Les plis du temps
182 pages
Français

Les plis du temps , livre ebook

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182 pages
Français

Description

C'est l'entre-deux-guerres ; une adolescente découvre les joies et les peines de l'existence. Éveil de la sensualité, premiers émois, disparitions tragiques. Les souvenirs s'égrènent au fil des rencontres et des expériences. Entre la froideur destructrice d'une mère et la tendresse de sa grand-mère, la jeune femme poursuit sa quête de reconnaissance et d'amour. Désir et rage de vivre, la vérité se cache dans les plis du temps.

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Informations

Publié par
Date de parution 02 novembre 2017
Nombre de lectures 4
EAN13 9782140049811
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

émoIs, dIsparIîons tragIques. Les souvenIrs s’égrènent au il des rencontres et des expérIences. Entre la froIdeur
jeune femme poursuIt sa quête de reconnaIssance et d’amour.
Inirmîère et assîstante socîale de formaïon, Odete Lévys’est longtemps engagée dans la vîe cîvîque. Elle a poursuîvî des études unîversîtaîres quî l’ont menée à enseîgner la psychologîe. Férue très jeune de lîTérature, elle se consacre désormaîs à l’écrîture. Après (L’HarmaTan, 2010) et Les dernIers feux du rayon vert(L’HarmaTan, 2016), elle vous propose, pour célébrer ses cent ans, son troîsîème romanLes .
JOedaenttPeieLrérveyPisetta
Les plis du temps
Roman
Les plis du temps
Écritures Collection fondée par Maguy Albet Moreau (Marie-Hélène),Téléréalité, 2017. Duperray (Françoise),Dans le souffle des vagues, 2017. Morin (Claude),Loin de la violence, 2017. Boxberger (Pierre),Lola ou le contrat de méfiance, 2017. Derville (Paul),Bouromka, 2017. Lebel (Dominique),Bitume ou L’enfer de la route, 2017. Gontard (Marc),Granville Falls, 2017. Estragon (Gérard),À l’étape et autres nouvelles, 2017. Henri (Christian),Marrakech photo, 2017. Jullien (Claudine),Comme un verre brisé, des éclats de mémoire, 2017. Hillion (Joël),Une île sur le fleuve, 2017. Winling (François),L’âge d’or de l’avenir, 2017. Labbé (Michelle),Le brise-lames, 2017. Rigot-Muller (Hervé),Des gens sans histoire, 2017. Nouvelot (Eudes),La maison sur la plage, 2017. * ** Ces quinze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Odette Lévy Les plis du temps Roman
Du même auteur Un passé composé, L’Harmattan, 2010. Les derniers feux du rayon vert, L’Harmattan, 2016.© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13330-0 EAN : 9782343133300
MEME CHTIMI « Retire deux bûches du panier pour les faire sécher dans le four ; fais bien attention de ne pas te brûler ! Bien ! Prends ton banc, et viens t’asseoir près de moi : on va raconter… » Ce banc usé d’être frotté de cire et d’énergie, grignoté à un pied par des souris furtives, Aurore le trimbalait de salle en salle, le traînant derrière elle, sorte demimise, detlintlin, un de ces objets inséparables qu’elle prenait parfois à bras le corps, avec des gestes encore imprécis, se dandinant, lourdement entraînée par son gros derrière planté sur des jambes trop courtes ; maladroitement, elle relâchait le siège, le corps basculé en arrière, dans un soupir bruyant ! Aujourd’hui, enfin, hissée sur ce banc dépaillé, Aurore se rattrapait au corsage de sa Mémé. Penchée par-dessus l’épaule de la conteuse, les bras repliés sur son dos, elle attendait l’histoire promise… La conteuse ? Quelle conteuse ? Menue, toute menue. Les cheveuxpoivre et sel, plus poivre que sel, ramenés en un troufignon fixé par une épingle en écaille sur le sommet de la tête. Dans ses yeux gris clair, tachetés d’éclats de faïences bleues, qui prenaient à peine le temps de se poser, miroitaient mille paillettes ; un regard toujours alerte, frais, limpide, une sorte d’air de printemps qui se faufile dans les herbes, écarte les pâquerettes naissantes, écoute les
