Rimbaud
148 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Ecrite au moment où son père meurt à Dijon - ce qu'il ignore, semble-t-il - cette dernière lettre d'Europe témoigne de l'angoisse permanente d'un Rimbaud enlisé dans sa vie comme dans la neige du Gothard, "tronçon immobile" avant l'heure, incapable de marcher dans sa tête. Voici une enquête minutieuse, revisitant avec rigueur toute l'histoire de la "rimbaldothèque", étendue sur plus d'un siècle, afin de mettre en perspective l'intérêt et la particularité de cette lettre étonnante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 204
EAN13 9782296929623
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RIMBAUD

Un pierrot dans l’embêtement blanc
Critiques Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet

Dernières parutions

Claude MAILLARD-CHARY, Paul Eluard et le thème de l’oiseau , 2009.
Idrissa CISSÉ, Césaire et le message d’Osiris , 2009.
Christine RAMAT, Valère Novarina . La comédie du verbe , 2009.
David N’GORAN, Le champ littéraire africain , 2009.
Carlos ALVARADO-LARROUCAU, Ecritures palestiniennes francophones . Quête d’identité en espace néocolonial , 2009.
Gabriella TEGYEY, Treize récits de femmes (1917-1997), de Colette à Cixous , 2009.
Christopher BOUIX, L’épreuve de la mort dans l’œuvre de T . S . Eliot, Geroges Séféris et Yves Bonnefoy , 2009.
Françoise J. LENOIR JAMELOT, Stéréotypes et archétypes de l’altérité dans l’œuvre romanesque de Stendhal , 2009.
Gisèle VANHESE, Par le brasier des mots . Sur la poésie de Jad Hatem , 2009.
Bénédicte DIDIER, Petites revues et esprit bohème à la fin du XIX e siècle (1878-1889) , 2009.
Georice Berthin MADEBE, Francophonies invisibles , 2009.
Krystyna MODRZEJEWSKA, L’art de la séduction dans le théâtre français du XX e siècle , 2009.
Ridha BOURKHIS, Georges Schehadé . L’émotion poétique , 2009.
Patrice GAHUNGU NDIMUNBANDI, Angoisses névrotiques et mal-être dans Assèze l’Africaine de Calixthe Beyala , 2009.
Brigitte GAUTIER (sous la dir.), Herbert, poète polonais (1924-1998) , 2009.
Mónica ZAPATA, Silvina Ocampo . Récits d’horreur et d’humour , 2009.
Rachel BOUÉ, L’Eloquence du silence, Celan, Sarraute, Duras et Quignard , 2009.
Chantai Magalie MBAZOO KASSA, La femme et ses images dans le roman gabonais , 2009.
Henri VERGNIOLLE DE CHANTAL, Tchekhov : rêverie et liberté , 2009.
Raymond PERRIN


RIMBAUD

Un pierrot dans l’embêtement blanc

Lecture de La Lettre de Gênes de 1878
L’auteur remercie chaleureusement M. Alain Toumeux pour la photographie du manuscrit de la 1 ère page de La Lettre , envoyée en 1991, quand il était conservateur du Musée Rimbaud de Charleville-Mézières, et M. Gérard Martin, directeur actuel de la Médiathèque « Voyelles » de Charleville-Mézières, pour l’envoi en 2004 de la copie de la Lettre de Gênes , publiée par Paterne Berrichon dans son édition des Lettres de Jean-Arthur Rimbaud , en 1899.


Illustration de couverture : Renaud Perrin


© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffiision.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09901-2
EAN : 9782296099012

