SAB : roman original
231 pages
Français

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SAB : roman original , livre ebook

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Description

L'ouvrage de Gertrudis Gomez de Avellaneda compte parmi les plus célèbres romans hispanophones du 19e siècle. Publié en 1841, il présente, sur le fond de la colonie cubaine, l'histoire d'un amour contrarié, subi par un esclave amoureux de la fille de ses maîtres.
Le roman pose le problème de l'héritage colonial, y compris de l'esclavage, dans les relations entre les sexes. A l'aide de cet artifice, l'ouvrage tend à confondre de manière productive le manichéisme colonial qui faisait marcher le sytème esclavagiste, et nous éclaire sur les grands débats politiques et littéraires de l'époque romantique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2010
Nombre de lectures 317
EAN13 9782296700956
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SAB
COLLECTION
AUTREMENT MEMES
conçue et dirigée par Roger Little
Professeur émérite de Trinity College Dublin,
Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie française,
Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc.


Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits en tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établissements d’outre-mer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contemporaine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique humaniste, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte.

« Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur,
les autres, c’est la prolongation de notre intérieur. »
Sony Labou Tansi


Titres parus et en préparation :
voir en fin de volume
Gertrudis G ó mez de Avellaneda


SAB
roman original


traduit en français pour la première fois
par Élisabeth Pluton
et présenté par
Frank Estelmann


L’HARMATTAN
En couverture :
Tableau de D. Víctor Patricio de Landaluce
reproduit dans Tipos y costumbres de la isla de Cuba por los
mejores autores de este género , La Havane, 1881.


© L’Harmattan, 2010
5-7 rue de l’École-Polytechnique, 75005 PARIS

http://www.librairieharmattan.com
harmattan1@wanadoo.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12066-2
EAN : 9782296120662

