Sam
248 pages
Français
248 pages
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Description

Des femmes, des hommes souvent de milieux modestes et des campagnes se lient d'amitié au sein des écoles normales. Il en est ainsi de l'amitié de la narratrice avec Sam. Bien plus tard, opérée par un chirurgien qui s'avère être le fils de son ami d'enfance, elle prend conscience que celle qu'elle croyait connaître lui est demeurée étrangère. Afin de mieux comprendre qui était Sam, elle sollicite ses souvenirs, ce qui lui reste de lettres, de devoirs datant de leur jeunesse et finit par une véritable enquête.

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Informations

Publié par
Date de parution 02 novembre 2015
Nombre de lectures 11
EAN13 9782336394909
Langue Français
Poids de l'ouvrage 12 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

s’avère être le Ils de son amie d’enfance, prend conscience
Elle est la seule sans doute à savoir que Sam, à la In de sa formation
alors que tout la disposait à un mariage d’amour. AIn de mieux
lui reste de lettres, de devoirs datant de leur jeunesse et Init par
Michelle Labbé
SAM
Roman
SAM
Écritures Collection fondée par Maguy Albet Winling (François),La Clef des portes closes, 2015. Delange (Joëlle),Meurtres à Naples, 2014. Calvetti (Marc),L’aube des abattoirs, 2013. Aichetou,En attendant la lapidation, 2013. Van Ackere (Paul),Cher Papa, Chère Maman, 2013. Labbé (François),L’Imbécile heureux, 2012. Le Forestier (Louis),La Vie, la Mort, l’Amour, 2012. Dini(Yasmina), Soroma (Joseph),L’Amante religieuse, 2012. Mandon (Bernard),L’Exil à Saigon, 2012. Mouton de Ponthieu (Caroline),Le Cœur des filles, 2012. Evers ( Angela) ,L’Apnée, 2012. Milo ( Chiara) ,Passion 68, 2012. Bilas (Charles),La Boîte en fer, 2012. Josserand (Sylvain),Courts métrages, 2012. Garrido Palacios (Manuel),Nuit de chiens, 2012. * ** Ces quinze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Michelle Labbé SAM
Roman
Du même auteur La Suite américaine, nouvelles, Paris, L’Harmattan, ʹͲͳͲ.
Le Bateau sous le figuier, récit, Paris, L’Harmattan, ʹͲͲ͸.
L’Endurance du voyageur, récit, Paris, L’Harmattan, ʹͲͲʹ.
Le Marin d’Anaïs, roman, Paris, L’Harmattan, ʹͲͲͲ.
Le Clézio, l’écart romanesque, essai, Paris, L’Harmattan, ͳ999.
Exit indéfiniment, roman, Paris, L’Harmattan, ͳ99͹.
© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-07741-3 EAN : 9782343077413
L’évocation des écoles normales et de L’Art dans les Chapelles s’efforce d’être fidèle à la réalité. Les personnages, excepté les initiateurs et les artistes de L’Art dans les Chapelles, appartiennent à la fiction.
I 25 JUIN 1960, PRÉPARATION DU BALAvant de vous parler de l’oiseau, je vous dirai le nid et avant le nid, l’arbre. L’Atlantique bleu infini, ce jour-là de juin. La côte blonde creusée en golfe semé des points clairs des îles, multiples. Des blockhaus-béton aux gueules noires et leurs tourelles, désarmées, face au large. Au fond du golfe, un étroit bras de mer, et au bout de cette ria, comme pour se cacher, une ville, ancienne, avec quelques maigres vestiges de remparts, une immense cathédrale gothique, des maisons à colombage creusant d’étroites ruelles tordues. Des magasins de luxe : soies, bijoux, fourrures et maroquineries. Une galerie d’art. Bref, une ville dont la coquetterie, à ce moment-là de l’Histoire, oblitère le lourd passé de famines, de sacs et de pestes dont nous ne parlerons plus. Si l’on quitte le centre pour revenir vers la haute mer, le long de la ria, des constructions imposantes, aux confins de la ville, dont celle-ci, qui nous importe : une façade de granit à deux étages, d’une centaine de mètres de long, percée de hautes fenêtres, tendant côté campagne deux courts bras perpendiculaires, de part et d’autre d’une cour prolongée d’un parc dont les hauts marronniers encadrent un terrain de basket aux bords herbeux un peu mités. Côté rue : un jardin à la française, avec ses arabesques de buis et ses parterres de roses. Les filles descendirent lentement les marches du perron, au centre du bâtiment, les unes sur la gauche, les autres sur la
