Scènes privées
119 pages
Français

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Scènes privées , livre ebook

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Description

Vivre, en soixante-dix heures, une vie plus intense qu'en soixante-dix ans... Une nouvelle génération d'artistes et de savants, choisissaient d'entrer dans la clandestinité, le terrorisme, pour défendre à tout prix un nouvel art de vivre...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 17
EAN13 9782296676442
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0135€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

www.editionsorizons.fr


Littératures

Littératures est une collection ouverte, tout entière, à l’écrire , quelle qu’en soit la forme : roman, récit, nouvelles, autofiction, journal ; démarche éditoriale aussi vieille que l’édition elle-même. S’il est difficile de blâmer les ténors de celle-ci d’avoir eu le goût des genres qui lui ont rallié un large public, il reste que, prescripteurs ici, concepteurs de la forme romanesque là, comptables de ces prescriptions et de ces conceptions ailleurs, ont, jusqu’à un degré critique, asséché le vivier des talents.
L’approche de Littératures , chez Orizons, est simple — il eût été vain de l’indiquer en d’autres temps : publier des auteurs que leur force personnelle, leur attachement aux formes multiples du littéraire, ont conduits au désir de faire partager leur expérience intérieure. Du texte dépouillé à l’écrit porté par le souffle de l’aventure mentale et physique, nous vénérons, entre tous les critères supposant déterminer l’œuvre littéraire, le style. Flaubert écrivant : « J’estime par-dessus tout d’abord le style, et ensuite le vrai » ; plus tard, le philosophe Alain professant : « c’est toujours le goût qui éclaire le jugement », ils savaient avoir raison contre nos dépérissements. Nous en faisons notre credo.


ISBN : 978-2-296-08793-4

© Orizons, Paris, 2011

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Scènes privées
DANS LA MÊME COLLECTION

Marcel Baraffe, Brume de sang , 2009
Jean-Pierre Barbier-Jardet, Et Cætera , 2009
Jean-Pierre Barbier-Jardet, Amarré à un corps-mort , 2010
Michèle Bayar, Ali Amour , 2011
Jacques-Emmanuel Bernard, Sous le soleil de Jerusalem , 2010
François G. Bussac, Les garçons sensibles , 2010
François G. Bussac, Nouvelles de la rue Linné , 2010
Patrick Cardon, Le Grand Écart , 2010
Bertrand du Chambon, La lionne , 2011
Daniel Cohen, Eaux dérobées , 2010
Monique Lise Cohen, Le parchemin du désir , 2009
Eric Colombo, La métamorphose de Ailes , 2011
Patrick Corneau, Îles sans océan , 2010
Maurice Couturier, Ziama , 2009
Charles Dobzynski, le bal de baleines et autres fictions , 2011
Serge Dufoulon, Les Jours de papier , 2011
Raymond Espinose, Libertad , 2010
Jean Gillibert, À demi-barbares , 2011
Jean Gillibert, Exils , 2011
Jean Gillibert, Nunuche , suivi de Les Pompes néantes , 2011
Gérard Glatt, L’Impasse Héloïse , 2009
Charles Guerrin, La cérémonie des aveux , 2009
Henri Heinemann, L’Éternité pliée , Journal, édition intégrale.
François Labbé, Le Cahier rouge , 2011
Didier Mansuy, Cas de figures , 2011
Gérard Mansuy, Le Merveilleux , 2009
Kristina Manusardi, Au tout début , 2011
Lucette Mouline, Faux et usage de faux , 2009
Lucette Mouline, Du côté de l’ennemi, 2010
Anne Mounic, (X)de nom et prénom inconnu , 2011
Gianfranco Stroppini, Le serpent de mord la queue , 2011
Béatrix Ulysse, L’écho du corail perdu , 2009
Antoine de Vial, Debout près de la mer , 2009

Nos autres collections : Profils d’un classique, Cardinales, Domaine littéraire se corrèlent au substrat littéraire. Les autres, Philosophie La main d’Athéna , Homosexualités et même Témoins , ne peuvent pas y être étrangères. Voir notre site (décliné en page 2 de cet ouvrage).
Laurent Peireire


Scènes privées



2011
« Qu’est-ce que le stéréotype ? C’est ce que l’esprit industrialiste suggère puis impose à la réceptivité des individus comme l’objet le plus satisfaisant. Pour cela cette réceptivité doit être prévenue dans les initiatives de la sensibilité rendue perplexe, d’abord par l’impossibilité de reconnaître ce qu’elle recherche, et si jamais elle le trouve, par l’impossibilité de se le procurer immédiatement. À la faveur de ces deux impossibilités, le stéréotype de l’objet le plus satisfaisant revient à supprimer les conditions de la rêverie et par une contrefaçon du rêve, à réduire dans de vastes couches sociales les phantasmes individuels. »

