Les sentiers des origines
218 pages
Français

Les sentiers des origines , livre ebook

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218 pages
Français

Description

Cet ouvrage est une fiction qui alterne entre narration et souvenirs, laissant libre cours à une imagination nourrie par des histoires fantastiques, contes et légendes sur l'histoire supposée des origines des peuples mbéré au Congo. Mêlant ambitions, mythes et jalousies, il met en valeur des traditions qui se perdent, rend témoignage des modes de vie, des codes et des moeurs d'une époque considérée comme l'apogée d'une culture venue de la nuit des temps.

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Informations

Publié par
Date de parution 02 mai 2014
Nombre de lectures 13
EAN13 9782336347172
Langue Français
Poids de l'ouvrage 12 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean-Pîerre Heyko Lekoba Les sentiers des origines O’tsina
Roman
Préface d’Omer Massoumou
Les sentiers des origines O’tsina
Jean-Pierre Heyko Lekoba
Les sentiers des origines
O’tsina
Roman Préface d’Omer Massoumou
-Congo
Du même auteur Le poids des souvenirs, la quête du présent, L’Harmattan, 2012. © L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : ͻ͹ͺ-ʹ-͵Ͷ͵-0ʹ͹Ͷ5-͸ EAN : ͻ͹ͺʹ͵Ͷ͵0ʹ͹Ͷ5͸
Préface Les romans avec préface sont rares. Cette réalité a suscité en moi une certaine hésitation lorsqu’il m’a été demandé de rédiger une préface pourLes sentiers des origines, O’tsina. Il me semblait logique de ne pas répondre favorablement à une sollicitation dont l’intérêt ou la pertinence ne correspondait pas à une pratique courante dans le domaine littéraire. Mais avant d’y répondre, je me suis donné le temps de lire le texte. Ma lecture m’a procuré le sentiment que ce livre contribuait à fixer une nouvelle dynamique au champ littéraire congolais. Ce sentiment a vite cédé la place à une conviction lorsque le lien était établi avecLumières de Pointe-Noired’Alain Mabanckou (2013)… un texte-récit fourre-tout où l’auteur revisite son passé et refonde les limites du narratif. Comme ce récit, le projet narratif de Heyko Lekoba ne s’inscrit pas dans « le réalisme politico et socio-littéraire » dont parle Alpha-Noël Malonga (2007 : 177) au sujet du roman congolais.Les sentiers des origines, O’tsinan’aborde pas des questions de mauvaise gestion politique dans un Etat imaginaire africain. Les tendances thématiques qui s’y construisent sont celles qui portent sur l’autobiographie, la migritude, l’errance, les cosmogonies, les territoires… Par ce thématisme particulier, Jean-Pierre Heyko Lekoba renouvelle la littérature narrative congolaise. Ce roman est en réalité une fiction et compagnies, une fiction qui déborde les limites du genre narratif. La présence par exemple d’une liste de onze personnages dans l’avant-propos, d’un « chant du récit des origines » dans le chapitre « La palabre »… sont des pratiques transfictionnelles absolument innovantes. Le narratif emprunte au théâtre et à la poésie leurs moyens expressifs à des fins d’expressivité. L’histoire n’est pas livrée de façon chronologique. Elle alterne entre narration et souvenirs mettant ainsi en exergue la technique du cut-up mise en valeur dans des œuvres des écrivains comme William Burroughs, Pascal Quignard, Christian Prigent… Les deux
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romans de Jean-Pierre Heyko Lekoba construisent en effet une résonance, une réflexivité. Le premier roman contient le deuxième et inversement. L’auteur exploite des matériaux communs au clan et construit des textes se situant entre utopie et hétérotopie (avec un élan de déplacement des limites de ses livres). La langue française se trouve non pas déstabilisée, mais respectée et enrichie par de nombreux emprunts aux langues locales, par l’expression des réalités africaines spécifiques. Elle parvient en effet à dire comment on se rend aux origines du peuple du district d’Etoumbi en suivant les voies d’un langage bien imagé. Vu la densité du récit, je voudrais éluder l’explication de texte