Les mausolées de sang
241 pages
Français

Les mausolées de sang , livre ebook

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241 pages
Français

Description

La foule était traumatisée par ce déchainement de violence et de haine à Tombouctou. Elle resta longtemps figée sur place, tétanisée, partagée entre le désarroi et la colère, de mémoire d'homme, les habitants de la ville sainte n'avaient jamais vécu une telle horreur : que de vies brisées, broyées par la machine infernale de l'intolérance et du fanatisme.

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Informations

Publié par
Date de parution 02 février 2018
Nombre de lectures 3
EAN13 9782140065231
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Igée sur place, tétanisée, partagée entre le désarroi et la colère, de mémoire d’homme, les habitants de la ville sainte n’avaient jamais vécu une telle horreur : que de vies brisées, broyées par la machine infernale de l’intolérance et du fanatisme ! »
N’Diaye BAH toucouleur de son âge, son père conîe son
À son retour au Mali en 1985, il s’engage dans
ministre de l’Artisanat et du Tourisme, il est commandeur de la Légion d’honneur française. Il milite aujourd’hui à l’URD (Union pour la république et pour la démocratie) parti d’opposition au régime en place. Il est le chef du village de Kayes-Ndi.
N’DiayeBAH
LES MAUSOLÉES DE SANG Roman
Les mausolées de sang
© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13952-4 EAN : 9782343139524
N’Diaye BAHLes mausolées de sang Roman
Chapitre I « Chacun est libre d'être musulman, chrétien, mécréant et autres et c'est dans l'au-delà que Dieu va trancher. Vouloir se substituer à Dieu, vouloir prendre sa place dans ce monde est la pire aberration. »
El Hadj Ousmane Chérif Madani HAÏDARA, Président des Ansardines. JournalLa Révélation du 21/07/2014. La petite maison était située à l'écart de la grande route bitumée non loin du grand canal qui serpente toute la ville. Ce canal servait de refuge à une myriade de moustiques qui y nichaient sans discontinuer toute l'année. Ces petites bestioles redoutables se montraient sans pitié pour les braves habitants du lieu. La nuit, c’était le sauve-qui-peut général, chacun mettait au point son petit stratagème et ses propres astuces pour échapper aux assauts et aux piqûres de ces petits insectes immondes. Il n'était point question pour ces pauvres habitants de passer la nuit dans la cour des concessions pour profiter de la brise qui apportait un peu de fraîcheur, à moins de disposer d'une très bonne moustiquaire sans le moindre petit trou par lequel ces agresseurs pouvaient s'introduire. Les habitants martyrisés, pris en otage par ces envahisseurs nocturnes, étaient totalement désarmés, impuissants à endiguer ces assauts organisés, synchronisés et menés par vagues successives.
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– C'est terrible, s'exclama Rémi, à ce rythme, je finirais par m'exiler loin d'ici et demander un statut particulier de réfugié dans une autre ville, nous souffrons un vrai martyr dans cette ville de Niodougou.
Rémi vivait dans cette petite maison en compagnie de sa sœur Catherine et de son frère Julien, seul bâtiment en banco qui se réduisait à trois chambres bordées d'une unique véranda ; les portes étaient en bois sans rideaux, trois petits trous percés dans le mur servaient de fenêtres, ils étaient hermétiquement fermés par des morceaux de bois renforcés par des chiffons destinés à empêcher l'infiltration de moustiques. L'intérieur était très sobre, un matelas en paille disposé sur un sol recouvert de bouse de vache séchée, une odeur sentant légèrement le roussi et le renfermé flottait dans l'air et embaumait toute la chambre ; dans un coin, un petit vase en terre cuite contenant de l'encens brûlait discrètement sur des braises ardentes, neutralisait cette odeur et chassait les moustiques. La pauvreté des lieux était frappante, c’était la seule famille chrétienne du quartier. Les relations de Rémi avec ses voisins et les notabilités de la ville étaient empreintes de cordialité, dénuées de toute haine ou d'esprit d'intolérance. Ce soir, Rémi était triste, il en voulait au monde entier, assis sur une chaise métallique, il fixa son ami Sangallo droit dans les yeux, puis se courba légèrement en avant tenant la tête de ses deux mains, il regarda longuement le sol, puis se redressa les yeux embués de larmes.
– Soungalo ! Qu’ai-je fait au bon Dieu pour mériter un pareil sort, depuis enfant le destin s'acharne impitoyablement sur ma famille ; très tôt, ma maman a été fauchée par la mort alors que je n'étais âgé que de
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dix ans, à son tour, mon père vient de nous quitter me laissant pour tout héritage un fardeau lourd, très dur à porter à mon âge ; à présent, je dois élever et subvenir aux besoins de ma petite sœur, et de mon petit frère. Que vais-je devenir à l'âge de treize ans accablé que je suis par des problèmes d'adulte ? Le petit lopin de terre que je cultive péniblement ne me donne rien en retour, regarde mes mains calleuses toutes couvertes d'ampoules. Pourtant, je suis un très bon chrétien, je fréquente assidûment l'église, je ne rate jamais les messes du dimanche, je suis parmi les fidèles les plus assidus ; je chante même dans la chorale, le curé de la paroisse, le père Jean Luigi Camerini avait proposé à mon défunt père de m'envoyer au séminaire pour parfaire mes connaissances ecclésiastiques, qui sait, c’était peut-être pour devenir prêtre un jour. Dans l'église, je ne manque jamais de m'agenouiller devant les cierges brûlants sous le regard de Jésus et de la vierge Marie. Je passe des heures à genoux, prostré dans un coin de ce grand temple de dévotion dans une concentration extrême, en train de prier et d'implorer sincèrement le Seigneur pour un peu de bien-être ; malheureusement, le Seigneur a toujours fait la sourde oreille à mes implorations et à mes prières, insensible à mes souffrances et à celles des miens, il n'a jamais accédé à mes vœux. Je continue de croupir dans la misère et à me battre pour gagner ma pitance quotidienne. Je porte en moi le concentré de toutes les tares handicapantes d'un marginal : orphelin, chrétien avec un physique de blanc. Dans le voisinage, et même au-delà, tout le monde m'appelle « toubabou » ou encore
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