Nouvelles du Mexique
52 pages
Français

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Description

À la découverte des traditions et de la culture du Mexique.

Les Nouvelles du Mexique initient à une littérature résolument moderne, emplie d’humour et d’ironie, qui dépeint sans détours un pays cosmopolite et fascinant.
Les cinq nouvelles, toutes contemporaines, réunies ici témoignent d’un moment particulier de la littérature mexicaine et de l’histoire du pays du serpent à plumes. Un moment où ce grand pays de plus de cent millions d’habitants, à l’histoire brillante et douloureuse à la fois, participe désormais pleinement au concert des nations du monde. Sa littérature est à l’évidence une littérature en devenir. Description du quotidien, condition de l’homme et de la femme dans le monde d’aujourd’hui, flirt avec le fantastique cher aux écrivains latino-américains : tous les ingrédients réunis dans ces fables modernes sont ceux d’une littérature en mouvement.

Laissez-vous emporter dans un formidable voyage grâce aux nouvelles mexicaines de la collection Miniatures !

À PROPOS DES AUTEURS

Juan Villoro est né en 1956 à Mexico. Étudiant en sociologie, passionné de rock, il anime, de 1977 à 1981, l’émission de radio El lado oscuro de la luna (en référence à The Dark Side of the Moon des Pink Floyd), avant de partir comme attaché culturel à l’ambassade du Mexique à Berlin-Est jusqu’en 1984. Par la suite, il collabore avec de nombreux journaux mexicains tels que Vuelta, Nexos ou La Jornada et enseigne la littérature à Mexico et dans diverses universités américaines. Auteur de quatre romans dont El disparo de Argón (1991), il s’oriente davantage vers la littérature jeunesse où il rencontre le succès international avec El testigo. Il a écrit le scénario du film Vivir mata (2001) de Nicolás Echevarría. Actuellement chroniqueur au quotidien Reforma, il participe aussi au supplément littéraire du journal chilien El Mercurio. En 2008, il a reçu le prix Antonin-Artaud.

