Qui peut me dire
161 pages
Français

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Qui peut me dire , livre ebook

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Description

"- Tu t'appelles comment ? - Thibault. - C'est bien, celui qui t'a donné ce nom voulait ton bonheur. - Mon père n'aime pas trop mon nom. - Celui qui te l'a donné voulait ton bonheur. Le nom est beau, tu devras lui ressembler.". Thibault va conquérir son monde. Anne-Laure, sa maman, était tombée dans une grave dépression. Il y avait Thibault. Fred, son mari, la trompait et voulait la quitter. Il lui avait déclaré : "Je te quitterai quand tu seras guérie" (...) Il se débarrasse de tout ce qui l'encombre. Thibault ne l'accepte pas, il se battra.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 145
EAN13 9782296932173
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Qui peut me dire
 
 
A Pierre
 
Humour et générosité, c'est toi.
 
« La maturité de l'homme, c'est d'avoir retrouvé le
sérieux qu'il avait au jeu quand il était enfant. »
 
Nietzche
 
Du même auteur
 
 
Récit
 
Dialogues et monologues de long séjour, les éditions de l'officine, Paris, 2005.
 
Romans
 
L'ombre de la forge, les éditions de l'officine, Paris, 2005.
Le vieux grimoire de Luxeuil, les éditions de Franche-Comté, Vesoul, 2006.
Et le temps s'arrêta, les éditions de l'officine, Paris, 2008.
 
Romans jeunesse
 
Pachyi-Pachou et ses amis dinosaures, les éditions de l'officine, Paris, 2006.
Mammifelle chez les dinosaures, les éditions de l'officine, Paris, 2006.
Corne d'or, les éditions de l'officine, Paris, 2009.
Danièle Vogler
 
 
Qui peut me dire
 
 
Roman
 
 
L'Harmattan
 
 
© L'Harmattan, 2010
5-7, rue de l'Ecole polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-10904-9
EAN : 9782296109049
 
Chapitre 1
 
 
C ela fait longtemps que Thibault siège sur la commode, c'est son trône.
Il peut y passer des heures, les muscles crispés à la tranche de bois brun.
La commode est de valeur et on aimerait l'en déloger. Il est sourd aux ordres, immobile. C'est sa lutte. Il défend ce domaine qu'il s'est choisi à l'âge de trois ans.
Il va bientôt avoir ses six ans.
À trois ans, il avait perdu le langage, à la mort de sa mère. C'est-à-dire qu'il n'émettait plus que des bouts de mots, il les laissait tomber de son perchoir, ils indisposaient le monde, ils clignotaient tels des phares signalant les mouvements de l'appartement.
Fred, son père, l'avait désapprouvé tout de suite, et par là même conforté dans son attitude.
Thibault, descends ! ordonnait-il. Thibault !
Bault !
Descends !
Cends !
Il fâchait son père.
Espèce de perroquet !
Quet !
Bault ! Cends ! Quet ! Il savait bien qu'il narguait et qu'on ne pouvait lui faire de procès, son langage se voulait plus neutre qu'un tic-tac d'horloge. Le père ne souhaitait pas voir son anomalie, il fallait simplement que l'enfant cessât d'occuper la commode. Il n'usa jamais de force, il dut se résoudre à réprimander en vain.
Un an après la mort de sa mère, l'enfant quitta une première fois la maison. Il avait quatre ans, il alla chez son oncle, il y resta quelques mois. Là, il retrouva le langage.
Ensuite on l'expulsa souvent. Cela devint une habitude. À chaque fois que l'enfant dérangeait quelque ordre que ce soit, on l'emmenait chez l'oncle.
Thibault ne détestait pas ces séjours. Quand il revenait chez lui il reprenait sa place sur la commode. Garder encore ce fief, c'était s'opposer aux envahisseurs, qu'il trouvait plus nombreux à chaque retour.
Le premier séjour chez l'oncle fut long et agréable pour Thibault.
Par la suite, les visites furent plus brèves. Cela dépendait des caprices de son père et de raisons indéfinies. Sa propre famille changeait de configuration, on y introduisait une belle-mère, des pseudo frères, mais il était toujours le seul enfant qu'on conduisait chez l'oncle.
 
