Mon anthologie de littérature antillaise
189 pages
Français

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Mon anthologie de littérature antillaise , livre ebook

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Description

Un regard personnel sur la littérature antillaise et sur son évolution jusqu'en 1975. Choisir des pages dans une production déjà riche, quoiqu'elle n'eût pas encore pris l'envol qu'on lui connaît maintenant, c'est rendre hommage à des peuples dans toute la complexité de leurs démarches. A travers quatre volumes : De la culture, De la politique, De l'économie, La femme antillaise, de l'humiliation à la libération, l'auteur met face à face les écrivains et la vie quotidienne qu'ils décrivent. Interviews, journaux, tracts, statistiques, enquêtes sociologiques mènent avec les textes un continuel dialogue.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2005
Nombre de lectures 36
EAN13 9782336250861
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2005
5-7, rue de I’École-Polytechnique 75005 Paris — France
L’Harmattan, Italia s.r.l. Via Degli Artisti 15 10124 Torino L’Harmattan Hongrie Hargita u. 3 1026 Budapest
9782747576468
EAN : 9782747576468
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Du même auteur Introduction 2003 Dedicace Introduction générale aux quatre cahiers, juin 1975 LA FEMME ANTILLAISE DE L’HUMILIATION A LA LIBERATION (QUATRIEME CAHIER) Petite bibliographie de la condition féminine (1950-1975) Introduction au Cahier LA FEMME ANTILLAISE DE L’HUMILIATION A LA LIBERATION ou 1975, année de la femme CHAPITRE I - La femme aliénée CHAPITRE II - La femme et la vie quotidienne CHAPITRE III - La femme et les enfants, la femme et l’homme CHAPITRE IV - La femme et l’engagement EN ANNEXE Biographies (actualisées)
Mon anthologie de littérature antillaise
De ses origines à 1975

Mireille Nicolas
Du même auteur
Jistis, murs peints d’Haïti
Editions Alternatives, Paris 1994
Arioi
(Sous le pseudonyme maohi de Vairaumati No Rai’atea)
Editions Au vent des Iles, Tahiti 2000
Le plus long voyage.
Editions L’Harmattan, Paris 2003
De ma terrasse d ’ Ibn - Khaldoun , lettres d’Algérie 1961-1964 (Première lauréate du concours des Nuits de la Correspondance, série Non Fiction, de la ville de Manosque, septembre 2003)
Editions www.manuscrit.com
En préparation : Moemoea des Iles Marquises
Editions L’Harmattan
Introduction 2003
L’histoire de ce livre, de cet objet-livre est, pour moi, tellement faite de rebondissements que j’ai envie de commencer cette préface par « il était une fois ».

Il était une fois une petite professeure de français qui fut nommée au Lycée Gerville-Réache de Basse-Terre, en Guadeloupe. C’était moi, en septembre 1971. Pourquoi avais-je postulé pour ce pays, je ne sais pas vraiment, parce que je ne me sentais pas bien en France, à Bourges, pour ma quatrième année d’enseignement ; parce qu’avant Bourges le hasard m’avait amenée au Lycée Juliette Dodu de l’île de La Réunion, que j’y avais découvert les Tropiques et que ce fut un coup de foudre ; la chaleur, l’humidité, la nature foisonnante, les margouillats, le soir, accrochés à mon plafond. Je n’aurais pas l’hypocrisie de dire les gens, leur gentillesse, leurs rires ; ils existaient mais à l’époque, ils comptèrent moins que la profusion des sensations que me donnaient les paysages que je découvrais, dans le bonheur de la marche. En retrouvant cette nature, j’allais retrouver, j’en étais sûre, cette ivresse toute dionysiaque dont j’avais besoin.

La loterie des nominations fit le reste. Et ainsi arrivai-je dans ce beau petit pays d’Amérique centrale que l’histoire politique a fait si français depuis quelques siècles qu’il ne venait alors à l’esprit de personne de le situer justement en Amérique centrale.

Qu’on en pense ce qu’on voudra, je suis devenue Guadeloupéenne en Guadeloupe. Par la grâce de quelques rencontres. Je voulus tout connaître du passé et du présent, tout des routes et des monts, tout des légendes et des mentalités, de la langue, tout de tout. Je remercie encore celles et ceux qui eurent la patience de supporter mes boulimies. Je n’étais pas en voyage, je ne passais pas. J’étais. Je pensais même que j’y étais pour toujours. Je n’aime pas vraiment les voyages qui me laissent toujours une grande impression de frustration. Je vivais enfin une ville comme si elle m’était destinée de toute éternité. Moun Basse-Terre... Il y a plus de trente ans !

