Sarah Thornhill
136 pages
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Sarah Thornhill , livre ebook

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Description

Sarah Thornhill est la fille cadette de William Thornhill, ancien bagnard devenu propriétaire terrien le long du fleuve Hawkesbury, des terres hantées par le souvenir de leurs anciens occupants aborigènes méprisés et massacrés.


À la mort de sa mère, son père s’est remarié avec une femme ambitieuse et bornée. Mais Sarah mène une vie heureuse près de ce père qu’elle aime. Elle est amoureuse du beau Jack qui l’aime aussi.


Pourquoi donc tous s’obstinent-ils à empêcher cet amour ? Quel secret peut bien cacher son père par ailleurs si généreux et attentif ?


Elle devra chercher des réponses dans un passé que tous s’appliqueront à dissimuler et par-delà les mers, en Nouvelle-Zélande, où son frère a disparu en laissant une fillette à demi maorie que William Thornhill est bien décidé à considérer comme faisant partie de la famille, au grand dam de sa femme.


Kate Grenville crée des personnages attachants et des histoires passionnantes, elle sait aussi que les vérités les plus fortes peuvent avoir besoin de détours pour se manifester au grand jour.



Pour son roman Sarah Thornhill, Kate Grenville s’est inspirée de l’histoire de sa famille.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 septembre 2020
Nombre de lectures 23
EAN13 9791022601085
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Kate Grenville
Sarah Thornhill
 
 
Sarah Thornhill est la fille cadette de William Thornhill, ancien bagnard devenu propriétaire terrien le long du fleuve Hawkesbury, des terres hantées par le souvenir de leurs anciens occupants aborigènes méprisés et massacrés. William s’est remarié avec une femme ambitieuse et bornée. Mais Sarah mène une vie heureuse près de ce père qu’elle aime. Elle est amoureuse du beau Jack qui l’aime aussi. Pourquoi donc tous s’obstinent-ils à empêcher cet amour ? Quel secret peut bien cacher un père par ailleurs si généreux et attentif ?
Elle devra chercher des réponses dans un passé que tous s’appliquent à dissimuler et par-delà les mers, en Nouvelle-Zélande, où son frère a disparu en laissant une fillette à demi maorie que William Thornhill est bien décidé à considérer comme faisant partie de la famille, au grand dam de sa femme.
S’inspirant de l’histoire de sa famille, Kate Grenville crée des personnages attachants et un récit passionnant, elle nous montre aussi que les vérités les plus fortes peuvent avoir besoin de détours pour se manifester au grand jour.
 
Kate G RENVILLE vit à Sydney. Auteur reconnu, elle a été lauréate de l’Orange Prize en 2001. Elle est également l’auteur du Fleuve secret et du Lieutenant .
 
 

 
Kate GRENVILLE
 
 
 
 
SARAH THORNHILL
 
 
 
Traduit de l’anglais (Australie) par Mireille Vignol
 
 
 
 
 
 
Éditions Métailié 20, rue des Grands Augustins, 75006 Paris www.editions-metailie.com
 
 
COUVERTURE
Design VPC
© Stenhagen Imagery/Getty Images
 
 
Titre original : Sarah Thornhill
© Kate Grenville, 2012
Traduction française © Éditions Métailié, Paris, 2014
ISBN  : 979-10-226-0108-5
ISSN  : 1248-6485
 
 
 
 
 
Ce roman est dédié à la mémoire de Sophia Wiseman,
Maryanne Wiseman, et de leur mère, “Rugig”.
 
 
 
 
“Du fait qu’une montagne apparaît sous différentes formes
en fonction de différents angles de vue,
il ne s’ensuit pas qu’elle ait soit une infinité de formes,
soit pas de forme du tout.”
 
