Pour la Naissance de Kumâra
148 pages
Français

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Pour la Naissance de Kumâra , livre ebook

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Description

L'auteur de cette pièce est Kâlidâsa. Nous ne savons rien de certain sur lui, mais l'essentiel est acquis : c'est un poète et un dramaturge. Il vécut à une époque qui oscille entre le Ier siècle avant notre ère et le VIème siècle. La Naissance de Kumâra développe, en un long poème orné en sanskrit, le thème du monde menacé par un terrible démon que, seul, un descendant du grand dieu Shiva pourra détruire. Encore faut-il que Shiva tombe amoureux, lui qui s'absorbe dans l'ascèse sur les hauteurs de l'Himalaya !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 52
EAN13 9782296470217
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pour la naissance de Kumâra


Kumâra-sambhava
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55287-6
EAN : 9782296552876

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Kâlidâsa


Pour la naissance de Kumâra


Kumâra-sambhava


Traduit du sanskrit, présenté et annoté par Alain Poulter.
Avec le concours d’Anne-Marie Lévy.


L’Harmattan
PREFACE
Réflexions autour du kâvya

Kâvya… Que désigne ce terme littéraire sanskrit ? La réponse habituelle : la poésie de l’Inde classique. Cette réponse laisse cependant à désirer car le terme inclut des textes qui, pour un lecteur non indien, font partie de la prose ; ainsi en va-t-il de certains « romans » : Dashakumâracarita ( Histoire des dix princes, traduction de Marie-Claude Porcher, Connaissance de l’Orient), Kâdambarî (non traduit) et d’autres. Ces romans (il faut employer ce terme, faute d’avoir comme l’anglais les deux appellations : novel et romance ) sont considérés comme appartenant à la catégorie du kâvya, tandis que bon nombre d’œuvres en vers en sont exclues. Les poèmes didactiques ou religieux n’en font pas partie, ni la grande épopée du Mahâbhârata. Par contre, le Râmâyana est considéré comme le premier kâvya. On pourrait traduire approximativement par « belles lettres ».
Les Indiens avaient donc d’autres catégories littéraires que les nôtres. L’important est moins le genre - poèmes, théâtre et roman sont des kâvya - que le style, qui doit correspondre à des critères très stricts. Les œuvres littéraires étaient jugées et définies dans des traités, analysées et classifiées par des théoriciens selon des critères dont la subtilité et la pertinence nous échappe parfois. Regardons la définition de Bhâmaha, théoricien du VIIème siècle : shabdârthau sahitam kâvya. Traduction souvent proposée : « Le Kâvya est la combinaison du son et du sens ». Définition simple à première vue, trop peut-être, bien large, s’appliquant à tout énoncé compréhensible. Une autre traduction, plus satisfaisante celle-là : le Kâvya est l’union indissoluble des ornements - alamkâra - concernant les sons et le sens. Donc : shabda : tout ce qui, dans un texte qu’on entend, plaît immédiatement à l’oreille, métrique, rimes, allitérations ; artha : le signifié : les mots au sens premier immédiatement compris, mais impliquant souvent polysémie, double sens, suggestions, allusions. Les métaphores sont classées dans l’une ou l’autre catégorie, parfois appartenant aux deux, nous donnerons quelques exemples plus loin. La multiplicité des significations des mots rend souvent possible, selon le signifiant choisi, une grande variété d’interprétations du texte. Ajoutons la possibilité du sanskrit de former des composés nominaux d’une longueur extrême qui, selon les découpages, peuvent donner des sens différents. Une chaîne unique de signifiants peut donner deux chaînes de signifiés possible. L’ensemble : signification(s) et figures de style constitue le kâvyasharîra, le corps du texte (dans le sens du corpus ) , le texte à considérer comme représentatif du kâvyavisheshana, la spécificité du genre.
Le plaisir du texte dépend donc de la capacité de l’auditeur-lecteur à apprécier la virtuosité langagière, à en saisir toutes les nuances. Il lui faut également de grandes connaissances pour deviner ou comprendre les allusions, souvent cachées, à d’autres textes ou événements. Pour une personne occidentale non avertie - ou même pour des spécialistes ! - la lecture de certains kâvya, jamais immédiatement compréhensible, peut s’avérer fastidieuse, surtout si elle s’attend à trouver ce que notre poésie occidentale nous offre en surabondance : l’expression d’une personnalité.
