On m attend ailleurs
183 pages
Français

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On m'attend ailleurs , livre ebook

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Description


Victoire Malet, 35 ans, étouffe dans le carcan d'une existence bobo trop convenue. Interne en chirurgie à la Salpêtrière, elle franchit avec une lassitude croissante les étapes obligatoires d'un parcours tracé d'avance : liaison illégitime avec son chef de service - un éminent professeur en chirurgie cardiaque qui l'utilise comme nègre -, fades soirées VIP en compagnie du gratin politico-médiatique... Sa vie n'est qu'une mosaïque de clichés ! Comme souvent, le salut naîtra d'une cruelle déconvenue, avec les plages mondaines de La Baule pour décor. Balayant d'un revers de main son amant et la sécurité de son statut de fonctionnaire, Victoire ouvre les yeux pour s'offrir une renaissance dans les bidonvilles de Johannesburg, loin des salons cossus des ministères ; car dans cet ailleurs lointain, d'autres êtres l'attendent...

Tout à la fois récit à clés et satire amusée d'un certain univers parisien, ce roman plein de fraîcheur séduit avant tout par son style enlevé et par l'ironie salvatrice qu'a su y insuffler la romancière.



Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2005
Nombre de lectures 23
EAN13 9782876231654
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0094€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ON MATTEND AILLEURS
Anne Éveillard
ON MATTEND AILLEURS
roman
MICHEL DEMAULE
Conception graphique : Chris Impens et les 3TSTUDIO
© ÉDITIONSMICHEL DEMAULE, 2005 41,RUE DERICHELIEU– 75001 PARIS.
CHAPITRE PREMIER
Je subis une overdose. Overdose de l’hôpital. Overdose des couloirs de la Pitié-Salpêtrière : le plus grand hôpital d’Europe, à deux pas du Jardin des Plantes. Bâti sur un terrain de 32 hec-tares, il compte sept kilomètres cinq cents de galeries et 43 pavillons. Overdose aussi de mes confrères, de leurs soucis et de leurs états d’âme. Loin de moi les blouses blanches ! J’ai envie de faire une pause, un break.
J’étais de garde cette nuit. Le week-end dernier, c’était encore moi. Comment faire autrement dans un service où les effectifs font défaut ? Alors chacun en prend son parti : on est r fier d’appartenir au service du P Pierre Marceau, le chirur-gien du cœur le plus réputé de l’Hexagone. Pour y rester, on est prêt à travailler plus que de raison, à obéir aux exigences et caprices du grand patron, sans broncher ni réclamer une augmentation que, de toute façon, on n’obtiendrait pas. La fête de la musique avait lieu avant-hier soir, au début de l’été. J’ai suivi Matthieu – grand brun aux yeux verts, qui vient de souffler ses 33 bougies et prétend que je suis sa meilleure
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amie – dans les rues dugayMarais jusqu’à 3 heures du matin, pour me changer les idées. Résultat : j’ai très peu d’heures de sommeil à mon actif depuis ces dernières 72 heures. Alexan-dra, une charmante infirmière de 26 ans, fraîchement arrivée dans le service, m’a rappelé qu’il n’y avait pas que le travail dans la vie : « Il y a aussi les amis et les amoureux ».
Les amoureux, parlons-en ! Depuis trois ans, je vis une his-toire incertaine avec Pierre, Pierre Marceau en personne. Matthieu, avocat de son état, m’a fait remarquer qu’il ne fal-lait pas mélanger métro, boulot et dodo. Malheureusement, Pierre et moi, nous nous aimons. Notre rencontre a eu lieu au cours d’un dîner, un soir de juin. Il faisait chaud et beau. La rue Soufflot avait revêtu une tenue italienne, avec ses terrasses, ses touristes en short et ses étudiantes qui s’octroient une pause entre deux partiels de fin d’année. La consigne était claire : « Pour ce dîner, les filles doivent venir avec le moins de choses possible sur elles ! » Celui qui avait lancé ce défi portait, ce soir-là, un costume de gabardine étriqué ainsi qu’un foulard de soie parme dans le col de sa chemise de chez Brooks Brothers, 10250 Santa Monica boule-vard, Los Angeles. J’opte pour une robe de lin noir, sans manches. Aux pieds, j’enfile une paire d’espadrilles roses que je cacherai dans le hall d’entrée de notre hôte, afin d’arriver à la fête nu-pieds. Je suis la seule sans chaussures. On le trouve amusant : il en faut peu à ces amis de la rive droite qui viennent au Quartier latin, chez un de leurs copains installé rue de Bièvre, dans un duplex avec vue sur le seul jardin de la rue. Aux murs de l’ap-partement : des affiches d’expos jamais vues ; au salon : des bougies, des bibelots rapportés de voyagesmade inClub Med
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et une chaîne hi-fi haut de gamme pour absorber les créations kitsch de Richard Clayderman. La bibliothèque est à moitié vide (« je viens juste d’emménager »). Y trônent quelques Sulitzer, une collection d’Astérix (« j’adorais, quand j’étais petit ») et des Guides Bleus qui correspondent aux escapades, en solo, que le maître des lieux entreprend depuis qu’il ne va plus chez Caroline à Saint-Tropez : elle l’a quitté pour un beau Suédois de près de deux mètres, regard azur et compte en banque vide. Le dîner est sur le point de commencer. Au menu : taglia-telles à la carbonara. Un invité s’annonce à l’interphone : « Au deuxième ! Première porte à gauche. » Le nouvel arrivant vient de monter les deux étages à pied, son vélo sous le bras. Il met de l’ambiance en squattant la salle de bains : il a besoin de prendre une douche. Puis, en servant du champagne aux filles qui ouvrent de grands yeux devant ce bel aventurier aux cheveux grisonnants effilés, aux yeux bleu ciel, qui semble flirter avec la quarantaine, « alors qu’il a dix ans de plus », me glisse à l’oreille une langue de vipère qui a remarqué que Pierre m’intéressait. C’est réciproque : pieds nus et bronzés – deux semaines plus tôt, j’ai passé un week-end à La Baule – obligent, il s’ins-talle à côté de moi et ne me lâche plus. — Comment vous appelez-vous ? — Victoire. — Que faites-vous dans la vie ? — Je suis interne en chirurgie à l’hôpital Necker. Son regard s’illumine : — Quel âge avez-vous ? Avec lui, je n’ai pas envie de tricher : — 35 ans. — Vous comptez rester longtemps à Necker ?
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