Lola
115 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Deux quadragénaires, Lola et Jean, se rencontrent à l'occasion d'un voyage en Pologne. C'est le coup de foudre. Cependant, échaudés par de multiples désillusions sentimentales, ils décident de signer un « contrat de méfiance » d'un an. Selon les termes de cet engagement, ils ne se rencontreront qu'un seul week-end par mois, et ne pourront se révéler leur véritable identité qu'à l'échéance dudit contrat avant de pouvoir envisager une vie commune. Mais, alors qu'ils pensent avoir réussi, un événement inattendu survient et le « contrat de méfiance » tourne alors au cauchemar.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 octobre 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782336799117
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Écritures
Écritures
Collection fondée par Maguy Albet


Derville (Paul), Bouromka , 2017.
Lebel (Dominique), Bitume ou L’enfer de la route , 2017.
Gontard (Marc), Granville Falls , 2017.
Estragon (Gérard), À l’étape et autres nouvelles , 2017.
Henri (Christian), Marrakech photo , 2017.
Jullien (Claudine), Comme un verre brisé, des éclats de mémoire , 2017.
Hillion (Joël), Une île sur le fleuve , 2017.
Winling (François), L’âge d’or de l’avenir , 2017.
Labbé (Michelle), Le brise-lames , 2017.
Rigot-Muller (Hervé), Des gens sans histoire , 2017.
Nouvelot (Eudes), La maison sur la plage , 2017.
Layani (Jacques), Des journées insolites , 2017.
Renoux (Jean-Paul), Une chanson pour Miss S. , 2017.
Banhakeia (Hassan), Le coupable , 2017.
Akgönül (Samim), La proie , 2017.
* * *
Ces quinze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Titre
Pierre Boxberger







Lola

ou le contrat de méfiance



Roman
Copyright
Du même auteur


L’Ecole impossible , Editions Baudelaire, 2011.

Mes petits cauchemars au féminin , TheBookEdition, 2011.
L’Evangile selon saint Moi-Même , TheBookEdition, 2011.
Mes débuts dans le baby-boom , TheBookEdition, 2012.
Aux disparus du quai de la Pêcherie , l’Harmattan, 2013.
Les nuits folles de Carlotta , l’Harmattan, 2014.
Emma la folie , TheBookEdition, 2017.




















© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-79911-7
Exergue


« Certaines s’approchaient derrière les barbelés électrifiés, elles n’avaient déjà plus leurs enfants, mais elles voulaient espérer encore. Nous leur demandions : Vous avez un numéro ? Non, disaient-elles. Alors nous levions les bras au ciel de désespoir. Notre matricule était notre chance, notre victoire et notre honte. J’allais bientôt trier leurs vêtements. »

Marcelline Loridan-Ivens. (Et tu n’es pas revenu, éditions Grasset)