et aller à des aspects saillants qui portent la signifiance véritable de l’œuvre. Je pense aux tendances énoncées ci-dessus, mais particulièrement à : l’autobiographie, aux cosmogonies et aux territoires. Les sentiers des origines O’tsinaest un récit qui forme avec Le poids des souvenirs La quête du présent(2012) du même auteur un diptyque sur, à la fois, une expérience d’écriture du passé et sur une posture sur le présent et le devenir d’un homme et d’un peuple. A ce titre, les deux récits passent pour un testament, car ils rappellent le passé et le transmettent en même temps à une descendance. Par l’écriture, Jean-Pierre Heyko Lekoba (re)visite les origines d’une famille, d’un clan, d’un peuple. Il s’agit d’une expérience qui tend à déborder la catégorisation générique. Histoire, légende, drame, conte, roman historique, d’aventure, de souvenirs…Les sentiers des origines O’tsinasemble obéir à ces différentes catégories du discours comme s’il visait une globalité énonciative. Les sentiers des origines O’tsina est particulièrement une histoire au relent autobiographique où la vie de l’auteur est associée au passé communautaire et clanique. Il peut être assimilé à l’une des figures centrales du roman : Oloba ou Tcholoboa. DansAutogenèses Les Brouillons de soi 2, Philippe Lejeune (2013 : 13) indique en effet qu’on « entendra […] par autobiographietous les textes (récits, journaux, lettres) dans
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lesquels on parle de soi en s’engageant, vis-vis d’autrui ou de soi-même, à dire la vérité ». Les notions d’écriture de soi et de vérité sont ici au centre de la problématique. L’auteur écrit-il une histoire qui le concerne ? Dit-il la vérité au lecteur ? Dans Les sentiers des origines O’tsina, plusieurs indices textuels renvoient à l’auteur. Le lien que l’auteur tente de maintenir est une réflexion sur la convention de la vraisemblance de toute fiction littéraire, sur l’éventuelle illusion parfaite que viserait une œuvre littéraire. L’histoire est considérée comme vraie parce que l’auteur le proclame et que le lecteur admet cela. Dans l’espace paratextuel de l’avant-propos, l’on peut lire des informations qui lient l’auteur à l’histoire fondant son récit. On apprend que l’auteur est mbéré, langue du clan faisant l’objet de la narration. On note encore une proximité familiale par l’emploi du possessif « ma » : « les personnages du livre empruntent les noms des membres défunts de ma famille » (p.14). C’est l’histoire d’une famille où les pères et les fils vivent les temps cycliques par les mêmes épreuves, les mêmes conflits, les mêmes amours… Le phénomène d’identité s’en trouve ainsi amplifié. Il est question de rendre hommage et à ce titre on se situerait dans le domaine de la réalité. Le livre serait un témoignage. Mais la réalité de la fiction s’impose à nous. Le livre pose en fait le problème de l’écriture et de la lecture des faits liés à un personnage-auteur. Si, au seuil du récit, l’auteur contrôle le discours par l’usage des anaphoriques comme « je », « ma » renvoyant à l’auteur comme antécédent, dans le récit, la narration est tenue par un narrateur extradiégétique qui livre un récit à la troisième personne. Une telle réalité textuelle nous situe dans le pacte autobiographique précisé par Claire Legendre dansLe Magazine littéraired’avril 2013 en ces termes : « il importe moins de savoir qui est l’auteur, quelle est sa personnalité ou son histoire, que de savoir (ou de supposer) qu’il a effectivement vécu ce qu’il raconte. A la limite, peu importe quoi, du moment que c’est vrai. La réception est l’enjeu du pacte autobiographique : c’est nous-mêmes dans l’auteur que nous cherchons, il nous porte, nous translate d’ères en aires pour identification » (p. 46). Se reconnaître dans les écrits, parcourir les cheminements que dessine le livre sont des
