Révolte ou révolution ?
153 pages
Français

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Révolte ou révolution ? , livre ebook

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Description

Ce récit a pour toile de fond l'histoire conjointe d'une faculté de médecine et d'un hôpital pendant les années 1950 à 2000. Il décrit la carrière d'un médecin, Alexis Lenfant, qui a fait ses débuts dans l'hôpital d'une ville de l'Est en France et franchit ensuite toutes les étapes de la carrière médicale jusqu'au grade envié de professeur de clinique médicale et de chef de service hospitalier. Dans ce troisième tome, l'auteur nous décrit en détail la révolte estudiantine de Mai 1968, les espoirs, les fièvres et les absurdités du mouvement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 333
EAN13 9782296706972
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Révolte ou révolution ?
Jacques Paul Borel



Révolte ou révolution ?

Chroniques d’une faculté de médecine, tome III
D U MÊME AUTEUR


Direction d’ouvrages à collaborations multiples
Comment prescrire et interpréter un examen de biochimie, 2 ème édition, Maloine, Paris, 1985
Biochimie dynamique, 1 ère édition, Maloine, Paris, 1987
Biochimie dynamique, 2 ème édition, De Bœck Université, Bruxelles, 1997
Biochimie pour le clinicien, Éditions Frison-Roche, Paris, 1999 et traduit en portugais, Istituto Piaget, Lisbonne, 2001
Biochimie et biologie moléculaires illustrées, Éditions Frison-Roche, Paris, 2000
Basement membrane. Cell and molecular biology, en collaboration avec N. A. Kefalides, Acad. Press, New York, 2005
Précis de biochimie et biologie moléculaire, Éditions Frison-Roche, Paris, 2006

Histoire ou histoire des sciences
Mon village au temps des chevaux. Souvenirs d’enfance, Éditions Frison-Roche, Paris, 2005
Science et foi. Évolution du monde scientifique et valeurs éthiques, traduction de l’ouvrage anglais de D. Alexander, Éditions Frison-Roche, Paris, 2005
Hôpitaux d’hier et d’aujourd’hui, Éditions Frison-Roche, Paris, 2007
Malheurs de la science, malaise des chercheurs, Éditions Frison-Roche, Paris, 2009

