Loin de Varanasi
205 pages
Français

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Loin de Varanasi , livre ebook

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Description

Serenet Didir est une sorte de Candide égaré dans notre monde ; d'origine indienne, il est Jaïn, et a des idées bien arrêtées sur l'Univers et l'Harmonie qui y règne ; il vit à Toronto, part à la recherche de sa meilleure amie disparue Ida. Et le voici qui s'égare... Il rencontre des gens étranges, part pour l'Afrique, est enlevé, sert d'otage, change d'identité, devient roi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2008
Nombre de lectures 24
EAN13 9782296188464
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0098€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LOIN DE V"R"NAS$

Daniel Cohen éditeur

Littératures, une collection dirigéeparDanielCohen

Littératuresest une collection ouverte,toutentière, àl’écrire,quelle
qu’en soit laforme :roman,récit,nouvelles, autofiction,journal
;démarche éditoriale aussi vieillequel’éditionelle-même.Mais si
prescripteursdegoût ici, concepteursdelaformeromanesquelà, comptables
de ces prescriptionsetde cesconceptionsailleurs, assèchent levivier
des talents,l’approche deLittératures, chezOrizons, est simple— ileût
étévaindel’indiquerend’autres temps —:publierdesauteurs queleur
forcepersonnelle,leurattachementaux formes
multiples,voiremultiséculairesdu littéraire, a conduitsaudésirdefairepartager
leurexpérienceintérieure.Du texte dépouillé àl’écrit portépar lesouffle de
l’aventurementale et physique,nous vénérons, entretous lescritères
d’où s’exsudel’œuvrelittéraire,lestyle.
Flaubertécrivant:« j’estimepar-dessus toutd’abordlestyle,
etensuitelevrai »,il savaitavoir raisoncontretous lesdépérissements.
Nousen faisons notre credo.D.C.

Dans lamême collection:
Toufic El-Khoury,Beyrouth Pantomime,2008
Bertrand duChambon,Loin de V"r"nas#,2008
Jacqueline De Clercq,LeDit d’Ariane,2008
Gérard Laplace,La Pierre à boire,2008
HenriHeinemann,L’Éternité pliée, Journal, édition intégrale endix
volumes,2007,2008etau-delà

Àparaître :
Odette David,Le Maître Mot,2008
Gérard Gantet,LesHauts Cris,2008

ISBN978-2-296-04682-5
© Orizons, chezL’Harmattan, Paris,2008

Bertrand du Chambon

Loinde V#r#nas%

roman

2008

Du même auteur

LaCouleur du soir, roman, Aubépine,1985.
Cous coupés,roman, Intertextes,1989.
Le Puits du Temple,nouvelles, Climats,1992.
Tierce Personne,roman, Climats,1993.
En Bord de Lergue,nouvelle, avec des peinturesdel’auteur,
Porteurde Torche,1994.
Amis dans la nuit, nouvelle, avec des peinturesdel’auteur,
Porteurde Torche,1997.
LesDémineurs,nouvelle, avec des peinturesd’Isabelle
Marsala, Casinada,1998.
Pasiphaé,nouvelle, Porteurde Torche, avec des peintures
del’auteur,1998.
TroisÉnigmes,nouvelles, avec des peinturesd’Aline
Jansen, Nacsel,1999.
Le Roman de JeanCocteau, essai, L’Harmattan,2002.
Flavie ou l’échappée belle,roman, AlbinMichel,2004, etLe
Livre de Poche,2006.
Loin de V"r"nas#,roman, Orizons,2008.

LeGange descend, deGomukh en passant par
Gangotri jusqu’àHardwar, c’est sûr.Je parle,
moi, d’un voyage inverse, pour notre
commodité.

LokenathBhattacharya,LaDescente duGange

Chapitre 1

Dans lequel le personnage, supposé
principal, arrive place Saint-Michel

ans le hall de l’aéroport déjà, en quittant le tunnel qui
sorD
tait de l’avion comme àl’hôpital un tuyauduflanc d’un
enfantblessé,j’avais parlé àunchatet lesgens m’avaient
regardé.Icilesgens neseparlaient pas,ou très peu,
etcertainementils neparlaient pasà d’autresêtres vivants.Peut-êtrele
haut-parleur remplaçait-il lesdialogues ?Mais jen’avais pas le
tempsdeméditer surces questions:j’étais venuen Francepour
des motifsimportantset j’avaisfait un longvoyage.
Jevoulais rejoindremonhôtelà Paris leplus tôt possible.
Jepensais qu’il yavait unenavetterapideoudes taxiscomme à
Toronto.Mais j’entendis quelqu’un maugréercontreune grève
et jevis queles voituresétaientimmobilisées partoutautourde
cepetitaéroport.L’endroit s’appelaitRoissy.Je descendis
prendreun trainexpress nomméRERet je cherchaiunguideou
uncontrôleur.Il n’yenavait pas.Jepris place dans un wagon.
Mon voisinétait unhommeoriginaire del’Afrique,sansdoute;
il portait unbonnet noir orné du logod’unemarque de
chaussures.Jelui demandai, enfaisant trèsattentionàmonaccent:
–Savez-vous si cetrain vajusqu’à Saint-Michel ?
Il me dévisagea.Il regardamon turban.Ildit une courte
phrase–incompréhensiblepour moi.