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expériences que l’auteur veut partager avec le lecteur. Tel est le premier aspect du roman de Jean-Pierre Heyko Lekoba. Je perçois un deuxième aspect saillant du romanLes sentiers des origines O’tsinaau niveau de la place accordée à la cosmogonie mbéré. Ce roman établit une corrélation entre un passé mythique et mystérieux et un présent en mutation. Dès le chapitre 1, il est fait état des terres d’Oyouomi où s’était installé le peuple Assi Nkômo. Le récit présente plusieurs entités cosmogoniques. Les cultes de l’eau et du feu, les cultes nkoula et ndjobi sont les cultes qui fondent les origines du peuple Assi Nkômo. Les passages suivants l’illustrent parfaitement : « L’existence des trois jeunes gens, gardiens des mystères du culte de l’eau, appartient à la mythologie des origines, de même que celle des trois jeunes filles qui, elles, apparaîtront des dizaines de saisons plus tard et deviendront les gardiens des mystères du culte du feu. Ainsi, pendant de nombreuses saisons, sur plusieurs générations, leurs ancêtres ont vénéré l’eau, ils ont fait du lac un lieu sacré » (le mythe, p. 138). L’eau (marquée par la masculinité) et le feu (marqué par la féminité) deviennent des éléments du devenir des membres du clan. L’eau et le feu, composantes bachelardiennes de l’univers, interviennent comme éléments fondateurs du monde mbéré. Ils expriment de facto une universalité de l’expérience décrite. « La veille, un rituel particulier s’était tenu dans ces lieux mystérieux, qui abritent les fétiches et autres reliques qui protègent le clan, pour annoncer aux habitants des villages de l’au-delà l’arrivée très prochaine de leur enfant. Les maîtres du culte Nkoula, trois vieillards sans âge, avaient rejoint ceux du culte ndjobi pour l’exécuter. […] Assili, Mboa et Ogambomo étaient, tous les trois, une espèce de grimoire des connaissances et des sciences occultes du clan. Seuls les plus vieux avaient entendu parler d’eux, rares étaient ceux qui les avaient déjà rencontrés » (chapitre, Les drames, p. 54).
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Ce qui revient dans la présentation de ces cosmogonies, c’est la dynamique trinitaire. Ce sont trois hommes qui marquent le culte de l’eau, trois femmes qui gèrent le culte du feu, trois vieillards du culte Nkoula et trois autres vieillards du culte Ndjobi. Le narrateur précise que l’imaginaire des membres du clan repose sur ces cultes. « […] une légende qui fonde la cosmogonie de nos origines et féconde l’imaginaire de notre peuple. Je ne t’en ai jamais parlé, même Mboualé ne la connaît pas, puisque seuls les chefs de clan en détiennent le secret, qui ne leur est dévoilé qu’au moment du décès de leur prédécesseur » (le mythe, p. 136). Par une écriture de dévoilement, Jean-Pierre Heyko Lekoba nous introduit ainsi dans des traditions anciennes et qui garderaient une vitalité et surtout une incidence sur l’être-au-monde du Mbéré aujourd’hui. Il s’associe aux griots pour porter l’épopée de leur exode ou de leur voyage sur terre, car il s’agit bien d’un voyage. « Le lac était la genèse, la mère de toutes les légendes, l’origine des hommes et des femmes de cette histoire. Ce sont eux qui l’avaient transmise de génération en génération. Les griots à leur tour l’avaient portée et avaient forgé le trait de cette identité propre à ce peuple » (p. 149). Enfin, le troisième aspect que je voudrais considérer dans cette préface est celui relatif aux territoires, aux lieux.Les sentiers des origines O’tsinaest un roman qui promène le lecteur au cœur de la Cuvette-ouest si l’on en croit l’avant-propos. Le narrateur évoque également ces territoires en plusieurs endroits de la diégèse. « Ces terres portaient leurs empreintes, elles constituaient leur réalité. De par leur mode de vie et des petits détails qui les distinguaient des autres, ils y avaient imposé leur culture et marqué leur territoire, un peu comme les animaux le font avec leurs urines. C’étaient leurs terres, c’est ici que leurs savoirs ancestraux ramenés de là-bas avaient trouvé toute leur place, que leur culture s’épanouirait » (chapitre IV : le périple, p.69-70).
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