Noël noir
336 pages
Français

Noël noir , livre ebook

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336 pages
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Description

Ce voyage qu'il avait tant appréhendé lui sembla en fin de compte très court. En mettant le pied sur la terre de France, cette terre dont tous rêvaient, cette "Terre divine", il ne put s'empêcher de verser une larme. Le souvenir de cette "veille de Noël" où les foudres du ciel lui étaient tombées sur le coeur lui revenait en mémoire. Le port de Marseille était inondé de lumière, la gare St-Charles fourmillait de monde. Et pourtant l'enlèvement eut lieu ! Première et terrible défaite !

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2012
Nombre de lectures 2
EAN13 9782296502499
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Noël noir
Lettres des Caraïbes Collection dirigée par Maguy Albet Déjà parus Germain SENSBRAS,« Mangé cochon » à Karukera, 2012. Beaudelaine PIERRE,L’enfant qui voulait devenir président, 2012. Jacqueline Q. LOUISON,L’ère du serpent,2012. Joël ROY,Variations sur un thème détestable, 2011. Jean-Claude JANVIER-MODESTE,Un fils différent, 2011. Beaudelaine PIERRE,La Négresse de Saint-Domingue, 2011. SAST,Le Sang des Volcans, 2011. Claire Marie GUERRE,Clone d’ange, 2011. Sabine ANDRIVON-MILTON,Anatole dans la tourmente du Morne Siphon, 2010. José ROBELOT,Liberté Feuille Banane, 2010. Yollen LOSSEN,La peau sauvée, 2010. Sylviane VAYABOURY,La Crique. Roman, 2009. Camille MOUTOUSSAMY,Princesse Sitā. Aux sources des l’épopée du Rāmāyana, 2009. Gérard CHENET,Transes vaudou d’Haïti pour Amélie chérie, 2009. Julia LEX,La saison des papillons, 2009. Marie-Lou NAZAIRE,Chronique naïve d’Haïti, 2009. Edmond LAPOMPE-PAIRONNE,La Rivière du Pont-de-Chaînes, 2009. Hervé JOSEPH,Un Neg’Mawon en terre originelle. Un périple africain, 2008. Josaphat-Robert LARGE,Partir sur un coursier de nuages, 2008. Max DIOMAR,1 bis, rue Schoelcher, 2008. Gabriel CIBRELIS,La Yole volante, 2008. Nathalie ISSAC,Sous un soleil froid. Chroniques de vies croisées, 2008. Raphaël CADDY,Les trois tanbou du vieux coolie, 2007. Ernest BAVARIN,Les nègres ont la peau dure, 2007. Jacqueline Q. LOUISON,Le crocodile assassiné, 2006. Claude Michel PRIVAT,La mort du colibri Madère, 2006.