Le poète, chez nous, se fait connaître. Surtout depuis l’époque romantique, les poètes nous parlent de leurs émotions, amours, chagrins et souffrances que nous avons le plaisir d’imaginer, sinon de partager. Cela est moins vrai pour les périodes plus anciennes, mais même Shakespeare, dont nous savons (heureusement ?) si peu de choses met à nu ses émotions dans certains sonnets. Les poètes de l’Antiquité parlent de leurs amours, leurs plaisirs et peines et ambitions, la certitude de leur génie, Horace, Ovide. Nous avons tendance à les juger selon la beauté, dont la définition est variable, et aussi selon la « profondeur », « l’universalité » de leurs sentiments, le plaisir de nous reconnaître qu’ils nous offrent si généreusement, dans des miroirs embellissants ou le contraire.
Chez les kavi (appelons les poètes sanskrits par le terme de leur langue, celui qui compose un kâvya ) rien de tel, ils ne se livrent pas à nous, à de très rares exceptions près. Le poète de cour Bhartrihari, VIIème siècle, en est un exemple particulièrement remarquable dans des poèmes souvent satiriques, désabusés ou amoureux, exprimant même une grande conscience de sa propre valeur de poète : il est plus important que le roi ! Pour ces poètes, la poésie n’est pas une activité exercée par un génie solitaire, visionnaire et inspiré, destinée à nous faire vivre des moments douloureux ou exaltés. L’historien anglais le plus connu de la littérature sanskrite, Keith, n’est pas loin de considérer cela comme un grand défaut ; il regrette que Kâlidâsa, malgré ses qualités, soit loin de la profondeur de Virgile dans le sixième chant de l’Enéide ! Ce genre de comparaison n’a pas beaucoup d’intérêt. Il est nécessaire de ne jamais oublier que les kavi n’ont pas composé leurs œuvres pour des lecteurs occidentaux vivant des siècles après eux, mais pour leurs publics de connaisseurs raffinés ( suhridayas ) capables de savourer le plaisir d’exploiter les ressources exceptionnelles de la langue sanskrite. L’inspiration est certes reconnue comme nécessaire, c’est une évidence, il faut bien avoir un « que dire », pas uniquement un « comment dire ». Cependant le sujet ou l’intrigue est souvent déjà connu. C’est le cas dans tout mahâkâvya, grand kâvya , qui doit selon les règles présenter un sujet tiré de l’histoire ou de la mythologie, comme notre Kumârasambhava ; une œuvre dont le sujet est imaginé est considérée comme mineure. Ces règles valent également en dramaturgie. L’originalité n’est donc pas la qualité recherchée, mais la manière de renouveler un sujet déjà connu. L’intrigue de Shakuntalâ, la pièce la plus célèbre de la littérature sanskrite, est tirée d’un épisode relativement bref du Mahâbhârata, transformé en grâce et beauté par Kâlidâsa, unanimement considéré comme le plus grand, primus inter pares. Il faut avouer que chez certains kavi plus tardifs le sujet du texte semble réduit à un pur prétexte pour faire preuve de la plus grande virtuosité et, même si elle est souvent éblouissante, elle peut nous paraître vide de substance. Anous ! Car les connaisseurs indiens capables d’apprécier l’acrobatie verbale de certains virtuoses du langage, si exaspérants ou déroutants pour des Occidentaux, devaient sans doute éprouver un plaisir et une admiration que nous ne sommes pas en mesure de partager, n’ayant pas été nourris de sanskrit avec le biberon.
Les kavi avaient à leur disposition des traités de poétique, exposant les théories et des exemples d’ornements, alamkârashâstra, et une autre théorie, celle de l’importance de la suggestion, dhvani, "résonance", le sens non immédiatement saisi demandant un moment de réflexion. Cette théorie est souvent opposée à la théorie des ornements. Il n’est pas ici le lieu d’approfondir cette discussion ; dans les meilleurs kâvya nous trouvons la combinaison des deux, les ornements de son et de sens, et aussi le non-dit, le suggéré. Il suffit de remarquer que la théorie de la suggestion comme élément essentiel du langage poétique, le plus apte à créer l’émotion esthétique, le rasa, "saveur, goût" (terme emprunté aux traités concernant le théâtre) a longtemps eu la faveur des critiques occidentaux

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