Quelques vies oubliées
167 pages
Français

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Quelques vies oubliées , livre ebook

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Description

Ces "Quelques vies oubliées" font ressurgir, sous forme de "récit romancé", les souvenirs d'une enfance sauvage, vécue au sein d'un petit village vendéen. Aux personnages que l'enfant a côtoyés, sont associés la découverte du monde des adultes, celle de la mort, ainsi que le souvenir des massacres de la Révolution, des troubles de l'occupation allemande et de la Libération. L'auteur relate son enfance dans ce livre, écrit en grande partie à deux voix avec la complicité de son père, disparu avant la fin de ce projet d'écriture.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2007
Nombre de lectures 196
EAN13 9782336262901
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
Trois jours comme les autres
Julliard 1961
Histoire d’une aventure
Kodak-Pathé 1987
Cent ans de cinéma
BD avec Catherine Zavatta
Glenat 1995
Au pied de mon arbre
Le monument
Illusions perdues
Histoire illustrée en trois volumes d’un village du Lot, avec Arlette Sauteron 2004-2005-2006
Diffusion Mairie de Faycelles 46100
L’Harmattan
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2007
9782296024571
EAN : 9782296024571
Sommaire
Du même auteur Page de Copyright Page de titre Rue des Ecoles AVANT-PROPOS
Quelques vies oubliées