Fabrizio Mejía Madrid est né à Mexico en 1968. Après des études littéraires, il a collaboré à diverses revues, La Jornada, Proceso, Letras Libres, Reforma… Responsable culturel à la municipalité de Mexico en 2000, il fut également le représentant du Mexique pour la seconde rencontre des nouveaux écrivains d’Amérique latine et d’Espagne (en 2001) au Convenio Andrés-Bello, en Colombie. Il est l’auteur de plusieurs chroniques sur la vie quotidienne des Mexicains depuis la crise de 1982 à celle de 1995. Son deuxième ouvrage notamment, Hombre al agua (Le Naufragé du Zócalo, Les Allusifs, 2008), offre une vision de la ville de Mexico pleine d’originalité et d’ironie ainsi que les espoirs et les désillusions de toute une communauté au fil du temps.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 juillet 2015
Nombre de lectures 3
EAN13 9782350743486
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Avant-propos
Les cinq nouvelles mexicaines, toutes contemporaines, réunies dans ce neuvième volume de la collection « Miniatures », témoignent d’un moment particulier de la littérature mexicaine et de l’histoire du pays du serpent à plumes. Un moment où ce grand pays de plus de cent millions d’habitants, à l’histoire brillante et douloureuse à la fois, participe désormais pleinement au concert des nations du monde. Sa littérature, marquée par les grands Octavio Paz, Juan Rulfo et Carlos Fuentes, est à l’évidence une littérature en devenir.
Dans la nouvelle de Juan Villoro, Je suis Fontanarrosa , après avoir uriné par inadvertance sur la tête de la statue de l’ancien président Benito Juarez, à Ciudad Moctezuma, un écrivain en état d’arrestation se retrouve à devoir disputer un match de football avec des policiers dotés de maillots au nom d’écrivains fameux (Cortazar, Tolstoï, Kafka, Kawabata, Tchekhov, Hemingway, Ben Okri ou Fontanarrosa…), le tout en prélude à une soirée littéraire de promotion de la lecture pour ces mêmes policiers. Dans De l’amour , de Fabrizio Mejía Madrid, à Paris, le narrateur fétichiste tombe éperdument amoureux du pied de Mademoiselle B. (Beatriz), va jusqu’à épouser cette dernière et former ainsi un improbable trio amoureux. Dans Le Bassaris , de David Toscana, un client solitaire se saoule dans un bar mexicain, le Lontananza, et s’abîme dans la contemplation d’un polaroïd et du portrait d’une femme, suscitant chez le gérant du bar, qui jette un regard rétrospectif sur sa propre vie, d’étranges sentiments mélancoliques. Dans la nouvelle de Fabio Morábito, Les Clefs , lors d’un dimanche pluvieux à Mexico, Enrique, dont le couple bat de l’aile, s’échappe d’une réunion de famille pour aller au cinéma tout en y oubliant les clés de son domicile. Pendant ce temps, Lisa, sa belle-mère, est victime d’un infarctus. De retour dans l’atmosphère oppressante de prières de cette famille, une étrange veille commence, sur fond de tango argentin. Dans Le Septième Arcane , d’Álvaro Uribe, un jeune Mexicain, étudiant en philosophie à Paris et « écrivain en herbe », est invité à s’installer chez Don Mateo, son maître mexicain, un célibataire qui voue un véritable culte aux chats, en particulier au sien, Dionysos, tandis qu’il se consacre à l’écriture d’une nouvelle sur un philosophe, inspirée du tableau de Rembrandt : Philosophe en méditation.
Description du quotidien dans Mexico la tentaculaire, condition de l’homme et de la femme dans le monde d’aujourd’hui, flirt avec le fantastique cher aux écrivains latino-américains : tous les ingrédients réunis dans ces fables modernes, urbaines, sont ceux d’une littérature en mouvement.
Pierre A STIER
Juan Villoro est né en 1956 à Mexico. Étudiant en sociologie, passionné de rock, il anime, de 1977 à 1981, l’émission de radio El lado oscuro de la luna (en référence à The Dark Side of the Moon des Pink Floyd), avant de partir comme attaché culturel à l’ambassade du Mexique à Berlin-Est jusqu’en 1984. Par la suite, Il collabore avec de nombreux journaux mexicains tels que Vuelta , Nexos ou La Jornada et enseigne la littérature à Mexico et dans diverses universités américaines. Auteur de quatre romans dont El disparo de Argón (1991), il s’oriente davantage vers la littérature jeunesse où il rencontre le succès international avec El testigo . Il a écrit le scénario du film Vivir mata (2001) de Nicolás Echevarría. Actuellement chroniqueur au quotidien Reforma , il participe aussi au supplément littéraire du journal chilien El Mercurio . En 2008, il a reçu le prix Antonin-Artaud.
R EPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES