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chuchotements des amours folles de la nuit, glisse le long des lierres, caresse la nature en éveil… Encadrant ce regard, un front et tout un visage que les années n’avaient pas encore eu le temps de griffer ; un teint de fleur de pommier, s’empourprant facilement. Bien faite, bien proportionnée, trente-huit kilos de séduction, et sans le savoir qui plus est ! Ce qui ajoutait un pouce d’ingénuité… Menue, toute menue dans son sarrau noir parsemé de fleurettes blanches… Il sentait lefrais-neuf des rayonnages du marchand ambulant, tout amidonné, cent fois trop grand pour elle ! « S’il rétrécit au lavage, il fera ainsi plus d’usage, on ne peut tout prévoir, on ne sait jamais… » Etait-ce bien la vraie raison ? N’était-ce pas plutôt qu’elle n’en trouvait jamais à sa taille avec ses trente-huit kilos, sa pointure"du trente-cinq… Il eût fallu qu’elle s’habillât au rayonfillette, elle y avait bien songé, mais « … pensez donc, à mon âge ! » De la poche du sarrau s’échappait le coin d’un mouchoir toujours d’une blancheur impeccable, qu’elle ne prenait pas la peine d’enfoncer, hâtive qu’elle était, en activité constante, comme si le temps la poursuivait à coups de grandes enjambées, elle qui ne voulait pas se laisser rattraper… Menue, toute menue, elle s’affairait partout, de la cuisinière à la cave. De la cuisine, s’échappaient des odeurs remplissant la maison, son poulet aux morilles qu’elle mijotait avec recueillement les jours de fête seulement, gourmande avec volupté ; des gestes bien à elle, tapotant la cuisse de l’animal, l’aile, à petits coups de mouvette en bois… et je te tourne et te retourne…, et je te hume et te
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parfume… Une pincée de sarriette, deux feuilles de sauge, une pointe d’ail… et le tour était joué ! On ne pouvait que s’en souvenir ! Et son lapin aux pruneaux ? Une merveille ! Elle seule détenait le secret pour le réussir à la perfection. « C’est l’invasion des Espagnols qui nous a amené la recette, mais les Français l’ont améliorée… » Chauvine qu’elle était, ma mémé ! Aujourd’hui, j’attendais l’histoire. Quelle histoire ? Celle de la petite fille qui était tombée dans l’eau et que son chien blanc sauvait du lac, la tirant par la jupe, à bout de force, langue pendante ? Celle du vagabond sans famille, sans foyer, qu’on recueillait dans une famille pauvre pour partager la soupe ? Celle du petit oreiller avec les anges virevoltant entre Jésus et Marie pour le descendre sur terre dans le lit d’un enfant malheureux ? Des histoires sans livre, sans image… Elle en variait souvent le contenu, ce qui me permettait de le rectifier au passage. Quelquefois, elle allait chercher un livre de « quand elle était petite », en lisait trois ou quatre pages… Bientôt, il glissait sur ses genoux, longeait les plis du sarrau, tombait à ses pieds, et elle continuait à raconter, sans référence, laissant libre cours à son imagination et m’entraînant vers un monde magique où tout finissait bien, dans le bonheur de tous : le bon serait récompensé, et le méchant pardonné, rejoignait le bon. Quand l’histoire prenait fin, un soupir s’échappait de ma poitrine : « Encore dis…, encore une toute petite histoire… » Mes bras se resserraient autour de son cou et je déposais des foules de baisers sur sa joue, le troufignon s’effondrait dans un éclat de rire. Et elle recommençait, inlassablement… Le chien blanc
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