Cet oncle Henry, Henry Rigot, habite Paris, c'est le frère aîné de son père. Il y a une large différence d'âge entre eux. L'oncle a deux grands garçons, de vingt-neuf ans, de trente ans et un troisième de dix ans. Ces cousins, ainsi que leur mère, ne sont pas très sensibles au sort de Thibault mais on peut vivre ensemble.
Aujourd'hui Fred promet à l'enfant des vacances plus longues chez l'oncle. Thibault n'a pas encore six ans, il n'a pas d'obligation scolaire, il peut partir en toute tranquillité Mais il se méfie de cette promesse et de son père.
Il quitte toujours un peu à regret sa maison et son perchoir. Il tient peut-être plus au perchoir qu'à la maison. Peu importe, il doit partir. Le père en a décidé ainsi.
Thibault a pris la fâcheuse habitude d'appeler les cousins de la même façon : « Henry » pour tous les trois ! Henry n'est que le prénom de l'oncle. L'oncle s'en amuse.
Les trois cousins Henry sont très différents. Celui de trente ans est pour Thibault le « Grand Henry », puis il y a le « Moyen Henry », et le « Petit Henry ».
« Comme dans l'histoire des trois ours, n'est-ce pas ! » avait dit l'oncle, riant très fort. Il avait vu juste, tout était conte, c'était plus supportable pour l'exilé.
Le Petit Henry a la désagréable manie d'appeler sa mère dès que Thibault s'approche de lui. Il crie « Maman » en épiant méchamment son cousin. C'est une peste.
Le Grand Henry ne prend soin que de lui même et ne s'encombre pas d'autrui.
Le Moyen est solitaire, il est informaticien, il aime passionnément les mécanismes, et quand on lui confie Thibault cela n'a pas l'air de le déranger. Alors on le charge tous les jours de le promener dans Paris. Il ne lui parle pas, il lui prend seulement la main pour traverser les rues, puis il le laisse faire. Ils vont régulièrement au conservatoire des Arts et Métiers. Ils y vont à pied, c'est très intéressant, le chemin est plein de surprises et le conservatoire une caverne d'Ali Baba. Ils prennent ainsi leurs habitudes.
 
Un jour, où le Moyen Henry doit s'absenter, le Grand décide d'être le protecteur de l'enfant. Thibault est si mignon, on aurait intérêt à le montrer. Le petit cousin est alors traîné dans des salles de musculation et des cafés. On y rencontre d'adorables personnes. Des demoiselles attendries disent :
Thibault ! Il s'appelle Thibault ! Il est charmant ce petit cousin.
Thibault attire les regards, le Grand Henry a bien joué. Il fait un clin d'œil à l'enfant comme s'ils avaient comploté ensemble cette nouvelle forme de drague. Une jolie fille s'inquiète :
Il ne s'ennuie pas avec nous ? Il ne faut pas avoir peur de le dire, Thibault. Il est là pour longtemps, le petit cousin ? ajoute-t-elle.
Il repartira quand son père viendra le rechercher, répond Henry, narquois.
Thibault soupire.
La belle a une âme généreuse :
Et sa maman ?
L'enfant, comme à un match de tennis, regarde la balle qu'on se renvoie.
Elle est morte sa mère.
On regarde avec gêne du côté de l'enfant. Henry n'est pas discret. La fille se passionne. Comme elle est jolie il ne trouve pas déplaisant de poursuivre la conversation.
Ce fut une mort étrange, une sorte de suicide, le gamin avait deux, trois ans. Maintenant il vit avec son père et ses trois demi-frères.
Il est jeune son père ?
Fred ? Oh ! pas beaucoup plus vieux que moi. C'est le frère cadet de mon père, un oncle un peu frangin, dit Henry avec légèreté.
Thibault est toujours inquiet quand on parle de son père. Il écoute en faisant semblant de jouer avec la paille de sa grenadine. Heureusement le dialogue est interrompu par l'arrivée d'autres copains. L'intérêt se perd dans une société étourdie.
Thibault préfère vraiment sortir avec le Moyen Henry. Ce soir, en plus, il va falloir rendre des comptes à la peste.
Le Petit Henry n'accompagne jamais ses frères, il jalouse son cousin de ce privilège et le lui fait payer par ses cris et la complicité de sa mère. Thibault se console car dans quelques jours le Moyen Henry reviendra. On retournera au musée, peut-être.
 
Au retour de son frère, le Grand Henry est content de se débarrasser de l'enfant. Le jeu ne l'amuse plus.
Thibault retrouve enfin le bonheur d'être avec celui qu'il nomme, en secret, « Mon Bon Henry ».
Le bon cousin se plait à montrer à l'enfant les vitrines de jouets mécaniques. Il peut, lui aussi, s'en régaler sans honte. Les deux comparses restent de longs mom

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