François Sauteron
Rue des Ecoles
Cette collection accueille des essais, d’un intérêt éditorial certain mais ne pouvant supporter de gros tirages et une diffusion large, celle-ci se faisant principalement par le biais des réseaux de l’auteur.
La collection Rue des Ecoles a pour principe l’édition de tous travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc.
Déjà parus
Patrick LETERRIER, Et là vivent des hommes. Témoignage d’un enseignant en Maison d’arrêt , 2006.
Annette GONDELLE, Des rêves raisonnables , 2006
Émile M. TUBIANA, Les trésors cachés , 2006
Jean-Claude LOPEZ, Trente-deux ans derrière les barreaux , 2006
Maryse VUILLERMET, Et toi, ton pays, il est où ? , 2006.
Ahmed KHIREDDINE, Rocher de sel. Vie de l’écrivain Mohamed Bencherif , 2006.
Pierre ESPERBÉ, La presse : à croire ou à laisser , 2006.
Roger TINDILIERE, Les années glorieuses , 2006.
Jacqueline et Philippe NUCHO-TROPLENT, Le moulin d’espérance , 2006.
Sylviane VAYABOURY, Rue Lallouette prolongée , 2006.
François CHAPUT, À corps et à cris , 2006.
Cédric TUIL, Recueil d’articles sur Madagascar , 2006.
Maguy VAUTIER, Vents de sable , 2006.
Olivier DOUAL, Impossible n’est pas africain , 2006. Yves-Marie LAULAN, Un économiste sous les cocotiers , 2006.
Louis-Marie ORAIN, Le blé noir , 2006.
Stéphane MADAULE, Scènes de voyage à Amsterdam , 2006.
AVANT-PROPOS
Mon père atteignait les quatre-vingt-dix-neuf ans lorsque je lui proposai d’écrire à deux voix le temps de mon enfance. Lui, si prompt d’habitude, hésita, puis après réflexion, se lança dans cette aventure avec enthousiasme.
Il sortit de l’armoire du salon sa petite machine à écrire et chaque jour rédigea quelques pages. Il était aveugle et souvent son doigt s’égarait sur le clavier.
Je le retrouvais toutes les trois semaines, et nous commentions alors nos écrits respectifs avec passion.
Sa mémoire sans faille, très exceptionnelle, restituait avec précision un temps qui n’était plus.
Hélas, la mort l’emporta avant la fin de notre projet, ce livre lui est donc dédié.
Roman, récit ? Presque tout est exact, mais pour ce presque nous avions décidé de le nommer : RECIT ROMANCE.
Cette envie de ranger me prend brusquement, même au milieu de l’hiver, pour occuper le temps qui se traîne, et l’âge m’a enlevé tant et tant de plaisirs... J’ai depuis peu perdu le goût des aliments, de la boisson, que va-t-il me rester ? Il y a bien longtemps, je faisais comme les autres, mon besoin de ranger, de jeter, me prenait à Pâques, en même temps que le nettoyage des vitres, lorsque le premier vrai soleil donne une irrésistible envie de renouveau. Maintenant, avec mes yeux morts, avant le reste, morts depuis trente ans, cette pulsion me prend n’importe quand. Pour la centième fois, je passe entre mes mains le contenu des tiroirs, occasion de faire renaître un souvenir, occasion de rajeunir. Mais ai-je vraiment besoin de ce déballage pour me souvenir ? Cette boîte de dragées vide, témoin du baptême d’un neveu maintenant grand-père... La jeter ? la garder ? la garder jusqu’à quand ? laisser à mes héritiers le soin d’une fin misérable dans quelque poubelle ?
Je reprends par le toucher possession de ma maison.
- On jette ? me demande Marie-Renée, ma fidèle, aide-ménagère, secrétaire, infirmière, confidente, de plus en plus infirmière d’ailleurs.
- On jette ?
Evidemment, rien ne la rattache à ces deux aiguilles à tricoter qu’elle me fait palper. Moi, je les revois si bien, piquées dans l’abondante chevelure frisée de ma mère, « pour ne pas les perdre pendant la pause ».
- Dites, à quatre-vingt-dix-neuf ans, si vous aviez tout gardé, on aurait bien du mal à entrer chez vous !
Elle ferait vite le vide, oh oui, mais je suis encore maître chez moi. On ne jettera pas les aiguilles.
Je l’entends déplacer des petites boîtes, ouvrir la porte d’un buffet.
- Eh ! bien, elle n’est pas jeune cette serviette, et pas en bon état !
Elle me pose sur les genoux un lourd paquet. Mes doigts gourds sentent le cuir tout sec et tout ridé.
- C’est un cartable que je connais bien.
C’était celui des enfants, acheté d’abord pour l’entrée à l’école de Jacques et bien entendu passé à François quand il est devenu trop petit pour les livres et cahiers de l’aîné. Oui, je me souviens de ce cartable laissé presque neuf à François et rapidement râpé, griffé, déchiré au cours de nombreuses bagarres... Je palpe les grosses coutures, œuvre du voisin bourrelier qui réalisait des prodiges pour le réparer, y mettre une pièce de couleur avoisinante.
J’extirpe des cahiers, elle me les prend d’un geste brusque, pressée comme d’habitude.
- Tous des cahiers de classe... Ah non, pas tous, il y a un dossier marqué Enfance .
- Enfance  ?
- Oui : Enfance , par François.
- Tiens, lisez donc un peu, pas trop vite.
- Attendez que je m’y retrouve, ce sont des feuillets un peu froissés.
J’ai l’impression qu’ils ont été écrits sur plusieurs années... Oui, quelques pages sont d’une écriture enfantine puis, vite, on reconnaît le récit d’un adulte. Je commence.
Vlan !
- Tu sais pourquoi...
La claque paternelle tombera, impitoyable, c’est sûr. Je quitte la petite rue pour aborder la descente du foirail. Quelques maisons encore et je débouche devant la mairie. Mon cœur s’affole, mes tempes battent, j’en cours de travers, me traîne. Allez, Tob, mon chien, en avant ! Pourquoi n’es-tu pas plus fort, plus grand, tu me porterais.
Dans le village désert, les quelques lumières des petites boutiques donnent aux rares promeneurs des formes mystérieuses, inquiétantes. Les chiens errants, auxquels Tob, trop fatigué, ne prête nulle attention, vont museau bas, jamais rassasiés d’odeurs, reniflant le sol un peu gluant des caniveaux. Encore quelques pas, mais que cette culotte de velours me scie l’entrecuisse ! Trop petite cette culotte... J’ai peut-être grandi trop vite ?
- Gamin, le velours, il n’y a que cela de vrai : frais l’été, chaud l’hiver.
Oui, grand-père, oui, je voudrais t’y voir toi, l’hiver, avec les cuisses à l’air, rougies par le froid... Encore combien ? trois ans pour avoir droit à un pantalon long, quatre peut-être pour être enfin reconnu comme un grand.
Ca va claquer : Vlan !
- Tu sais pourquoi.
Que oui ! Je le sais trop, encore en retard au repas. Ce soir j’ai dû battre tous mes records. Ils auront dîné depuis longtemps, on ne fait pas attendre les grands-parents maternels venus de la ville voisine en visite. J’imagine grand-père Henri la montre sortie du gousset, bien nichée à l’aise dans la paume, examinant avec soin la position des aiguilles, fronçant pour la dixième fois ses sourcils broussailleux
- Quand c’est l’heure, c’est l’heure, après l’heure...
Il va d’une main attentive caresser lentement ses moustaches en pointe, les effiler, tirer sur sa barbiche blanche. Il refermera doucement le couvercle de la belle montre en argent héritée de ses aïeux et passera sur le décor un pouce attendri.
- Bonsoir, m’sieur.
L’ancien garde-champêtre somnole sur le pas de sa porte, à califourchon sur une chaise dont le dossier lui sert d’accoudoir. Le garde, en vieillissant, est devenu un gnome tout recroquevillé par les rhumatismes. Une couronne de cheveux mal taillés, une barbe sauvage, d’épais sourcils surmontant des yeux chassieux, ce serait déjà assez pour nous faire peur, mais le garde, lorsqu’il se lève, montre des bras trop longs et des jambes courtes et tordues dont il traîne la droite. « Ma blessure de Verdun », affirme-t-il, mais nous savons tous que cette disgrâce provient d’une mauvaise chute dans un escalier un soir de soûlerie, car il aime terriblement le vin, l’affreux, et particulièrement ce Noah qui rend fou.
Cet individu place toujours à portée de sa main un grand bâton noueux dont il se sert pour

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