peur des crocodiles ?
Rue des Écoles La collection « Rue des Écoles » est dédiée à l’édition de travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc. Elle accueille également des œuvres de fiction (romans) et des textes autobiographiques. Déjà parus
Fainsilber (Liliane),Trois boutures de jasmin, roman, 2019. Tourné (Pierre-Jacques),L’hypnophobe, roman, 2019. Kanyiki (Lumbamba),Chant du corbeau, récit, 2019. Benoit (Jean-Louis),Au sommet de la colline, roman, 2019. Peltier (François),Le club Kierkegaard, roman, 2019. Mallard (Rémy),Manège, nouvelles, 2018. Pittet (Ignace),Promenade d’un rêveur solidaire, récit, 2018. Mathé-Cachia (Marie-Hélène),Le ventre du laboratoire, roman, 2018. Charvet-Bernard (Christiane), Il y a longtemps que je t’aime, roman, 2018. Albaterra (François),Les fausses routes du siècle, roman, 2018. Bitaine de la Fuente (Marie-Thérese),Horizons tremblés, nouvelles, 2018. Kalifa (André),Histoire de Samuel. Entre l’Algérie et la France, récit, 2018. Ces douze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.editions-harmattan.fr
Pierre LeBlayLes grenouillesauront-elles toujours peur des crocodiles ? Roman
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-16259-1 EAN : 9782343162591
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Antoine avait la tête posée contre la vitre et n’osait pas ouvrir les yeux. Le contrôleur, en pénétrant dans le wagon, l’avait tiré de son sommeil, et il était posté maintenant depuis près de cinq minutes à côté de sa rangée. Personne ne parlait mais il sentait sa présence. Il se risqua à ouvrir très légèrement un œil, tel un enfant qui veut faire croire à ses parents qu’il dort profondément. L’homme à la casquette mauve, Gérard, tel que l’indiquait son badge, avait le regard perdu au-delà de son siège, au-delà de la fenêtre, au-delà des collines. Il semblait penser à quelque chose d’agréable car les coins de sa bouche s’étiraient en un léger sourire. Alors Antoine tenta le coup. Il lui tendit son billet périmé de trois mois en entamant la conversation.Vous, vous pensez à vos vacances ! Gagné ! Au-delà de toute espérance. Le contrôleur pensait à sa retraite. Il aimait la Normandie, la terre de sa chère mère. Il pourrait y retourner en toute tranquillité. Vendre son appartement et partir respirer les embruns de la Manche. Il appréciait l’idée de plages désertes, de falaises abruptes et de marées modifiant dans la même journée les paysages portuaires. Gérard était déjà sur les quais d’Honfleur et ne vit pas que le billet présenté était daté de trois mois plus tôt. Il ne le
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passa même pas devant son boitier, préférant s’épancher sur sa longue carrière à la SNCF. Le jeune assis face à lui avait l’air empathique. Alors il lui déballa tout. Il avait tout connu dans la compagnie : les différentes couleurs de costume et styles de casquette, les trains couchettes, le TGV orange puis violet, l’iDTGV, les conflits, les grèves, les manifestations. Il n’était pas particulièrement investi à SUD RAIL pourtant. Juste comme il faut pour ne pas être considéré de droite par ses collègues. Mais les manifestations lui apportaient un peu de nouveauté, une rupture de son quotidien, tout en étant une valeur refuge de l’esprit corporatif. Quelle que soit l’orientation de la société moderne, un petit conflit social était toujours possible. Voilà quelque chose de très rassurant. Antoine, content et surpris de ce dénouement heureux, rangea vite son billet périmé et se sentit obligé de compatir. – Eh oui, c’est pour bientôt cette retraite ? Quelques mois, si le gouvernement n’en décidait pas autrement. Heureusement, car il n’avait plus d’envie. Marre de ces actes répétitifs, de ces phrases monotones, de ces voyages ne menant nulle part. Toutes ces heures de train pour revenir au même point, comme une entêtante rengaine, un cercle intemporel et infini dont il ne pourrait s’extraire. À bien y penser, sa vie s’était calquée sur cette habitude. Je pars de Paris, je reviens à Paris. Je ne pars de rien et ne reviens à rien. Tu es né poussière et tu redeviendras poussière. Antoine nota inconsciemment une petite tendance dépressive sous-jacente. Le contrôleur lui avoua avoir rendez-vous avec un psy le lendemain. C’était Simone, la voisine du dessous, qui lui avait indiqué. Le docteur
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Plante avait fait des merveilles pour ses TOC. Pas de traitement, mais une thérapie comportementale. Pour lutter contre son angoisse, elle devait tourner en rond sur elle-même. Depuis, elle mettait seulement trente-cinq minutes à franchir le seuil de l’immeuble, ayant divisé par trois le nombre de vérifications de sa serrure. Heureusement, elle n’habitait qu’au deuxième étage de cet immeuble qui en comptait neuf. Antoine accueillit avec bienveillance l’histoire de Simone et les états d’âme de Gérard, tant il était content de ne pas avoir à payer d’amende. Le jeune homme n’avait pas pour habitude de frauder, mais il s’agissait là d’un cas de force majeure. Il faisait partie des derniers utilisateurs des billets cartonnés rectangulaires de la SNCF. Cela pour des raisons militantes, car il ne comprenait pas l’intérêt d’un billet sur un format A4 complet. Bien sûr, il le comprenait d’un point de vue marketing, mais cela représentait pour lui une insulte écologique. Il n’imprimait donc jamais ses billets et les retirait à la borne de la gare. Malheureusement, ce principe était assez peu compatible avec sa ponctualité. Il arrivait en effet toujours une minute avant le départ annoncé de son train, une de ses fiertés étant de n’en avoir jamais raté un seul. Mais ce matin, les imprévus avaient été nombreux, se donnant la main pour créer une infranchissable entrave entre lui et son départ. Le délai étant encore plus court que d’habitude, il avait dû faire une croix sur l’impression de ses titres. Il n’aurait pourtant pas de contravention aujourd’hui, le saint patron des voyageurs était avec lui, et il allait pouvoir continuer son trajet sans encombre. En considérant que son voisin obèse n’en était pas un. Ce dernier s’était endormi avant même le départ, la bouche
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