Raphaël Caddy Noël noir
LES TROIS TANBOU DU VIEUX COOLIE
TOME2 L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96432-7 EAN : 9782296964327
CHAPITRE I
Stephen s’était réveillé d’humeur fort chagrine. Il y a des jours comme cela où dès le saut du lit, on sait que tout ira de travers. Le garçon avait mal partout, même aux cheveux. Aussi, à peine eut-il ouvert un œil, qu’il commença incontinent à râler. — Les rats ont mené un tel sabbat la nuit, se plaignit-il, que j’ai eu vraiment peur ; à un certain moment je fus persuadé qu’il s’agissait d’êtres humains ayant de mauvais desseins à notre encontre. — Mais voyons Stephen ! s’exclama Camille ; tout ce dont tu te plains est chose habituelle, chose quotidienne. Toutes les nuits que Dieu fait, nous entendons les rats se balader de haut en bas dans la maison, de droite à gauche et de la cuisine aux chambres, se battant, se poursuivant et s’ébattant sans complexe et sans aucun scrupule. A dire vrai pour ne rien exagérer, il s’agit de « rats domestiques ». De toute façon,mon fi, ni toi, ni moi, ni personne actuellement ne peut leur contester le droit de jouissance des lieux ; ils l’ont gagné de par leur fidélité indéfectible. Tu me permets une petite voire brève anecdote ? Sans attendre une réponse, Camille enchaînait : — Il y a longtemps de cela, ton père, lorsqu’il vivait ici avec nous à la Ravine ; ton père donc s’était persuadé qu’il pouvait, qu’il devait se débarrasser rapidement de ces hôtes indésirables. Il avait, comme il disait lui-même, mis au point un processus rationnel d’élimination. Tout, absolument tout y passa : tapettes au phosphore, souricières, etc. Après plusieurs mois de ce régime, les indésirables étaient toujours en place et apparemment, ils n’avaient goûté à aucun des mets mis si généreusement à leur disposition. Dépité, mais pas découragé, ton père annonça : — Je m’en vais sinon les exterminer, mais trouver la solution pour leur faire prendre la poudre d’escampette. — Et comment ferez-vous mon cher Romuald ? lui demandais-je, curieuse. — Vous verrez, vous verrez Camille, me répondit-il, souriant. A une semaine de là, il revenait à la maison avec un chat, qui d’après ses dires, était dressé pour la capture des rongeurs en tous genres. A dire vrai, cet animal m’est apparu plutôt famélique et je le fis remarquer à ton père en ces termes : — Cette bête meurt de faim, je crois que c’est la seule méthode appliquée comme système d’entraînement par ses anciens propriétaires le concernant. De toute évidence, je ne crois pas qu’il soit, dans l’état actuel où il se présente, la solution à notre problème. — Ne vous fiez pas à l’apparence Camille, elle est trompeuse.
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« De l’optimisme, voyons ! Comme dit le dicton : « c’est au pied du mur qu’on voit le maçon ». Sans doute cette nuit même nous saurons si nous avons fait une bonne affaire. « Il paraît que la nuit porte conseil ? Eh bien, il faut croire que si ; car les rats firent un tel vacarme que le pauvre matou, terrorisé, se réfugia dans notre lit dès les premières manifestations de ses supposées futures victimes. « A mon réveil bien avant l’aube, à peine eussé-je entrebâillé la porte de la cuisine que le chat filait pour ne plus jamais revenir. « Mais concluons : après une année de luttes vaines, ton père, ce digne homme, non seulement déposait les armes, mais aussi hélas, pliait bagages ! — Crois-moi,mon fi, la nuit où nous n’entendrons plus les rats, il faudra alors sérieusement être sur nos gardes et plus que jamais, car cela signifiera qu’il y a cette nuit-là dans la maison ou ses abords immédiats, une bête qui leur fiche la frousse. Or il n’y a qu’une bête et une seule qui en soit capable 1 etmwen sav ki wou osi ou sav, bèt long la. Camille avait intentionnellement tu le nom de la bête capable de flanquer la terreur aux rats. En effet, à l’époque, ce nom était tabou, car on croyait dur comme fer qu’il suffisait de prononcer ce nom « serpent », pour voir surgir, quasi instantanément, le plus que redouté trigonocéphale. A partir de cette croyance populaire, tout un rituel, toute une codification s’articulait autour de son nom qu’il ne fallait à aucun moment prononcer. Etant donné que sa présence était signalée partout dans l’île, le vocabulaire le concernant était 2 34 vraiment riche.Sal bèt la disait-on ici,kwavatdisait-on là,mèt wiban5disait-on ailleurs,kôd siflant, etc. Stephen avait fait mine d’écouter sa mère avec intérêt, mais dès que cette dernière, lui tournant le dos, se prépara à regagner sa cuisine, il recommença à se plaindre, à râler. Sautant des rats aux coqs, il dit : — Les sales bêtes de poulets et compagnie m’ont empêché de fermer, ne serait-ce qu’un œil, un tout petit œil, de toute la nuit… — Hein ? s’exclama Camille : les coqs ? Elle avait fait volte-face. — Oui manm, oui, les coqs ! Ils n’ont pas cessé de battre des ailes et ce, jusqu’au petit matin ; ces sales bêtes n’ont donc rien à faire d’utile ? S’asseyant alors au chevet du garçon, qui, elle l’avait compris, cherchait une excuse pour prolonger sa nuit, Camille, sur un ton grave, lui dit :
