Les survivants de Sallimoc
307 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Les survivants de Sallimoc , livre ebook

-

307 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Une volonté irrésistible pousse Fanny Poinsettia à débarquer à Sallimoc. Est-ce pour qu'elle comprenne le sens de l'horrible cauchemar qui la poursuit depuis l'enfance ? La jeune femme se lance alors dans une véritable quête à la recherche des mystères de ce village d'Ubracenitaq. Les paysages, les sculptures prennent des allures inquiétantes. Les habitants sont étranges. Une chose est sûre : un grand danger la menace.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 35
EAN13 9782336279480
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296118867
EAN : 9782296118867
Sommaire
Page de Copyright Dedicace Page de titre Epigraphe I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV XVI XVII XVIII XIX XX XXI XXII XXIII XXIV XXV XXVI XXVII XXVIII XXIX XXX XXXI XXXII XXXIII XXXIV XXXV XXXVI XXXVII XXXVIII XXXIX XXXX XXXXI XXXXII XXXXIII XXXXIV XXXXV XXXXVI XXXXVII XXXXVIII XXXXIX L LI LII LIII LIV LV LVI LVII LVIII LIX LX LXI LXII LXIII LXIV LXV LXVI Écritures
À mon tortionnaire,
Les survivants de Sallimoc

Pascale Lora Schyns
« La mer est une pluie qui dort Aux quatre coins d’un rêve percutant le réel Jusqu’aux premières lueurs d’une joie Qui vibre comme un muscle Sur le visage de la folie »
(Pierre Schroven, in « États d’âme d’un feu »)
I
B leu marine. C’était la couleur que montrait le ciel du royaume d’Ubracenitaq le matin où le ferry qui transportait Fanny Poinsettia accosta le quai du port de Dertannas.
Jeune femme de bonne éducation, Fanny Poinsettia n’avait jusqu’alors jamais voyagé autrement que dans les nombreux livres que renfermait l’imposante bibliothèque de son père, héritage qui se transmettait depuis de nombreuses générations et qui s’étoffait d’année en année. Fanny Poinsettia regrettait bien souvent que son frère soit son aîné de deux ans. Il s’emparerait un jour par la fatalité de la naissance de ce précieux trésor qui avait bercé ses rêves de petite fille et allait bouleverser sa vie de femme.
II
Q uelque temps avant d’entreprendre ce voyage dont la destination allait étonner toute sa famille, Fanny Poinsettia s’était plongée pendant des heures et des heures dans la lecture de La grotte perdue dans les collines de Talarami , un ouvrage agrémenté de quelques mauvais clichés en noir et blanc sur lesquels on devinait des dessins d’une toute grande beauté. Comme le confirmait le texte attenant, il s’agissait de peintures polychromes qui recouvraient l’intérieur de la grotte depuis quelque vingt mille voire peut-être même quarante mille ans ! Fanny Poinsettia resta de longues minutes immobile, subjuguée, émue, paralysée, à fixer de toute l’attention de ses petits yeux bleus cerclés de fines lunettes dorées à l’or fin ce qui n’était rien d’autre qu’un gros bœuf écroulé sur le sol et dont elle ne parvenait pas même à distinguer la tête de la queue. Le livre, dont le nom de l’auteur ne figurait nulle part, signalait qu’il y en avait des dizaines et des dizaines d’autres, tous peints dans des positions différentes sur les parois de cette grotte qui s’enfonçait dans les entrailles de la terre. À la fin du volume, en forme de post-scriptum, une description un peu vague certes mais pas autant qu’il y paraissait à première vue permettait au lecteur qui le désirait vraiment de venir découvrir de ses propres yeux ce que les photographies suggéraient si mal. L’endroit semblait être encore inconnu des paléontologues et c’était bien ainsi car en quelques semaines ils auraient, avec leurs drôles d’instruments grâce auxquels ils se livraient à toutes sortes d’études, fait disparaître toute la poésie d’un temple encore secret. Sans aucun doute l’auteur avait-il préféré rester anonyme parce qu’il en savait en réalité bien plus que ce qu’il avait donné à connaître. Il devait souhaiter qu’on le laissât vivre en paix auprès de la grotte dont il parlait comme si elle lui appartenait. Il n’avait malgré tout pas pu s’empêcher de la décrire dans un livre ! Soulever un coin du voile pour aussitôt le laisser retomber ! On avait affaire à un coquin qui voulait que tout le monde sache qu’il possédait un trésor mais qui craignait qu’on le lui dérobe. Certains secrets sont bien lourds à porter !
