Refonder Haïti?
218 pages
Français

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Description

Refonder comment ? Reconstruire quoi ? Pour qui. Pour quoi ? Le débat s’ouvre ici avec la voix des citoyens haïtiens, interpellant l’histoire en évoquant les structures et pratiques sociales qui font obstacle au développement du pays. Voici un ouvrage sans complaisance, une utopie afin d’esquisser le visage nouveau du pays à venir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 juin 2013
Nombre de lectures 18
EAN13 9782897120092
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

REFONDER HAÏTI ?
Mise en page : Virginie Turcotte
Photo de couverture : Sophie Stefanovitch Maquette de couverture : Étienne Bienvenu Dépôt légal : 4 e trimestre 2010 © Éditions Mémoire d’encrier, 2010

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Vedette principale au titre :
Refonder Haïti
(Collection Essai)
ISBN 978-2-89712-009-2
1. Reconstruction d'une nation - Haïti. 2. Haïti - Politique et gouvernement - 2001- . 3. Structure sociale - Haïti. I. Buteau, Pierre, 1949 - . II. Saint-Éloi, Rodney, 1963 - . III. Trouillot, Lyonel.
F1928.2.R43 2010 972.9407'3 C2010-942139-6

Mémoire d'encrier
1260, rue Bélanger, bureau 201
Montréal, Québec,
H2S 1H9
Tél. : (514) 989-1491
Téléc. : (514) 928-9217
info@memoiredencrier.com
www.memoiredencrier.com

