Réalités et roman guinéen de 1953 à 2003 T4
91 pages
Français

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Réalités et roman guinéen de 1953 à 2003 T4 , livre ebook

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Description

La richesse des données idéologiques fondamentales des romans guinéens se fait l'écho des problèmes essentiels du rapport des écrivains à l'évolution sociopolitique de la Guinée, et du rapport de l'intellectuel à l'engagement politique. Ainsi l'écrivain guinéen se rend utile par les projets de société qui se dégagent de ses oeuvres et susceptibles de réhabiliter l'histoire de son pays.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 octobre 2009
Nombre de lectures 48
EAN13 9782296683006
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Réalités et roman guinéen de 1953 à 2003
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09843-5
EAN : 9782296098435

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Boubacar Diallo


Réalités et roman guinéen de 1953 à 2003


4.-L’idéologie des romanciers guinéens


L’H armattan
Dédicace
Pour Mohamed Wann, mon beau-fils
Aïssatou Diallo, sa femme et ma fille, en toute affection.
Introduction
La lecture idéologique d’une œuvre romanesque part du postulat que toute pratique d’écriture s’inscrit dans un espace social constitué par des discours tenus sur le monde. Il s’agit du sens du témoignage qui donne une vision idéologique du texte littéraire. Le roman guinéen ne déroge pas à cette logique.
Comme kwabena Britwum le fait remarquer " une lecture sociocritique du texte ne devrait pas se réduire purement et simplement à une connaissance sociologique du réel ambiant extérieur au texte {1} ". En entamant ici la " critique idéologique " – terme que nous préférons à’‘ lecture idéologique ", expression chère à Jacques Leenhardt, nous prenons en compte, sur plusieurs plans d’expressions, des prises de positions, d’idées face à ces problèmes importants.
En fait, l’œuvre contient globalement deux unités de signification : une unité de surface qui, en se dégageant du texte narratif, s’affiche au travers de l’établissement par le narrataire-lecteur de la relation entre l’univers romanesque et le texte social ; une unité profonde qui va au-delà de ce que Kwabena Britwum nomme" la socialité ou le texte réel {2} ". Il s’agit du sens du témoignage qui donne une vision idéologique du texte littéraire. Le travail de production de l’œuvre romanesque se fait en rapport avec un intertexte toujours présupposé dans le texte ; car " le romancier entend et retient du réel le discours tenu sur lui par les différentes pratiques humaines, y compris la sienne {3} ". Une des caractéristiques fondamentales du discours social est donc d’apparaître comme une mise en évidence naturelle ou faussement naturelle du réel. Cela revient à considérer alors le discours social comme " une banque des idées reçues, un vague répertoire plus ou moins ordonné d’archétypes et de sténotypes {4} " ; en somme, pour parler comme Françoise Gaillard, comme : "… une mémoire commune au texte et au lecteur {5} ".
Mais, une telle affirmation ne rend pas cependant totalement compte de la présence du discours social dans le texte, puisque l’idéologie n’est pas pure"… immanence dans le texte, elle est aussi le principe organisateur présent dans des réseaux surcodant les autres codes dont elle sert à expliquer la fonctionnalité {6} ". Il est question de tenter une conceptualisation des différentes visions sociales des écrivains, notamment de mettre en relief les différents affrontements idéologiques qui sous-tendent cette création romanesque.