1 Le serpent - littéralement = la bête longue. 2 La sale bête. 3 Cravate. 4 Mètre-ruban. 5 Corde sifflante.
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1 — Pou koumansé ich mwen , les coqs ne sont pas de sales bêtes et pour 2 plusieurs raisons ; je cite comme cela,a la fè vit: « Ils rendent d’inestimables services aux humains, plus particulièrement, dans les campagnes profondes, où l’homme ne roule pas sur l’or. « Quant à la Ravine, c’est grâce à eux que ceux qui n’ont pas de réveille-matin, ils sont nombreux, connaissent l’heure à la minute près. De plus, ils nous fournissent leur chair dont tu te régales une fois l’an, n’est-ce pas ? « Ne dit-on pas : 3 « Se réveiller aupipiwi du kok chantan?» Se réveiller au premier chant du coq, n’est-ce pas être levé très tôt ? « Pour ma part,ich mwen, le premier chant du coq, c’est quatre heures du matin. Ainsi, sans bouger de mon lit, sans même un regard au vieux réveil, je sais l’heure qu’il est et crois-moi, à la minute près. Le coq de Télémac, à fond kanpêch, chante à quatre heures trente pile. C’est grâce aux échos du Parc à mazout que ce chant nous parvient ici. Il est reconnaissable, car triste, profond ; c’est compréhensible ; la nouvelle qu’il annonce n’est pas une bonne nouvelle pour la gente, hélas ! — Ah ! Comment ça ? Quelle nouvelle annonce-t-il ? Ignorant la question, Camille enchaîna : 4 « Celui degwo Géwa, répond en accusé de réception de la triste nouvelle. C’est un cri d’indignation résigné que répètent aussitôt les mêmes échos du Parc à mazout. « Mais il y a dans l’écho, quelque chose, un je ne sais quoi, qui amplifie la tristesse du chant. Peut-être est-ce l’espace, la profondeur du parc ? Qui sait ? Peut-être est-ce aussi le fait de la nouvelle elle-même, véhiculée par ces chants et dont la gravité se confirme. — Mais, manm ! De quelle nouvelle s’agit-il enfin ? Imperturbable, Camille poursuivait : « Le coq de Monsieur Notable prend la relève, aucun besoin de relais d’écho, on l’entend clair et net tel un son de clairon. A peine, la dernière note s’évanouit-elle que les coqs de Monsieur Edgard, dans un ensemble parfait, posent, à leur tour, question. Ceux de Monsieur Léonce, toujours en mal de suprématie, créent la débandade. L’inquiétude est, d’ailleurs, à son comble chez ces pauvres gallinacés. C’est l’émoi général et les poules s’en mêlent avec leurs caquètements stridents à la limite du scandale. Mais on les comprend : la nouvelle est grave, très grave. — Manm, manm, je t’en prie ! De quelle nouvelle s’agit-il ?