Version ePub réalisée par :
www.Amomis.com
Sous la direction de Pierre Buteau, Rodney Saint-Éloi et Lyonel Trouillot
REFONDER HAÏTI ?
COLLECTION ESSAI
Dans la même collection :
Transpoétique. Éloge du nomadisme , Hédi Bouraoui
Archipels littéraires , Paola Ghinelli
L’Afrique fait son cinéma. Regards et perspectives sur le cinéma africain francophone , Françoise Naudillon, Janusz Przychodzen et Sathya Rao (dir.)
Frédéric Marcellin. Un Haïtien se penche sur son pays , Léon-François Hoffman
Théâtre et Vodou : pour un théâtre populaire , Franck Fouché
Rira bien... Humour et ironie dans les littératures et le cinéma francophones , Françoise Naudillon, Christiane Ndiaye et Sathya Rao (dir.)
La carte. Point de vue sur le monde , Rachel Bouvet, Hélène Guy et Éric Waddell (dir.)
Ainsi parla l'Oncle suivi de Revisiter l'Oncle , Jean Price-Mars
Les chiens s'entre-dévorent... Indiens, Métis et Blancs dans le Grand Nord canadien , Jean Morisset
Aimé Césaire. Une saison en Haïti , Lilian Pestre de Almeida
Afrique. Paroles d'écrivains, Éloïse Brezault
Littératures autochtones , Maurizio Gatti et Louis-Jacques Dorais (dir.)
Introduction
Depuis le séisme du 12 janvier 2010, les responsables haïtiens et étrangers, les médias, les institutions internationales ne cessent de parler de refondation. Sous les échos du désastre se cache le silence : quoi refonder ? Reconstruire à partir des effets dévastateurs de ce tremblement de terre ou refonder à partir du passé et de l’histoire pour créer les ancrages du renouveau, en opérant les ruptures nécessaires à la construction d’une société juste ?
Interroger donc l’apparente incapacité du politique à socialiser à partir d’une logique cohérente et interne cette communauté. Interroger aussi les mécanismes d’exclusion, la reproduction systématique des inégalités, le fait culturel, la relation ville/campagne, le statut de la paysannerie, les rapports de classe, les formes et effets de la dépendance, les conditions de production de la richesse et de la pauvreté. Ce avec quoi il faut rompre. Ce sur quoi il faut s’appuyer pour une République d’équité et d’égalité citoyenne.
L’organisation sociale haïtienne produit des inégalités et des formes d’exclusion qui empêchent le développement d’une sphère commune de citoyenneté. Ce qui a une incidence sur le niveau de développement. Les analyses et propositions, qui n’en tiennent pas compte et qui ne visent pas la transformation des rapports sociaux, sont vouées à l’échec. Les textes partent de deux repères :
1. Qu’est-ce qui, dans le fonctionnement global de la société ou dans un secteur particulier – éducation, culture, économie, production agricole, etc. –, fait obstacle au développement de cette sphère commune de citoyenneté et doit être immédiatement et/ou progressivement transformé ?
2. Quelles les actions ou politiques à entreprendre et quelles orientations à donner à la refondation ?
L’ouvrage Refonder Haïti, qui rassemble des paroles venues d’horizons divers, est une tentative de répondre à ces questions. C’est l’expression d’une volonté consistant à formuler cette société par la voix de ses citoyens. Ces réflexions, tout en gardant leur autonomie politique, académique ou littéraire, fusionnent connaissance sensible et connaissance élaborée, observation directe et regard critique. C’est un effort pour dire Haïti dans sa globalité, dans son être profond et à travers ses différentes composantes sociales. Pour dire Haïti autrement que la plupart des décideurs qui l’enferment dans une vision volontariste, ou pire dans un langage essentiellement technocratique où la reconstruction est pensée selon la pertinence et le coût d’une série de projets sectoriels.
Plus qu’un observatoire, ce regroupement de voix se veut une contribution patriotique afin d’alerter les esprits et les consciences sur les enjeux et les risques d’une telle entreprise en regard du devenir de la société haïtienne. Il convient pour cela de déplacer des certitudes, d’en évaluer d’autres. Michelet, confronté aux tourments d’une modernisation accélérée et de plus en plus désordonnée de la France de son époque, et comme pour nous faire injonction, soulignait déjà : « celui qui voudra s’en tenir au présent, à l’actuel, ne comprendra pas l’actuel… »
Le secret de l’avenir, de tout avenir réside dans son passé. C’est à cette tâche que les auteurs de cette initiative convient l’ensemble des lecteurs et lectrices. Ces propositions, ces essais, ces réflexions ne sont qu’un horizon social d’attente et d’espoirs. Un regard sur l’histoire et le passé. Un bilan du présent afin d’entrevoir l’avenir. Ces contributions sont en dialogue les unes avec les autres. Le vœu est que ces voix accompagnent le vivre-ensemble et le désir de refondation.
Pierre Buteau
Rodney Saint-Éloi
Lyonel Trouillot
Pistes pour une autre diplomatie
Michel Acacia
« Portez vos regards sur toutes les parties de cette île ; cherchez-y, vous, vos épouses, vous vos maris, vous vos frères, vous vos sœurs ; que dis-je ? Cherchez-y vos enfants, vos enfants à la mamelle ! Que sont-ils devenus ? Je frémis de le dire… » Ces propos, tenus par Jean-Jacques Dessalines (1804-1806) le premier janvier 1804, étaient destinés aux survivants Haïtiens de la Guerre de l’Indépendance, mais n’est-ce pas qu’ils conviennent parfaitement aux Haïtiens d’aujourd’hui, à l’ère du post-séisme 2010 ? D’où il ressort qu’en lisant ces lignes, nous ressentons la même sensation d’épouvante qu’au moment où elles furent écrites.
Il ne faut pourtant pas exagérer les similitudes entre l’Haïti postrévolutionnaire et l’Haïti postsismique. Face à deux situations également accablantes, les attentes et les réponses locales à ces attentes peuvent varier. C’est qu’en l’occurrence, le mode d’appropriation de ces deux commotions, l’une étant l’effet de l’action des hommes, l’autre l’effet de la force fulgurante de la nature, n’est pas le même.
En 1804, comme aujourd’hui, c’est la dévastation, les pertes en vie humaines, l’effondrement du bâti et la ruine de l’économie.
1804 est cependant la résultante de sacrifices consentis par les populations. Les dégâts matériels – sous forme de dévastation des champs et d’incendie des maisons – étaient pour une large part causés par les indigènes. C’était un temps d’espérance et de gloire et le peuple pleurant ses morts savourait en même temps sa victoire.
C’est avec lucidité que Dessalines pose la problématique de l’existence insolite du nouvel État. Les dirigeants savent que la population ne peut compter que sur elle-même. Ils savent que ce nouvel État constitue une « anomalie » et se préparent à faire face à la matérialisation de menaces de toutes sortes portant atteinte à son existence.
En janvier 2010, il n’y a rien qui puisse faire figure de compensation aux maux éprouvés par la population. Tout est arrivé d’un trait, sans qu’on se fût préparé à l’épreuve et sans que l’épreuve joue le rôle sacrificiel de la perception d’une émancipation à venir.
Les menaces auront cédé le pas aux promesses, et de même que toutes les menaces ne sont pas mises à exécution, des promesses devront attendre d’être tenues.
Si l’on parle de refondation, c’est pour prendre en compte le fait que, face au défi d’une catastrophe de cette magnitude (plus de 300 000 morts, presqu’autant de maisons fissurées ou détruites, des milliers de personnes amputées), il importe d’imaginer du neuf, du nouveau, du radicalement construit.
Les conséquences du séisme n’impliquent pas pour autant que nous aurons à commencer à vid

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