- El disparo de Argón (1991), traduit en français sous le titre Le Maître du miroir , Éd. Denoël (2001).
- El testigo , (prix Herralde 2004).
- Recueils de nouvelles dont La casa pierde , (prix Villaurrutia 1999), traduit en français sous le titre Les Jeux sont faits , Éd. Passage du Nord-Ouest, (2004).
- Ouvrages pour la jeunesse, et essais et chroniques sur le football, la littérature, les voyages et la politique.
- Mariachi , Éd. Denoël (2009).
J E SUIS F ONTANARROSA
Traduit de l’espagnol (Mexique) par André Gabastou
– On va t’expulser, ducon, m’a dit Kafka.
Il y avait des années que je n’avais pas touché un ballon et je me retrouvais tout à coup confronté à l’humeur massacrante de Kafka et aux conseils de Tchekhov qui ne servaient à rien.
Tchekhov était milieu défensif, non parce que ce poste de relayeur correspondait à ses capacités, mais parce qu’il voulait être au centre du terrain où il y a plus de gens à qui prodiguer des conseils. Après le coup de sifflet initial, il a crié des choses enflammées que personne n’a comprises. Comme si ce bon à rien parlait russe. Vers la quatorzième minute, il y eut un arrêt de jeu (la balle était allée dans le terrain d’à côté vers lequel un attaquant avait tiré pour rien un formidable but) tandis que Tchekhov me recommandait de marquer l’ailier gauche deux mètres plus loin. Puis il a dit :
– Il va te massacrer.
Ce n’était plus un conseil, mais une sombre hypothèse. Je ne l’ai pas insulté parce que je n’étais pas en état de me battre.
Nous jouions dans un enclos à chevaux où il y avait plus de trous que de pâture, je ne le dis pas pour me disculper – tout le monde sait que les conditions du terrain affectent à part égale les deux équipes – ni parce que j’ai une bonne frappe, mais j’ai essayé de faire des passes fines, à l’européenne, qui ont été défigurées par un trou. C’était comme pisser dans un violon !
Sur ce terrain, personne ne se montrait à son avantage, mais ce benêt de Kafka me prenait pour le plus mauvais joueur. Quand ils m’ont demandé quelle était ma position, j’ai répondu arrière droit. J’ai toujours été attaquant de pointe, mais, comme j’ai trop fumé, j’ai revu mes ambitions à la baisse.
Je manque de souffle, et le dribble est une habileté prolétarienne que j’ignore. Ainsi que la puissance et la ruse. Mon style est européen, genre portugais. Pas trop de sprints ni de débordements. Des passes élégantes, quelques une-deux, un football de classe qui n’est pas toujours apprécié.
Par malheur, je ressemblais à un Portugais en Angola. Tous les terrains populaires du Mexique se trouvent en Afrique. Il fallait entendre les cris et voir la terre crevassée : un combat intertribal où chaque choc faisait s’élever dans le ciel un tourbillon de poussière comme une prière primitive. Et ils voulaient que je marque l’ailier gauche !
Quand j’ai fait connaissance de l’équipe, j’ai été impressionné par le port de l’un des milieux de terrain, Tolstoï. On aurait dit La Guerre et la Paix. À côté de lui, il y avait Ben Okri, allure de basketteur et terribles yeux noirs comme du charbon.
Je ne sais pas qui est Okri. Je suis écrivain, mais je lis peu pour ne pas me laisser influencer. Je suppose que c’est un Africain. Au football, c’est la mode d’avoir des Africains. En plus, ce terrain était parfait pour quelqu’un qui avait fui les lions. De l’autre côté, s’agitait le fébrile Kawabata, arrière gauche. Un vrai gaucher qui tirait sur d’ahurissantes transversales. Je n’ai pas lu non plus Kawabata, mais j’ai vu un film superchaud tiré de l’un de ses textes.
Notre numéro 10, c’était Cortázar. Le seul, à vrai dire, à avoir une idée de ce qu’il faisait. Il touchait le ballon comme s’il était né en Argentine. Un crack. Le malheur, c’est que ses passes s’adressaient à Joyce, un prétentieux se croyant unique en son genre. Cortázar lui a apporté le ballon sur un plateau et Joyce a tiré dans les nuages ou dans le ciel gris où il aurait dû y avoir des nuages. Puis il a souri comme si ses erreurs étaient géniales.
Même si les autres faisaient, eux aussi, des erreurs, ils se sont acharnés contre moi dès le départ. Vers la vingt-huitième minute, l’ailier gauche m’a dépassé sans difficulté, a continué sur sa lancée, mais Tolstoï et Ben Okri l’ont pris en tenaille. Les milieux de terrain ont montré ce que peut faire la force brute contre un joueur habile : un sandwich. L’arbitre a sifflé un penalty.
Et c’est comme ça qu’ils ont marqué le premier but. Vingt-huit minutes sans but pouvaient passer pour une prouesse de la part de notre équipe

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