E.H. Carr
I
1
L’Hawkesbury était un joli fleuve, large et tranquille ; son eau verte ridée, ses falaises dorées par le soleil, les oiseaux perchés dans ses arbres comme le linge d’une lessive étendue. En cette douce matinée paisible, les casuarinas chuchotaient et, dans les reflets sur l’eau, le monde se tenait sur la tête.
On nous appelait la colonie de Nouvelle-Galles du Sud. Ça ne m’a jamais plu. Nous sommes pas rien de nouveau. Nous sommes nous.
C’est sur l’Hawkesbury que venaient les bannis. Dès qu’ils retrouvaient leur liberté, c’est là qu’ils partaient. Quatre-vingts kilomètres de Sydney et pas l’ombre d’un magistrat ou d’un constable. N’importe qui pouvait se choisir un lopin de terrain et se monter une cabane, sans un regard en arrière.
On entendait beaucoup dire ça : sans un regard en arrière .
C’était donc un endroit sans bonne-maman, ni bon-papa. Sans tantes, ni oncles. Sans passé.
Pa avait été batelier sur la Tamise. Puis il avait été banni, j’ai jamais su pourquoi. Dix-huit cent six, à bord de l’Alexander . J’étais une gamine un peu peste, mais j’ai jamais pu en tirer davantage ; un sourire vague et lointain aux lèvres, il restait assis dans son fauteuil dont il lissait les poils du velours.
Les Thornhill vivaient sur un grand pied. Trois cents arpents de terre fertile sur les rives du fleuve et il fallait le remonter jusqu’à Windsor avant de trouver une demeure aussi imposante que la nôtre. Pa avait fait ses débuts avec l’ Espoir , un vieux bateau sur lequel il transportait les récoltes et la viande des fermiers à Sydney. Maintenant qu’il avait du maïs et du blé à lui, des bœufs et des porcs, il avait abandonné tout ça : il pouvait laisser à d’autres la peine d’acheminer ses produits.
Mais il restait batelier de cœur. Toujours deux ou trois canots amarrés sur la jetée et quand une nouvelle route s’était ouverte, au nord, il avait saisi l’occasion aux cheveux et installé un bac pour la traversée. Un shilling par personne, une demi-couronne pour un homme et sa monture, six pence par tête de bétail. Qui disait passage disait auberge : il avait fait construire le Ferryman’s Arms et en avait confié la gérance à George Wheeler.
J’ai jamais vu Pa se servir d’une hache ni soulever une bûche, et il employait des gars pour ramer à sa place. Assez trimé pour le restant de mes jours, qu’il disait. Le matin, il mangeait, allumait sa pipe et sortait voir les hommes qui l’attendaient, la houe et la bêche à la main. Jemmy Katter, Bob Dodd, Dickie Parson et trois ou quatre autres. Des forçats assignés par le gouvernement qui purgeaient leur peine, comme Pa l’avait fait avant eux. Originaires de Londres, pour la plupart, ils avaient jamais vu de bêche de leur vie.
Pa leur faisait désherber les rangées de maïs ou nettoyer les enclos à cochons. Il bourrait sa pipe et les regardait travailler. Montrait du doigt et criait s’il pensait qu’ils bâclaient la tâche.
Il les obligeait à l’appeler Monsieur . Et les fouettait quand ils oubliaient.
Pour ceux qui avaient fait fortune, comme Pa, on parlait plus de banni ni d’avoir porté la casaque . Il était maintenant de ceux qu’on appelait les vieux colons . Restait encore du grand monde qui refusait de mettre les pieds sous la table d’un affranchi ou de l’inviter sous son toit. Impossible pour ces gens d’effacer la souillure du bagne. Vous portiez la souillure, vos enfants aussi et les enfants de vos enfants. Mais pour d’autres, l’argent lissait la rudesse du passé et l’habillait de mots nouveaux.
Pa était devenu M. Thornhill de la Pointe de Thornhill, mais il avait gardé quelques vieilles habitudes. L’après-midi, il prenait un bout de pain et allait sur la véranda. Assis sur un banc dur à côté de la fenêtre – il refusait de prendre un coussin –, il posait le pain et un verre de rhum coupé d’eau sur le rebord. Avec son télescope, il scrutait le fleuve où les bateaux venant de Sydney sortaient du dernier méandre jusqu’à l’Affluent de Thornhill. Ils glissaient rapidement s’ils profitaient de la marée ou forçaient sur les avirons quand elle les refoulait. D’autres fois, il braquait la lunette du côté opposé, sur les roseaux au niveau du Premier embranchement qui serpentait de la colline. Mais la plupart du temps, il regardait la crête de la forêt au sommet de la falaise, sur l’autre berge, droit devant lui. Y avait rien, là-bas, rien que des pierres, des arbres et du ciel, mais il passait des heures derrière la lunette et sa main en avait usé le cuir jusqu’au cuivre.