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Avant-propos
L’essai proposé ne concerne plus l’adolescent Rimbaud tel qu’il apparaît sur les photos de Carjat, perpétuées par les dessins d’Ernest Pignon-Ernest, ou dans le Coin de table de Fantin-Latour. Le « tout jeune homme », très tôt victime des clichés, des étiquettes et des mythes, « météore » éblouissant de la poésie française, au génie impatient et fulgurant, tantôt considéré comme un « magicien, vagabond, ange en exil », un « prodigieux linguiste » ou un « louche éphèbe » (selon Félix Fénéon), n’est pas encore « ce disparu », « voyageur accompli » en Afrique. Il est plutôt proche du « philomathe » moqué par Verlaine, du « voyageur toqué » encore européen ou de la « tronche à Machin », croquée par Ernest Delahaye. A l’automne 1878, âgé de 24 ans, après une « fringale » de voyages sur le vieux continent et une errance maritime vers Java, Rimbaud entreprend de joindre la côte italienne, après avoir traversé le Gothard. Il conte cette aventure dans une correspondance écrite à Gênes le 17 novembre.
N’est-il grandement temps de jeter aujourd’hui, le regard le plus complet possible sur cette « lettre du pauvre Arthur » (pour Isabelle Rimbaud), cette « bouteille à la mer », selon Michel Butor, encore trop peu connue aujourd’hui ?
Est-ce seulement « une longue causerie » ou « la suprême étincelle de cet incendie magique » ? Peut-on la lire comme « une lettre fort spirituelle d’où il ne résulte point que le poète soit mort au contraire » ? Ou comme un écrit « d’une rare virtuosité de style » et non dénué d’« une certaine verve sarcastique » ?
Peut-on aller plus loin et y déceler « véritablement le franchissement d’une passe », datant « l’adieu total à l’Europe », déjà salué par Mallarmé ? Est-ce le signe d’« un changement radical » marquant « la fin du nomadisme d’antan » ? Mieux : d’après le poète Jacques Réda, il faut y lire un « Rimbaud adulte », « celui de l’entre-deux (…) ni le poète, ni le trafiquant, mais (…) l’autre, celui de la vacillation fatale et de la décision ».
Ce « premier grand texte d’après la poésie » méritait bien qu’on s’y attarde enfin, puisque Michel Butor se risque à noter un « passage initiatique entre la vie et la mort », « une frontière entre deux vies », « dans cette traversée de la blancheur ».
« Dernier et vrai adieu à l’écriture poétique », écrit « aussi précieux qu’une Illumination », correspondance « dernière à afficher des tournures littéraires », notent d’autres auteurs, sans doute perspicaces.
Nous regrettons vivement que plusieurs grands rimbaldiens, dont Yves Bonnefoy, Antoine Fongaro, Louis Forestier, André Guyaux, Steve Murphy…, n’ont pas, pour l’instant, jugé bon de s’intéresser à cette lettre. Cela ne nous empêchera pas d’aller plus loin encore pour lire dans ce précieux écrit une sorte de poème pudiquement encadré par des micro-récits, comme échappé malgré lui d’un « défroqué de la poésie », banni par lui-même. Signal fort d’un corps souffrant, déjà depuis longtemps conscient que le « piéton de la grand’route » cherche (inutilement) à fuir et à taire ses « infirmités », il porte, comme toute l’œuvre rimbaldienne, la marque d’une perpétuelle « mystique de l’échec ».



Photographie de la 1 ère page de la Lettre de Gênes ,
aimablement fournie en mai 1991 par M. Alain Tourneux,
alors conservateur du Musée Rimbaud de Charleville-Mézières

Texte intégral de La Lettre de Gênes

Gênes, le Samedi {1} Dimanche 17 Novembre 78

Chers amis

J’arrive ce matin à Gênes, et reçois
vos lettres . Un passage pour l’Egypte
se paie en or de sorte qu’il je {2} ) n’y a aucun
bénéfice . Je pars lundi 19 à neuf heures du soir .
On arrive à la fin du mois .
Quant à la façon dont je suis arrivé ici,
elle a été accidentée et rafraîchie de temps
en temps par la saison . Sur la ligne
droite des Ardennes en Suisse, voulant
rejoindre, de Remiremont, la corresp . {3}
Allemande à Wesserling, il m’a fallu passer
les Vosges, d’abord en diligence, puis à pied ;
aucune diligence ne pouvant plus circuler,
dans près de {4} cinquante centimètres de neige
en moyenne et par une tourmente signalée .
Mais l’exploit prévu était le passage du
Gothard, qu’on ne monte plus en voiture à
cette saison, et que je ne pouvais passer en
voiture .
A Altdorf, à la pointe méridionale du
lac des Quatre Cantons qu’on a côtoyé en vapeur
commence la route du Gothard . A Amsteg,
à une quinzaine de kilomètres d’Altdorf, la
route commence à grimper et à tourner selon
le caractère Alpestre {5} . Plus de vallée, on
ne fait plus que dominer des précipices,
par dessus les bornes décamétriques de la route .
Avant d’arriver à Andermatt, on passe
un endroit d’une horreur remarquable,
dit le pont du Diable, - moins beau pourtant
- que la Via mala {6} du Splügen, que vous
avez en gravure . A Goschenen, un village
devenant bourg par l’affluence des ouvriers,
(texte conforme à la photocopie du man

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