10

BERTRAND DUCHAMBON

Je me tournai vers un autre homme originaire de
l’Afrique et lui posai la même question. Il me dit :
– Il faut changer àGare du Nord.
– Merci, Monsieur.
Je joignis mes mains bien à plat et m’inclinai légèrement
dans sa direction. Il eut l’air surpris. Sûrement ces gens sont très
fiers et n’aiment pas qu’on les remercie, pensai-je.Étrange…
Puis je regardai le paysage. Il n’y avait rien.C’était effrayant. Il
n’y avait rien à contempler, rien à examiner, rien à aimer, rien.
Des entrepôts et des parkings ou des voies à perte de vue.
Paris n’est sûrement pas comme la Ville Sainte, pensai-je.
Il est impossible que ce soit le même genre de ville. J’examinai le
bout de mes chaussures, puis les portières du wagon, en jetant un
œil autour de moi le plus discrètement possible. Un homme
jeune lança un regard mauvais à mon voisin l’Africain, ainsi qu’à
mon frère l’Africain qui m’avait renseigné. Puis ce même homme
jeune me considéra d’une façon très méprisante. Je songeai que
mon turban était sûrement peu acceptable et bizarre aux yeux
des gens de ce pays.
L’homme jeune s’assit et alluma une cigarette. Très loin
dans le wagon, une voix cria :
–C’est interdit de fumer, ici !
L’homme jeune se leva et cria :
–C’est interdit d’être une c..., aussi !
Je ne comprenais pas le mot qu’il avait prononcé.
Furieux, il tira sur sa cigarette, inspira des bouffées d’air vicié et
descendit à l’arrêt suivant.
J’étais soulagé : il représentait un tel manque d’harmonie
que l’atmosphère était devenue lourde, pesante, et s’était un peu
allégée quand il était sorti du train. Mais beaucoup de gens
semblaient eux aussi être la proie d’entités négatives : l’ambiance

LOINDEV"R"NAS$

11

dansle wagon était épaisse. On aurait dit une substance collante
qui risquait de se solidifier.De la chitine – les escargots ferment
ainsi leur coquille. Les personnes étaient closes. Il y avait du
goudron sous leurs pieds, derrière leur dos. Je me mis à prier.
Les gens à Toronto ne sont pas du tout comme ça.
Enfin je parvins à cette « stationGare du Nord ». Je tirai
ma lourde valise. Personne ne proposa de m’aider.
Heureusement, j’avais acheté un modèle à quatre roulettes doté d’une
poignée rétractile. Les gens ici paraissaient l’être. Rétractiles.Et
hostiles : déjà ennemis– avantde s’être parlés. Mais ils ne se
parleraient pas.
J’arrivai place Saint-Michel et je quittai les souterrains. Je
me sentais oppressé. L’air frais me fit du bien. Je détaillai avec
curiosité les petites maisons.Ainsi c’était cela, Paris ?De petites
maisons, des immeubles comme autrefois, une grande église.
J’étais très étonné.Et un peu rassuré aussi.Cela ressemblait un
peu à ma ville natale, en Inde. Mais cela ne ressemblait pas du
tout à Toronto. J’allai contempler le fleuve. Je posai ma valise
contre le parapet du pont et me penchai un peu. Un fleuve ! Un
petit fleuve, certes, mais quand même un fleuve. Il ne faisait pas
très froid. Je songeai à descendre sur le quai en laissant ma valise
auprès du fleuve et à m’y baigner. Mais il me fallait d’abord
savoir si c’était légal. J’avisai un homme qui faisait commerce de
livres, installé devant de grandes boîtes vertes.
– Monsieur, est-il licite de se baigner dans le fleuve ?
–Dans la Seine ? Non mais, ça va pas ? …Oh pardon !
Il me détailla.
– Pardon, je vois que vous êtes Pakistanais.
Je sursautai.
– Non monsieur, je suis d’origine indienne, répliquai-je.
–Ah ? Un Indien, de l’Inde ?

12

BERTRAND DUCHAMBON

–Oui, Monsieur. Il n’y en a pas d’autres.
–Aah, mais pardon ! Il y a des Indiens auxÉtats-Unis,
ils étaient même là avant lesAméricains et...
– Non Monsieur.Ce sont des gens de nationalité
cherokee, ou apache, ou ute. On les nomme :Cherokees,Apaches,
Utes. Les Indiens sont des peuples de l’Inde.C’estChristophe
Colomb qui a bapti

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