Péio
61 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Plongez dans l'histoire du couple de Peïo et de Mimi Georgette, symbole d'un monde rural montagnard dont les traditions s'éteignent peu à peu...

Péio est le cadet d’une famille paysanne du piémont pyrénéen. En vertu des coutumes locales, seul l’aîné hérite du patrimoine. Par amour de la nature et de la montagne, Péio s’en ira berger communal dans un village voisin.
Une rencontre va le pousser à construire sa maison pour devenir à son tour « cap d’oustau », c’est à dire, chef de maison. Mais l’histoire est aussi le prétexte pour faire revivre les coutumes et le mode de vie des paysans pyrénéens au 19e siècle.
Les lieux sont réels et les deux principaux personnages ont existé…

Ce roman nous fait voyager dans le temps et nous transporte dans un décor magnifique, celui du piémont pyrénéen des années 50. Il attise la curiosité grâce à la découverte des indices arrachés au passé et des souvenirs de tout un monde... Un réel baume au coeur.

EXTRAIT

Il l’aime cette montagne, ce pic du Gar que certains dans les villages voisins affublent du nom moins poétique de Pic Saillant à cause de son versant sud abrupt et rocheux qui contraste avec le versant nord, moelleux et boisé. Non ! pour lui c’est bien Gar, le Dieu antique et protecteur qui fournit au village sa principale richesse, la forêt, mais aussi tous les menus présents qui agrémentent la nourriture quotidienne : gibier aussi varié que cerfs, sangliers et lièvres mais aussi palombes de passage et quelquefois même le seigneur Ours… cèpes noirs et parfumés que l’on va ramasser au petit matin ou fraises, framboises et awajous qui font de si bonnes confitures. Oui, vraiment ! Cette montagne est bien la protectrice du village mais pour Péio sa proximité constitue un vrai problème : Antichan est niché dans son flanc, ce qui ne permet pas un recul suffisant pour l’embrasser en entier d’un seul coup d’œil. Il aime tant la contempler sous toutes ses faces qu’il regrette d’en être si près ; or, en face, sur l’autre versant de la vallée, on aperçoit un minuscule village : Mont de Galié ; de là, on doit avoir la vue la plus merveilleuse sur la montagne de ses rêves. Péio y est allé une fois quand il était enfant et il en garde un souvenir ébloui. Le petit village, illuminé par le soleil du matin semble lui faire signe.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Martine Cuenca-Dupuy est née et a grandi dans une petite ville des Pyrénées centrales. Elle a beaucoup voyagé et a exercé son métier de professeur dans divers pays d’Afrique puis en France.
Elle réside désormais en Provence sans négliger ses racines qui sont multiples : pyrénéennes, cubaines et espagnoles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 novembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782851139689
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Martine Cuenca-Dupuy
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Péio
Roman
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
© Lys Bleu Éditions – Martine Dupuy
ISBN : 978-2-85113-968-9
Le code de la propriété intellectuelle n’auto risan t aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
L'illustration de couverture représente
Antichan-de-Frontignes.
Elle a été aimablement fournie par Bernard Dumail,
maire de ce village.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
À ma belle-mère,
qui nous a quittés avant de pouvoir lire cette histoire romancée de sa maison.
 
 
 
À Louis,
 
Marilyne et Marc,
 
Camille, Thomas, Eléa, Valentin et Rémi,
 
pour la suite de l’histoire…
 
 
 
 
 
 
 
Je me suis mariée à Antichan de Frontignes, dans le Haut Comminges. Mes beaux-parents y vivaient mais ils possédaient aussi, non loin de là, à Mont de Galié, une vieille maison héritée d’un oncle qui l’avait bâtie de ses mains.
Les premiers occupants de cette demeure ont laissé fort peu de traces. Juste deux noms, Peïo et Mimi Georgette, des objets : un gros coquillage, une cruche et quelques papiers…
Ma jeunesse dans le piémont pyrénéen des années 50, m'a fait rencontrer des personnages dont le mode de vie n’était pas très éloigné de celui des Commingeois de la fin du dix-neuvième siècle.
Ma curiosité s’est nourrie de quelques indices arrachés au passé et les souvenirs d’enfance de mon mari m’ont aidée à redonner vie à ce couple, symbole d’un monde rural montagnard dont les traditions allaient bientôt s’éteindre…
 
 
 
 
 
 
Décision
 
 
 
