Les Impures
318 pages
Français

Les Impures , livre ebook

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318 pages
Français

Description

La société cubaine du début du XXe siècle distingue les femmes "vertueuses", qui se plient aux préceptes moraux du patriarcat, des "impures", qui franchissent les limites imposées par ces codes, quelles qu'en soient les raisons économiques, familiales ou affectives. Le réalisme et le naturalisme du roman prennent pour objet les quartiers marginaux de la capitale où cohabitent proxénètes, prostituées et gens du peuple, ainsi que les quartiers réservés à la nouvelle bourgeoisie républicaine vivant dans le faste et la luxure.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2014
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336347714
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

f
Les Impures
Miguel de Carrión
Comme l’évoque d’emblée le titre du roman cubain Les Impures (en
espagnol Las Impuras), la trame narrative se construit autour de
personnages féminins qui font écho à l’autre roman qui a rendu célèbre
Miguel de Carrión, Las Honradas (les femmes honnêtes, les vertueuses).
Le réalisme et le naturalisme du roman prennent pour objet les quartiers Les Impuresmarginaux de la capitale, La Vieille Havane en particulier, où cohabitent
eau début du XX siècle proxénètes, prostituées et gens du peuple, ainsi
que les quartiers plus bourgeois tels que le Vedado, réservés à la nouvelle
bourgeoisie républicaine vivant dans le faste et la luxure. La société
cubaine de l’époque distingue d’un côté les femmes « vertueuses », qui
se plient aux préceptes moraux du patriarcat, et de l’autre les « impures »,
celles qui franchissent les limites imposées par ces codes, quelles qu’en
soient les raisons économiques, familiales ou affectives. La prostitution est
au cœur du roman, dans toute sa complexité et à travers des personnages
qui refètent la réalité de l’époque. Miguel de Carrión le sait, la prostitution
est au centre d’un système autour duquel se cristallisent les problèmes qui
rongent la jeune République, à savoir la corruption, la violence, l’hypocrisie
morale, le chômage, la misère et la perversion.
Miguel de Carrión (La Havane, 1877-1929), médecin, journaliste,
écrivain, membre de l’Académie des Arts et des Lettres, est l’une des
egures intellectuelles de la Cuba des premières décennies du XX siècle.
Inspiré par le naturalisme européen d’auteurs tels que Zola, Daudet
ou Maupassant, il devient avec ses deux romans Las Honradas (Les
Vertueuses, 1917) et Las Impuras (Les Impures, 1919) le symbole du
roman social cubain, décrivant de sa plume acerbe et sans concession
l’hypocrisie morale et la corruption qui caractérisent la jeune République
cubaine née en 1902.
Couverture : Montage photos © René Silveira
édition française de Jean Lamore
ISBN : 978-2-343-01476-0
27 €
Miguel de Carrión
Les Impures


Les Impures


Miguel de Carrión


Les Impures

Roman
(Cuba, 1919)



Édition française, traduite et annotée
par Jean Lamore

Présentation de Mélanie Moreau-Lebert
























© L’HARMATTAN, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-01476-0
EAN : 9782343014760

Les Impures de Miguel de Carrión
ou
eLe vice et la vertu dans La Havane du début du XX siècle

par Mélanie Moreau-Lebert

Les contextes

La période républicaine à Cuba est une période complexe et difficile pour
le peuple cubain. L’année 1898 reste gravée dans les mémoires comme la
grande désillusion d’un peuple qui, s’étant délivré du joug colonial espagnol,
est privé de son indépendance par l’intervention des États-Unis. Trois ans
d’intervention américaine suffisent à mettre en place les futures structures de
pouvoir, à garantir des conditions d’exploitation maximales et à poser les
bases juridiques de la domination américaine sur Cuba grâce à l’Amendement
Platt, en 1901. Le protectorat mis en place par les États-Unis, qui sera suivi en
1934 par un système néocolonial, s’appuie sur la collaboration de présidents et
de gouvernements corrompus qui se succèdent au pouvoir. La corruption, le
népotisme et la violence sont érigés en système dans une société où se
creusent de façon dramatique les inégalités et se désagrègent toutes les valeurs
morales.
C’est dans ce contexte socio-politique complexe que va naître à Cuba un
courant littéraire spécifique de contenu social alors même que dans les
différents secteurs de la société (ouvriers, étudiants, féministes, intellectuels)
commence à se structurer une conscience sociale et nationale qui mènera
quelques décennies plus tard à la Révolution de 1959. L’histoire littéraire
cubaine peut être divisée en segments marqués par le travail d’une génération.
Par génération littéraire, on entend le travail d’un groupe humain qui vit et
produit dans le cadre de circonstances historiques communes. Ces
circonstances déterminent des expériences et des actions qui s’expriment par
des thèmes et des formes littéraires communes également. La première