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droite, dessinant un cœur d’étoffes claires mouvantes, à la manière de ces chorégraphies des comédies musicales américaines, déjà démodées (mais qui étaient dans le vent pour la génération précédente). L’immeuble affichait, avec sa symétrie, juste au-dessus du vaste portail d’entrée à double battant, au milieu donc, ce qui l’ancrait puissamment dans la réalité socio-historique, ces lettres creusées dans la pierre et peintes en doré : ÉCOLE NORMALE D’INSTITUTRICES 1885 Elles empruntèrent une allée sinuant entre les volutes de buis et les rosiers épanouis. Le chemin crissait sous les pas avec ce gémissement aigu des graviers humides. En sourdine, venait d’un mauvais transistor, une chanson de Gilbert Bécaud dont, pour l’avoir beaucoup entendue, on devinait plus qu’on ne percevait les paroles. Des syllabes courtes, détachées : « Je jou-ais bien Chopin » pour finir sur les syllabes longues d’une envolée à voix pleine, lyrique : « Chez moi à Var-so-vi-i-ie ». La chanson, à cet instant-là de cette époque-là, pour elles, faisait vibrer le jour de tendresse, l’exaltait à se pâmer. La chanson populaire est un champagne. Elle enivre vite, oblitère les petits soucis. Et les moins petits aussi. Une large femme sombre aux cheveux jaunes et noirs jaillit de la conciergerie et cria : Ah bon ! Vous voilà ! Madame a téléphoné que je vous laisse sortir, vous dix. Un déclic enroué ouvrit, en contrebas d’une douzaine de marches, l’étroite porte métallique. La rue à traverser et c’était l’esplanade le long des berges maçonnées de la ria, plantée de tilleuls, dont le parfum se coulait, selon l’approche, dans l’odeur piquante du varech et celle, fade, de la vase ; c’étaient les cinq ou six pinasses de couleur, un yacht blanc amarrés au quai et, de l’autre côté de la ria, l’étagement de demeures datant d’entre les deux guerres, surplombées du haut et long séminaire, un peu roux, un peu baroque avec ses clochetons. Un bâtiment ennemi, en quelque sorte, planté de l’autre côté sur la collinecamp avancé, en aurait-on pu dire, étant donné la bataille butée, haineuse, vomissante, impitoyable que se livraient l’école privée et
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l’école laïque, la religion et la république, depuis plus d’un siècle. Les filles restèrent un moment au bord du quai, le regard noyé dans les miroitements de lumière et les flaques marbrées roses et mauves du mazout que faisait onduler le flux de la marée montante. Savourant leur liberté, la respiration plus ample, les muscles, les articulations déliés. Elles ne se disaient pas malheureuses entre les grilles qu’elles venaient de quitter, mais leur statut de normalienne leur imposait des horaires, des rites, des préparations d’examen, des dossiers, des couvre-lits blancs, des rideaux blancs, des lavabos blancs, des tabliers roses ou bleus selon les semaines, des odeurs de craie, d’eau de Javel et d’encaustique et, dans les longs couloirs ou les salles de classe, le retour des mêmes bobines cadenassées de certains professeurs, de la directrice, de l’intendante, qu’il fallait saluer avec déférence. Je ne sais si je les imagine, ces normaliennes dont j’étais, ou me les remémore exactement, probablement un compromis variable entre les deux. Nous étions dix à avoir une permission de sortie à cette heure-là, ce samedi en fin d’après midi. Nous avions dix-huit, dix-neuf ou vingt ans. Odile était grande, brune, les cheveux mi-longs, avec des sourcils qui se rejoignaient presque, une façon de regarder à l’oblique tout en participant à la conversation, comme si elle avait été préoccupée par ce qui se passait dans le ciel. Rose-Marie était brune elle aussi, les cheveux courts et bouclés, très mince et riant continuellement, irrépressiblement. Jocelyne était châtain clair, les cheveux longs et ondulés, relevés partiellement en arrière par une barrette, la tête dans les épaules, très légèrement voûtée. Françoise était d’une blondeur un peu terne, avait constamment un regard inquiet derrière ses lunettes, qu’elle remontait toutes les dix secondes, d’un mouvement vif de l’index. Madeleine était petite et forte, très brune, les cheveux courts, raides, de magnifiques yeux noirs. Claudine avait de longs cheveux bruns tirés en queue de cheval. Ce qui fait sept avec moi. Des trois autres je ne me souviens plus.
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