1 D’abord mon enfant. 2 Créolisme = rapidement. 3 Du premier chant du coq – avant l’aube. 4 Le gros Gérard.
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« Je croyais un peu que ces gallinacés, comme tu dis, chantaient par 1provocation, bravade et aussi par peur des ombres dudouvan jou. — Ah ! Eh bien, sache, pour ta gouverne, qu’ils n’ont aucune peur des ombres dudouvan jou, ils vivent avec, depuis l’orée des temps. Leurs chants donnent l’heure à la cantonade certes, mais pour l’essentiel, ils sont lancés afin de nous rappeler à tous et plus particulièrement à la gente, que la vie est fragile et qu’il faut, chaque jour que Dieu nous accorde, se tenir prêt pour affronter notre destin. « Provocation, dis-tu ? — Oui ! Et pourquoi pas ? « N’est-ce pas, somme toute, une façon de défier le monde alentour pour affirmer notre droit d’être ce que nous sommes ? « Rien de plus, mais surtout, rien de moins. « L’heure ? « Oui, ils la donnent, la chantent à tue-tête, à grands battements d’ailes. Ils la donnent avec beaucoup plus de précisions que la plupart des mécaniques mises au point par l’Homme : réveils, pendules et autres horloges, etc., etc. « Pour ce faire, ils se basent sur des paramètres que la nature met à leur disposition, à la nôtre aussi, mais hélas ! Nous ne savons plus lire dans ce grand livre ; eux par contre, ils savent y faire et cela prouve, sinon leur intelligence, mais très certainement, leur sagacité. « Ces paramètres ? « Oh ! Ils sont multiples. On peut citer : température, positionnement des étoiles dans le ciel, luminosité de ces dernières, bruits ambiants, etc., etc. « Quant à la nouvelle alarmante qu’ils font circuler bien avant la naissance de l’aube, eh bien, chacun prévient l’autre, et de proche en proche, de la mort par décapitation ou égorgement d’au moins un de leur congénère dans cette aube à naître. — Ah ! Comment se peut-il ? Méwè ich mwen, pani jou ki fèt ; pani an sèl jou ki wè jou, san ki, an tchèk pa asou latè Bondyèa, an nonm paka tôd ou koupé kou an kok, an vi di 2 fè swa fwikasé, wagou ou ben griyad . « Mais revenons à cette nouvelle,ich mwen.« Le premier qui lance l’annonce chantée, avant le lever de l’aube, c’est le plus vieux du quartier, le sage en quelque sorte et il dit dans son chant : « Kokyol mô! Kokyol? C’est quoi ça ? C’est qui ? — Mais, voyons,mon fi!, dit Camille feignant un grand étonnement Kokyolc’est celui auquel on coupe ou tord le cou dans l’instant !
1 D’avant les premières lueurs du jour. 2 Oui mon enfant, il n’y a pas de jour, pas un seul jour qui voit le jour, sans qu’il y ait, en quelque part sur la terre de Dieu un pauvre coq auquel un humain tord ou coupe le cou ; en vue de fricassée, ragout ou grillade.
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« Car, vois-tu, entre eux les coqs s’appellentKokyol,c’est comme chez les humains,ich mwen. — Comme chez les humains ? Arrête, manm, tu me fais là et à toute vitesse, un conte à dormir debout ? — Non,mon fi! Je n’oserais pas et la nuit je ne me; en plein jour permettrais pas. C’est comme chez les humains te disais-je ; ainsi, les femmes entre-elles s’appellent «machè ou makoumè »et les hommes eux se 1 disent «»mon chè ou konpè . Voilà ! Stephen ouvrit de grands yeux ronds. « Celui qui apprend, entend, le premier, cette triste et pourtant attendue nouvelle interroge gravement :Ki koté? (En quel lieu ?). 1 « La réponse arrive dare-dare et selon le lieu où il vit et estankalojé. Le coq qui répond, annonce dans son chant : « En ba mône Dikos la, s’il est de Ducos ;en ba pon Lanmantin ya, s’il est du Lamentin, etc., etc. « Ici à la Ravine, legwosiwode Monsieur Télémac dit :an fon laravinla.