Out of China
246 pages
Français

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Out of China , livre ebook

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Description

En créant une intrigue romanesque entre Chine et Afrique, sur fond de conquête des ressources naturelles, Gwénola Floch-Penn, ingénieur-économiste en Bretagne, explore un monde qu'elle connaît de l'intérieur. C'est dans cette Afrique de l'Ouest, nouvelle terre très convoitée, que le jeune Chinois Lim Ting rencontre Isa Petersen, engagée dans le commerce équitable. Elle va vite être prise dans la tourmente.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 99
EAN13 9782296448308
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296132887
EAN : 9782296132887
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace PREMIÈRE PARTIE - L’Enfant laissé derrière
1 - Nouilles par-dessus le pont 2 - La rivière Li 3 - Un nouveau matin 4 - La pasionaria 5 - Les années Shanghai 6 - Effet domino 7 - Onde de choc
DEUXIEME PARTIE - Terres Africaines
8 - Concessions 9 - Villa Parasol 10 - Les lions indomptables 11 - Thé à Bamako 12 - Le riz de la colère 13 - La descente 14 - L’homme de Pékin 15 - L’idéaliste 16 - Sabavento Camp
ÉPILOGUE REMERCIEMENTS
Out of China
Des campagnes chinoises aux terres africaines

Gwénola Floch-Penn
Pour Jean Claude, David et Colette
PREMIÈRE PARTIE
L’Enfant laissé derrière
1
Nouilles par-dessus le pont
Sud de la Chine

Lim Ting était ce qu’on appelle « un enfant laissé derrière ». Mais en ce matin du mois d’octobre 1998, pédalant sur son vélo pour rejoindre l’école, il ignorait encore faire partie d’un phénomène « considérable », comme allaient l’annoncer, quelques heures plus tard, ces gens de la capitale.
Le trajet entre son village et le bourg de Yangshuo lui prenait près d’une heure, serpentant entre les rizières et potagers qui dallaient la campagne. Les brumes matinales enveloppaient encore les collines en pain de sucre bordant la rivière Li.
À la sortie d’un hameau, Lim Ting salua un gamin affairé autour d’un buffle et s’amusa à faire fuir la flottille d’oies égarées sur la route. Quand il jeta un coup d’œil à sa montre, davantage pour l’admirer que pour regarder l’heure, il se rendit compte qu’il allait se mettre en retard.
Passant l’entrée du collège, il aperçut maître Tao au fond de la cour, tout entier concentré sur les mouvements gracieux et lents d’un groupe d’enfants. Avec ses cheveux blancs, le professeur — qui avait largement dépassé la soixantaine — ressemblait aux portraits de vieux sages que l’on voyait sur les estampes et poteries chinoises. Lim Ting aimait bien Tao, et ce dernier était impressionné par les capacités du jeune garçon.
Dès qu’il mit fin à la séance quotidienne de taiqiquan , le maître rassembla ses élèves et les dirigea en silence vers la salle de classe. Il leur conseilla de bien se tenir, car les visiteurs de marque dont il leur avait parlé allaient passer dans la matinée.
C’est un mois plus tôt que maître Tao avait eu la surprise d’être contacté par un professeur de la prestigieuse université de sciences sociales de Pékin, M me Pan Qihua. Elle participait à une vaste étude sociologique sur les enfants « laissés derrière », menée sur quatre provinces rurales avec le soutien des autorités. Celles-ci commençaient à prendre des mesures pour réduire les risques potentiels pesant sur cette population. Les journaux et la télévision — la CCTV et les stations locales — relataient de plus en plus souvent les problèmes rencontrés par les enfants séparés de leurs parents migrants.
— Comment avez-vous choisi ma classe ? avait demandé Tao, intrigué.
— Notre étude porte sur dix villages du centre-ouest et sud de la Chine. Au total, nous avons prévu de rencontrer trois cent jeunes. S’agissant de votre canton, nous avons choisi le village de Chungpo, dont plusieurs enfants se trouvent dans votre classe, d’après la première liste établie avec la communauté villageoise : quatre « laissés derrière » et cinq qui vivent avec leurs parents.
Tao avait plissé le front en entendant une nouvelle fois cette drôle d’expression dans la bouche de l’universitaire assise en face de lui, aux cheveux relevés en un chignon impeccable.
— Qu’entendez-vous exactement par « laissé derrière » ?
M me Pan lui avait adressé un sourire engageant, satisfaite de l’intérêt qu’il manifestait.
— C’est un enfant dont les parents ont migré pour chercher un travail et qui est pris en charge par les grands-parents ou d’autres personnes. L’objectif est de comprendre l’impact des migrations des ruraux sur ces jeunes, en analysant leur vie quotidienne et leur monde intérieur.
— Vous souhaitiez également m’interroger ?
— Oui. Nous échangeons avec des instituteurs, médecins, commerçants, pour appréhender les résultats scolaires, la santé, le travail et les loisirs de ces enfants.
— À quoi va servir l’étude ? s’était inquiété Tao.
— Nous souhaitons faire prendre conscience de l’importance du phénomène, des conséquences négatives sur les jeunes et les communautés rurales, et formuler un certain nombre de recommandations, avait répondu l’universitaire, avec une détermination qui avait plu au maître de Yangshuo.