Je suis née en l’an dix-huit cent seize : Sarah Thornhill, qu’on m’a appelée, comme ma mère dont le nom était Sarah, mais que tout le monde appelait Sal. J’étais le bébé de la famille, alors on me donnait du Dolly.
J’ai jamais aimé Dolly. Jamais voulu être une doll , une poupée.
Au-dessus de moi, y avait Mary, presque trois ans de plus, et elle se chargeait de me le rappeler. Dans le lit, c’est elle qui prenait le côté près du feu. C’est elle qui me bousculait pour arriver la première en haut de l’escalier. Bref, toutes ces bêtises qui ont de l’importance quand on est enfant.
J’avais aussi trois frères, tous plus âgés.
Johnny avait deux ans d’écart avec Mary. Toujours avec un plan dans la tête. Un jour, il avait ramassé plein de citrons, fabriqué un truc pour les presser, mendié un peu de sucre à Ma et installé un stand à l’embarcadère. Il s’était fait quelques shillings.
Bub était encore de deux ans plus âgé. Même petit, Bub ressemblait à un vieillard, avec ses gestes lents et assurés. Il allait nulle part sans sa houe et, s’il voyait un chardon, il manquait jamais de l’arracher. C’est lui qui avait trouvé les citrons pour Johnny. C’est aussi lui qui s’était fait tanner le cuir à sa place.
Will était l’aîné. Il avait quinze ans quand je suis née et il travaillait déjà sur les bateaux comme un homme. Il était plus souvent absent qu’à la maison. Il arpentait la côte pour transporter des cèdres. Partait en Nouvelle-Zélande chasser le phoque. Il s’en allait si longtemps – six mois ou plus – que je pensais ne jamais le revoir.
Les gens l’appelaient capitaine Thornhill, mais il était rien de plus que Will Thornhill qui s’était fait un nom. Il a jamais eu de qualification, rien de tout ça. C’est qu’il savait pas ses lettres, voyez-vous. Comme nous tous, d’ailleurs, sans exception.
Pa se moquait bien de l’éducation. Il savait signer son nom, mais disait souvent que mieux vaut donner à ses enfants quelques arpents de terre et un troupeau de moutons plutôt que le contenu des livres. Quand il avait besoin d’un document, il demandait au vieux Loveday de l’Affluent de Beckett de s’en charger. Loveday était venu en homme libre, il aurait pu réussir sa vie mais il préférait la boire jusqu’à la lie dans sa cabane de misère qui prenait l’eau. Vous voyez, disait Pa, Loveday porte pas la souillure, lui, mais dites-moi un peu, qui de nous deux a la meilleure vie : lui ou moi ?
On en parlait jamais, mais Ma était pas notre vraie mère.
J’avais quelques souvenirs, des petites images bien nettes, d’une autre mère. Will à la porte de la cuisine et moi assise au bord de la table écossant les petits pois pendant que cette autre mère brisait le dos des gousses comme par magie, d’un simple coup d’ongle, et projetait les pois dans la coupe à rayures bleues avec une ébréchure grise sur le bord. Elle tirait des bouffées sur sa pipe et écossait sans avoir à regarder ce qu’elle faisait. L’image était si nette qu’elle avait même une odeur, un mélange de pétun et de pois. Elle enlevait sa pipe et chantait, faux et d’une voix mal assurée : Des fèves et des piments, disent les cloches de Saint-Clément . Demi-sous et potins, disent les cloches de Saint-Martin .
Will m’attrapait sous les bras, me lançait dans les airs, le dessous des bardeaux tournait, je serrais bien fort la gousse de petits pois dans mon poing pendant que la cuisine chavirait de haut en bas, de droite à gauche, et je me retrouvais de nouveau sur la tab

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