A toutes les victimes anonymes…
Première partie : le contrat
I
Auschwitz-Birkenhau, 15 septembre
Neuf heures du matin. L’autocar bleu et blanc transportant les touristes français qui participent au circuit « Symphonies polonaises » s’immobilise sur le grand parking du musée, à Auschwitz. Le ciel est d’un bleu intense, le soleil déjà brûlant. Une brise chaude anime mollement les drapeaux polonais et européens. Il y a de la couleur. Rien à voir avec l’idée que l’on peut se faire de ces lieux au passé indicible.
Magdalena, la guide, une ravissante jeune femme aux boucles blondes et au visage d’ange, se saisit du micro et invite tout le monde à descendre.
– Vous pouvez laisser vos sacs, vos vestes et vos papiers sans crainte dans le car. Stanislas, notre chauffeur, va rester ici pour nous attendre. Il n’y a aucun risque. Mais attention, ce matin, il fait déjà très chaud, comme les jours précédents. Alors prenez vos bouteilles d’eau, je vous l’ai déjà dit tout à l’heure à l’hôtel, vous n’en trouverez pas en vente à l’intérieur du camp. Et bien entendu, n’oubliez pas vos appareils photos.
Les passagers se lèvent et se pressent dans l’allée centrale du véhicule. Pour une fois, ils sont plutôt silencieux. D’habitude, ce groupe relève de la basse-cour, ou plus exactement de la volée de pies jacasses. Hier, lors de la visite de l’église de la ville natale du pape Jean-Paul II, Magdalena a été contrainte de faire des remontrances gentilles à trois mamies ayant un demi-siècle de plus qu’elle et qui ne cessaient de bavarder, plus bruyantes et sottes que des collégiennes de quatrième. Mais ce matin, sans doute à la fois inquiètes et impatientes, songeuses et graves, ces personnes sont conscientes que la visite qu’elles s’apprêtent à vivre dans quelques minutes sera certes un moment important de leur vie, mais pourra aussi marquer assez durablement les plus sensibles d’entre elles. Magdalena donne un badge à chacun des passagers au bas des marches du car, puis, lorsque sa petite troupe est rassemblée, elle la conduit, mais pas trop vite, parce que le groupe est principalement composé de personnes âgées, jusqu’à l’entrée du camp que surmonte le provocateur et tristement célèbre portique « Arbeit macht frei ».
Une fois franchi le point de contrôle situé près du portail, la guide au visage d’ange distribue des casques légers qui serviront à la fois d’audioguides et d’écouteurs et qui permettront à la jeune femme de dispenser ses commentaires dans de bonnes conditions, sans être contrainte de forcer sa voix, car dans ce musée, les groupes cosmopolites se mêlent souvent à l’intérieur des salles bondées dans une cacophonie digne de la Tour de Babel. La petite Polonaise commente brièvement l’inscription métallique qui surplombe l’entrée, puis reprend sa marche sur quelques dizaines de mètres le long des barbelés et des grillages, avant de pénétrer dans le block numéro 4, l’un des immeubles en briques rouges qui composent le camp.
Au rez-de-chaussée, la troupe rejoint dans une grande pièce nue plusieurs groupes qui discutent entre eux à voix basse dans d’autres langues que le français. Il faut patienter un moment, debout, très serrés les uns contre les autres. Sur les conseils de Magdalena, tout le monde profite de ces minutes d’attente pour installer et régler les casques sur les oreilles.
Parmi les participants au circuit, une personne semble détonner. C’est une femme bien plus jeune que les autres, la quarantaine, à peine. Sa longue chevelure de feu, son visage de poupée de porcelaine, ses immenses yeux bleu-vert, sa silhouette menue, tout cela ne passe pas inaperçu, et les autres membres du groupe, depuis leur arrivée en Pologne, la considèrent d’un air intrigué, se demandant ce qui a bien pu pousser cette si belle jeune femme à s’inscrire toute seule à un voyage organisé pour personnes du troisième âge.
Jane, car c’est ainsi que se prénomme cette fille aux cheveux roux, règle le volume de son audioguide. Elle entend alors des SS hurler des ordres en allemand qu’elle ne comprend pas, tandis que des grincements de freins de wagons agressent ses tympans. Des chiens-loups dont elle imagine les mâchoires redoutables aboient furieusement, sans répit. Dans ce vacarme diffusé par les écouteurs, quelques pleurs étouffés de femmes et d’enfants lui parviennent, suivis d’un cri perçant… Le vagissement d’un bébé qui dans une heure sera parti en fumée déchire son cœur de médecin de maternité.
Le groupe de touristes français s’ébranle enfin et se dirige lentement, en file indienne, vers l’escalier qui conduit à l’étage. Au moment où elle pose le pied sur la première marche, Jane reconnaît la voix effrayante du docteur Mengele. Mon confrère, mais quelle horreur ! se dit-elle. Selon les commentaires de l’audioguide, celui-ci, après avoir fait tourner sur elles-mêmes des femmes nues et terrorisées du bout de sa baguette pour un bref et humiliant examen, les oriente pour le camp, pour son terrible centre d’expérimentations ou pour la mort, selon son unique bon vouloir :
– Ouvre la bouche, sale Juive ! Fais-moi voir tes dents… Ecarte tes cuisses… Quel âge tu as ? Montre-moi ce papier… Mouais, bon, allez, tu prends la file de droite.
Puis le groupe monte, sombre et grave, déjà sonné par la bande sonore alors qu’il n’a encore rien vu, jusqu’au premier étage qui se présente comme une enfilade de longues pièces lugubres. Et c’est là, dans la première salle, que Jane découvre l’impensable : une montagne de cheveux de femmes et d’enfants occupe derrière une vitre tout un pan de mur, juste en face d’elle. Blonds, bruns, blancs, noirs, roux… Longs, courts, tressés, raides…
Mon Dieu, mais qu’est-ce que je fiche ici ? pense-t-elle.
Et, comme jetée en évidence sur le flanc gauche de l’amoncellement immonde, une longue tresse de cheveux blonds, presque blancs, terminée par un chouchou rose et bleu.
Stella !
Oui.

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