Il convient de préciser que l’interpénétration de la littérature et de la politique n’est pas un fait nouveau en Afrique. Elle se situe aux fondements mêmes de la création négro-africaine qui, à l’origine se voulait une réaction contre la domination coloniale. La problématique de notre étude ici, outre le fait colonial et les réalités qui s’attachent à la Guinée indépendante, dépasse sur le plan méthodologique et critique, la traditionnelle étude sociologique pour saisir son aboutissement logique qui est politique, idéologique. Il faut noter que c’est par le truchement des récits intimistes, des épopées, des poèmes ou des pièces de théâtre que les romanciers guinéens galvanisent et encouragent le peuple et ses nouveaux dirigeants à persévérer dans la voie de l’africanité. C’est à la suite des « bâtardises » du pouvoir révolutionnaire que le roman politique ou idéologique apparaît, s’insérant dans l’actualité avec plus de force et de réalisme pour dénoncer les tares d’un régime despotique, la problématique de l’exil et son corollaire, l’absurde et le chaos qui sous-tendent l’existence actuelle, contribuant ainsi à l’orientation du devenir collectif et celui de l’univers. Avant d’étudier la catégorie du roman idéologique dans la littérature guinéenne, il convient d’abord de définir le vocable « idéologie ».
Le Larousse la définit comme la science des idées, l’ensemble d’idées propres à un groupe, à une époque et traduisant une situation historique. Il se dégage un sens péjoratif qui est : "Une doctrine qui prône un idéal irréaliste".
À son tour, Henri Bénac dégage quatre sens de ce mot forgé par Destutt de Tracy en 1976-1978 {7} .
L’idéologie se présente d’abord comme la science des idées (au sens général des faits de conscience), considérées en elles-mêmes. Elle apparaît ensuite en tant qu’une somme d’idées trop abstraites ou utopiques sans lien avec la réalité positive. Avec le marxisme, elle s’affiche comme un ensemble systématique d’idées politiques, économiques ou sociales inspirant un gouvernement, un parti, une classe et déterminées en fait par la réalité économique et l’infrastructure. En fin de compte, le mot va désigner tout ensemble systématique d’idées à la base de la morale ou de l’action d’un groupe ou d’un individu.
Dans le livre de Jean Servier intitulé : L’idéologie {8} , on peut également suivre l’évolution du mot à travers les âges, en remontant à l’école de Condillac où il servira à désigner les « sciences culturelles » sur des bases anthropologiques et expérimentales. Puis, il évolue d’un système considérant les idées prises en elles-mêmes, abstraction faite de toute métaphysique vers un système d’idées constituant une doctrine politique ou sociale inspirant les actes d’un gouvernement ou d’un parti. Il faut enfin remonter à Voltaire, à Feuerbach et à Karl Marx pour comprendre l’idéologie comme l’imposture d’une classe sociale assurant sa suprématie sur une autre par tout un ensemble de croyances erronées et de préjugés. C’est, affirme Marcel Griaule, une conception du monde et de la place de l’homme dans le monde.
Nonobstant cet aréopage de définitions, nous situerons à la base de l’idéologie, les idées, les hommes dans la confrontation avec eux-mêmes et avec le monde environnant, les croyances, la ligne déterminante dans la gestion des individus et des nations. Car, au-delà même de l’histoire, du témoignage sur une société, il existe de nombreux circuits véhiculant des idées, illustrant des prises de position, déterminant le sort des individus, éléments de groupes plus ou moins restreints et placés en face d’un contexte historique singulier. Roland Barthes a dégagé en partie cette dimension de l’idéologie dans Le Degré zéro de l’écriture. C’est, écrit-il : " … une écriture dont la fonction n’est plus seulement de communiquer ou d’exprimer, mais d’imposer un au-delà du langage qui est à la fois l’histoire et le parti qu’on y prend {9} ". Il ne s’agit plus comme le suggérait Hyppolite Taine d’étudier la race, le milieu et le moment pour comprendre l’univers d’une œuvre romanesque, mais de tenir compte des rapports de forces et des tensions à l’intérieur de la société pour comprendre les différentes manifestations d’idées qui englobent cet univers. En allant au-delà de la critique sociologique pure, la critique idéologique que nous adoptons dans cette étude s’inspire des travaux de Karl Marx et d’Engels, avec leurs théories reprises par Lénine, et dans le domaine spécifiquement littéraire par H. Lefebvre, le hongrois George Lukacs ou Auguste Cornu {10} . En ce qui nous concerne, nous allons nous servir de cette méthodologie, mais en l’adaptant à la spécificité guinéenne.
On sait qu’en Afrique d’après les indépendances, les rapports des forces en présence sont, non pas comme en Occident ceux du prolétariat cont

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