Fanny Poinsettia n’avait plus après cette lecture qu’une seule chose en tête : admirer ces fresques fabuleuses de ses propres yeux. Sa motivation était telle que quelques mois lui suffirent pour apprendre l’étrange langue que l’on parlait alors en Ubracenitaq et dont la connaissance lui serait nécessaire lors de ce périple qu’elle voulait effectuer sans tarder. Elle convainquit sans trop de mal ses parents de la laisser se mettre en route. À près de vingt-cinq ans et toujours célibataire au grand dam de sa mère qui ne comprenait pas qu’une jeune fille à ses yeux de génitrice aussi charmante et douée de toutes les grâces préférât la compagnie de vieux bouquins poussiéreux à celle des jeunes gens de son âge, il était temps que le papillon sorte du cocon familial et déploie ses ailes avant qu’elles s’atrophient. Un voyage dans l’inconnu était le meilleur moyen de s’ouvrir aux difficultés de la vie. Elle n’aurait à s’inquiéter d’aucun problème d’ordre financier. Les ressources des Poinsettia étaient telles que les frais occasionnés par ce voyage ne risquaient pas de grever le budget familial. Depuis des générations dans le florissant commerce des pierres précieuses, ils possédaient largement de quoi s’offrir un petit caprice de temps à autre ! C’est ainsi qu’à la grande surprise de Fanny qui ne s’attendait pas à être littéralement expédiée à l’étranger, son père lui réserva un billet en première classe pour le bateau qui devait lui permettre de poser le pied là où le ciel n’avait pas la même couleur qu’à Dorseln, sa ville natale.
III
L e car qui devait conduire Fanny Poinsettia à Sallimoc, le village de pêcheurs où son père qui avait des relations haut placées dans tous les pays d’Europe lui avait fait réserver une chambre d’hôtel, ne partirait pas avant une bonne heure. Elle déposa ses deux valises à la consigne et s’en alla faire quelques pas en ville. Après avoir flâné le long d’avenues qui ressemblaient plus à des jardins qu’à ces artères continuellement encombrées qui traversaient Dorseln de part en part, elle revint vers le bord de mer. Elle ferma les yeux et se laissa envahir par le bruit des vagues qui l’envoûta tout entière. La mer, enfin !, étalée à ses pieds. Outre lors de la traversée qui venait de s’achever, elle ne l’avait vue qu’une seule fois auparavant. Elle devait avoir cinq ou six ans lorsque leurs parents les avaient emmenés, son frère et elle, passer le week-end sur la côte. La nounou qui devait les garder était tombée malade au dernier moment et « après tout », avait dit leur père, « il faudra bien que nos enfants la voient un jour, la mer ! Pourquoi pas aujourd’hui ? »
Fanny Poinsettia ne gardait aucun souvenir de cet endroit, si ce n’est celui des coquillages qu’elle avait ramassés sur la plage et qu’elle conservait toujours précieusement dans une petite boîte de porcelaine en forme de cœur que lui avait offerte sa grand-mère. « Le premier coquillage, c’est un peu comme le premier amour », lui avait susurré son aïeule, « un jour on le range au fond d’une boîte et on l’oublie. L’heure arrive toujours où l’on retrouve la boîte. On l’ouvre et notre amour nous saute à la figure tel un diable qui sort de sa boîte après un trop long séjour dans la prison de notre souvenir. » Fanny Poinsettia se mit alors à revivre les heures les plus heureuses de son enfance en écoutant ce que la mer avait à lui dire.
« Bonjour jolie sirène ! », lui siffla un inconnu qui passait derrière elle. Fanny Poinsettia ouvrit les yeux car elle sentit ses pommettes s’empourprer. Déjà le jeune homme qui l’avait admirée s’éloignait. Il ne se retourna pas, mais la jeune femme comprit que sa vie venait de commencer.
IV
« H aut les mains ! Haut les mains ! » C’est par ces mots que Fanny Poinsettia fut accueillie à sa descente de car. Après s’être assoupie pendant la quasi-totalité du voyage, elle était enfin arrivée à Sallimoc. Qui était cet individu qui osait lui tenir de tels propos ? Son air pourtant n’avait rien de menaçant. Tout de bleu vêtu, il lui souriait sans pour autant cesser de lui lancer ses « Haut les mains ! Haut les mains ! » à tout va. « Je vends des cigares et du tabac bleu. Tu en veux ? », ajouta-t-il avant de s’enfuir en courant.
Que le ciel était sombre tout à coup ! Les nuages s’étaient amoncelés à la vitesse de l’éclair et d’

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents