Pauvre petite orpheline
171 pages
Français

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Pauvre petite orpheline , livre ebook

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Description


Lire la collection : Afrique liberté

Quand retentit La voix d'une mère dans l'au-delà pour apaiser le coeur en larmes de sa fille abandonnée aux turpitudes de la vie, les orphelins puisent en eux le courage de faire face à une existence mutilée. Ce récit offre un véritable rempart entre tradition et modernité et nous plonge dans l'univers culturel africain avec ses us et coutumes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 1 772
EAN13 9782296263451
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PAUVRE PETITE ORPHELINE

La voix d’une mère dans l’au-delà
Du même auteur :


- L’homme qui vécut trois vies , éd. St-Paul

- Aller retour , éd. St-Paul

- L’empire du gouffre, éd. CEDA


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12571-1
EAN : 9782296125711

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Gaston OUASSENAN


PAUVRE PETITE ORPHELINE

La voix d’une mère dans l’au-delà


L’Harmattan
Je suis une femme d’âge mûr. Je ne vous en dirai pas plus. Une femme ne dévoile pas son âge.
Je vous apprendrai seulement que mon existence n’ayant pas été heureuse, je n’espérais plus rien de la vie. Je me considérais au bout du rouleau. Je n’avais aucun projet pour l’avenir ; d’ailleurs l’avenir ne comptait plus pour moi.
J’attendais tout juste mon dernier jour pour quitter sans regret ni larmes un monde où je n’avais rencontré que des déboires. J’étais dans cette expectative quand la lecture d’un journal m’a fait une révélation des plus surprenantes. J’en ai été terriblement impressionnée.
J’ai appris qu’une jeune femme de 99 ans venait de convoler en justes noces avec un jeune homme de 97 ans. Cet hymen, inhabituel en raison de l’âge de ses protagonistes, m’a amenée à réfléchir et à reconsidérer mon attitude vis-à-vis de moi-même et vis-à-vis de certains préjugés ancrés dans mon subconscient.
A cet âge avancé, cette femme et cet homme venaient de réaliser un grand rêve, peut-être le rêve de leur vie. Je me suis posé un tas de questions et suis parvenue à une constatation.
Je suis beaucoup plus jeune que la mariée qui peut être plusieurs fois ma grand-mère. Je suis une femme comme elle. Mais elle n’est pas comme moi. Elle a quelque chose de plus que moi.
Malgré son âge, elle est dynamique face à la vie et croit en elle et en ses merveilles. Elle l’envisage sous un angle positif. Elle ne se montre point résignée à attendre la mort et à la subir le moment venu.
Au contraire, elle a confiance en l’avenir et en ses promesses. Elle élabore des projets et organise son existence en conséquence. Comme preuve de sa foi dans des lendemains heureux et sûrs, elle vient d’unir son destin à celui d’un homme, tout confiant lui aussi, dans les temps futurs.
Oh ! Rassurez-vous. Je n’ai nullement l’intention de me remarier. Mes deux expériences matrimoniales m’ont suffisamment marquée. Je n’ai aucune envie d’en faire une troisième qui risque de se révéler aussi fâcheuse que les précédentes.
Mais de grâce, n’allez surtout pas vous imaginer que je sois d’un caractère insociable donc pratiquement impropre à la vie conjugale.
Comme vous le constaterez, mon caractère n’a rien à y voir. Au contraire, les quelques personnes qui ont le courage de me fréquenter, et elles ne sont pas si nombreuses, disent avec beaucoup de sérieux que je suis douce, affectueuse et attachante. Ceci doit avoir sûrement du vrai.
Enfin bref… Je me suis mariée à 23 ans. Je vouais à mon époux un amour sans limites. A son tour, il me le rendait à merveille. Il ne pensait et ne respirait que par moi. Tout chez lui se résumait à moi. Tout pour lui partait de moi et aboutissait à moi.
J’ai donc vécu avec lui des moments paradisiaques. Malheureusement comme dit la chanson’’ le bonheur dure peu sur la terre’’. J’en ai fait l’amère expérience. Mon bonheur n’a été que de courte durée. Mon mari s’est tué dans un accident de voiture six mois après notre union.
Sa mort brutale a été pour moi une très rude épreuve. J’en ai même fait une dépression nerveuse. J’ai failli ne plus jamais m’en relever. Ma grande sœur Hélène, mes deux frères et toutes mes amies m’ont alors entourée de leur chaude affection et graduellement, j’ai repris une existence normale.
Sur les insistants conseils de mes amies, je me suis remariée onze ans après ce drame. Ce fut de nouveau une période de béatitude. Mais pour mon malheur, elle se révéla encore plus brève que la première. Elle n’excéda point trois mois.
Mon mari mourut dans un tragique accident de train. Aussitôt, les bruits coururent que la malchance qui me suivait depuis ma naissance ne m’avait jamais lâchée. Toute ma vie, elle me poursuivrait et ne me permettrait jamais d’avoir un conjoint.
Tous ceux qui prendraient le risque de m’épouser connaîtraient le même sort que mes deux précédents maris. En unissant leur destin au mien, ils signeraient indubitablement leur arrêt de mort.
Ces rumeurs malveillantes m’étant parvenues, je pris moi-même la décision de repousser de manière systématique toutes les avances que l’on me ferait.
‘’ Ainsi, m’étais-je dit, je ne porterai malheur à personne.’’
Mais très vite, je m’aperçus que ma résolution était superflue. Les hommes à marier étaient évidemment informés des rumeurs qui couraient à mon sujet. Bien entendu, aucun d’entre eux ne voulait mourir.
Du coup, mon cas suscitait en eux une telle frayeur, qu’ils avaient tous peur de m’adresser tout simplement la parole. Dans les rencontres publiques, je voyais les célibataires, les divorcés, et même les veufs, trembler à la seule perspective de devoir me serrer la main.
Dès qu’ils le pouvaient, ils faisaient instantanément le vide devant moi. J’étais une impure. Dans les réceptions tant officielles que mondaines, ma venue causait un effroi tel que certains invités en oubliaient les règles élémentaires du savoir-vivre. Ils détalaient par des issues dérobées, sans même dire au revoir à leurs hôtes, dès qu’ils me voyaient arriver.
Comme vous pouvez le constater, je n’ai ni l’intention ni même la possibilité de me remarier comme l’a fait cette dame de 99 ans. Par contre, je peux entreprendre autre chose, quelque chose qui puisse être utile.
Ma vie n’a pas été facile ni heureuse. Elle n’a pas débuté non plus sous de souriants auspices. Mon entrée dans ce dédale que constitue le monde, s’est effectuée dans un concert de malheurs. C’est à la retransmission de ce concert que je vous invite.






Mes malheurs ont commencé, d’après ce qui m’a été dit, trois mois avant ma naissance.
Sans que l’on sût exactement pourquoi, un matin, ma mère, alors en grossesse de 6 mois, perdit l’usage de ses jambes. C’était, paraît-il, une femme très active, toujours sur la brèche.
Levée à cinq heures du matin, elle ne se couchait que très tard la nuit. Cet archétype du dynamisme féminin se retrouva du jour au lendemain immobilisé dans son lit.
Du coup, son commerce de pagnes dût fermer. Son jardin potager, reconnu comme le mieux entretenu du village, se vit progressivement envahi par les mauvaises herbes. Sa maison jusque là toujours proprette fut alors laissée à l’unique soin de sa fille Hélène âgée de moins de 14 ans.
Ce contretemps tombait vraiment mal à propos.
Hélène préparait son C.E.P.E et le concours d’entrée en sixième.
Elle fut donc contrainte de s’occuper de ses deux petits frères qui allaient aussi à l’école, d’assurer les tâches ménagères et de préparer ses examens scolaires.
C’en était trop pour sa frêle personne. Les résultats ne furent point brillants. Elle essuya un échec aux deux examens. Quelques jours après, je vins au monde.
Il paraît que le travail fut long et pénible. Epuisée, ma mère ne put supporter l’épreuve. Elle rendit l’âme après l’ultime effort qui permit la délivrance.
A l’annonce de la nouvelle de sa mort, ce fut la consternation. Des femmes entraient en transe. D’autres se roulaient dans la poussière. Des pleurs et des cris de douleur transperçaient l’air. Abasourdies par l’incroyable et funeste nouvelle, certaines femmes semblaient avoir perdu la raison et la voix.
Assises par terre, la mine prostrée, le regard fixé au sol ou perdu dans le lointain, elles hochaient par moment la tête d’un air hébété et donnaient l’impression de ne pas comprendre ce

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