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génération littéraire de la République est celle d’hommes nés dans les années
1880, mais on distingue toutefois deux groupes : ceux qui commencent à
écrire au début du siècle, et ceux qui ne commencent que dans la deuxième
edécennie du XX siècle. Chez les premiers prédominent le lyrisme et la
thématique héroïque nationale, alors que les seconds s’illustrent par la sobriété
et la critique acerbe de la société.
La plupart d’entre eux proviennent de la classe moyenne et ne se
consacrent pas uniquement à la littérature, puisqu’il leur est quasiment
impossible d’en vivre. Ils exercent en général une profession libérale telle
qu’avocat, professeur, ou médecin. Parmi ces hommes, Miguel de Carrión,
Carlos Loveira et Jesús Castellanos sont les plus reconnus. Quelle fonction
attribuent ces écrivains à la littérature ? Là encore, on perçoit clairement
plusieurs tendances. Pour la majorité, il s’agit d’un moyen d’accéder à la
tribune publique, une façon claire et déterminée d’exprimer leurs opinions et
de les illustrer par des exemples fictionnels, certes, mais tirés de la réalité.
La mainmise des États-Unis sur Cuba, l’accélération du processus de
désintégration morale et de corruption politique sont en totale contradiction
avec la vertu que le peuple attendait de la République indépendante. C’est
pourquoi de nombreux écrivains vont mettre un point d’honneur à être grâce
à leur œuvre la conscience critique qui semble faire défaut aux groupes
dirigeants.
La principale caractéristique du roman social est le pessimisme face à une
situation inextricable, et face à l’impossibilité pour les institutions
néocoloniales de remédier aux maux de la société. C’est ce pessimisme qui
justement en fait des novateurs, voire même des révolutionnaires dans le cas
de Miguel de Carrión, dans le sens où il va dévoiler au grand jour ce que tout
le monde sait sans le dire, en l’occurrence l’hypocrisie morale et la perversion
des us et coutumes publics et privés. Parmi ces fléaux se trouvent la
prostitution, la corruption, l’adultère et la misère avec leur complexité.
Inspiré par le naturalisme européen (dont les principaux auteurs furent
Daudet, Zola, Maupassant…) et influencé par le positiviste Auguste Comte,
Miguel de Carrión est à la tête du roman social pour la richesse de ses
descriptions, des ambiances et des espaces. Cet arrêt presque obsessionnel sur

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chaque objet, chaque trait de caractère, est en fait le moyen de donner une
valeur historique à ses œuvres, et d’en accroître la véracité. Preuves en sont les
deux romans qui l’ont rendu célèbre, Las Honradas et Las Impuras publiés
respectivement en 1917 et 1919, qui offrent une galerie de portraits féminins
très riches et profonds. Ce talent descriptif est également présent chez d’autres
auteurs contemporains de Carrión tels que Enrique Serpa ou Carlos Loveira,
qui donnent à voir une réalité sans fard qui place le lecteur de l’époque face à
ses contradictions et à celles d’une société tout entière.
Le réalisme et le naturalisme de ces romans prennent pour objets les quartiers
marginaux de la capitale, la Vieille Havane en particulier, où vivent
proxénètes, prostituées et homosexuels, ainsi que les quartiers plus bourgeois
tels que le Vedado.

Les Impures : le sort des femmes

Si Miguel de Carrión met la femme au centre du schéma narratif, que cela
soit dans Las Impuras ou dans Las Honradas, c’est que les femmes, comme à
l’accoutumée, sont les premières victimes de la d&#

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