Fiction
Les contes de mon mûrier, Éditions singulières, Sete, 1996


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12817-0
EAN : 9782296128170

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Révolte ou révolution ?
Chroniques d’une faculté de médecine, volume III
Introduction
Dans les deux premiers volumes, nous avons suivi le développement d’une ancienne école de médecine située dans la ville de Mires, petite cité provinciale de l’est de la France, sa transformation en faculté, la construction de ses nouveaux bâtiments, la métamorphose du vieil hôpital en centre hospitalier moderne. Notre héros, le médecin Alexis Lenfant, a franchi tous les grades de la carrière médicale. Il est devenu professeur titulaire, chef d’un grand service hospitalier. Les premiers mois de l’année 1968, s’écoulent sans histoire dans ce CHU de Mires. L’activité de notre héros est intense. Sa carrière tranquille paraît bien assurée. Et pourtant…
Chapitre 1
Prodromes d’une maladie de société.
Les débuts de l’année 1968 furent des plus calmes dans la bonne faculté de médecine de Mires. Ses membres effectuaient tranquillement leurs petits travaux, sans heurt, comme si tous s’étaient correctement réparti les tâches essentielles depuis l’inauguration, un an plus tôt, et les assumaient pleinement. Les étudiants étaient polis et assidus aux cours. Les assistants, malgré leurs revendications salariales fréquentes, aimaient leur travail. Le service hospitalier d’Alexis fonctionnait à plein régime, en dépit de la carence de plus en plus évidente de Pantou, toujours inerte et la plupart du temps invisible au fond de son bureau. Heureusement, l’assistant Maillan était efficace et suffisait à seconder Alexis. Les professeurs "étrangers" et algérois savouraient leur triomphe. Ils marquaient sans cesse des points, puisqu’au premier janvier 1968, entrèrent en fonctions deux nouveaux collègues venus de Pa ris. Robert Mitard avait pris sa retraite à la fin du mois de décembre précé dent. De longues négociations avec les autorités parisiennes compétentes, aboutirent à son remplacement dans ses multiples activités par deux collègues distincts. L’enseignement de l’histologie fut repris par le Dr Jean Paul Lazury, précédemment chef de travaux à la faculté de médecine de Paris, qui venait de passer l’agrégation. Personnalité brillante et discutée, il était soutenu par une partie des histologistes parisiens et vilipendé par d’autres, qui lui reprochaient d’avoir bénéficié de l’appui du professeur titulaire. Sa famille était extrêmement connue dans la capitale. Parallèlement, les fonctions de directeur du centre anti-cancéreux furent reprises par un autre parisien, Nicolas Gazan, qui obtint d’emblée à la faculté la chaire de cancérologie nouvellement créée. Ce praticien arrivait de l’institut du cancer de Villejuif auréolé d’une gloire médicale précoce. Ainsi, il ne fallait pas moins de deux professeurs différents pour remplacer le grand ancien, Robert Mitard, véritable symbole de l’école de médecine du temps passé, qui occupait tant de place sans avoir jamais pu réaliser entièrement son rêve d’accéder au pouvoir absolu par une élection au décanat.
De son côté, Martinez, très actif, avait rapidement développé son service de chirurgie interne à l’hôpital et l’animait en révélant ses talents évidents de grand patron. Il passait pour le chef des "algérois". Sa puissance allait croissant : à l’hôpital, Duparc, dont la gestion était scrupuleuse, ne prenait pas une décision sans lui en référer au préalable. À la faculté, Milet ne perdait pas une occasion de lui demander son avis. Les Martinez n’avaient pas pu se résoudre à habiter en ville, incapables d’oublier l’accueil épouvantable qui leur avait été réservé lors de leur arrivée. Ils avaient acheté une ravissante maison, une véritable gentilhommière, dans un village agricole, à une vingtaine de kilomètres de la ville. Ils entretenaient un beau jardin où Mme Martinez cultivait des roses. Ils oubliaient ainsi et l’Algérie lointaine et l’esprit de clocher de la petite ville de Mires renfermée sur elle-même qui leur paraissait insupportable. Les Lenfant ne tardèrent pas à être invités à dîner dans ce domaine campagnard et furent dès l’abord éblouis à la fois par la beauté de la demeure et par l’art ineffable du bien recevoir des Martinez, qui avaient ce soir-là prié un autre collègue et son épouse : celui du nouvel anatomo-pathologiste, Raulet, lui aussi venu d’Alger. Ce collègue détailla largement son curriculum vitae à l’intention de ses nouveaux amis en disant qu’il avait passé vingt ans à Alger mais qu’il était breton-bretonnant d’origine. Une partie de sa famille vivait dans le Trégorrois. Il soutenait avec un certain cynisme que le retour en métropole des algérois avait été bénéfique pour un seul algérien, lui-même, car les indemnités obtenues lui avaient permis d’acheter une résidence secondaire en Bretagne. Il avait derrière lui une carrière confirmée, une expérience de plus de quinze ans de direction d’un grand laboratoire. Au cours de la soirée, Alexis nota avec intérêt sa façon très particulière de s’exprimer librement. Il avait parfois des réflexions désarmantes : il affirma de façon péremptoire : – "Le seul qui, dans notre hôpital, fasse des diagnostics corrects, c’est moi. Je découvre, en autopsiant les cadavres, toutes les erreurs commises par les praticiens pendant les jours ou même les semaines d’hospitalisation précédant la mort. Ah si nos collègues connaissaient les causes des maladies de leurs patients aussi bien que moi, quand je les établis après le décès, on sauverait deux fois plus de malades ! " Rosine se permit de dire que cette remarque était un peu macabre et désespérante pour la médecine. Mme Raulet observa plaisamment que les anatomo-pathologistes, du fait de leur contact quasi-permanent avec la mort, ont souvent des réflexions malsaines et qu’elle avait bien du mal à s’y habituer. Elle ajouta que son mari compensait cette tendance, ou la combinait, avec ses traditions bretonnes : il était, à ses moments perdus, c’est-à-dire quand il retournait en pays d’Armor, druide et, par les nuits sans lune, participait à des fêtes gaëliques autour au plus profond des forêts. Raulet foudroya son épouse du regard mais ne confirma ni n’infirma.
Les Lenfant virent dans cette soirée la preuve que leur système d’invitations à dîner faisait école. Ne voulant pas être en reste, ils ne tardèrent pas à inviter les deux ménages arrivés les derniers, les Lazury et les Gazan. Le choix d’une soirée s’avéra difficile par le fait que le premier couple ne rési-dait pas à Mires. Le professeur Lazury venait faire ses cours entre deux trains, comme un "professeur à petite valise". Ces collègues, qui remplaçaient à eux deux Robert Mitard, se connaissaient de longue date et s’appréciaient. Les Lenfant avaient calculé juste en les invitant ensemble. Les premiers échanges de la conversation concer

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