Mon métier de professeur de littérature m’amena, comme je l’ai alors écrit, dans la préface de 1975, à découvrir les livres. Et la vie quotidienne et mes rencontres, à découvrir les gens et leurs problèmes. Je voulais me rendre utile. J’essayai donc d’être le professeur qu’il me semblait que je devais être. Et hors de la classe, je fréquentai des gens engagés politiquement qui me montrèrent les inégalités de la société de l’époque. Avec eux, je m’en fus dans les champs de canne, les dimanches matins à l’aube, des journées entières dans les champs de canne, à vouloir aider les paysans qui étaient bien gentils de supporter quelqu’un de si malhabile à attacher quelques centimètres du roseau avant de l’envoyer dans le fourgon qui l’apporterait à l’usine. C’est là que j’ai connu Sony Rupaire, par exemple. Déjà, il écrivait ses poèmes ; songeait-il aux phrases qu’il écrirait le soir quand, un sempiternel mégot aux lèvres, il attachait aussi la canne ?

Moi, je n’écrivais rien. Mais je lisais. Tout. La littérature, les journaux, les tracts. J’écoutais beaucoup aussi. Lettres et voix se répondaient. J’ai eu en Guadeloupe, plus que partout ailleurs, la sensation que la littérature, comme le grand tambour des ancêtres que nulle tyrannie n’avait été capable de faire taire, était née pour parler des humains aux humains.

Pourquoi m’être alors arrêtée dans ma quête des auteurs et de leurs livres à 1975 ? C’est ici que la grande histoire croise la mienne toute infime. Pour des raisons personnelles je revins en France et ma vie changea considérablement. Avant de partir, en juin 1975, il avait été décidé que le travail que j’avais amassé serait publié. Une petite édition locale devait se charger de ces quatre Cahiers dont je parle dans mon introduction de 1975. Je signai donc un contrat d’édition en bonne et due forme, comme on dit. Mais aux remous de ma vie personnelle se mêlèrent ceux de la vie guadeloupéenne. La Soufrière emporta en fumée - il n’y eut que de la fumée heureusement, même si quelques voix nous eussent préparés au courroux des profondeurs magmatiques -, la Soufrière emporta donc les possibilités financières de notre petite édition. Je quittai la Guadeloupe, mis mes Cahiers dans une malle et ne les en sortis de temps à autre que pour constater que, si j’avais veillé aux débuts de la grande littérature antillaise, elle commençait de l’autre côté de l’Atlantique à croître et à s’épaissir alors que je n’avais même plus le temps de découvrir quelque nouvelle feuille.

J’avais fait mon deuil de cette partie de ma vie. J’avais fait mon deuil de ces pages choisies et relues pendant des heures. Et de ces heures passées à interroger les gens pour qu’ils corroborent ce que je sentais, que la littérature reflétait bien cette vie quotidienne et foisonnante qui m’avait entourée. Mes Cahiers, après avoir été un moment de la lutte pacifique que nous menions, devenaient peu à peu de l’histoire. Une page d’histoire. Un peu de ce que furent la Guadeloupe et la Caraïbe de telle à telle année ; ou depuis telle année jusqu’à ce vingtième siècle finissant.

Une seule fois j’utilisai mes Cahiers. L’élève qui m’avait amenée à cette découverte de la littérature antillaise en m’apportant en classe Hoquet du poète Damas venait de se marier ; dans la plus banale des cocottes-minute utilitaires, j’enveloppai ce que j’appelai alors « mon anthologie » et la lui offris !
Je dis : ce que j’appelai alors anthologie... Car ce n’est plus le nom qu’il me viendrait pour nommer cette masse de textes, de remarques, de documents, d’interviews, d’extraits de journaux, de tracts. Je continue à penser cependant, comme en 1975 que je n’ai rien plié ni à ma fantaisie ni à ma subjectivité et que la démarche que j’ai suivie m’a été dictée par les textes eux-mêmes et la réalité de l’époque.

Anthologie ou pas, tout dormait depuis longtemps dans un tiroir quand, en l’an 2000, alors que j’enseignais à Raiatea, dans les îles de la Société, un jeune professeur de Lettres en poste à Tahiti, Patrick Sultan, amoureux de la Caraïbe, me prouva avec le charisme et l’énergie que tous ceux qui l’ont approché sont unanimes à lui accorder, qu’il y avait là aussi une belle endormie à réveiller, que peu importait le temps qui avait passé.

Une nouvelle aventure commença avec l’aide chaleureuse de quelclues-uns... Mais je ne me doutais pas de toutes les difficultés qui allaient surgir. La plus grande, retrouver les éditeurs des écrivains que j’avais cités pour qu’ils m’accordent le droit justement de les citer.

En presque trente ans, de nombreuses éditions ont disparu ; certaines ont été avalées par d’autres ; certaines ont complètement quitté la scène. Je n’ai été Parisienne que pendant six ans, mais c’est suffisant pour constater combien de librairies et d’éditions ont disparu au profit de magasins qui me plaisent nettement moins...

Je peux certifier que, malgré un incessant travail de recherche, d’investigation - j’ai eu souvent l’impression d’être une petite taupe tenace en butte à tous les tracas des taupes en géné

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