En cet automne 1889, Pierre Estradère dit Péio, assis sur une souche dans la cour de la maison paternelle à Antichan semble perdu dans son rêve. Les yeux dans le vague, il ne répond pas quand on lui parle, indifférent à ce qui l’entoure, aux bruits et aux mouvements associés à cette heure avancée de la matinée.
Marie-Jeanne, sa mère, écosse des haricots tout en profitant de la température clémente. Sa chaise basse est appuyée contre le mur près des deux larges marches qui donnent accès au logis. Tout en s’activant, elle observe du coin de l’œil son robuste gaillard ; bien sûr, il n’est pas très grand, comme d’ailleurs la plupart des hommes de la région ; son œil est noir et ses cheveux drus et sombres sont recouverts d’un béret un peu défraîchi par la pluie et les utilisations variées ; son visage est déjà buriné malgré ses vingt-six ans et une barbe bleutée transparaît vite malgré le rasage presque quotidien ; son nez est un peu fort certes mais cela lui donne du caractère et d’ailleurs ne dit-on pas « qu’au milieu d’un beau village il y a toujours un grand clocher »… Les traits sont rudes mais ce regard si souvent perdu dans ses rêves lui apporte une douceur que l’on ne voit pas chez les autres gars du pays. Bref, c’est un beau garçon, solide et bien bâti, mais peu intéressé par l’exploitation, ce qui inquiète fort Marie-Jeanne.
Pourtant le commerce avec l’Espagne toute proche est florissant et la famille a pour activité principale l’élevage des chevaux et des mulets pour le transport. Malgré les progrès du chemin de fer, la traction animale est encore très utilisée. Ajoutez à cela des vaches pour le lait et la viande (le marché aux veaux de Saint-Gaudens est réputé dans toute la région), des cochons et des volailles pour la consommation, une petite vigne pour le vin qui se doit d’accompagner le repas et quelques champs de blé, de seigle et de pommes de terre, voilà de quoi subvenir, bon an mal an, aux besoins frugaux de la maisonnée.
 
Péio est le cadet et c’est Jean l’aîné, qui reprendra l’affaire à la mort du père ; car n’en déplaise à ces messieurs de Paris, le droit d’aînesse est vivace ici et on parvient à s’arranger avec les lois égalitaires sur l’héritage. Les cadets obéissent aux coutumes et ceux qui voudraient faire valoir leurs droits sont vite rejetés par la communauté : on ne doit pas partager la terre.
Les travaux agricoles ont besoin de main d’œuvre et Péio ne rechigne pas à donner la main quand on le sollicite mais il reste souvent des heures à regarder on ne sait quoi, ignorant le monde qui l’entoure ; de plus, il est fier et rester toute sa vie à obéir aux ordres de son aîné ne l’enchante sans doute pas. Que va-t-on faire de ce drolle  ? C’est pourtant le plus affectueux de ses enfants : le Jean est un bon garçon, il travaille dur et il a le sens des affaires mais ce n’est pas un tendre ; Suzanne, la fille, est promise à un fermier du village voisin et bientôt elle quittera la maison. Quant aux deux autres, le Bon Dieu les lui a très vite repris pendant l’épidémie de choléra de 70.
Elle ne se sent plus aussi alerte qu’avant ; elle va sur ses quarante-huit et depuis son mariage à dix-huit ans avec son voisin Bertrand, elle ne s’est guère reposée : à peine un jour quand les enfants sont nés. Les années se sont écoulées si vite, partagées entre ses journées à la maison, la culture du potager, les soins à la volaille et l’aide dans les champs quand tous les bras sont nécessaires… Elle continue à assumer sans faiblesse tous ces travaux mais la vieillesse arrive vite. Elle a abandonné depuis longtemps les robes claires, les deuils fréquents et prolongés l’ont vouée au noir : un fichu noué serré sous le menton, une robe de satinette protégée par un tablier à toute épreuve. Son visage est marqué par le froid, le vent, le soleil et le travail et elle se rend compte qu’elle ressemble de plus en plus à Augusta, sa mère.
Elle voudrait bien, avant de n’être plus bonne qu’à raccommoder les vêtements et à éplucher les légumes au coin du feu, que son Péio sorte de son rêve et se trouve une femme ; il ne manque pas de qualités, et il pourrait s’en aller gendre, pas trop loin, dans un des petits villages qui parsèment ce pays des Frontignes. Il faudra qu’elle en parle à la Mariette qui a permis la conclusion de bien des mariages et saura faire valoir son petit auprès des pères des héritières à marier.
 
Péio ne rêve pas… il pense… Il regarde la montagne qui domine son village. Il scrute les arbres qui auréolent Gar de tâches multicolores cherchant à reconnaître dans ces jaunes et ces roux les essences qui peuplent la forêt : ici les bouleaux aux branches fines et aux troncs argentés, là les hêtres de haute taille aux fûts bien rectilignes ou encore ces vieux chênes aux branches tourmentées ; chacun montre sa parure automnale qui ne peut, pour un œil averti, être confondue avec une autre, tandis que contrastant avec les zones mordorées des arbres qui vont bientôt perdre leurs feuilles, les plaques vert foncé des sapins viennent tempé

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