Paroles d orpheline
103 pages
Français

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Paroles d'orpheline , livre ebook

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Description

Egarée dans et par les vicissitudes d'une vie particulièrement éprouvante d'enfant orpheline, balancée d'une tutrice à une autre, la narratrice souffre de n'avoir point eu de vraie vie de famille et surtout de n'avoir point connu son père décédé trop tôt. Pourtant, ce père lui laisse en consolation trois demi-frères et une soeur dont elle ignorait jusqu'à l'existence. A 19 ans, elle est chef d'une famille de cinq adolescents qui n'ont en commun qu'un demi-sang, mais qui doivent vivre... un livre écrit à quatre mains.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 284
EAN13 9782336275031
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen
Dernières parutions
Alban Désiré AFENE, Essola , 2009.
Daniel GRODOS, Les perles noires de Gorée, 2009.
Ilyas Ahmed Ali, Le miroir déformant, histoires extraordinaires, 2009.
Boika TEDANGA Ipota Bembela, Le Destin d’Esisi, 2009.
Patrick-Serge BOUTSINDI, L’homme qui avait trahi Moungali, 2009.
Ludovic FALANDRY, Sawaba. Une vie volée , 2009.
Jimmy LOVE, Les Émigrants , 2009.
Mamadou Dramane TRAORE, Les soupirs du baobab, 2009.
Abdoul Goudoussi DIALLO, Un Africain en Laponie, 2009.
Simplice IBOUANGA, Au pays des tyrans , 2009.
Oumar Sivory DOUMBOUYA, Chronique d’un retour en Guinée , 2009.
Yvonne OUATTARA et Jean-Luc POULIQUEN, En souvenir de L’Arbre à palabres. Lettres de France et du Burkina Faso, 2009.
Alexis KALUNGA, Mes frères, pourquoi vous me faites ça ?, 2009.
Brigitte BERTONCELLO, avec la collaboration de Thomas Samba SARR, Du Sénégal à Marseille. Migration réussie d’un gentleman rasta, 2009.
Bazoumana OUATTARA, Le sacrement constitutionnel, 2009.
Colette LANSON, Professeur Béatrice Aguessy. Une vie de femme(s), 2009.
Bertrand LEMBEZAT, Palabres en pays kirdi, 2009.
Viviane MPOZAGARA, Ghetto de riches, ghetto de pauvres, 2009.
Pascal DA POTO, Mort héroïque, 2009.
Mahmoud BEN SAÏD, La Guinée en marche. Mémoires inédits d’un changement. Volume 2, 2009.
Aboubacar Eros SISSOKO, Une enfance avec Biram au Mali, 2008.
Paroles d'orpheline

Guy Bodson
© L’HARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1@wanadoo.fr
9782296091702
EAN : 9782296091702
Sommaire
Ecrire l’Afrique - Collection dirigée par Denis Pryen Page de titre Page de Copyright Préface Village natal Une famille à part Passé amer La vie avec mes frères
Préface
Qui peut se lever et affirmer qu’il n’a jamais été enfant pour en ignorer toute la précarité et la fragilité existentielle ?

Il semble que le monde soit frappé d’amnésie au regard de cette souffrance humaine qui touche ces enfants de personne, alors qu’ils sont de nous tous.
Le roman « Paroles d’orpheline » est une petite voix qui dans le tourment de ses questionnements à l’endroit de l’absence de réponses vient chuchoter à notre oreille ce qu’est l’isolement parmi ses semblables, ce qu’est le goût de l’amertume dans l’ombre d’un soleil qui brille pour les autres, sauf pour soi.

Cette petite voix dans ses variations intimistes devient nôtre, tant elle vibre d’émotion et de ressentiment mélangé, cocktail parfois baroque qui par la fraîcheur de son expression nous transfère dans l’univers solitaire d’une jeunesse tourmentée, « comme un miroir brisé que l’on piétine ».

Cette histoire anonyme d’une orpheline vouée à elle-même et surtout à la vie qui transpirant par les autres lui lacère la chair autant que l’âme, déborde à son esprit sous la forme de questionnements obsessionnels. Obsessions d’une rythmique compulsive qui nous projettent dans l’errance et la psychose d’un parcours troublé par un destin qui s’acharne sans relâche.

Et d’y ajouter cette question aux multitudes qui foisonnent dans ce récit : pourquoi cette tragédie de destin à l’endroit de l’orphelin ?

Cette interrogation en suspens à l’orée d’une société nouvelle qui se cherche et avance en trébuchant sur l’oubli de telles questions. Omission coupable de l’humain sur le devenir de son humanité, parenthèse discriminatoire en son sein qu’il dissimule par le silence, alors qu’il devrait parler et écouter son enfance qui en est le fondement ...