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
INTRODUCTION

par Frank Estelmann
AUTRES ÉCRITS DE FRANK ESTELMANN


Sphinx aus Papier. Ä gypten im franz ö sischen Reisebericht von der Aufkl ä rung bis zum Symbolismus , Heidelberg, Winter, 2006
Das Münchener Abkommen und die Intellektuellen. Literatur und Exil in Frankreich zwischen Krise und Krieg , sous la direction de Martine Boyer-Weinmann, Frank Estelmann et Olaf Müller, Tübingen, Narr, 2008
« Max Aub y la literatura vista desde el fin de L’Espoir », dans Poéticas del fracaso , sous la direction de Roland Spiller et Yvette Sánchez, Tübingen, Narr, 2009, pp. 73-84
Exildiskurse der Romantik in der europ ä ischen und lateinamerikanischen Literatur , sous la direction de Frank Estelmann et Olaf Müller, Tübingen, Narr 2010
Déplacements identitaires. Voyager et écrire au féminin (XIX e siècle) , sous la direction de Frank Estelmann, Sarga Moussa et Friedrich Wolfzettel ( sous presse )
« L’esclave-poète cubain Juan Francisco Manzano et son traducteur Victor Schœlcher », dans Littérature et esclavage (XVIII e -XIX e siècles) , sous la direction de Sarga Moussa ( sous presse )
INTRODUCTION : SAB , UN ABOLITIONNISME PAR RICOCHET
Sab est le premier roman de Gertrudis Gómez de Avellaneda qui, au cours de sa vie, produisit de nombreux romans, poèmes et pièces de théâtre. Jusqu’à une époque récente, la critique s’est concentrée sur son œuvre poétique, fidèle en cela aux présupposés d’un romantisme qui voit chez la femme une âme sensible apte à favoriser le genre lyrique (voir p. ex. Menéndez y Pelayo 1942 : 281). En conséquence, peu de cas a été fait de Sab jusqu’aux années 1970 et la première édition moderne du roman (Carlos 1965 : 224). Avant tout, il fallait un nouvel intérêt porté à la question de l’abolitionnisme et du féminisme pour donner un nouveau souffle d’actualité à cet ouvrage qu’on avait pris l’habitude d’exposer à des interprétations biographiques : Gómez de Avellaneda, avait-elle entraîné les lecteurs dans les méandres d’un amour contrarié qui l’avaient elle-même emportée ? Notons que les premiers lecteurs ont voulu lire Sab à la lumière de cette hypothèse. Dans une lettre adressée à l’auteur, Alberto Lista, dédicataire de l’ouvrage et partant bien placé pour en connaître les enjeux, constate que le grand mérite de Sab est de retenir l’attention sur le sujet des amours contrariées {1} . Par la suite, on voyait souvent dans le héros du roman, l’esclave Sab, victime de sa passion pour Carlota, l’extériorisation des fantasmes de l’auteur (voir p. ex. Lloréns 1989). La Avellaneda traversait effectivement des moments difficiles dans sa relation avec Ignacio de Cepeda pendant la rédaction du roman. Il est également vrai qu’elle-même prenait soin de renvoyer l’image d’une héroïne tragique, acclamée par le public mais vouée au malheur dans sa vie privée (voir Pastor 1998). Nul doute alors que Sab doit être lu aussi comme une étude expérimentale, une pièce à joindre au dossier personnel de cette femme écrivain. Mais la logique qui veut que sa personnalité d’amante malheureuse se soit figée en Sab, ce protagoniste tout à fait exceptionnel, nous paraît singulièrement limitée aujourd’hui. Retenons donc que Sab n’est pas un roman autobiographique et gardons-nous de le réduire à une espèce de complément, pour ainsi dire, de la turbulente « vie romantique » de l’auteur (Selimov 2003 : 63).
Une biographie sommaire
Il n’est toutefois pas superflu dans un premier temps de retracer la trajectoire personnelle et intellectuelle de Gómez de Avellaneda et de comprendre quelles étaient les circonstances qui avaient incité une jeune Cubaine d’à peine vingt-deux ans à entreprendre la rédaction de Sab , alors qu’elle n’avait apparemment pas de contact avec un quelconque groupe organisé d’abolitionnistes et – parce que femme – était exclue des clubs et sociétés où l’on débattait de sujets politiques.
Gertrudis Gómez de Avellaneda est née à Cuba le 23 mars 1814, précisément à Santa María de Puerto Príncipe (maintenant rebaptisée Camagüey du nom de la province centrale dont c’est la capitale). Son père, Manuel Gómez de Avellaneda, était officier de la marine espagnole installé à Cuba depuis 1809 et sa mère, Francisca de Arteaga y Betancourt, était issue d’une famille cubaine d’une grande distinction. La mort de son père, survenue en 1823 alors qu’elle avait neuf ans, assombrit le tableau d’une enfance protégée. Sa mère épousa en secondes noces Gaspar de Escalada, lieutenant colonel de l’infanterie espagnole avec lequel la jeune Gertrudis ne s’entendit pas. Et surtout, elle n’apprécia pas qu’une ordonnance royale la soumît à la tutelle de son beau-père. Cette situation l’amena à rompre, à quinze ans, des fiançailles arrangées depuis deux ans avec un riche prétendant, perdant en même temps un héritage promis par son grand-père.
Éloigné de la capitale cubaine, Puerto Príncipe s’honorait dans la première moitié du 19 e siècle d’une tradition libérale et contestataire. Certains membres de la famille maternelle de la Avellaneda étaient liés aux mouvements indépendantiste et abolitionniste. L’ambiance sociopolitique où baignait Gertrudis pendant sa jeunesse se prêtait alors à une pensée indépendante, et la jeune femme aurait pu se satisfaire de sa situation sociale privilégiée, entourée comme elle l’était d’une famille aisée ayant des esclaves pour s’occuper des tâches quotidiennes. Même si on sait peu de son enfance et de son adolescence – notre connaissance se limite à ce que laissent entrevoir quelques brouillons autobiographiques qu’elle nous a légués – la meilleure éducation possible lui fut prodiguée, comme à beaucoup de filles issues de grandes familles créoles de l’époque, instruites en différentes matières comme la grammaire, l’arithmétique, la géographie et les langues modernes (Davies 2003b : 436). U

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