Pierre Klossowski
Essais critiques 1936-1983
PREMIERE PARTIE
Chapitre 1

P ersonne ne pouvait s’opposer à un passage à l’acte... Elle reste évasive, sa phrase comme perdue un instant dans le silence. Personne ne pouvait s’interposer, aucune autorité, là où, à l’évidence, se jouait la vie humaine. Entraver cette faculté de choix n’avait jamais été concevable et il fallait consentir, sans doute avec une certaine philosophie, à voir des proches risquer les pires extrémités, sous nos yeux, sans pouvoir intervenir en aucune façon… Evelyn H. dit qu’elle mesure, par expérience personnelle, la nature, l’ampleur de ce paradoxe.
Une porte dissimulée s’entrouvre sur le côté. Les yeux baissés, une assistante se faufile, approche, un dossier sous le bras. Un homme politique d’une telle notoriété, comment pourrait-elle ne pas le reconnaître ?
Soudain, à la dérobée, surprise elle-même par son propre geste, avant même que sa secrétaire ne dépose la liasse de documents sur son bureau, elle lui saisit le poignet. Qu’elle attende juste un instant, l’entretien se termine. Pourquoi s’attarderait-elle davantage ? Au contact de cette main qu’elle sert maintenant dans la sienne, émue, forte de sa complicité, de sa douceur, elle trouve l’audace, pour répondre à la prétention de ce visiteur, de le congédier sur le champ, sans façon, devant témoin. En quelques mots, elle a conclu et son interlocuteur n’a plus qu’à la saluer. Debout, il s’incline même.
Evelyn H. laisse entendre cependant qu’elle s’occupera sans tarder de cette affaire. Dans l’antichambre, ils doivent attendre quelques minutes le signal indiquant le déverrouillage électronique des portes. Debout côte à côte, silencieux l’un comme l’autre, le temps peut paraître un peu long.
Êtes-vous joueur ? Oui, vous-même, à titre personnel ?
Pardonnez-moi ? Puis laissant percer son agacement. Pourquoi cette question ?
Les jeux de hasard, d’argent ? Est-ce un divertissement auquel vous aimez vous laisser prendre ?
Elle feint d’ignorer s’il a menti ou non.
Des jeux avec la mort, dites-vous ? Non, plus à notre époque ! Je ne peux croire que des pratiques d’une telle barbarie reviennent à la mode...
Ces doubles portes qui s’ouvrent et se referment automatiquement, cette série de sas à franchir, un tel dispositif, autant de mesures de sécurité tout d’un coup l’angoissent. L’ambiance de cet appartement privé, situé très loin de ses quartiers habituels, loin des ministères, lui rappelle, en un instant, celle, redoutable, d’anciennes ambassades qu’il a connues très jeune, au cours de ses premières années de service. Allait-on en sortir vivant ? On pouvait parfois se poser la question. Il devine aussi derrière ces cloisons épaisses aux murs capitonnés, toute une activité secrète, clandestine. À son passage, on s’efface, on le salue avec une déférence qui relativise l’affront qu’il vient de subir, bien réel pourtant. Un moment déstabilisé d’ailleurs, le temps d’enfiler son pardessus, il ne retrouve plus la direction de la sortie qu’on vient de lui indiquer. Alors, en tournant sur lui-même, il aperçoit, très loin au fond du couloir, la silhouette de cette femme qui observe son départ.
De retour dans son bureau, Evelyn H. suit, sur les écrans de surveillance, l’image de cet ancien Premier Ministre dans l’ascenseur où deux gardes du corps l’ont rejoint, puis dans le corridor, sous le porche de l’immeuble enfin. De sa fenêtre elle peut apercevoir deux berlines noires qui stationnent en plein milieu de la rue, qui démarrent aussitôt, suivies de plusieurs voitures de police. Elle se souvenait d’un cortège semblable, d’avoir été jetée, les mains menottées dans le dos, à l’arrière d’un des véhicules. Le rapport de forces, depuis, avait changé mais elle en éprouve encore une sensation fugitive, violente, de révolte.
Elle est à la même place, à la fenêtre, dix minutes plus tard, quand sa secrétaire accompagnée de deux assistants lui apportent les premiè

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