C’est justement pour briser cette omerta, cette voix du silence, cette existence muette qui siège debout dans nos rues que ce récit vient chuchoter à notre conscience, ce qu’est l’enfance de l’oublie, ce qu’est l’oublie de l’enfance, ce qu’est l’intériorisation d’un problème existentiel majeur pour un être humain alors que la société l’extériorise par sa négation.

Ce roman est une question qui nous est posée : que faisons-nous de nos orphelins ?

A l’une d’entre eux de répondre à travers son parcours interrogatif, à nous d’écouter pour que le silence soit enfin audible, ces paroles d’un monde frère du nôtre, ces paroles d’orpheline.
Filippe Savadogo

Ministre burkinabé de la Culture des Arts et du Tourisme
Village natal
Je me pose une question, puis une autre.

Des centaines, des milliers de questions et puis, qui sait, peut-être un jour, venant de nulle part, des réponses aussi viendront.

Pourtant, je ne demande pas grand-chose, je ne demande qu’à comprendre. Comprendre pourquoi je suis là, dans le monde, mais au fond si différente du monde.

Ai-je déjà connu le bonheur ? Si on définit le bonheur comme les brefs élans de joie qui surviennent et disparaissent sans même qu’on s’en aperçoive, je crois en effet l’avoir rarement connu.
Je suis là, assise près d’un magnétophone qui joue une mélodie lancinante, et je regarde cette grosse moto en face de moi qui avait autrefois appartenu à l’homme qui fut l’auteur de ma vie et qui depuis bientôt quinze ans maintenant, est réduit en poussière. Après tout n’a-t-il pas été tiré de la poussière comme cette vie qui anime la mienne ?

Soudain, voici des enfants qui se battent, ou plutôt des enfants qui battent une fillette ; ils lui donnent des coups et s’enfuient visiblement fiers ou contents, je ne sais quel mot conviendrait le mieux, seulement, je me demande ce que cela aurait changé pour eux de ne point frapper cette enfant.

Et alors, je pense à mon père, ce père intime absent que je n’ai point connu, mais qui assurément prenait la vie du bon côté.

Après tout, n’avait-il pas raison ? Mort à la fleur de l’âge, il laisse en consolation et pour seul héritage de ses tribulations terrestres, trois fils et deux filles, tous de mères différentes, sauf deux : Damus et Ibrahim, dit Ibra ou le vieux père par ses proches.

Ma mère, puisque sa présence flotte à mon esprit pendant que j’évoque au passage celle des autres, eh bien, elle a doublement confirmé ce qu’avait fait mon père : elle a disparu, elle aussi. Un beau matin, dans ma sixième année, je me réveillai seule à la maison, j’étais bien loin d’imaginer que ce moment allait se prolonger pour toujours. À mes questionnements, certains affirmaient l’avoir croisée dans un bus en partance pour le Mali, pour aller voir un vieil oncle exilé à Bamako. Plus plausiblement, encore jeune à ce moment-là, je pense qu’elle voulait refaire sa vie à l’étranger en compagnie d’un autre homme et avec une petite fille sur les bras, elle aurait eu moins de chance d’en trouver un. Si orpheline de père je l’étais, de mère je le devins aussi. J’ignore si elle est encore en vie, mais ce qui est sûr, c’est que dans mon esprit comme dans mon cœur, il y a bien longtemps qu’elle est morte.
Je suis l’aînée de ces cinq garnements, nous ne nous connaissons pas encore et pour cause : Hassan réside pour le moment avec notre oncle Abou dans la deuxième ville du pays, Néné avec l’une de ses tantes dans une province. Quant à Ibra et son frère Damus, ils ont toujours été chez leur mère dans la capitale. Aucun de nous si ce n’est ces deux derniers ne s’étaient vus jusqu’alors. Pour tout dire en ce qui me concerne, je ne savais même pas qu’ils existaient. Quant à moi, j’étais ballottée du domicile d’une tante à celui d’un oncle sans jamais être vraiment installée. Voici qu’aujourd’hui, parce que l’un de nos prestigieux oncles a pensé que c’était une mauvaise chose de nous laisser ainsi éparpillés aux quatre coins du pays, nous allons devoir, ou peut-être allons-nous pouvoir vivre ensemble !?
Nous avons certes le même sang, mais au-delà de cette parenté, qu’avons-nous réellement en commun ?
Moi l’aînée, j’ai dix-neuf ans, Damus en a dix-huit, Ibra seize, Hassan dix-sept, et Néné quinze.
Après des années de vie isolée avec seulement nos mères respectives pour certains, nous allons emménager

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