« Et, autre interrogation pour plus de précisions avant de faire circuler la mauvaise nouvelle :a ki lè? (À quelle heure ?). « Réponse immédiate :a katwè di maten(à quatre heures du matin). « Dès lors, l’information étant complète, elle pourra circuler dekalojen kaloj, de poulailler en poulailler, d’arbre en arbre, de hameau en hameau et ce, jusqu’à l’apparition triomphale du soleil. Alors, Camille imitant l’appel des coqs, chante la nouvelle à Stephen :2 « Kokiol Môôôôôôô « Kikotééééééé ? « Jik enfon lawavin laaaaa ! « A kilèèèèèèèèèè ? « A katwè di maten en en en!Alors, dès les premiers rayons du soleil, plus de tristesse, plus aucune crainte !Kokioko! Vingt-quatre heures de sursis, cela suffit à vivre ardemment le présent ! Les chants se font altiers, provocants même et surtout, les coqs se frappent le coffre à grands coups d’ailes : Kokioko ! Kokioko !Chacun se dit le maître. — Mais dans le livre de lecture, c’est cocorico qu’ils disent les coqs, non ? Hé bé, oui ! Mais ce sont des coqs de France ou bien des autres pays d’Europe ; ici en Martinique, ils disentkokioko, toujours ! « Les jeunes lorsqu’ils s’essaient à chanter disentkokokio; tu voismon fi,ce n’est pas du tout, la même chose, c’est très différent. Camille constatant que l’humeur chagrine de son fils s’était enfin complètement dissipée s’en alla vaquer à ses multiples occupations. 1 Ma chère – ma commère - Mon cher – mon compère. 1 Ankalogé = enfermé.
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Il était à peine dix-sept heures que les garçons se retrouvèrent assemblés sous l’avocatier géant, où d’ailleurs était déjà confortablement installé le Pèwomil. Paupières closes, ce dernier triturait machinalement ce qui lui restait d’une vieille pipe. De temps en temps, il faisait claquer sa langue contre son palais à la manière d’un gourmand satisfait. Stephen l’observait avec une attention passionnée, se disant en son for intérieur : il sait des choses que tous les autres ignorent, il a vu ce que personne à la Ravine ne peut se vanter d’avoir vu, il a foulé des terres, dans des pays lointains cent fois plus vastes que la Martinique. Il a vogué sur pratiquement toutes les mers et tous les océans du globe ; il les a tous domptés puisqu’il en est revenu. Et ces airs étranges aux sonorités troublantes, où les a-t-il appris ? Entendus ? Serait-il donc vraiment le descendant d’un grand guerrier d’Afrique ? L’arrière-petit-fils de Kikusu Menkéna ? Stephen en était là de ses réflexions profondes quand, émergeant de ses rêves, lePèwomil, se raclant bruyamment la gorge, entrouvrit les lèvres et cracha d’un pschitt sonore, un jet de salive brunâtre à plus de quatre mètres ; les garçons applaudirent en s’esclaffant. Le vieil homme ôtant son culot de pipe de sa bouche dit alors d’une voix étrange : Kikusu attendait, oui, Kikusu attendait son heure et croyez-moi les gars, Kikusu savait attendre. Il avait acquis cette faculté, cet art de l’attente, à tant observer les grands fauves dans leurs chasses à l’affût. Il avait en plus une raison majeure à patienter ; la vengeance ! Oui, il lui fallait, nécessairement, absolument, laver l’affront ; laver la honte des entraves de la captivité. Il savait qu’il lui fallait tout d’abord, détourner l’attention de ces êtres cruels et en fin de compte, endormir leur méfiance pour faire tomber leur garde. La partie promettait d’être rude, ardue. Il se disait, tout au fond de lui-même en jubilant : l’heure de Kikusu viendra bientôt, elle viendra avant qu’il soit longtemps ; elle viendra, car Kikusu la prépare seconde après seconde, elle ne peut pas ne pas venir. Durant ce voyage qu’il n’avait pas choisi, ce voyage qui n’en finissait pas, Kikusu malgré sa peine profonde et la honte des chaînes, Kikusu avait observé, beaucoup observé, tout observé. Cela lui avait permis de connaître
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