À dix heures sonnantes, le directeur du collège entra dans la classe avec solennité, accompagné d’une femme d’âge mûr et de deux jeunes d’une vingtaine d’années, en tee-shirt et jeans.
— Aujourd’hui, commença-t-il avec sérieux, nous avons la chance d’accueillir M me Pan, de l’université des sciences sociales de Pékin, avec deux de ses étudiants.
Il se lança dans le discours de bienvenue qu’il peaufinait depuis la veille et s’enflamma pour ce projet « d’envergure nationale ». Quand il se résolut à confier ses distingués visiteurs à maître Tao, ce dernier les fit avancer près de son bureau, sur la petite estrade. D’une voix douce teintée d’autorité, M me Pan se mit à présenter l’objet de leur étude, et Lim Ting sentit qu’elle avait l’habitude de travailler avec les enfants. Elle sut les faire rire avec une anecdote sur le mauvais temps qu’il faisait en quittant Pékin, puis s’appliqua à expliquer lentement chaque terme qu’elle utilisait.
— Concernant votre belle province du Guangxi, nous avons retenu le village de Chungpo pour notre enquête.
Aussitôt, Lim Ting se redressa sur sa chaise et fixa la dame de Pékin avec une attention redoublée. Puis il donna un coup de coude à son voisin de table, lui aussi concerné.
— Je vois déjà plusieurs paires d’yeux qui me scrutent, ce qui prouve que nous avons choisi la bonne classe ! poursuivit Pan Qihua, amusée par ces visages manifestant un mélange de curiosité et d’inquiétude.
Elle demanda aux élèves de Chungpo de lever la main — ils étaient bien neuf — puis leur demanda un à un de donner leur nom, que l’étudiante inscrivit au tableau en les répartissant en trois colonnes.
— Comme nous serons trois à vous interroger, cela ira vite. Eh bien, je ne vais pas retarder votre cours d’histoire plus longtemps…
Quand elle confirma ce qu’avait dit Tao, à savoir que les neuf élèves concernés allaient être interrogés après la classe, pendant l’étude, Lim Ting ne cacha pas sa déception. De surcroît, il espérait secrètement se retrouver sur la liste de l’étudiante « de deuxième année » — c’est comme ça qu’elle s’était présentée — et qui était originaire du Shaanxi. Il la trouvait très jolie. Manque de chance, il fit partie des trois élèves qui allaient être interrogés par M me Pan. Elle l’impressionnait beaucoup, avec son chignon strict et sa tenue un peu austère.
Ils s’installèrent dans une minuscule salle baignée par les rayons du soleil couchant. Quelques tables en bois au vernis fatigué et parsemé de taches attendaient les honneurs d’une prochaine remise en état. Lim Ting parlait à un professeur de l’université pour la première fois, mais Pan Qihua le mit à l’aise dès le début. Ouvrant la thermos en bambou tressé qui trônait sur la table au milieu des papiers, elle commença par remplir deux tasses de thé, puis lui expliqua dans le détail comment allait se dérouler le questionnaire.
— Quel âge as-tu, Lim Ting ?
— Douze ans, fit-il en se redressant sur son siège, torse bombé, histoire de montrer qu’il dépassait le reste de la classe de dix bons centimètres.
— Depuis quand ton père travaille-t-il en ville ?
— J’avais huit ans quand il est parti pour la première fois…
— Ça fait quatre ans, c’est bien ça ?
Le gamin acquiesça par un vague mouvement de tête et se mordilla la lèvre. Cette question avait réveillé le souvenir de ce jour lointain où son père les avait réunis, lui et sa sœur aînée 1 Yue, sur le banc dans la cour de la ferme.
« Je dois quitter la campagne, trop pauvre, pour chercher du travail là où poussent ces villes-champignons que l’on voit à la télé », leur avait-il expliqué avec conviction.
Yue avait saisi le bras d’A-pa en s’écriant « Grand-père n’est vraiment pas content, tu sais ».
« Ça ira, avait-

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